Résumé






Le contexte mondial évolue rapidement. D’importants progrès ont été réalisés pour réduire la pauvreté, accroître le bien-être des particuliers et favoriser la paix et la sécurité. Malgré tout, des défis considérables d’ordre économique, social et environnemental de même que des enjeux liés à la sécurité subsistent et ont d’importantes répercussions sur l’ensemble de la société.

Dans certains pays, la participation active des citoyens et le recours aux nouvelles technologies contribuent à rendre les institutions plus ouvertes et plus démocratiques. Dans d’autres, ce sont des baromètres de l’instauration d’une profonde méfiance entre les citoyens et leur gouvernement, méfiance qui compromet parfois la sécurité, la dignité et les droits de la personne.

Les avancées scientifiques et technologiques – notamment la téléphonie mobile et, de plus en plus, l’intelligence artificielle et la robotique – permettent à des millions de personnes de mener une vie plus productive et d’être en meilleure santé; cependant, ces mêmes avancées entraînent aussi des perturbations qui se répercutent sur les moyens de subsistance de bon nombre de personnes de même que sur la cohésion sociale.

Parallèlement, la population mondiale continue de croître, quoique moins rapidement que par le passé. La répartition de la population se modifie sous l’effet du nombre grandissant de jeunes et d’aînés, des mouvements et déplacements de personnes et de l’évolution des valeurs sociales. Dans le monde entier, les aspects économiques de la mondialisation – dont le libre-échange et les économies ouvertes, ainsi que la transition à un monde postcarbone – dominent les priorités politiques. Ces phénomènes et d’autres, comme l’urbanisation rapide, les changements climatiques, les inégalités sociales de même que les inégalités et l’incertitude économiques, mettent à l’épreuve la capacité des collectivités, de tous les ordres de gouvernement et des institutions internationales d’atténuer les problèmes qui y sont associés et d’y apporter des solutions efficaces.

Se fondant sur les conclusions des projets de synthèse des connaissances subventionnés, ainsi que sur les observations d’étudiants des cycles supérieurs et de dirigeants de différents secteurs, ce rapport cherche à répondre aux deux questions suivantes : quelles diverses incidences la population mondiale maximale aura-t-elle sur le Canada? De quelles connaissances le Canada aura-t-il besoin pour réussir dans un monde interconnecté en rapide évolution?











Atouts et lacunes en matière de connaissances qui se dégagent des constatations des projets





Il est à noter que ce rapport met en évidence les projets de recherche et les points de vue des chercheurs et des intervenants qui ont participé à l’initiative Imaginer l’avenir du Canada, lesquels ne représentent pas les opinions et les politiques du CRSH ni celles du gouvernement du Canada.

Pour leur part, les rapports finaux des projets de synthèse des connaissances en présentent les constatations de manière exhaustive de même que les atouts et les lacunes cernés au chapitre des connaissances, en vue d’orienter les travaux et les prises de décisions à venir.

Pour en savoir plus au sujet des façons dont les chercheurs en sciences humaines mettent leurs connaissances, leur talent et leur expertise au service de la qualité de vie des Canadiens et de leur avenir prospère, on peut consulter le www.sshrc-crsh.gc.ca/imaginer.






Les projets de synthèse des connaissances sont présentés ci-après par ordre alphabétique, établi en fonction du nom de famille du chercheur principal. Le nom et l’établissement des chercheurs sont mentionnés et, quand il était disponible, le lien vers le texte intégral du rapport est fourni.



Pour en savoir plus sur ces sujets et sur d’autres, consulter le moteur de recherche afin de repérer d’autres chercheurs financés par le CRSH.




Les 30 projets que le CRSH a subventionnés pour l’exécution de synthèses des connaissances sur le Canada dans un monde en rapide évolution ont abordé un vaste éventail de sujets desquels sept thèmes se dégagent. Chacune des sections qui suivent comprend des observations et une évaluation de l’état des connaissances sur les thèmes en question.

Les observations rendent compte de certaines des grandes constatations émanant de la recherche. Elles aident à mieux comprendre les enjeux de l’heure et pourraient permettre de consolider les politiques et les pratiques connexes. L’état des connaissances – notamment les atouts en ce qui a trait aux connaissances et les lacunes à combler en matière de recherche – décrit à la fois qualitativement et quantitativement les recherches et les données dont on dispose à l’heure actuelle et propose parfois des pistes en vue de recherches futures.

On peut se reporter aux rapports finaux des projets de synthèse des connaissances pour en savoir plus.




Ces dix dernières années, la rapidité avec laquelle se sont répandus les médias sociaux et les sites de nouvelles en ligne a transformé la manière de communiquer partout dans le monde, tout comme la manière de traiter l’information et les idées. De nouvelles plateformes ont augmenté l’accès à l’information et la vitesse à laquelle nous pouvons l’obtenir; elles ont aussi offert de nouveaux moyens d’agir concrètement face à des enjeux sociétaux.

Les répercussions néfastes des médias numériques sur nos valeurs démocratiques les plus importantes soulèvent toutefois des préoccupations croissantes. L’avalanche de fausses nouvelles, qui induisent la population en erreur – ou, dans certains cas, renforcent des préjugés existants et des croyances parfois extrémistes –, est facilitée par diverses techniques informatiques (piratage, fuite de données, trollage, envoi de messages microciblés) qu’utilisent aussi bien des acteurs nationaux qu’étrangers. Ces techniques court-circuitent les façons de faire du journalisme et des médias classiques et ne donnent pas lieu à plus ample débat. Elles sont employées pour miner la confiance des citoyens dans les institutions démocratiques et les processus électoraux et pour manipuler certains segments de la population et les gestes politiques qu’ils posent. Dans ce contexte, les atteintes à la vie privée et à la sécurité représentent une menace grandissante.

Les sciences humaines et les sciences sociales permettent d’examiner sous plusieurs angles les répercussions du paysage médiatique et politique d’aujourd’hui, qui en est un de postvérité, de même que les contre-mesures ou les solutions déployées pour remédier au problème. Les synthèses des connaissances qui émanent des projets subventionnés comprennent des exemples qui font valoir ces aspects.

Les Canadiennes et les Canadiens peuvent riposter en enseignant aux jeunes ce qu’est la citoyenneté numérique dans un contexte mondial pour qu’ainsi ils sachent utiliser l’information numérique de manière plus sûre et plus efficace et sachent mieux déceler la désinformation. Des mesures législatives et des politiques nationales ciblées peuvent aussi permettre de réglementer et de soutenir des changements structurels visant les médias sociaux qui préviendront l’ingérence dans les mécanismes démocratiques.

La dynamique de cette nouvelle ère numérique exige toutefois déjà une meilleure compréhension des cadres éthiques, culturels et juridiques régissant la participation citoyenne – notamment les gestes des lanceurs d’alerte et l’inclusion de populations marginalisées dans les processus électoraux et politiques.

Enfin, il est essentiel de mener des études théoriques pour comprendre comment les émotions influent sur le comportement et les actions des êtres humains dans le prisme des médias numériques.




  • La propagande, le militantisme et les propos haineux dans les médias sociaux demeureront sans doute des préoccupations importantes partout dans le monde au cours des prochaines décennies. Ces éléments fondamentaux mettent en jeu les principes mêmes de la démocratie, de la liberté d’expression et de l’égalité. Afin de nourrir et d’éclairer le débat, des recherches supplémentaires sont nécessaires sur les enjeux et les mouvements sociaux controversés, la mobilisation politique, les émotions et les communications numériques. Ces recherches aideront le Canada à se positionner parmi les pays qui protègent le mieux leurs institutions et une population diversifiée contre l’extrémisme et d’autres menaces à la démocratie.

  • Des liens physiques et virtuels accrus transforment la perception qu’ont les jeunes de la notion de citoyenneté. Les États-nations définissaient habituellement l’identité politique, sociale et culturelle des citoyens. Dans le nouveau contexte de citoyenneté mondiale, la recherche d’un équilibre entre le sentiment d’appartenance nationale et celui de faire partie d’un monde interdépendant et interconnecté est importante pour les jeunes. Les recherches montrent que les systèmes d’éducation jouent un rôle décisif dans l’intégration de cette double réalité, dans le cadre de la formation en citoyenneté mondiale.

  • Les stratégies numériques sont essentielles pour aider les jeunes Canadiens à utiliser les technologies de manière responsable, efficace et sûre. Un certain nombre de villes, de pays et d’organismes internationaux élaborent des stratégies numériques pour aider les adolescents non seulement à avoir accès à l’information de manière sûre, mais aussi à évaluer de manière critique la crédibilité des sources. Un nombre grandissant de systèmes d’éducation intègrent explicitement des objectifs stratégiques dans les programmes d’études et l’enseignement offerts, en formant leur personnel enseignant à cet égard. Au Canada, l’adoption de stratégies aussi bien au niveau provincial que national contribuerait à faire progresser la notion de « citoyenneté numérique », partie intégrante de la « citoyenneté mondiale ».

    Les résultatsNote de bas de page 4 obtenus par Viktor Freiman sont alarmants. Ils montrent que 75 p. 100 des élèves ont du mal à évaluer la crédibilité d’un site Web. Plus précisément, 69 p. 100 des jeunes ayant participé à l’étude n’ont pas pu établir si l’auteur était un expert (et pourquoi il était ou n’était pas un expert). De surcroît, 79 p. 100 des élèves ne pouvaient clairement identifier le point de vue de l’auteur et ne savaient pas du tout si ce point de vue avait ou non un impact sur le contenu du site.

    Cadre de référence pour la citoyenneté numériqueNote de bas de page 5


  • Le piratage par des acteurs étrangers peut nuire de manière disproportionnée à la participation électorale. Il a été démontré que des États étrangers, des mouvements sociaux et des entreprises ont utilisé le trollage – défini comme étant des comportements irrespectueux, agressifs et dérangeants en ligne – dans l’objectif de nuire à des élections. Ce phénomène, qui pousse les électeurs à remettre en question l’intégrité des processus électoraux, n’est pas nouveau, mais les technologies de communications numériques offrent aux agents perturbateurs de nouveaux outils leur permettant d’agir à plus grande échelle et plus rapidement. L’intimidation et le harcèlement font partie des tactiques déployées. Elles visent souvent des femmes, des groupes ethniques, raciaux et religieux et des personnes faisant partie d’une minorité de genre. De plus amples recherches sont nécessaires pour évaluer les effets de ces formes d’ingérence sur les processus électoraux.

  • Les mesures gouvernementales peuvent être efficaces pour ce qui est d’augmenter le nombre de femmes exerçant un rôle politique. L’adoption de lois obligeant les partis politiques à présenter en alternance des candidats masculins et féminins est une approche particulièrement efficace. Les décideurs doivent toutefois être conscients du fait que cette approche ne donne des résultats qu’au sein de régimes électoraux proportionnels. D’autres recherches sont nécessaires pour passer de la simple évaluation de l’efficacité des quotas à un examen approfondi des règles électorales, des incitatifs financiers et des modes de scrutin majoritaires.

  • Pour remédier aux campagnes de désinformation, il est crucial que les entreprises de médias sociaux soient davantage tenues responsables des contenus qu’elles publient et offrent des incitatifs. Les études révèlent que les entreprises de médias sociaux ont été très lentes à réagir aux violations des lois électorales et du droit pénal ces dernières années. Certains chercheurs estiment que ces entreprises doivent faire preuve d’une transparence accrue et mettre en place des mesures visant à protéger leurs plateformes du trollage. De telles initiatives inciteraient les utilisateurs à être plus enclins à faire preuve d’ouverture et d’écoute et à trouver, si possible, un terrain d’entente. Les recherches fournissent également des données concluantes précieuses quant à l’efficacité relative de certaines mesures et politiques adoptées par les États de même que des incitatifs destinés à appuyer le changement dans les entreprises.

    Il faut apporter des modifications à la conception des plateformes des médias sociaux et aux politiques qui les régissent, afin qu’elles cessent d’avoir pour effet de vulnérabiliser la démocratie. Il pourrait être nécessaire d’adopter de nouvelles formes de réglementation gouvernementale afin d’inciter les plateformes à mettre ces modifications en application. Ce faisant, il importe de reconnaître que les différentes plateformes ont des utilisateurs différents et servent à des fins différentesNote de bas de page 6.


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  • Les instances gouvernementales canadiennes ont la possibilité d’accroître la protection numérique des lanceurs d’alerte. Selon les constatations émanant de la recherche, s’agissant de la divulgation de renseignements relatifs aux lancements d’alerte, les institutions publiques présentent d’importantes lacunes sur le plan de la technique et sur celui de la littératie numérique. La meilleure façon de protéger les lanceurs d’alerte est de préserver leur anonymat; pourtant, très peu d’instances gouvernementales au Canada tiennent compte de l’anonymat ou disposent de plateformes de divulgation d’accès libre et gratuit. Ces technologies ont été adoptées par la plupart des groupes médiatiques.



  • Comment les technologies de communications numériques influent-elles sur les élections? Les chercheurs, les artisans des politiques et les citoyens sont aujourd’hui particulièrement préoccupés par les menaces que les technologies de communications numériques font peser sur les processus démocratiques. Si les techniques utilisées par les acteurs nationaux et étrangers ont fait l’objet d’amples recherches, peu de chercheurs ont examiné l’impact qui en résulte sur le degré de confiance et de respect des électeurs ou sur la participation aux processus démocratiques et la prise des décisions y ayant trait. En raison de l’évolution rapide du contexte politique, juridique, social et technologique, ces questions se révèlent particulièrement difficiles à cerner.

    L’examen initial mené en mai 2017 a révélé que très peu d’écrits ayant fait l’objet d’un examen par des pairs traitaient de l’ingérence dans les processus électoraux par le truchement du piratage informatique, de la propagande dans les médias sociaux et d’autres cybertechniquesNote de bas de page 8.

  • Le recours aux études interdisciplinaires et transdisciplinaires sur les émotions et l’application de la « théorie de l’affect » sont déterminants pour comprendre et contrer les menaces d’ordre social et technologique qui pèsent sur la démocratie. Généralement intégrée aux sciences humaines, la théorie de l’affect cherche à expliquer l’intensité des expériences vécuesNote de bas de page 9. On peut s’en servir pour examiner comment les messages destinés aux médias sociaux sont conçus en vue d’un impact politique. Afin de mieux comprendre les interrelations complexes entre les sentiments, les perceptions et les actes en cette ère médiatique de « postvérité », il faut que les études en sciences sociales sur les émotions soient associées à des études dans des champs des sciences humaines pour que la théorie de l’affect soit appliquée de façon plus uniforme et pour réunir des perspectives de plusieurs disciplines. En conjuguant les études critiques féministes sur les émotions avec les recherches sur les communications numériques et sur l’affect, on obtient une perspective unique pour stimuler le dialogue sur les problèmes de plus en plus préoccupants associés au populisme, aux propos haineux et au racisme.

    Alors que les entreprises de médias sociaux et les professionnels de la politique démontrent une fine compréhension des liens entre les émotions et la technologie et les exploitent pour atteindre leurs objectifs politiques et économiques, les sciences humaines et les sciences sociales accusent du retard face à ces modifications profondes de l’infrastructure affective de la sphère publiqueNote de bas de page 10.

  • Rares sont les études menées dans les pays de l’OCDE sur les interventions visant à accroître le nombre de personnes marginalisées exerçant un rôle politique. La grande majorité des travaux de recherche sur les mesures adoptées pour accroître la diversité au sein des élus à des postes politiques porte sur les femmes. Une seule étude, dans une recension des écrits ciblée, a fait état d’un autre groupe marginalisé, soit les jeunes. De nouvelles recherches sont nécessaires sur l’augmentation de la représentation des peuples autochtones, des personnes à faible revenu et des personnes de minorités ethniques ou raciales dans des rôles de leaders influents.

  • L’éducation constitue-t-elle la meilleure façon de promouvoir la participation électorale chez les jeunes? La grande majorité des interventions éducatives visant à augmenter le taux de participation aux élections et ayant fait l’objet d’évaluations scientifiques ont trait aux cours d’éducation citoyenne. La plupart de ces interventions ont produit des résultats positifs et statistiquement significatifs, en particulier chez les étudiants sur le point de devenir des électeurs inscrits. Il reste que très peu d’études ont évalué l’impact des nouvelles méthodes d’enseignement, comme l’apprentissage actif et l’apprentissage expérientiel. Les études sur les interventions éducatives visant à accroître la participation électorale doivent aussi élargir leur portée et inclure non seulement les étudiants mais également d’autres populations marginalisées.

  • L’étude des algorithmes est un champ d’investigation de plus en plus fécond en sciences humaines et sciences sociales. Les algorithmes de calcul, dont la puissance et le perfectionnement augmentent sans cesse et qui permettent d’analyser des quantités de données considérables, jouent un rôle de plus en plus influent dans la vie des gens. Ils définissent notamment les espaces et les limites de la mise en commun de l’information de même que la manière dont se connectent les « citoyens en réseau ». Les recherches portant sur leur utilisation complexe, qui ont d’abord relevé des sciences informatiques et de l’étude de l’interaction humain-ordinateur, intègrent désormais les disciplines des sciences humaines et des sciences sociales.

  • D’autres recherches sont nécessaires pour mieux cerner l’éthique organisationnelle susceptible de faciliter la démarche des lanceurs d’alerte. En matière de protection des lanceurs d’alerte, il a été démontré que l’amélioration des procédures internes et le recours aux technologies de protection sont des mesures nécessaires. Une culture interne et des comportements éthiques solides, tant dans le secteur public que privé, sont également nécessaires pour assurer la sécurité de la démarche des lanceurs d’alerte et diminuer les risques de représailles. Les chercheurs doivent examiner les cultures sectorielles dans l’ensemble du Canada, afin de mieux comprendre et d’améliorer les comportements éthiques, et d’ainsi augmenter les lancements d’alerte.



Ces dernières années, parallèlement à la mondialisation, des changements importants ont eu, dans les sociétés démocratiques du monde entier, de profondes répercussions socioculturelles et idéologiques : l’augmentation des flux migratoires a entraîné une plus grande diversité au sein des collectivités, les taux de pauvreté ont diminué dans le monde, et la qualité de vie, selon plusieurs observateurs, aurait atteint un sommet historique. Mais ces progrès sont aussi accompagnés de tendances préoccupantes, dont les inégalités croissantes de même que l’incertitude persistante et les conséquences graves associées à des enjeux géopolitiques d’envergure, notamment sur le plan de la sécurité et du bien-être.

Il faut déterminer les niveaux actuels de connaissances et d’expertise de même que les lacunes en matière de recherche, de talent et de politiques pour soutenir le dialogue sur la façon dont le Canada peut contribuer à résoudre des problèmes cruciaux, au pays comme à l’étranger.

Bien que le Canada ait été protégé historiquement par sa situation géographique et ses liens économiques étroits avec les États-Unis, il n’est pas à l’abri des répercussions de ces enjeux mondiaux interdépendants. Les chercheurs tout comme les artisans des politiques se penchent sur le rôle du Canada dans les relations internationales et se demandent où et comment le pays pourrait tirer parti de ses atouts pour protéger la paix et la sécurité à l’échelle nationale et internationale. Quelques-uns des projets de synthèse des connaissances subventionnés ont porté sur les courants qui sous-tendent certaines de ces tendances géo et sociopolitiques, que les constatations émanant des projets permettent de mieux comprendre et de mieux aborder.

Ces synthèses comportent, entre autres, des réflexions sur l’importance des facteurs économiques, sociaux, politiques, culturels et institutionnels dans la montée des mouvements populistes. De telles recherches permettent aux artisans des politiques de mieux comprendre comment, où et pourquoi ce type de mouvements survient et d’évaluer les risques de soulèvements similaires au pays.

Qu’il s’agisse d’appuyer l’intégration des enfants réfugiés au Canada ou de multiplier les conseils d’experts sur les interventions du Canada en tant que membre de l’OTAN, toutes ces synthèses soulignent le fait que l’éducation constitue un outil essentiel pour relever les défis mondiaux que posent les conflits et les migrations.





  • L’interaction de facteurs d’ordre économique et culturel a influé sur la montée du populisme. Les discussions sur le phénomène de l’apparition du populisme dans les sociétés démocratiques tendent à porter sur l’un ou l’autre de deux types de facteurs d’influence : les facteurs d’ordre économique et les facteurs d’ordre culturel. Toutefois, les moteurs du populisme les plus couramment cités – l’hostilité suscitée par la mondialisation, l’insécurité économique, les peurs et les angoisses reliées à la culture, l’afflux de migrants – sont interdépendants. Plusieurs autres facteurs peuvent aussi être pris en considération, dont l’automatisation, la demande accrue de main-d’œuvre hautement qualifiée, les inégalités grandissantes et la méfiance croissante envers les gouvernements, les médias et les élites intellectuelles. L’utilisation des médias sociaux joue aussi un rôle déterminant dans l’attrait du populisme.

  • La transformation des structures du pouvoir en Occident a favorisé l’essor du populisme. Les recherches indiquent que, dans les pays occidentaux, la décentralisation du pouvoir – qui passe du gouvernement national aux tribunaux, à l’industrie et aux organisations internationales – permet aux mouvements populistes de se déployer. Simultanément, les effets de la mondialisation transforment graduellement la perception que l’on a de l’autorité et, sous le couvert du populisme, les citoyens exigent que le pouvoir soit redonné au « peuple ». Certaines données probantes montrent que les États qui maintiennent des institutions solides en dehors du gouvernement résistent mieux à l’emprise de tels mouvements.

  • Le populisme a été largement associé aux partis de droite dans les démocraties libérales, mais la rhétorique populiste, elle, transcende les allégeances politiques. Une analyse des médias sociaux montre que les populistes de droite tendent à s’attaquer aux médias ou à l’élite culturelle, et les populistes de gauche, à l’élite économique; dans les deux cas, ils fondent leur discours sur la stigmatisation de « l’autre » et disent agir ainsi au nom « du peuple ». Au-delà de leur idéologie respective, les populistes ont tendance à viser plus précisément les « faiseurs d’opinions » dans les médias et dans le milieu universitaire et à faire valoir des points de vue différents. Le populisme de droite soulève toutefois des inquiétudes, car il peut engendrer des discours racistes, homophobes, sexistes ou autrement discriminatoires, qui peuvent fragiliser les droits de la personne dans les démocraties contemporaines.

    Ce qui fait du populisme une menace pour la démocratie est sa stigmatisation des mouvements d’opposition, qui sont censés être en concurrence dans la politie en démocratie. Cela porte atteinte au processus politique établi, ainsi qu’au débat politique qui constitue l’assise même d’un gouvernement démocratiqueNote de bas de page 11.

  • Le Canada est-il à l’abri des mouvements populistes? Selon de nouvelles recherches, les récentes victoires de partis populistes au Royaume-Uni et aux États-Unis font ressortir une certaine nostalgie, de la part de populations laissées pour compte, d’avoir fait partie d’une superpuissance économique, surtout grâce au secteur manufacturier. Certains sont d’avis qu’étant donné que le Canada et l’Australie n’ont jamais atteint le statut de superpuissances, ils sont moins à risque d’être touchés par les dérives du populisme. Au Canada, il est aussi largement admis que l’apport de l’immigration est nécessaire au développement économique du pays. Nous ne sommes néanmoins pas à l’abri du populisme et ne pouvons ignorer la menace que représentent de tels mouvements.

  • Pour comprendre les risques de terrorisme dans des pays pluralistes comme le Canada, il faut comprendre les liens de la mouvance terroriste avec le radicalisme religieux ou politique au sein des communautés diasporiques. Le modèle multiculturel canadien et le modèle interculturel québécois s’appuient sur des définitions différentes du concept de l’identité, mais sur les mêmes principes d’égalité et de pluralisme. Un projet de synthèse des connaissances portant sur le Moyen-Orient et la menace terroriste au Canada souligne l’importance de mieux saisir l’influence des facteurs et des événements mondiaux sur les dynamiques locales. Les recherches et les politiques bénéficieront du fait de tenir compte des communautés diasporiques au sein des modèles sociétaux canadiens pour ce qui est de leurs dimensions socioculturelles, idéologiques et pluriethniques.

    Nadia Naffi

    Nadia Naffi, étudiante à l’Université Concordia et l’une des grandes gagnantes du concours J’ai une histoire à raconter du CRSH en 2017, se penche sur la façon dont les jeunes Canadiens voient le rôle qu’ils ont à jouer pour faciliter l’intégration et l’inclusion des réfugiés syriens dans un contexte où l’image des réfugiés est grandement influencée par les médias sociaux. (Présentation dans le cadre du congrès de l’Acfas)



  • Les écoles canadiennes réorientent leurs efforts, insistant moins sur la réinstallation et mettant davantage l’accent sur le bien-être des élèves réfugiés. À leur arrivée, les enfants réfugiés continuent de faire face à divers défis d’ordre sociopsychologique. Compte tenu de l’afflux de réfugiés au Canada ces dernières années, les systèmes d’éducation doivent adopter des approches plus holistiques et multisectorielles. À cet égard, les enseignants réfugiés et immigrants jouent un rôle crucial à titre d’intermédiaires et de médiateurs culturels. Afin de devenir des agents de changement, les enseignants – tout comme les agents des programmes de réinstallation et les artisans des politiques – doivent suivre une formation professionnelle leur permettant de perfectionner leurs compétences interculturelles, d’être davantage sensibilisés à la justice sociale et de renforcer leurs capacités de leadership transformateur.

    Les enseignants doivent relier leur enseignement aux expériences vécues par les élèves réfugiés et faire en sorte que ces élèves deviennent pour eux des partenaires dans l’expérience d’enseignement et d’apprentissage. Ces stratégies pédagogiques sont indispensables pour l’édification de la nation et l’éducation à la citoyenneté au CanadaNote de bas de page 12.

  • À la suite de la récente intervention militaire russe en Ukraine, les universitaires se sont montrés divisés en ce qui concerne l’approche diplomatique que doit adopter le Canada face à la Russie. Certains penseurs de renom s’opposent à un dialogue avec le Kremlin, tandis que d’autres sont favorables à l’idée de trouver un terrain d’entente. Une minorité bruyante remet aussi en question la participation du Canada à une stratégie unifiée de l’OTAN. Une meilleure compréhension de la complexité de ce conflit est nécessaire pour évaluer les enjeux d’une intervention du Canada auprès de la Russie, entre autres, les avantages concrets à en tirer et, à l’opposé, la possibilité de miner encore plus la confiance et de mettre en péril toute future coopération avec la Russie.


  • Plutôt que de se borner à tracer les limites de la liberté d’expression, les chercheurs affinent la définition du populisme, afin d’en faciliter la conceptualisation et de mieux déceler la rhétorique populiste. Dans le monde entier, y compris au Canada, les artisans des politiques manquent de connaissances sur la façon de contrer la montée du populisme. Les facteurs favorisant l’essor du populisme sont propres à chaque pays, et la plupart des études de cas portent sur le contexte européen, mais un corpus est en train de se constituer sur la campagne électorale de Trump et sur son administration. Des chercheurs en études médiatiques, des politologues spécialisés en politique comparée et des spécialistes de la philosophie politique apportent d’importantes contributions à ce champ d’investigation. Pour mieux comprendre comment les leaders et les mouvements populistes s’inspirent les uns les autres par-delà les frontières, les chercheurs doivent nécessairement se doter d’une perspective plus large des relations internationales.

    La résilience d’une société est une manifestation de sa force en période de grands bouleversements, tels ceux que nous connaissons aujourd’hui avec la montée du populisme […] Les écrits contiennent peu de détails relativement à certains des outils qui ont permis de renforcer la résilience et de contrer les effets néfastes du populisme dans d’autres pays. Il faut se pencher sur ces outils, et il y a encore beaucoup à faire à cet égardNote de bas de page 13.


    Recherche sur la réinstallation des réfugiés syriens

    En 2016, le CRSH a établi un partenariat avec Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada pour financer des recherches ciblées et pertinentes sur le plan des politiques relativement à des questions urgentes concernant l’arrivée, la réinstallation et l’intégration des réfugiés syriens.



  • Un examen pancanadien révèle des lacunes dans les politiques d’éducation pour ce qui est de l’intégration des élèves réfugiés dans les écoles du pays. Certains ministères provinciaux, notamment en Ontario et à Terre-Neuve, disposent de documents de politique concernant les élèves réfugiés, tandis que d’autres provinces n’en ont aucun. En règle générale, les problèmes auxquels font face les élèves réfugiés et les élèves victimes de la guerre ne sont que très peu abordés par les politiques d’éducation. Les politiques ne font pas non plus de distinction entre immigrants et réfugiés et ne reconnaissent pas la diversité des groupes ethniques. Le fait que ces politiques s’appuient souvent sur des sources d’information de l’extérieur du Canada, en particulier de l’Australie, constitue une preuve supplémentaire de la connaissance lacunaire de l’expérience canadienne à ce sujet. Des études longitudinales doivent être menées sur les élèves réfugiés et leur famille, considérés en tant que membres de groupes distincts tant sur le plan ethnique que juridique.

    Les chercheurs doivent être proactifs, et non réactifs, quand ils abordent les questions ayant trait à l’éducation, à l’intégration et au bien-être des élèves réfugiés […] Une telle approche pourrait permettre de produire des connaissances à un moment opportun, ainsi que des pratiques durables, et pourrait améliorer l’enseignement et l’apprentissage dans les salles de classe canadiennes marquées au sceau de la diversitéNote de bas de page 14.








  • Comment les décisions relatives à l’engagement et aux objectifs à long terme du Canada en Russie sont-elles prises? S’il existe des lacunes manifestes en matière de connaissances et de débat sur les objectifs à long terme du Canada dans la région, on ne sait guère également comment sont prises les décisions au sujet des menaces importantes qui pèsent sur le Canada. L’étude d’autres processus décisionnels menant à l’établissement de politiques gouvernementales ainsi que des facteurs les influençant – par exemple l’impact réel du Canada en tant que puissance moyenne et le rôle de l’opinion publique et des communautés diasporiques – aiderait à orienter la politique à adopter quant au rôle du Canada au sein de l’OTAN et de NORAD ou à leurs côtés.

  • Recherchés : spécialistes de la Russie. La chute du mur de Berlin a été suivie d’une baisse importante du nombre d’inscriptions dans les programmes de langues et d’études russes et eurasiennes. Il existe donc aujourd’hui un manque d’expertise en ce qui concerne pratiquement tous les aspects des réactions de l’OTAN et du Canada face à la Russie, y compris face à l’émergence de la guerre hybrideNote de bas de page 15. Il faut une expertise plus approfondie pour évaluer avec exactitude les points de vue et les intentions des Russes. Il faut concevoir des programmes universitaires spécialisés pour soutenir la recherche et former des chercheurs émergents en politique étrangère et en politique de défense et il faut accroître la collaboration intersectorielle en recherche.

    Parmi les spécialistes qui écrivent sur l’OTAN ou sur la politique étrangère du Canada, il y en a très peu qui possèdent l’expertise approfondie nécessaire pour évaluer avec exactitude les points de vue et les intentions précises de la Russie. Il en résulte des lacunes certaines aussi bien au chapitre des recherches universitaires que des politiques : ni les unes ni les autres n’examinent systématiquement les causes profondes du mécontentement et des gestes de la Russie ou encore la manière dont les mesures prises par le Canada ou l’OTAN peuvent exacerber les tensionsNote de bas de page 16.





À l’essor continu de la libéralisation des échanges, dans le cadre d’un repli protectionniste émergent, s’ajoute la révolution de l’information et des communications. Cette combinaison offre de toutes nouvelles possibilités économiques aux citoyens et aux entreprises, par-delà les frontières, et elle a entraîné de profondes modifications du profil de la main-d’œuvre et de l’organisation des marchés du travail. Afin de demeurer concurrentiel dans l’économie mondiale du savoir, le Canada doit plus que jamais se doter de ressources humaines très instruites, compétentes et ayant l’esprit d’entreprise.

Une population mondiale de plus en plus mobile est aux commandes de systèmes de production et de services numériques d’une efficacité supérieure, sans parler des robotsNote de bas de page 17. Simultanément, l’idée d’un parcours professionnel fondé sur le travail permanent à temps plein et peu de changements d’emploi est en train de se transformer dans plusieurs pays et d’être remplacée par le travail flexible et contractuel, à temps partiel, offert principalement par l’intermédiaire de plateformes de travail à la demande. D’aucuns font valoir les principes idéalistes de l’économie « de partage », « collaborative » et « créative », tandis que d’autres soulignent l’aspect précaire de l’économie du travail à la demande, qualifiant même de « précariat » cette nouvelle classe de travailleursNote de bas de page 18. Quoi qu’il en soit, près de 10 p. 100 des Canadiens âgés de 18 ans et plus contribuaient à cette nouvelle économie en 2016, en tant que travailleurs ou utilisateursNote de bas de page 19, et ce nombre ne peut que s’accroître au cours des dix prochaines années.

Le maintien d’un équilibre entre les forces du marché concurrentiel, qui visent à la fois une hausse des marges de profit et une baisse des coûts, et les besoins de collectivités saines et durables est un défi de longue date. Pour assurer l’existence de telles collectivités, il faut nécessairement réduire l’instabilité financière, la pauvreté et les inégalités croissantes. Un certain nombre de projets de synthèse des connaissances ont abordé des sujets cruciaux reliés à la nouvelle économie mondiale. Leurs conclusions indiquent que certaines politiques, pratiques et règles entravent actuellement l’emploi et le bien-être des travailleurs et devront faire l’objet de réformes.

Ces projets cernent l’impact de la culture et de la diversité sur un éventail de sujets. Ils examinent, entre autres, comment les exigences réglementaires complexes régissant l’accès des immigrants à l’exercice de professions réglementées au Canada entraînent des pertes considérables en capital humain pour le pays, se penchent sur le peu de connaissances dont on dispose jusqu’à maintenant sur la nouvelle vague du travail à la demande et analysent comment des préjugés sociétaux répandus nuisent à l’équité entre les sexes dans la nouvelle économie verte.

Les apprenants autochtones font encore face à des obstacles en ce qui concerne l’accès aux études supérieures et, par conséquent, à l’emploi. D’autres observations qui émanent des projets portent sur la manière dont les accords commerciaux peuvent être utilisés pour améliorer les protections et les droits relatifs aux connaissances traditionnelles de même que d’autres éléments très importants qui sont essentiels au bien-être des peuples autochtones et cruciaux pour la réconciliation.

Les chercheurs ont procédé à une analyse pancanadienne des incidences économiques, politiques et sociales reliées à ces questions. Les défis et les possibilités qui s’en dégagent mettent en évidence la nécessité d’une collaboration interinstitutionnelle et intersectorielle. Dans certains cas, les données sont déjà connues et appuient des appels à l’action sur des questions déterminantes pour l’examen de la valeur que le Canada accorde à l’équité et à la justice sociale quand il s’agit de ses propres travailleurs et quand il s’agit de ceux d’autres pays.



  • La réglementation des professions au Canada représente un vrai « labyrinthe » pour les nouveaux arrivants et empêche le pays de réaliser des gains sociétaux et économiques. Les données recueillies par des chercheurs œuvrant dans différentes disciplines des sciences sociales montrent que le Canada dispose de structures politiques et juridiques internes exceptionnellement complexes en matière de réglementation des professions. Par conséquent, l’admission des immigrants au Canada en fonction de leurs compétences professionnelles ne leur garantit pas l’accès aux professions réglementées à leur arrivée. Il faut de toute urgence de l’information plus précise et mieux intégrée, de même qu’une collaboration institutionnelle accrue – à l’image de ce que l’on observe actuellement en Ontario, en Colombie-Britannique et en Saskatchewan –, afin d’améliorer les conditions et les filières en vue de l’intégration professionnelle des nouveaux arrivants et des immigrants potentiels et de faire en sorte que des employeurs envisagent de les embaucher.

  • Des mesures novatrices visant à faciliter l’embauche et l’intégration des professionnels étrangers commencent à voir le jour au Canada. À titre d’exemple, le Manitoba a créé des attestations professionnelles distinctes, afin de faciliter l’accès au marché du travail des ingénieurs formés à l’étranger. Les stages et les programmes de transition permettant aux professionnels d’être exemptés de formations qu’ils ont déjà suivies sont aussi très prometteurs. Toutefois, des obstacles sur le plan politique, financier et logistique – notamment l’accès limité à l’équipement spécialisé, le manque de disponibilité des professeurs et les délais d’attente pour avoir accès aux programmes de stages, particulièrement dans le secteur de la santé – restreignent la capacité de soutenir les professionnels étrangers.

  • Les conclusions d’études récentes sur les avantages économiques de l’équité hommes-femmes en emploi peuvent inciter les entreprises à embaucher des femmes. Les constatations de la recherche montrent que le fait de promouvoir l’équilibre dans la proportion d’hommes et de femmes au sein de professions à dominante masculine contribue à l’amélioration des conditions de travail à la fois pour les hommes et pour les femmes. On note également des effets positifs sur le bien-être des travailleurs, la culture professionnelle et la productivité. Des études ont aussi démontré que les entreprises qui comptent un nombre plus élevé de femmes au sein de leur conseil d’administration enregistrent de meilleurs rendements. Ces données pourraient inciter les entreprises à recruter des femmes pour occuper des postes de haut rang.

    […] les initiatives visant à sensibiliser autant les femmes que les hommes aux avantages d’une plus grande équité et au droit égal des femmes à l’emploi dans l’ensemble des champs professionnels sont tout aussi cruciales que les réformes des politiques et les mesures prises par les États ou les entreprises pour protéger les intérêts des femmes et faciliter leur capacité d’agirNote de bas de page 20.

  • Les syndicats et d’autres groupes de travailleurs jouent actuellement un rôle important en appuyant l’emploi des femmes dans les industries « vertes ». Dans les programmes d’apprentissage syndicaux, tant les taux de recrutement que les taux de réussite sont plus élevés pour les femmes que pour les hommes. En assurant le droit aux prestations et la conformité aux normes du travail, ces organismes jouent un rôle particulièrement important dans les pays à faible revenu. Leur rôle futur dans une économie à faibles émissions de carbone, qui pourrait donner lieu à de nouvelles méthodes de mobilisation des travailleurs, reste toutefois incertain. Le fait d’avoir toujours été constitués d’une majorité de membres masculins représente un autre défi pour ces organismes, et certains d’entre eux pourraient avoir à faire d’autres réformes internes afin de conserver leur pertinence. Leur évolution et l’impact qu’elle aura constituent un sujet d’étude important dans ce secteur.
  • Le fait d’encourager les étudiants autochtones à faire carrière dans les affaires, en génie et en sciences peut contribuer à réduire l’écart socioéconomique qui sépare les communautés autochtones du reste de la population. Il ressort d’un examen systématique qu’un manque d’accès à des services d’orientation professionnelle peut restreindre les possibilités, pour les Autochtones, de faire leur marque dans les affaires, le génie et les sciences. La méconnaissance de la culture, la peur de l’exclusion et des problèmes d’intégration sociale s’ajoutent à ces obstacles. Il est essentiel de mettre en place des politiques favorisant un milieu accueillant pour les apprenants et offrant une aide financière afin de réduire les obstacles auxquels font face les étudiants autochtones dans leur parcours universitaire.
  • L’intégration de protections accrues en ce qui a trait aux connaissances traditionnelles autochtones dans les priorités progressistes du Canada en matière de commerce peut aider à remédier aux pertes d’ordre culturel, spirituel et économique subies par les Autochtones. Les droits qu’ont les Autochtones d’entretenir, de régir, de protéger et d’enrichir leurs connaissances et leur patrimoine culturels sont soutenus par des politiques nationales et le sont de plus en plus par des initiatives internationales depuis 20 ans. Cependant, dans les accords commerciaux, ces droits sont habituellement intégrés dans des mécanismes relatifs à la propriété intellectuelle qui ne tiennent compte ni de leur nature holistique et collective, ni du caractère oral de la transmission des connaissances traditionnelles autochtones. Les négociations menant aux accords commerciaux devraient viser à mieux exprimer et protéger ces droits dans le libellé des textes.

    Les Autochtones ont une relation complexe tout à fait particulière avec le commerce international, tant comme participants actifs aux marchés que comme titulaires de droits et gardiens de territoires et de pratiques culturelles susceptibles de subir les effets néfastes des règles du commerceNote de bas de page 21.

  • Alors que les offres de travail « à la demande » augmentent sur le marché du travail, les retards en matière d’acquisition de compétences suscitent de grandes préoccupations. Le « travail à la demande » (gig work) – un travail précaire, à court terme, faisant l’objet de contrats ponctuels et offert par l’intermédiaire de plateformes numériques – est souvent exécuté par de jeunes hommes blancs en début de carrière. Des travailleuses plus âgées issues de communautés racisées investissent toutefois aussi cet espace. Ce type de travail offre des possibilités et de la souplesse, mais les travailleurs ont peu accès au perfectionnement, à la formation et à des défis sur le plan professionnel. Cela pourrait porter atteinte à la qualité de la main-d’œuvre canadienne.

    La complexité, la nouveauté et l’ampleur de l’économie à la demande posent de nombreux défis, qui ont des conséquences d’une grande portée pour les institutions canadiennes et pour les décideurs responsables de la protection de la santé, du bien-être et de l’intégrité des travailleurs canadiensNote de bas de page 22.

  • Des solutions axées sur les politiques peuvent améliorer la situation difficile des travailleurs « à la demande ». La main-d’œuvre du « travail à la demande » offert par l’entremise des plateformes numériques est vulnérable à plusieurs égards; entre autres, elle évolue dans une culture de la surveillance, n’a accès ni à la formation ni aux avantages sociaux, et son activité professionnelle l’expose à des risques pour la santé. Parmi les solutions proposées en matière de politiques dans les écrits sur le sujet, mentionnons la reclassification des travailleurs « à la demande » comme entrepreneurs dépendants et l’établissement d’avantages sociaux transférables (selon un modèle mis au point au Danemark). D’autres suggèrent de créer des coopératives de plateformes faisant la promotion de la rémunération équitable et de la mise en commun des ressources en ce qui concerne la formation, les services de santé et les conditions de travail.


  • De nombreuses données probantes soutiennent l’appel à la simplification des processus d’agrément professionnel. Depuis plus de dix ans, les recherches mettent en évidence la nécessité d’harmoniser les processus de reconnaissance des compétences des professionnels formés à l’étranger. Les obstacles qui existent dans les directives des autorités en matière d’immigration ont eux aussi été bien cernés. À titre d’exemple, même si elles sont de moins grande ampleur qu’entre les pays de l’Union européenne, les différences observées dans les règlements sur la mobilité des professionnels entre les provinces et les territoires canadiens posent encore des problèmes de taille aux nouveaux arrivants. Afin de faire progresser l’harmonisation, les parties prenantes des différents secteurs doivent sortir de leur isolement et travailler ensemble à l’amélioration des processus d’agrément professionnel.

  • Si les emplois de l’économie « verte » font de plus en plus l’objet de recherches et de politiques, l’équité entre les sexes dans ces emplois fait rarement partie des discussions. Il y a un certain nombre de programmes et de pratiques qui sont de bon augure pour l’augmentation de la présence des femmes dans ces emplois, mais on en sait très peu sur leur succès et leur viabilité à long terme. Il faut mener des recherches à partir de données primaires sur l’efficacité de ces initiatives avant que des pratiques exemplaires puissent être recommandées et possiblement reproduites au Canada et ailleurs dans le monde ou avant que des améliorations à certains aspects puissent être déterminées.

    les femmes sont toujours grandement sous-représentées dans les secteurs qui connaissent une croissance spectaculaire du fait de la transition à l’économie verte

    Constatations d’une synthèse des connaissances : les femmes sont toujours grandement sous-représentées dans les secteurs qui connaissent une croissance spectaculaire du fait de la transition à l’économie verte (vidéo en anglais)



  • Il faut obtenir des données de meilleure qualité et plus précises sur la présence des femmes dans les emplois des secteurs du transport, de la fabrication et du bâtiment à faibles émissions de carbone ou « verts ». La plupart des données disponibles sur ces secteurs sont d’ordre général et n’ont pas trait précisément aux emplois des secteurs à faibles émissions de carbone ni même à la situation globale de l’emploi. Par exemple, l’accès des femmes au transport est documenté dans les écrits des universitaires et des praticiens, mais il y a très peu d’information sur la présence des femmes dans les emplois de ce secteur. Dans le secteur de la fabrication, la plupart des écrits portant sur l’emploi des femmes se concentrent sur l’industrie du vêtement. Il faut des données ventilées par sexe de meilleure qualité pour toutes les industries.

  • La participation accrue et constante des Autochtones aux débats sur le commerce s’impose. Plusieurs éléments des accords commerciaux concernent directement et de manière cruciale les Autochtones, parmi lesquels le règlement des différends entre investisseurs et États, la protection des connaissances traditionnelles et l’obligation de consulter les Autochtones et d’obtenir leur consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause. Les chercheurs qui s’intéressent aux débats sur le commerce – économistes, politologues et juristes – ne participent généralement pas aux recherches menées par les peuples autochtones ou en collaboration avec eux. Une participation et une collaboration interdisciplinaire accrues aideraient à mieux comprendre comment des priorités progressistes en matière de commerce pourraient servir les intérêts des peuples autochtones.

  • Les recherches sur l’économie du travail à la demande révèlent un énorme déséquilibre sur le plan géographique et l’absence d’information propre au Canada. Dans les recherches sur le travail à la demande, sous forme de contrats de courte durée décrochés par l’intermédiaire de plateformes numériques, la majorité de l’information disponible porte sur les États-Unis, qui sont représentés de façon disproportionnée. Il existe des travaux sur l’Union européenne et le Royaume-Uni, mais pratiquement rien sur le Canada. Par ailleurs, seuls un article et un rapport recensé dans une synthèse ont établi des comparaisons avec l’hémisphère Sud. Les dynamiques géographiques et mondiales de l’économie du travail à la demande méritent qu’on s’y intéresse de plus près.

  • Les points forts des écrits sur l’évolution de l’économie du travail à la demande qui ont fait l’objet d’un examen par des pairs sont différents de ceux des documents gris sur le même sujet. Les aspects juridiques ainsi que l’interface de la technologie et de la gestion organisationnelle dominent dans les documents examinés par des pairs qui portent sur la main-d’œuvre de plus en plus importante de l’économie du travail à la demande. Les recherches citées dans les revues spécialisées en communication et en sciences sociales mettent directement à contribution les travailleurs, ce qui permet de faire ressortir les difficultés nouvelles et imprévues auxquelles ces derniers se heurtent. Toutefois, la documentation grise produite par le gouvernement, la société civile, l’industrie, les organisations non gouvernementales et d’autres organismes a été jugée plus en phase avec l’évolution constante de l’économie du travail à la demande et avec les expériences des travailleurs. Ces rapports ont une assise empirique plus solide, étant donné qu’ils sont fondés sur de vastes enquêtes ayant permis de recueillir de l’information sur la taille et la portée de l’économie à la demande et sur les caractéristiques démographiques de la main-d’œuvre.




La hausse des températures et les conditions météorologiques extrêmes font peser des menaces partout sur la planète. L’atmosphère se réchauffe, et 2017 aura été l’une des années les plus chaudes de l’histoire. Au-delà des analyses et des données nécessaires pour prévoir et expliquer les tendances des émissions de gaz à effet de serre ainsi que les changements qui en découleront pour les ressources naturelles et la biodiversité, il faut se pencher sur les dimensions humaines de ces changements. L’impact des changements climatiques se fait sentir partout dans le monde, et il en résulte une augmentation des risques d’ordre économique, sanitaire, politique et social auxquels sont exposées les populations de la planète.

Des experts proposent des mesures d’adaptation et d’atténuation afin d’aider les États, les organisations et les citoyens à repenser la gestion et l’utilisation de l’énergie, de l’eau et des sources de nourriture. Les politiques d’adaptation présentent d’importants défis pour tous les ordres de gouvernement et sont tributaires de la volonté d’agir des acteurs nationaux et internationaux.

Les synthèses des connaissances sur des sujets connexes révèlent une grande incertitude quant aux coûts et aux avantages du passage à une économie à émissions de carbone faibles ou nulles, y compris pour des industries canadiennes établies depuis longtemps et pour les populations autochtones, dont les droits et les moyens de subsistance sont intimement liés aux territoires et aux ressources du pays.

Des recherches plus ou moins poussées ont été menées sur les coûts et les avantages de cette transition pour des secteurs précis, entre autres, l’agriculture, les transports et l’exploitation minière. En ce qui concerne d’autres domaines, cependant, il apparaît nécessaire d’approfondir l’analyse des politiques; c’est le cas par exemple en ce qui a trait à la politique étrangère et à l’aide internationale du Canada, compte tenu des besoins croissants en assistance humanitaire dans la foulée des catastrophes naturelles découlant des changements climatiques.

Il reste beaucoup à faire, et sur plusieurs fronts, pour bien comprendre les conséquences et l'impact réels des changements climatiques dans un monde postcarbone. Il est clair qu’il faut examiner la situation aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur des frontières du Canada. Au niveau national tout particulièrement, il existe des perspectives de recherches théoriques qui intègrent les connaissances et les visions du monde autochtones et favorisent un processus décisionnel efficace et inclusif. Selon les chercheurs, le Canada dispose de ces nouveaux modes de connaissances et nouvelles manières de voir pour intensifier la collaboration et positionner le pays en tant que chef de file mondial de l’atténuation des effets des changements climatiques, de la protection de l’environnement et de la gestion durable des ressources naturelles.

Les pays du monde sont plus intégrés qu’ils ne l’ont jamais été auparavant dans l’histoire, et l’adaptation aux changements climatiques doit suivre la même logique d’intégration. L’impact des changements climatiques ne sera pas le même partout, mais, en raison du degré d’intégration mondiale qui existe aujourd’hui, des changements ayant un impact local peuvent s’accompagner de ramifications non locales, voire mondiales. Aucun pays ne peut espérer réussir à s’adapter aux changements climatiques sans tenir compte de ses relations avec les autres membres de la communauté des nationsNote de bas de page 23.



Les constatations ayant résulté du concours de subventions de synthèse des connaissances du CRSH sur la mise en valeur concertée et durable des ressources naturelles et des sources d’énergie au Canada sont présentées dans le site Web du CRSH.


  • S’il n’y a pas de consensus en ce qui concerne l’impact net des changements climatiques sur l’économie tributaire des ressources du Canada, la recherche cerne néanmoins des possibilités de compenser les pertes enregistrées par l’industrie canadienne des hydrocarbures dans une ère post-énergies fossiles. Le marché des produits et services à faibles émissions de carbone pourrait atteindre de 36 à 60 milliards de dollars d’ici 2050 alors qu’il se chiffrait à 7,9 milliards de dollars en 2010. Dans les domaines de la production vivrière et de l’exportation de produits alimentaires, la prolongation de la période de croissance qu’occasionne le réchauffement climatique pourrait ouvrir de nouvelles perspectives. L’industrie canadienne d’extraction des métaux pourrait elle aussi profiter grandement de la croissance du secteur des énergies renouvelables, car le Canada possède des gisements de 14 des 19 métaux les plus utilisés dans les technologies solaires photovoltaïques. Mais le Canada a des obstacles à surmonter afin de pouvoir profiter pleinement de ces possibilités, en raison des pénuries de main-d’œuvre et de la concurrence de l’Europe, des États-Unis, du Japon, de la Corée du Sud et de la Chine au chapitre des innovations vertes.

  • Parmi toutes les répercussions des changements climatiques et les questions débattues, la souveraineté du Canada dans l’Arctique et les risques liés à de possibles conflits sont particulièrement préoccupants pour les Canadiens. Les coûts et les avantages de la fonte des glaces de l’Arctique sont encore difficiles à évaluer. Un passage du Nord libre de glaces pourrait profiter au Canada sur les plans de l’extraction de ressources et de la perception de droits de passage sur les voies de navigation, mais de tels revenus pourraient être sans commune mesure avec ceux qui découleraient d’accords de fixation du prix du carbone nationaux ou internationaux. Il faut aussi prendre en compte les droits de la personne et les questions d’ordre juridique, notamment le risque grandissant de poursuites transnationales contre de grands producteurs de gaz à effet de serre pour dédommager les Inuits de l’impact des changements climatiques sur leurs moyens de subsistance. Nombreux sont les experts qui demandent un plus grand rôle et une présence plus assidue du gouvernement à cet égard.

  • Les constatations indiquent que les changements climatiques auront un effet sur les futures politiques canadiennes d’aide étrangère et d’assistance humanitaire. Le Canada soutient un certain nombre d’initiatives d’adaptation aux changements climatiques à l’échelle de la planète, afin d’atteindre ses objectifs nationaux et internationaux en la matière. En ce qui concerne les sommes nécessaires au titre de l’assistance humanitaire, une hausse pouvant atteindre 1 600 p. 100 est prévue au cours des 20 prochaines années, et ce, principalement en raison des effets des changements climatiquesNote de bas de page 24. Il est en outre prévu que les changements climatiques entraîneront une réduction du revenu moyen d’environ 23 p. 100 à l’échelle mondiale d’ici 2100. Ces changements ne s’exprimeront toutefois pas de la même manière partout, et certains des pays les plus riches pourraient même voir leur situation s’améliorerNote de bas de page 25.

  • La collaboration avec les parties prenantes des communautés autochtones peut rendre plus équitables les processus décisionnels ayant trait aux ressources, mais ne le garantit aucunement. La collaboration peut créer des changements structurels qui modifient les dynamiques et entraînent une participation plus égale des différents acteurs aux processus décisionnels ayant trait aux ressources naturelles et aux sources d’énergie. Ces changements peuvent se traduire par une transformation des rôles classiques de l’industrie, du gouvernement et des communautés autochtones dans ces processus. Les constatations laissent entrevoir que ce sont aussi bien les interactions « relationnelles » (relations interpersonnelles et officieuses) qu’« affectives » (relevant de l’émotion) qui sont importantes pour l’établissement d’une collaboration porteuse à long terme. Plusieurs auteurs et communautés préconisent une coexistence pacifique en vertu d’une collaboration reposant sur l’approche dite du wampum à deux voies. Cette approche suppose une même interprétation des traités par des groupes distincts, sans que l’un ou l’autre ne perde son autonomie.

  • L’élimination des démarcations entre les systèmes de connaissances autochtones et les systèmes occidentaux pourrait améliorer la prise des décisions au sujet des ressources naturelles du Canada. La recherche remet en question l’idée selon laquelle les systèmes de connaissances autochtones – souvent décrits comme des « systèmes de connaissances locales » – seraient subjectifs tandis que les systèmes occidentaux – dits de « connaissances techniques » – seraient objectifs. Or les connaissances techniques reposent sur des hypothèses contestables, et elles ont bel et bien une part de subjectivité, tandis que les connaissances locales peuvent comprendre des éléments objectifs. La collecte de connaissances peut, elle aussi, présenter les deux caractéristiques. En abordant ces systèmes de connaissances sous un angle nouveau, en réduisant les écarts entre les différentes perceptions de ces systèmes et en prônant le recours à une multiplicité de types et de champs de connaissances, il est possible de diminuer les inégalités de pouvoir afin de rendre les processus décisionnels plus inclusifs et plus efficaces.

    Si l’objectif est de mettre en application ensemble et d’une manière impartiale les deux systèmes de connaissances, il est important de ne pas revenir à la pratique qui consiste à évaluer les connaissances autochtones uniquement en fonction de normes coloniales. En outre, il nous faut reconnaître que l’impossibilité apparente de mesurer les résultats découlant de l’application de connaissances autochtones pourrait trouver sa source dans des visions du monde différentes, qui se manifestent par des approches théoriques et méthodologiques distinctes pour donner un sens au mondeNote de bas de page 26.

  • Le « cadrage social » offre une nouvelle manière de comprendre la participation autochtone à la mise en valeur et à la gouvernance des ressources en bioénergie. La théorie du cadrage social est souvent utilisée en politiques publiques et en recherche organisationnelle pour examiner les points de vue divergents, et qui évoluent, de parties prenantes sur des problèmes et des solutions complexes ayant trait aux politiques de ressources naturelles. Le recours à cette théorie peut faciliter les processus de prise de décision mettant en présence de multiples parties prenantes, processus pour lesquels la confiance et la collaboration sont cruciales. Dans le corpus de plus en plus étoffé portant sur la théorie et l’analyse du cadrage, on constate qu’un petit nombre de chercheurs se penche sur la compréhension des perceptions des industries de mise en valeur des ressources de l’environnement et des autres acteurs en présence.

    Mais on consacre beaucoup plus d’efforts à concevoir des produits et des technologies qu’à établir des relations et à élaborer un vocabulaire, des protocoles, des façons de procéder et des processus décisionnels communs […] Il y a beaucoup à faire en ce qui a trait aux dimensions humaines de l’énergie et de la foresterie, et cela pourrait être considéré comme étant le volet d’innovation sociale des partenariats sur les bioénergies réunissant des représentants autochtones et leurs partenaires. Tout comme les innovations technologiques, les innovations sociales reposent sur l’expérimentation, l’échec et la persévérance. Les exemples actuels de partenariats communautaires montrent bien qu'il s'agit d'activités préliminaires et courantes, qui sont essentielles pour faire reconnaître la gouvernance locale et pour susciter le respect et le soutienNote de bas de page 27.

  • Il y a encore des lacunes dans les connaissances relatives aux répercussions qu’auront les impacts transnationaux des changements climatiques sur le plan social, économique et environnemental au Canada. Des pays comme les Pays-Bas et le Royaume-Uni mènent des évaluations internationales sur les effets indirects des changements climatiques qui se produisent hors de leurs frontières. Ces évaluations prennent en compte la vulnérabilité et l’exposition aux changements climatiques des pays avec lesquels ils sont en relation. L’objectif est d’en déterminer les répercussions économiques et biophysiques possibles ainsi que les effets potentiels en matière de migration et de sécurité sur eux, ou sur leurs biens, partout dans le monde. Il existe bien des analyses des effets planétaires du réchauffement du climat sur le Canada, mais elles sont peu élaborées et n’abordent guère les facteurs internationaux. Une compréhension plus exhaustive et plus exacte des risques et des coûts qui en découlent pourrait aider le Canada à mieux se préparer aux changements climatiques.

    […] en l’absence de recherches visant à comprendre tous nos liens à l’international, l’exposition aux changements climatiques ainsi que les adaptations apportées aux politiques à l’étranger qui pourraient avoir des répercussions au Canada, il est impossible de déterminer si la dimension internationale des changements climatiques est davantage porteuse de possibilités ou de menacesNote de bas de page 28.

  • Le débat reste pratiquement entier sur les effets économiques qu’aurait la réduction de la production des industries de combustibles fossiles au Canada. Certains estiment la « bulle du carbone » mondiale (soit la valeur estimative des entreprises tributaires de la production de combustibles fossiles) à 20 000 milliards de dollars américains. Cette bulle suscite énormément d’inquiétude, mais les conclusions publiées quant à son impact sur les institutions financières et les industries canadiennes sont très hypothétiques. Il faut davantage de données probantes, étant donné que les conclusions actuelles se fondent sur des projections du prix du pétrole ainsi que sur la mise au point de technologies de captage des émissions de dioxyde de carbone et des projets de géoingénierie solaire qui pourraient prolonger l’exploitation des sables bitumineux.
  • Les risques et les possibilités qui découlent de l’atténuation des effets des changements climatiques pour l’industrie automobile canadienne n’ont pas été analysés de façon adéquate. Les répercussions directes des changements climatiques sur le secteur du transport font l'objet d'un nombre croissant de recherches. Cependant, on ne sait guère quelles seront ces répercussions au Canada, compte tenu du manque de recherches portant précisément sur l’industrie automobile canadienne et du fait que les facteurs mondiaux ne sont pas suffisamment pris en compte. À titre d’exemple, on ignore encore comment les progrès rapides réalisés dans la mise au point de batteries dans d’autres pays pourraient toucher cette industrie au Canada et on ne connaît pas non plus les répercussions possibles de ces progrès sur l’industrie pétrolière. Les décideurs doivent prendre en considération les conséquences des virages radicaux effectués vers les énergies renouvelables pour atteindre les objectifs d’atténuation des effets des changements climatiques, ainsi que l’impact que pourraient avoir les politiques en matière de climat, d’énergie et de transport sur la vitesse à laquelle de tels virages seront exécutés au Canada.
  • Les connaissances sont lacunaires en ce qui concerne les défis et les possibilités que le développement des bioénergies présente dans les communautés autochtones du Canada, et il y a des obstacles qui empêchent de combler ces lacunes. On ne comprend pas encore complètement les interactions entre des cadres de gouvernance internationaux et locaux distincts dans les partenariats sur les bioénergies. Il en va de même des interactions entre les cadres de gouvernance autochtones et non autochtones. Il y a des lacunes au chapitre de la recherche sur la gouvernance et de l’analyse des politiques visant les secteurs des ressources des provinces et des territoires. Il n’y a que 12 projets de production de bioénergie au Canada auxquels participent des communautés autochtones, dont 10 en Colombie-Britannique; or les enseignements émanant de ces projets pilotés par et avec les communautés pourraient être transférables.

    Constatations d’une synthèse des connaissances : partenariats sur les bioénergies avec les Autochtones au Canada (vidéo en anglais)


  • Il est possible d’évaluer d’une manière plus large les systèmes de connaissances intégrés (qui intègrent les connaissances autochtones et les connaissances occidentales). Les évaluations des systèmes de connaissances intégrés – ce que certaines communautés autochtones appellent le « double regard » – ont surtout porté sur la crédibilité des connaissances autochtones du point de vue de la science coloniale. Des initiatives récentes reconnaissent qu’il est nécessaire de faire appel à un ensemble de critères plus large pour évaluer les connaissances et que certains des résultats obtenus par l’application de connaissances autochtones ne peuvent être mesurés puisqu’ils sont le fruit de visions du monde différentes. Une telle manière de faire aiderait à corriger les déséquilibres de pouvoir au moment de prendre des décisions importantes sur la mise en valeur des ressources naturelles.



Les avancées technologiques changent notre façon de penser, de vivre, de nous divertir et de travailler. Les percées se poursuivent en automatisation et en intelligence artificielle, et les données provenant de capteurs, l’Internet des objets et l’analytique associée prennent de plus en plus d’importance tout en évoluant. Ces avancées représentent des occasions importantes pour les gouvernements et l’industrie d’accroître leur résilience et d’obtenir d’énormes avantages pour les Canadiens. Partout dans le monde, les secteurs public et privé étudient également les processus d’innovation et les applications qui ont une portée sociale et présentent des avantages pour la société. Des initiatives d’innovation sociale intersectorielles et collaboratives sont à l’étude pour aborder des enjeux sociétaux complexes et pour favoriser l’équité et la durabilité des sociétés.

Prenant acte des conséquences multiples – et parfois néfastes – des avancées technologiques, les projets de synthèse des connaissances ont traité de plusieurs facteurs qui se recoupent et des avantages de l’innovation. Au centre de tous les sujets couverts se trouve l’importance grandissante d’aborder l’innovation par la collaboration intersectorielle, interdisciplinaire et intradisciplinaire. Il est essentiel d’attirer le talent et de le faire s’épanouir pour qu’il y ait innovation, et il importe donc d’en discuter. Cependant, il faut aussi trouver un juste équilibre entre la nécessité de donner suite aux besoins en main-d’œuvre à court terme et les investissements à long terme dans le capital humain. Il ressort de certaines des observations que, pour favoriser l’atteinte des objectifs en matière d’innovation, il serait bon de mieux mesurer l'impact des initiatives et de veiller à ce que les questions sociétales soient dûment prises en compte aussi bien par les gouvernements que par les chercheurs.

Pour obtenir des avantages concurrentiels et accroître la prospérité, il faut aller au-delà des aspects techniques de l’innovation et porter un regard critique sur les dimensions sociales, culturelles, économiques, éthiques et politiques qui sous-tendent les comportements humains et la prise de décision. Dans la foulée du plan Innover pour un meilleur Canada, le plan pour l’innovation et les compétences publié par le gouvernement fédéral en 2017, ces observations peuvent éclairer les artisans des politiques et les parties prenantes de l’industrie sur les facteurs sociétaux complexes qui influencent la prospérité du Canada d’aujourd’hui et de demain.




  • Les organisations qui ont su tirer parti d’initiatives faisant appel aux données massivesNote de bas de page 29 ont une culture de prise de décision fondée sur des données. On n’utilise pas encore le plein potentiel de l'analytique de données perfectionnée pour éclairer la prise de décision. L’un des principaux défis à relever pour ce qui est de rentabiliser les investissements dans les données massives consiste à favoriser l’adoption d’une culture organisationnelle de prise de décision fondée sur des données, en particulier à l’échelon des cadres supérieurs, dans les entreprises, les gouvernements et les organismes sans but lucratif. Les données probantes indiquent aussi qu’il faut associer différents types de compétences (techniques, en gestion et en analytique).

    Le parcours qui mène des données massives à l’« impact massif » ne semble pas bien compris et, même si l’analytique de données massives peut créer de la valeur, il y a lieu d’examiner de plus près l’hypothèse selon laquelle elle se traduit automatiquement par de la valeurNote de bas de page 30.

  • Les organisations sont de plus en plus nombreuses à utiliser les données échangées entre machines. Cette approche de l’analytique de données massives vise à améliorer les services et à lancer de nouveaux produits et processus en récoltant des données au moyen de capteurs intégrés. Les données provenant de capteurs et autres données échangées entre machines sont utilisées dans le secteur social, notamment pour des projets de villes intelligentes, de services de santé intelligents, de vieillissement intelligent et de réseau électrique intelligent. Ces applications font actuellement l’objet de projets de recherche. Les administrations locales et les fournisseurs de services de santé utilisent également beaucoup les données provenant de capteurs. Ce secteur de l’analytique devrait connaître une croissance exponentielle, parallèlement à l’Internet des objets.

  • Une collaboration intersectorielle étroite est essentielle si les gouvernements souhaitent mettre au point des outils et des technologies et faire s’épanouir le talent dans le domaine des données massives. Le Canada et d’autres pays lancent des initiatives axées sur les données massives afin d’accroître leur compétitivité et leur sécurité et d’atteindre des objectifs sociétaux, entre autres, améliorer la santé publique et la prestation des services, et rendre leur gouvernement plus efficace et plus ouvert, souvent sous l’impulsion d’un dirigeant principal de l’information. Le fait d’avoir davantage accès aux données du gouvernement peut également favoriser le développement d’entrepreneurs et d’entreprises. Cependant, les gouvernements se heurtent à un certain nombre de problèmes en voulant rendre leurs données publiques, notamment à des préoccupations relatives à la confidentialité et à la sécurité des données ainsi qu’à l’insuffisance des compétences, des connaissances et des capacités dont ils disposent en matière d’analytique de données massives.

    La capacité d’accumuler, de traiter et d’utiliser d’énormes quantités de données témoignera à l’avenir de la puissance et de la compétitivité d’un paysNote de bas de page 31.


  •  
  • Les établissements d’enseignement postsecondaire canadiens assument un rôle de premier plan en innovation sociale. Cela se constate tout particulièrement dans l’intérêt qu’ils portent depuis peu à l’apprentissage expérientiel et à l’apprentissage intégré au travail, ainsi qu’à l’entrepreneuriat en général. L’idée selon laquelle les universités constituent des acteurs cruciaux des écosystèmes d’innovation n’est pas nouvelle, mais elle est généralement associée à l’innovation technologique et au développement économique. Les établissements qui ont déjà une mission sociale sont plus susceptibles de prendre part à de telles initiatives.

  • Quels sont les facteurs sociaux, économiques et politiques qui influent sur la migration de travailleurs talentueux en STGM? Les travailleurs hautement qualifiés formés à l’étranger, en particulier les professionnels des STGM (sciences, technologie, génie et mathématiques), font face à des difficultés sur le plan du salaire et de l’emploi dans leur pays de destination. Dans les écrits publiés à ce sujet, ces difficultés sont attribuées à la non-reconnaissance des titres de compétence étrangers, à une « déqualification » résultant des avancées technologiques, aux obstacles d’ordre linguistique et à l’absence d’un réseau professionnel. Cependant, d’autres facteurs, dont la capacité d’obtenir rapidement des permis, le climat politique, le style de vie attendu et la conciliation travail-vie personnelle, peuvent influencer fortement la décision des spécialistes des STGM de s’installer et de rester au Canada ou dans d’autres pays de destination. Les choix qu’ils font ont un impact sur le marché du travail et sur les systèmes d’innovation.

  • L’une des entraves les plus importantes au recrutement de professionnels des STGM au Canada réside dans l’écart grandissant entre les politiques et les programmes d’immigration fédéraux et ceux des provinces. Au cours des deux dernières décennies, le Canada a accordé une plus grande priorité, à l’échelle nationale, à la constitution à long terme d’un bassin de travailleurs talentueux. Cela a souvent nui à la capacité des provinces d’attirer rapidement des personnes de talent pour l’innovation à court terme. Il y a en outre des disparités croissantes entre des programmes et des outils fédéraux et provinciaux qui ont des objectifs différents pour les types de candidats qu’ils attirent. Parallèlement, les deux ordres de gouvernement pourraient en venir à se disputer les mêmes candidats, ce qui restreindrait l’arrivée d’un bassin plus large de travailleurs étrangers qualifiés. Une meilleure coordination est requise à ce chapitre.

  • L’écosystème d’innovation sociale du Canada est encore en cours d’élaboration. Les acteurs gouvernementaux s’intéressent de plus en plus à l’innovation sociale, et les organisations internationales ont intégré son vocabulaire et des objectifs à cet égard dans leurs stratégies. Malgré des initiatives et un soutien qui augmentent sans cesse, il n’y a toujours pas de politiques ni de financement dans des domaines comme la santé, l’environnement et la sécurité publique, et ce, tant au fédéral qu’au provincial. Les liens doivent être plus clairs entre les stratégies d’innovation sociale et leur mise en œuvre. En outre, les initiatives doivent être plus visibles dans les aspects ayant trait aux politiques et dans les mécanismes institutionnels.

    L’application de ces cadres [d’innovation sociale] au système canadien semble indiquer la présence de certains éléments d’un écosystème d’innovation : politiques gouvernementales, financement social émergent, établissements d’enseignement postsecondaire qui disposent d’idées, de personnes de talent et d’installations, incubateurs, partenaires et bailleurs de fonds du secteur privé, organisations non gouvernementales dotées d’un esprit d’entreprise et entreprises sociales. Cependant, ces éléments restent très fragmentaires, et on observe des écarts entre la théorie et la pratique, et entre les stratégies et leur mise en œuvre, ce qui laisse entendre que le tout est moindre que la somme de ses partiesNote de bas de page 32.


    Modèle d’écosystème d’innovation proposé

    Infographique : Élaboration de l’écosystème d’innovation sociale

    Source : CukierNote de bas de page 33




  • Dans les écrits sur l’analytique de données massives, les questions techniques sont largement surreprésentées. Les écrits spécialisés sur l’analytique de données massives, un champ de recherche encore en émergence, font la part belle aux outils d’infrastructure, technologies, plateformes, services, processus et autres questions techniques. Ils s’intéressent peu aux aspects qui touchent à la gestion, à l’organisation et aux affaires. Le nombre d’articles traitant du sujet dans les études en gestion et en administration des affaires est en hausse depuis quelques années, mais il faut se pencher davantage sur les dimensions sociales de l’analytique de données massives, notamment sur les changements que les organisations doivent apporter pour s’adapter aux innovations technologiques et en bénéficier.

    […] à la lumière de constatations antérieures laissant entendre que la vraie valeur de l’analytique de données massives ne réside pas dans les données elles-mêmes mais dans l’information qu’elles produisent et dans les mesures prises par les gestionnaires, il faut s’employer à mieux cerner les compétences générales et les compétences en gestion qui sont nécessaires pour récolter le fruit des investissements en analytique de données massivesNote de bas de page 34.

  • Le Canada a déjà une présence importante en « créativité artificielle ». La créativité artificielle explore la théorie et la pratique qui sous-tendent la création d’ordinateurs et de programmes capables de faire preuve de la créativité d’un être humain. L’expertise canadienne en ce qui concerne la créativité artificielle en musique repose sur le grand nombre de chercheurs interdisciplinaires qui intègrent l’art au développement des sciences et de la technologie. Il est possible de pousser encore plus loin cette expertise en misant sur un nombre encore plus grand de chercheurs et en soutenant davantage aussi bien les travaux qui se font dans les départements que les travaux interdépartementaux, y compris ceux des départements qui ont déjà une mission interdisciplinaire regroupant les arts, les sciences et la technologie.
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  • Le débat sur les bonnes pratiques à adopter pour mesurer l’impact des initiatives d’innovation sociale se poursuit. Critiquées pour leur angle d’analyse quasi exclusivement économique, les approches d’évaluation faisant appel au rendement social du capital investi restent les méthodes de prédilection des praticiens et de certains bailleurs de fonds pour mesurer les effets d’initiatives d’innovation sociale. Dernièrement, des efforts ont été déployés pour proposer d’autres stratégies d’évaluation fondées sur le développement. Néanmoins, le débat sur les questions ayant trait à la mesure et à la reddition de comptes a toujours cours, et des lacunes subsistent dans les recherches portant sur l’impact des initiatives, en particulier au niveau systémique.
  • Les partenariats intersectoriels sont essentiels à l’innovation sociale et devraient être étudiés davantage. On s’entend généralement sur le fait que la collaboration intersectorielle est essentielle pour stimuler l’innovation sociale et la faire passer à grande échelle. Les réseaux de collaboration ont de plus en plus recours aux nouvelles technologies pour communiquer et échanger des connaissances et des pratiques. Ces réseaux, cependant, sont négligés par la recherche. Combler cette importante lacune permettrait ensuite de cerner les stratégies qui donnent lieu à des collaborations porteuses et d’en mesurer les effets.

    En définitive, une meilleure compréhension de l’innovation sociale en ce qui concerne les partenariats intersectoriels appuiera le cycle des collaborations, des processus et de l'échange de connaissances entre les secteurs, et elle augmentera la capacité des Canadiens d’utiliser l’innovation sociale pour s’attaquer à des problèmes dits insolubles et être concurrentiels sur la scène internationaleNote de bas de page 36.

  • Toutes les thématiques ne sont pas représentées également dans les écrits sur l’innovation sociale. Les finances sociales et les nouvelles applications de la technologie sont des sujets qui reviennent souvent dans les écrits récents sur l’innovation sociale. En outre, on met énormément l’accent sur l’institutionnalisme et les « logiques antagonistes » pour aborder la tension entre les objectifs sociaux et les objectifs économiques de l’innovation sociale. Certains objectifs sociaux, notamment ceux qui ont trait à l’atténuation de la pauvreté, à l’éducation, à l’environnement et à la santé, sont davantage traités que d’autres. Ainsi, la consolidation de la paix et les droits de la personne, l’équité et l’inclusion de même que les questions de migration ont peu retenu l’attention des chercheurs.




Le Canada fait partie des nations ayant une diversité sans précédent. Le dernier recensement, en 2016, a confirmé de nouveau que le cinquième des Canadiens est né à l’étranger. Dans la plus grande ville canadienne, Toronto, c’est plus de la moitié de la population qui est née à l’extérieur du pays. Cela résulte en grande partie des politiques d’immigration progressistes des quarante dernières années. Le Canada a hissé la diversité au rang de force nationale et en a fait une stratégie pour atteindre la paix et la prospérité. Parallèlement, une attention accrue est prêtée aux droits des groupes marginalisés. Outre la priorité qu’il accorde à l’avancement de la réconciliation avec les peuples autochtones, le Canada a présenté en 2017 des excuses nationales pour la discrimination dont ont été victimes les personnes de minorités sexuelles.

Mais il est loin d’être facile de favoriser le sentiment d’appartenance et l’inclusion. Les Canadiens continuent de composer avec toute la complexité inhérente à la situation des communautés racisées et marginalisées. Un grand nombre de projets de synthèse des connaissances ont abordé les questions reliées à la diversité. Quelques-uns, en particulier, se sont intéressés aux enjeux et aux théories des droits de la personne et à la notion d’appartenance en ce qui concerne les personnes marginalisées au Canada. Ces projets se sont penchés sur le recours à des pratiques d’enseignement inclusives pour aider les étudiants en situation de handicap dans les programmes de baccalauréat en sciences infirmières, sur des méthodes tenant compte du genre et de la culture d’origine pour aborder la question des abus sexuels dans les familles de nouveaux arrivants, sur les expériences des migrants LGBTQ2+ des pays du Sud et sur l’accès des aînés racisés aux cimetières virtuels.

Ces projets font ressortir l’importance de reconnaître les préjugés culturels et sexistes à l’œuvre dans la recherche et les politiques ainsi que la nécessité de faire appel à des approches davantage communautaires et participatives. Les chercheurs, les praticiens et les artisans des politiques sont invités à chercher à mieux comprendre le contexte complexe dans lequel se trouvent souvent les immigrants avant leur venue au Canada, au moment de leur arrivée et par la suite. Les lacunes des recherches ayant trait aux politiques montrent que des analyses intersectionnelles plus diversifiées sont nécessaires et qu’il faut évaluer les enjeux sociétaux fondamentaux correspondants. L’analyse intersectionnelle tient compte du fait que les grands axes de différenciation sociale que sont, entre autres, le sexe, la race et les handicaps physiques et mentaux sont sources d’oppression et de privilèges.

Le Canada fait un travail exceptionnel pour intégrer les immigrants, et il saisit à quel point c’est important pour l’avenir. Cependant, nous devons également comprendre la nature de la perception que le grand public a de la diversité tout comme la nature des principaux risques qui y sont associés. L’anxiété culturelle et l’insécurité sur le plan de l’emploi en font partie, et elles sont déclenchées par ce qui se passe dans le monde. La recherche a dans ce domaine un lourd mandat à remplir et un grand rôle à jouerNote de bas de page 37.



  • Par le truchement de pratiques d’enseignement inclusives et diversifiées, des programmes de baccalauréat en sciences infirmières forment des étudiants ayant des besoins spéciaux. Dans les 56 études décrivant les stratégies et les interventions inclusives, les approches les plus courantes sont les ateliers de formation, le travail en petits groupes, les jeux de rôle, les capsules vidéo, les tutoriels, les techniques de gestion du stress et l’encadrement par un tuteur ou un pair. Les évaluations des réactions des étudiants aux interventions ont montré une augmentation de la satisfaction générale de ces derniers à l’égard du programme de baccalauréat et une plus grande confiance dans leurs compétences personnelles et professionnelles. Les taux d’achèvement du programme et de réussite de l’examen d’admission à l’ordre professionnel ont également été plus élevés.

    Ces résultats de recherche serviront également à éclairer les politiques en matière d’éducation, afin d’encourager la réussite d’un plus grand nombre d’étudiants dans leurs programmes universitaires, de limiter la discrimination envers les [personnes] présentant des handicaps et, ultimement, [de favoriser] leur participation à une société inclusive et diversifiéeNote de bas de page 38.

  • Les préjugés d’ordre culturel en ce qui concerne l’expérience des femmes immigrantes et les origines de la violence familiale se trouvent en filigrane des politiques et des services de soutien. Au Canada, les nouveaux immigrants viennent de sociétés diverses d’Afrique, d’Asie et du Moyen-Orient, où la violence familiale est vécue de manières très différentes. Il faut examiner de plus près les défis associés au fait d’amorcer une nouvelle vie au Canada et les répercussions de la violence familiale sur la quête de stabilité économique. Les expériences des femmes comme des hommes – avant, pendant et après leur parcours d’immigrés – doivent être prises en compte.

    Les auteurs ont tendance à faire de la culture et des conditions de vie que les immigrants emportent avec eux au Canada l’explication ou la cause de la violence familiale. Ils s’intéressent moins aux obstacles que doivent surmonter les immigrants pour s’adapter et s’intégrer à la société canadienne, par exemple en ce qui concerne l’accès à l’emploi et aux services sociaux, la langue et les nouvelles normes à assimiler relativement aux rapports hommes-femmesNote de bas de page 39.

  • Le fait d’aborder les situations dans une perspective plus large et en tenant compte des différences culturelles pourrait améliorer les approches adoptées pour contrer la violence familiale dans les communautés d’immigrants. Les écrits sur la violence familiale dans les communautés d’immigrants laissent entendre que la stratégie occidentalocentriste dominante, qui consiste à « porter secours aux victimes et intenter des poursuites », peut s’avérer inefficace et peut même avoir des conséquences néfastes. Par un engagement communautaire plus actif, les chercheurs, les artisans des politiques et les fournisseurs de services peuvent analyser et intégrer tout un éventail de modes de connaissance tenant compte des différences culturelles, afin de mettre au point des méthodes plus efficaces pour traiter les cas de violence familiale dès le début et fournir des services adéquats sur le plan culturel.

    Les immigrants africains ont souvent la même perception de la valeur de la terre que de nombreux peuples autochtones, à savoir qu’elle est très précieuse! À leur arrivée, les immigrants pourraient gagner à entrer en contact avec les peuples des Premières Nations, avec lesquels ils ont beaucoup en commun, et apprendre d’euxNote de bas de page 40.

  • Une plus grande attention prêtée aux réalités des personnes vulnérables des communautés LGBTQ2+ des pays du Sud peut entraîner une amélioration des catégories de demandeurs et du traitement des demandes pour les personnes qui veulent immigrer au Canada. Des études confirment que les réalités vécues par les personnes LGBTQ2+ sont bien souvent indissociables du contexte géographique et politique. Elles sont façonnées tant par les politiques que par les modes de pensée, comme le colonialisme, de même que par des circonstances de toutes sortes, comme les guerres civiles ou l’extrémisme religieux. Les personnes LGBTQ2+ des pays du Sud, en particulier celles qui sont victimes de discrimination intersectionnelle liée, par exemple, au revenu, au handicap ou à l’état sérologique relativement au VIH, vivent souvent dans des contextes d’une grande complexité et d’une grande violence. Il est nécessaire de mieux comprendre ces contextes et leurs incidences sur le traitement des demandes du statut de réfugié et sur l’expérience des personnes LGBTQ2+ une fois qu’elles ont immigré.

  • Les directives dont s’est doté le Canada en matière d’orientation sexuelle, d’identité de genre et d’expression du genre sont le fruit d’un processus d’élaboration de politiques démocratique, novateur et fondé sur des données probantes, mais des lacunes subsistent. La mise en application récente des directives ayant trait à l’orientation sexuelle, à l’identité de genre et à l’expression du genre dans le processus décisionnel de la Commission de l’immigration et du statut de réfugié du Canada a été accueillie favorablement et perçue comme un exemple que d’autres pays pourraient suivre. Il n’en demeure pas moins que les restrictions imposées aux visas de résident temporaire, par exemple, constituent encore des obstacles considérables pour ce qui est du traitement des demandes du statut de réfugié faites en sol canadien. Il y a toujours des lacunes dans les connaissances et les politiques, surtout en ce qui concerne les migrants des communautés LGBTQ2+ dont le statut est précaire.

  • La popularité des cimetières virtuels à la mémoire d’êtres chers est à la hausse dans le monde. Les pages Web consacrées à la mémoire des défunts, ou « thanatotechnologies », existent depuis le milieu des années 1990. On dénombre aujourd’hui près de 100 cimetières virtuels. Des études ont confirmé les vertus thérapeutiques de ces sites, qui permettent de resserrer les liens entre les personnes endeuillées et d’offrir un espace où exprimer son chagrin au fil du temps. Ces sites Web peuvent s’avérer particulièrement salutaires à la suite de décès faisant l’objet de préjugés (entre autres, les suicides, les mortinaissances et certaines maladies comme les infections à VIH et le sida) et de la perte d’un animal.

  • Les personnes marginalisées et privées de leurs droits font face à des obstacles dans l’accès aux pages Web consacrées à la mémoire des défunts. Ces pages peuvent réduire les coûts et les répercussions psychologiques, sociales et économiques du deuil. Un certain nombre de sites Web gratuits fournissent un soutien aux personnes vulnérables à faible revenu afin qu’elles puissent vivre leur deuil et se remémorer leurs proches. Néanmoins, les personnes de communautés raciales minoritaires ne sont que très peu représentées dans ces cimetières virtuels au Canada. Comme les rituels de deuil et de mémoire sont de plus en plus tributaires des plateformes numériques, il faudrait offrir davantage de programmes de sensibilisation à ces espaces virtuels dans les unités de soins palliatifs, les salons funéraires et les organismes communautaires. De tels programmes pourraient permettre d’éliminer les obstacles en matière d’accès et de maîtrise du numérique. D’autres études sont nécessaires pour mieux cerner les dimensions ayant trait au sexe et à la race dans l’utilisation de ces plateformes.



  • Bien que des conclusions générales puissent être tirées, des lacunes dans les évaluations limitent la capacité de déterminer l’impact et l’efficacité de différentes pratiques d’enseignement et d’apprentissage inclusives pour les étudiants en situation de handicap. Les interventions ou leur évaluation présentent des lacunes méthodologiques, des échantillons mal définis et un manque de détails, ce qui crée des variations et restreint la possibilité d’exécuter des méta-analyses. Les recherches en éducation devraient s’appuyer sur des approches méthodologiques rigoureuses à l’avenir, afin de mieux cerner l’impact des interventions visant à améliorer les programmes de formation destinés aux étudiants en situation de handicap.
  • Les recherches sur la violence familiale chez les immigrants au Canada gagneraient à refléter une plus grande diversité. Les recherches portent en majeure partie sur les nouveaux immigrants d’origine sud-asiatique habitant dans les grandes villes canadiennes et plus particulièrement dans le Grand Toronto. Il y a beaucoup trop peu d’attention accordée aux immigrants d’origine africaine, l’un des groupes d’immigrants dont le nombre s’accroît le plus rapidement au Canada. D’autres groupes d’immigrants installés depuis peu dans des villes et des régions rurales du Canada qui sont désavantagées sur le plan de l’accès aux services méritent de nouvelles études approfondies et longitudinales. Les coûts économiques de la violence familiale qui survient dans ce contexte devraient aussi être analysés.

    Les constatations qui se dégagent des études examinées montrent qu’il est effectivement très important d’être au fait des différences qui existent dans les perceptions et les expériences de la violence familiale qu’ont les femmes immigrant au Canada. Il devient alors aisé de comprendre pourquoi leurs réactions et leurs stratégies sont si diverses et si distinctes face à la violence familialeNote de bas de page 41.

  • Des études sur les hommes et la violence familiale au sein des groupes d’immigrants fourniraient de l’information cruciale pour venir en aide aux familles. Il y a très peu de recherches sur les points de vue et les expériences des hommes en matière de violence familiale dans le contexte canadien. Au Canada, la norme est de soutenir les femmes victimes d’hommes agresseurs. Bien que les femmes immigrantes soient plus susceptibles d’être victimes d’abus, les hommes immigrants peuvent aussi avoir été victimes de violence familiale. La synthèse des connaissances à ce sujet n’a pas permis de trouver une seule étude portant uniquement sur les hommes immigrants victimes d’abus. Il convient en outre d’examiner la question de la violence familiale sous l’angle des hommes considérés comme étant des agents de changement indispensables, en tant que membres et chefs de leur famille et de leur communauté.
  • Les connaissances sont toujours lacunaires au sujet de la violence familiale qui survient en dehors de l’univers des couples hétérosexuels. Les écrits sur la violence sexuelle mettent l’accent sur les expériences des femmes en tant que partenaires au sein de couples hétérosexuels, même si cette violence touche toutes les relations de pouvoir abusives, peu importe leur nature. Les expériences et les perceptions qu’ont les hommes et les personnes homosexuelles de la violence familiale tout comme leurs réactions sont largement ignorées dans les études actuelles. Les connaissances sont insuffisantes pour venir en aide de façon adéquate aux victimes de violence dans les unions de personnes de même sexe.
  • La théorie de l’intersectionnalité est privilégiée dans les écrits nord-américains de plus en plus nombreux sur les réfugiés LGBTQ2+. Depuis 2014, une vaste gamme de théories critiques héritées des études féministes et des études sur la sexualité, les peuples autochtones, les migrations, les réfugiés et les groupes ethniques ont été utilisées pour analyser le phénomène des réfugiés et le traitement des demandes du statut de réfugié. Alors que la majorité des études sont menées au moyen d’approches qualitatives, les chercheurs canadiens – et c’est ce qui les distingue – utilisent les méthodologies de la recherche communautaire participative. Les spécialistes du droit continuent néanmoins de produire la plupart de leurs publications en faisant appel principalement à des méthodologies axées sur des études de cas pour évaluer les protections accordées par la législation canadienne dans les cas de demandes du statut de réfugié fondées sur l’orientation sexuelle. La recherche intersectionnelle, qui reconnaît les facteurs identitaires et les expériences propres à une personne en fonction de différentes lorgnettes disciplinaires, a permis de déterminer les divers facteurs identitaires et les différents statuts qui caractérisent les migrants LGBTQ2+, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de ce processus.

    Il faut exécuter davantage d’analyses locales et intersectionnelles de ces enjeux mondiaux des plus importants. Et ces analyses seraient encore plus solides si elles étaient menées selon l’approche de l’analyse comparative entre les sexes plus (ACS+)Note de bas de page 42.

  • Des recherches plus approfondies sont nécessaires pour étudier l’impact des cimetières virtuels sur le processus de deuil. Les écrits sur les pages Web consacrées à la mémoire des défunts se concentrent principalement sur la plateforme Facebook et se fondent sur la théorie du « lien continu », laquelle suppose que les liens avec les proches décédés perdurent au-delà de la mort. Les cimetières virtuels existent depuis plus de 20 ans, mais il existe très peu d’examens des modèles et de la dynamique de l’expression, ou encore de la dynamique entre les utilisateurs et les cimetières en ligne, pour déterminer ce qui est, ou est devenu, socialement ou culturellement acceptable. Par ailleurs, la plupart des études sur les pages Web consacrées à la mémoire des défunts ne tiennent pas compte des différences ayant trait à la race ou à la classe sociale.






De plus en plus, le talent et la main-d’œuvre se déplacent, et le commerce et les investissements transfrontaliers augmentent, ce qui modifie les rapports de pouvoir locaux et internationaux. Les villes et les collectivités s’attaquent de plus en plus à des questions mondiales, comme les changements climatiques, les migrations et la sécurité, et elles le font de façon concrète. La démographie (l’âge) et le lieu (milieu urbain ou rural ou région éloignée) ont une incidence sur la manière dont les gens vivent des changements complexes. Il faut aussi tenir compte du risque que les avantages et les répercussions de la mondialisation continuent d’être répartis de façon inégale, en particulier au sein des populations marginalisées.

Certains des projets de synthèse des connaissances subventionnés ont examiné ces questions, en analysant les effets des changements mondiaux de grande échelle sur le Canada, d’une génération et d’un lieu à l’autre. Les synthèses ont permis d’observer, par exemple, les différentes conséquences sociétales de l’exode des jeunes de milieu rural et de faire le point sur l’indépendance financière des prochaines générations de Canadiens. Quant aux générations vieillissantes, elles doivent composer avec l’utilisation de technologies d’assistance intelligentes, dont les ramifications doivent encore être comprises. Les synthèses préconisent des approches plus holistiques et plus systémiques de l’élaboration de programmes et de politiques dans les collectivités urbaines, rurales et éloignées du Canada. À titre d’exemple, les constatations émanant des synthèses indiquent qu’il faut des approches permettant d’accroître l’adoption des services à large bande par les collectivités rurales et éloignées et qu’il faut trouver des manières d’améliorer l’élaboration et la mise en application de programmes de résilience urbaine.

Un même message se dégage des constatations émanant des synthèses, et il a trait à l’importance et aux risques que présentent les hypothèses et les lieux communs. Il est important de reconnaître l’hétérogénéité et la diversité des populations et du territoire du Canada. L’élaboration de politiques propres au contexte, qui vont au-delà des modèles économiques en place et qui tiennent compte des concepts d’identité, de confiance et d’appartenance, est nécessaire pour veiller à ce que les répercussions et les avantages de la mondialisation se traduisent par davantage d’équité et de durabilité pour l’ensemble de la société.




  • Il serait bon que les discussions sur l’endettement des jeunes de la génération du millénaire soient fondées sur des données probantes. Jamais génération, dit-on, n’aura été aussi endettée, mais il en va de même des autres générations. En fait, le niveau d’endettement de la génération du millénaire n’augmente pas plus rapidement que celui des autres groupes d’âge. L’amélioration des données relatives à l’emploi, conjuguée à une meilleure détermination des tranches d’âge pour les enquêtes, pourrait permettre de contrer les récits trompeurs véhiculés par les médias. Cela pourrait aussi mener à l’élaboration de politiques et de pratiques visant à remédier aux répercussions réelles de l’endettement croissant auquel feront face certains jeunes des prochaines générations.

    Les lacunes importantes dans les connaissances, auxquelles s’ajoute la portée des récits qui dominent le paysage médiatique, suscitent de vives préoccupations. Elles pourraient distraire les universitaires et les décideurs des conséquences réelles de l’augmentation de l’endettement de la génération du millénaire et les empêcher de s’attaquer au problèmeNote de bas de page 43.




  • La « confiance » est essentielle pour l’adoption et l’utilisation des dispositifs d’assistance intelligents par les personnes âgées. Les concepteurs de technologies intelligentes se concentrent surtout sur la mise au point et la fonctionnalité de leurs innovations, plutôt que sur des dimensions sociotechniques comme la confiance. Il est pourtant avéré que la confiance est un facteur déterminant pour les utilisateurs plus âgés. Les chercheurs intéressés par le sujet pourraient tenter de mieux comprendre ce qui détermine les paramètres de la confiance des personnes âgées à l’égard des dispositifs d’assistance dotés d’intelligence artificielle et comment une nouvelle forme de relation non intentionnelle peut s’établir entre ces dispositifs et leurs utilisateurs. Les répercussions en matière d’éthique et de confidentialité doivent aussi faire l’objet d’études sérieuses dans l’immédiat.

  • L’exode de la jeunesse rurale n’a rien de mal en soi, mais les politiques de maintien des populations gagneraient à privilégier la migration de retour. Au Canada, la migration de retour représente 31 p. 100 de l’immigration dans les collectivités rurales. Les migrants qui reviennent dans leur collectivité d’origine apportent avec eux non seulement des compétences et des technologies, mais aussi des visions du monde et des expériences de grande valeur. Les politiques qui visent à freiner la migration, peu importe dans quel sens, peuvent en fait restreindre ou entraver les changements sociaux et la diversité dans les collectivités rurales et éloignées. Cela dit, les artisans des politiques peuvent réorienter leurs efforts vers la migration de retour en mettant au point des « aides au départ » et des « aides au maintien en place », par exemple en faisant participer les jeunes aux processus décisionnels de leur collectivité.

  • Les possibilités économiques comptent, même si elles ne sont pas l’unique moteur de la migration. Abstraction faite des contextes de pauvreté extrême, l’exode n’est pas motivé exclusivement par des facteurs économiques. Bien que la migration puisse être associée à une hausse des revenus, la perspective d’un meilleur salaire est rarement l’une des motivations signalées. Les jeunes insistent plutôt sur la qualité des emplois et sur la possibilité de faire œuvre utile. À l’instar de leurs homologues plus âgés et des villes, les jeunes des régions rurales décident de passer à autre chose à cause d’un amalgame complexe de raisons subjectives, facteurs biographiques et buts personnels, à quoi s’ajoutent des motifs objectifs d’ordre économique et structurel.

    Les artisans des politiques semblent faire face à un dilemme : doivent-ils réagir à l’exode de la jeunesse ou ne rien faire? Cette interprétation du problème est erronée. Si les artisans des politiques et les collectivités percevaient plutôt l’exode de la jeunesse comme le symptôme de questions sociales plus vastes […] et non comme un problème en soi, ils pourraient s’employer à rendre leurs collectivités plus « attrayantes » […] au lieu de condamner les jeunes à l’immobilismeNote de bas de page 45.

  • Les modèles d’intervention progressive visant à donner accès à des services à large bande dans les collectivités rurales peuvent aller au-delà des strictes fins économiques. En mettant l’accent sur les avantages économiques (pour ce qui est de l’emploi, de la formation, des communications et des investissements) de l’adoption de services à large bande, et sur les façons de déployer ces services, on a négligé certains besoins socioéconomiques connexes complexes. Il a été démontré que les approches axées sur les aspects économiques et le déploiement créent des dépendances à l’égard de l’industrie qui renforcent les vulnérabilités existantes dans les collectivités rurales et, dans certains cas, perpétuent les cycles d’expansion et de récession.

  • La communication des constatations de la recherche aux praticiens œuvrant en résilience urbaine influe sur les résultats obtenus en matière de résilience. Un grand nombre de documents de recherche consacrés à la résilience sont prescriptifs, moralisateurs, et leurs conclusions sont directives. Cette approche s’est révélée néfaste pour la résilience, car elle mène les praticiens à écarter des solutions de rechange ou à omettre de soupeser les priorités et les avantages et inconvénients lorsqu’ils prennent des décisions complexes propres à un contexte donné.



  • Il faut étudier les répercussions de l’endettement des jeunes de la génération du millénaire sur les finances de leurs parents baby-boomers. Les personnes des tranches d’âge supérieures à celle de la génération du millénaire sont de plus en plus criblées de dettes. Le niveau d’endettement par cartes de crédit des personnes âgées de 55 à 64 ans a augmenté de 300 p. 100 de 1999 à 2012. D’autres recherches sont nécessaires pour avoir une idée plus juste du niveau d’endettement des personnes âgées, en tenant compte des effets que l’emploi et l’endettement de la génération du millénaire peuvent avoir sur la génération qui les soutient.

  • Il y a absence de consensus sur les liens entre littératie financière et endettement. Certaines recherches avancent qu’il y a une corrélation entre une faible littératie financière et un niveau d’endettement élevé. Certaines études tiennent compte d’autres variables complexes, comme le revenu du ménage et la propriété résidentielle, de même que de facteurs sociodémographiques. Les Canadiens de la génération du millénaire sont les premiers à avoir bénéficié de programmes ciblés de littératie financière, mais aucun changement d’importance n’a été observé jusqu’à maintenant. Il faut absolument remédier aux lacunes dans les données longitudinales comparatives pour avoir une idée de la situation en matière de littératie financière et pouvoir s’attaquer à la question.

  • Compte tenu de l’hétérogénéité des populations âgées, il est essentiel de comprendre les caractéristiques individuelles pour agir sur la conception de la recherche et la mise au point des technologies d’assistance intelligentes. Mais une telle différenciation fait défaut dans presque toutes les études menées à ce sujet. Les chercheurs et les concepteurs ne devraient pas se contenter d’un échantillonnage à l’aveuglette mais plutôt adopter des démarches rigoureuses et participatives et se livrer à une réflexion critique sur les besoins ciblés qui existent dans des populations hétérogènes de personnes âgées. Des innovations pertinentes et conviviales pourraient en résulter.

  • Les écrits sur l’accès aux services à large bande dans les régions rurales sont dominés par des politiques axées sur l’offre. En vertu d’une hypothèse de longue date et de l’accent mis depuis longtemps sur la demande, les écrits – dans l’optique de l’éducation, des compétences et du financement – se concentrent principalement sur le partage des coûts et sur d’autres incitatifs pour augmenter l’intérêt à l’égard de l’adoption des services à large bande en milieu rural. Tant la recherche que l'élaboration de politiques gagneraient à prendre en considération les répercussions socioéconomiques générales qui stimulent la demande. Les recherches révèlent que les expériences antérieures, la connaissance des avantages potentiels, l’âge et le revenu ont une incidence considérable sur la décision d’utiliser les technologies et les services à large bande.

    […] il en résulte un corpus de connaissances qui non seulement se concentre sur le développement de l’infrastructure et de l’économie, mais présente en outre de sérieuses lacunes pour ce qui est de repérer, d’évaluer et de promouvoir les répercussions de l’adoption des services à large bande sur les autres piliers, tout aussi importants, qui soutiennent le développement, la résilience et la durabilité des collectivités ruralesNote de bas de page 46.

  • La prise en compte des avantages et inconvénients est pour ainsi dire absente des écrits sur la résilience urbaine. Une bonne partie des écrits sur la résilience urbaine traitent des facteurs favorables. Il est de plus en plus essentiel d’examiner les effets que des mesures de résilience prises à certains égards peuvent avoir à d’autres égards. Les études sur la résilience peuvent aborder de façon plus concrète les avantages et inconvénients, tout comme les obstacles, notamment les obstacles d’ordre politique, et éviter de se cantonner dans les généralités.

    L’accent mis sur les avantages et les inconvénients peut être une source précieuse d’information pour les praticiens de la résilience urbaine, car il aide à exposer les conséquences de certaines mesures et permet aux décideurs de composer avec des intérêts divergents en connaissance de causeNote de bas de page 47.


    Un projet de synthèse des connaissances contribue au lancement d’un incubateur intersectoriel

    Cité-ID Living Lab

    Le Cité-ID LivingLab Gouvernance de la résilience urbaine a été lancé en février 2018. Dirigé par Marie-Christine Therrien, titulaire d’une subvention de synthèse des connaissances et professeure à l’École nationale d’administration publique, il regroupe en mode collaboratif les divers acteurs de la résilience urbaine au Canada, tant du côté des gestionnaires urbains, des entreprises privées, des organismes sans but lucratif, des citoyens que des chercheurs universitaires. L’objectif est qu’il devienne un incubateur pour l’émergence de nouvelles approches intersectorielles misant sur les connaissances et le développement de pratiques innovantes en matière de résilience urbaine.


  • Il serait bon que les écrits sur la résilience urbaine mettent davantage l’accent sur la gouvernance et les facteurs institutionnels. Bon nombre de rapports de recherche préconisent des démarches à échelles, niveaux et parties prenantes multiples pour favoriser la résilience. Ils insistent sur la nécessité d’une collaboration horizontale des bureaux des municipalités avec la société civile, lesquels doivent de plus en plus composer avec les répercussions de problèmes d’envergure mondiale, comme les changements climatiques. Ces démarches supposent des modifications en matière de gouvernance. Très peu de chercheurs ont donné un aperçu des capacités et des mécanismes institutionnels précis qui sont nécessaires pour que de telles démarches se concrétisent.





Vers l’inclusion à l’ère de la mondialisation

Nous vivons dans un pays magnifique grâce à sa population, à ses paysages et à ses habitats, ainsi qu’à ses villes et villages d’une si riche diversité. […] Le Canada est un projet en constante évolution, fondé sur l’idée que des citoyens de diverses origines et cultures peuvent vivre et travailler tous ensemble [à la création] d’une société [toujours] plus inclusive, plus équitable et plus justeNote de bas de page 48.
– Message d’adieu aux Canadiens de Son Excellence le très honorable David Johnston, ancien gouverneur général du Canada

La recherche en sciences humaines et en sciences sociales nourrit une réflexion fondamentale sur les risques et les possibilités complexes et à multiples facettes auxquels les sociétés d’aujourd’hui font face, à l’ère de la mondialisation. La mise au point de solutions novatrices pour relever des défis d’envergure mondiale exige l’harmonisation de différentes manières d’appréhender et de voir le monde. Elle exige aussi une compréhension des différents enjeux et de la société diversifiée qui caractérisent le Canada, ainsi qu’une volonté commune de collaborer et d’apprendre les uns des autres.

Bien que les synthèses des connaissances et les points de vue mis en relief dans ce rapport n’abordent qu’une fraction des enjeux et de leurs répercussions sociétales, ils mettent néanmoins en évidence plusieurs nouvelles dimensions sociales, culturelles et humaines tout à fait essentielles. Ces idées pourront désormais orienter les pratiques, les politiques et les priorités de la recherche. Les synthèses des connaissances émanant de la recherche aident à mieux comprendre ce que des enjeux aussi divers et aussi importants représentent pour le Canada d’aujourd’hui et de demain. Elles indiquent en outre les domaines dans lesquels le Canada peut jouer un rôle de chef de file crucial.

Le CRSH invite tous les intervenants et les chercheurs à participer au dialogue continu sur l’ensemble des domaines des défis de demain retenus par l’initiative Imaginer l’avenir du Canada. Au moyen de partenariats et d’efforts novateurs en matière de collaboration, nous pouvons mettre à profit les possibilités nouvelles et prometteuses qu’offrent la recherche, la formation et la mobilisation des connaissances. Ensemble, nous pouvons assurer de meilleurs lendemains à tous les Canadiens.


La diversité du Canada est notre meilleur atout, et l’immigration est la clé de notre succèsNote de bas de page 49.




Note de bas de page 1

La démarche de prospective vise à explorer les scénarios futurs plausibles et les forces qui les façonnent, en plus de cerner les défis et les occasions qui peuvent se présenter. Pour plus de précisions à ce sujet, voir Horizons de politiques Canada. Module 1. Introduction à la prospective, Ottawa, Sa Majesté la Reine du Chef du Canada, 2016, p. 1.

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Note de bas de page 2

Observation faite par Martin Roy, directeur adjoint, Prospective, Direction de la recherche sur la politique étrangère, Affaires mondiales Canada, dans le cadre de l’atelier organisé par l’initiative Imaginer l’avenir du Canada le 18 mai 2017.

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Note de bas de page 3

Observation faite par Darren Gilmour, directeur général de la Société royale du Canada, au forum d’automne de l’initiative Imaginer l’avenir du Canada, le 16 novembre 2017.

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Note de bas de page 4

Viktor Freiman et coll., « Éduquer les jeunes Canadiennes et Canadiens à la citoyenneté numérique dans un contexte global : enjeux, défis, tendances, pratiques », rapport final du projet financé par la subvention de synthèse des connaissances du CRSH, 2018, p. 13.

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Note de bas de page 5

Ibidem, p. 10.

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Note de bas de page 6

Mark Warren et coll., "Digital Threats to Democratic Elections", rapport final du projet financé par la subvention de synthèse des connaissances du CRSH, 2018, p. 43.

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Note de bas de page 7

Florian Martin-Bariteau et Véronique Newman, "Whistleblowing in Canada: A Knowledge Synthesis Report", rapport final du projet financé par la subvention de synthèse des connaissances du CRSH, 2018, p. 4.

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Note de bas de page 8

Mark Warren et coll., op. cit., p. 7.

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Note de bas de page 9

Zizi Papacharissi, Affective Publics: Sentiment, Technology, and Politics, Oxford Studies in Digital Politics, New York, Oxford University Press, 2014, p. 135. Cité par Megan Boler et Elizabeth Davis dans "The affective politics of the ‘post-truth’ era : Feeling rules and networked subjectivity", rapport final du projet financé par la subvention de synthèse des connaissances du CRSH, 2018, p. 19.

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Note de bas de page 10

Megan Boler et Elizabeth Davis, op. cit., p. 5.

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Note de bas de page 11

Bessma Momani, "Synthesizing Knowledge on Rising Global Populism", rapport final du projet financé par la subvention de synthèse des connaissances du CRSH, 2018, p. 2.

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Note de bas de page 12

Snežana Ratković et coll., "Supporting Refugee Students in Canada: Building on What We Have Learned in the Past 20 Years", rapport final du projet financé par la subvention de synthèse des connaissances, 2018, p. 18.

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Note de bas de page 13

Bessma Momani, op. cit., p. 22.

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Note de bas de page 14

Snežana Ratković et coll., op. cit., p. 21.

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Note de bas de page 15

La guerre hybride utilise des tactiques de guerre classiques et des tactiques dites non classiques ou non violentes (guerre de l’information, cyberattaques et nationalismes identitaires) pour semer le désordre au sein d’un État. Voir Nicole J. Jackson, "The State of Knowledge about NATO and Canadian Responses to Russia since its Annexation of Crimea in 2014: A synthesis of existing knowledge and identification of knowledge gaps and strengths", rapport final du projet financé par la subvention de synthèse des connaissances du CRSH, 2018, p. 26.

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Note de bas de page 16

Ibidem, pp. 5-6.

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Note de bas de page 17

Selon une étude du Brookfield Institute, près de 42 p. 100 de la main-d’œuvre canadienne court un risque élevé d’être touchée par l’automatisation au cours des vingt prochaines années. Quarante-deux pour cent des tâches pour lesquelles des Canadiennes et des Canadiens sont actuellement rémunérés pourraient être automatisées à l’aide de technologies qui existent déjà. Voir Creig Lamb, The Talented Mr. Robot: The impact of automation on Canada’s workforce, Toronto, Brookfield Institute for Innovation + Entrepreneurship, juin 2016.

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Note de bas de page 18

Martin Kenney et John Zysman, "The Rise of the Platform Economy", Issues in Science and Technology, vol. XXXII, no 3, printemps 2016. Cité par Denise Gastaldo et Uttam Bajwa dans "Towards an understanding of workers’ experiences in the global gig economy", rapport final du projet financé par la subvention de synthèse des connaissances du CRSH, 2018, p. 6.

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Note de bas de page 19

Statistique Canada, 2017. Cité par Denise Gastaldo et Uttam Bajwa dans op. cit., p. 5.

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Note de bas de page 20

Bipasha Baruah, "Identifying Promising Policies and Practices for Promoting Gender Equity in Global Green Employment", rapport final du projet financé par la subvention de synthèse des connaissances du CRSH, 2018, p. 34.

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Note de bas de page 21

Patricia Goff, "Bringing Indigenous Goals and Concerns into the Progressive Trade Agenda", rapport final du projet financé par la subvention de synthèse des connaissances du CRSH, 2018, p. 5.

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Note de bas de page 22

Denise Gastaldo et Uttam Bajwa, op. cit., p. 11.

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Note de bas de page 23

Simon Dalby, "Canada in a Climate Disrupted World", rapport final du projet financé par la subvention de synthèse des connaissances du CRSH, 2018, p. ii.

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Note de bas de page 24

Mackinnon Webster et coll., "The humanitarian response costs of climate change", Environmental Hazards, vol. 8, no 2, 2009, p. 149-163. Cité par Simon Dalby dans op.cit., p. 13.

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Note de bas de page 25

Marshall Burke et coll., "Global non-linear effect of temperature on economic production", Nature, vol. 527, 12 novembre 2015, p. 235-239. Cité par Simon Dalby dans op. cit., p. 13.

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Note de bas de page 26

Geo Takach, "Environmental Leadership for Canada: Indigenous Lessons on Mixing Oil Pipelines and Water", rapport final du projet financé par la subvention de synthèse des connaissances du CRSH, 2018, p. 19.

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Note de bas de page 27

Ryan Bullock et Melanie Zurba,"Framing Indigenous Partnerships in Energy and Allied Renewable Resource Sectors", rapport final du projet financé par la subvention de synthèse des connaissances du CRSH, octobre 2017, p. 3.

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Note de bas de page 28

Simon Dalby, op.cit., p. 2.

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Note de bas de page 29

Voici quelques facteurs clés qui déterminent la capacité d’une entreprise d’exploiter la valeur de l’analytique de données massives : conditions préalables à un déploiement réussi de l’analytique de données massives; amalgame de connaissances, de compétences et de capacités permettant des carrières en analytique de données massives; application de l’analytique de données massives à des fins de créativité, d’innovation et de création de valeur; difficultés que pose la création de valeur à partir d’initiatives ayant trait aux données massives; rôle que doivent jouer les politiques gouvernementales pour promouvoir l’analytique de données massives dans l’économie. Ajax Persaud et Sandra Schillo, "Big Data Analytics: Accelerating Innovation and Value Creation", rapport final du projet financé par la subvention de synthèse des connaissances du CRSH, octobre 2017, p. 4-5.

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Note de bas de page 30

Ibidem, p. 8.

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Note de bas de page 31

Ibidem, p. 5.

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Note de bas de page 32

Wendy Cukier et Suzanne Gagnon, "Social Innovation: Shaping Canada’s Future", rapport final du projet financé par la subvention de synthèse des connaissances du CRSH, novembre 2017, p. 3.

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Note de bas de page 33

Ibidem, p. 21.

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Note de bas de page 34

Ajax Persaud, op.cit., p. 16.

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Note de bas de page 35

Martin Geiger et coll., "How will Canadian technology clusters continue to thrive and remain competitive in managing STEM migration for innovation and growth?", rapport final du projet financé par la subvention de synthèse des connaissances du CRSH, octobre 2017, p. 9.

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Note de bas de page 36

Wendy Cukier et Suzanne Gagnon, op. cit., p. 12.

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Note de bas de page 37

Observation faite par Umit Kiziltan dans le cadre de l’atelier organisé par l’initiative Imaginer l’avenir du Canda le 18 mai 2017.

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Note de bas de page 38

Frédéric Douville, « L’impact des approches pédagogiques inclusives dans les programmes de baccalauréat en sciences infirmières : une revue systématique », rapport final du projet financé par la subvention de synthèse des connaissances du CRSH, juin 2018, p. 9.

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Note de bas de page 39

Philomina Okeke-Ihejirika et coll., "Addressing Domestic Violence in Post-Migration Gender Relations: A Prerequisite for Building Sustainable, Resilient Immigrant Communities", rapport final du projet financé par la subvention de synthèse des connaissances du CRSH, 2017, p. iii.

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Note de bas de page 40

Observation faite par Philomina Okeke-Ihejirika dans le cadre de l’atelier organisé par l’initiative Imaginer l’avenir du Canada le 18 mai 2017.

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Note de bas de page 41

Philomina Okeke-Ihejirika et coll., op. cit., p. 12.

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Note de bas de page 42

Observation faite par Jane Stinson, de l’Institut canadien de recherches sur les femmes, dans le cadre de l’atelier organisé par l’initiative Imaginer l’avenir du Canada le 18 mai 2017.

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Note de bas de page 43

Stephanie Ben-Ishai et Tanner Stanley, "Millennials and Indebtedness:A Knowledge Synthesis on Millennial Debt, Demographic Change and Financial Literacy", rapport final du projet financé par la subvention de synthèse des connaissances du CRSH, 2018, p. 22.

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Note de bas de page 44

Stephanie Ben-Ishai et Tanner Stanley, "Millennials in Crisis: Myth-Busting Millennial Debt Narratives", Osgoode Hall Law Journal, vol. 54, no 4, été 2017, p. 1062.

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Note de bas de page 45

Karen Foster et Hannah Main, "Finding a Place in the World: Understanding Youth Outmigration from Shrinking Rural Communities", rapport final du projet financé par la subvention de synthèse des connaissances du CRSH, 2018, p. 30.

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Note de bas de page 46

Lars Hallström et coll., "Beyond Infrastructure: Strategies to Support Adoption and Realize Benefits of Broadband in Rural Canada", rapport final du projet financé par la subvention de synthèse des connaissances du CRSH, 2017, p. 24.

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Note de bas de page 47

Marie-Christine Therrien, "Towards Urban Resilience: Synthesizing the Strategies that Enable and Factors that Impede Implementation", rapport final du projet financé par la subvention de synthèse des connaissances du CRSH, avril 2018, p. 24.

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Note de bas de page 48

Message d’adieu aux Canadiens de Son Excellence le très honorable David Johnston, ancien gouverneur général du Canada, Bureau du secrétaire du gouverneur général, le 29 septembre 2017.

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Note de bas de page 49

Bessma Momani, chercheure principale, Centre pour l’innovation dans la gouvernance internationale, Capital diversité : l’avantage du Canada à l’échelle mondiale, Ottawa, causerie Voir Grand sur la Colline, le 21 septembre 2017.

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