Résumé






Les Canadiens reconnaissent que, face aux fluctuations socioéconomiques, culturelles et de gouvernance et à l’avènement de nouvelles technologies, la capacité d’avoir accès aux ressources naturelles et à l’énergie et de partager les avantages qui en découlent collectivement et de façon durable est cruciale pour leur avenir. Dans le contexte des engagements de la communauté internationale à l’égard de la réduction des gaz à effet de serre, la priorité accordée de nouveau par le gouvernement fédéral à la transition des industries à fortes émissions de carbone à des énergies de remplacement et à des produits et services renouvelables nécessite que des modifications transformatrices soient apportées de toute urgence aux politiques, aux pratiques et aux systèmes de valeurs des Canadiens.

Diverses disciplines des sciences humaines se penchent sur l’établissement de principes et de technologies de développement durable aussi bien pour les énergies conventionnelles que pour les énergies renouvelables. En fait, certains spécialistes ont affirmé que la recherche sur les collectivités tributaires des ressources a évolué au cours des deux dernières décennies. Des cadres théoriques et pratiques ont révélé les répercussions aux multiples facettes des secteurs des ressources et de l’énergie sur les moyens de subsistance, les traditions et le bien-être de collectivités de différentes régions du Canada, en particulier de collectivités autochtones et de collectivités rurales et éloignées.

Se fondant sur les constatations des projets de synthèse des connaissances ainsi que sur les éclairages apportés par des étudiants des cycles supérieurs et des dirigeants sectoriels, ce rapport bilan fait le point sur le défi de demain de l’initiative Imaginer l’avenir du Canada du CRSH associé à la question suivante : quels effets la quête de ressources naturelles et d’énergie aura-t-elle sur la société canadienne et la place qu’occupe le Canada à l’échelle mondiale?














Atouts et lacunes en matière de connaissances qui se dégagent des constatations des projets
















Les projets de synthèse des connaissances sont présentés par ordre alphabétique, établi en fonction du nom du chercheur principal. Un lien mène à l’adresse courriel du chercheur et, quand il était disponible, le lien vers le texte intégral du rapport est fourni.






Les six thèmes qui suivent se dégagent des conclusions des rapports de synthèse des connaissances et s’imposent comme principaux centres d’intérêt des discussions des intervenants sur la situation en matière de quête de ressources naturelles et d’énergie. Ensemble, ces thèmes, auxquels s’ajoutent des questions transversales, illustrent les avantages qu’il y a à établir des liens entre les chercheurs en sciences humaines et les utilisateurs potentiels des résultats de leurs travaux de recherche, afin de permettre l’échange d’idées et l’examen de possibilités de collaboration futures.


Sont présentés ici certaines des idées interreliées et des recommandations préliminaires en matière de politiques et de pratiques ainsi que quelques atouts et des lacunes à combler en matière de connaissances, tirés des rapports de synthèse des connaissances et du dialogue avec les chercheurs, les praticiens et les responsables des politiques qui a eu lieu en 2015 et 2016.

Pour en savoir plus au sujet des constatations mentionnées dans les rapports et pour obtenir des précisions sur les activités de mobilisation des connaissances en cours et proposées, prière de communiquer avec les chercheurs principaux. Il est également possible de communiquer directement avec le CRSH ou de consulter le moteur de recherche pour repérer d’autres chercheurs financés par le CRSH et communiquer avec eux afin de connaître les résultats de leurs travaux sur ces questions cruciales.






  • La transition à des économies vertes exigera de mettre l’accent sur les questions d’emploi et d’équité sociale. Dans les pays industrialisés comme le Canada, l’attention prêtée à la technologie et au financement des énergies renouvelables est plus importante que celle qui est accordée aux inégalités répandues sur le plan social et sur celui de l’emploi. Des politiques d’équité en matière d’emploi progressistes et des modifications des attitudes sociétales sont prometteuses pour la réduction des inégalités auxquelles font face les femmes et les personnes marginalisées dans les industries existantes émettrices de carbone et celles qui reposent sur les énergies renouvelables.

  • Partout dans le monde, on a beaucoup écrit au sujet de l’énergie éolienne. Par contre, il y a eu peu de recherches sur les autres énergies renouvelables. Plus de travaux sont nécessaires en recherche biophysique, en particulier sur les répercussions sociales, politiques et culturelles de la production d’énergie solaire, d’hydroélectricité à petite échelle et d’énergie par petits réacteurs modulaires ou nucléaires.

  • Environ 5 p. 100 des écrits sur l’énergie éolienne traitent directement du contexte canadien. Parmi eux, 75 p. 100 des publications portant spécifiquement sur le Canada ne traitent que d’installations sur la terre ferme. Il faut examiner davantage les publications internationales et voir comment leur contenu peut s’appliquer au contexte canadien, afin d’enrichir les connaissances et de présenter des expériences pertinentes et, au bout du compte, de rehausser la viabilité de ces secteurs émergents.

    La transition à un système reposant de façon substantielle sur des sources d’énergie de remplacement se traduira par des répercussions environnementales, sociales et économiques qui pourront être très différentes des répercussions connues des systèmes de production d’énergie existants, et elle nécessitera de nouvelles données et de nouvelles connaissances. Il existe une documentation bien établie sur les répercussions sociales et culturelles de la mise en valeur des combustibles fossiles, mais les recherches sur les répercussions des énergies de remplacement semblent insuffisantes ou éparses sur les plans thématique et géographiqueNote de bas de page 10.

  • Les études sur la fonction et les résultats de l’utilisation des médias sociaux dans les débats sur la transition énergétique sont virtuellement inexistantes. Les médias sociaux sont utilisés à grande échelle par l’industrie et les groupes de militants pour influencer les perceptions de la population au sujet de la transition énergétique. Il est difficile d’évaluer la capacité des médias sociaux de modifier les actions et les comportements politiques, mais il est crucial de le faire, en raison de leur utilisation potentielle pour soutenir les changements qui transformeront les économies reposant sur le pétrole et les combustibles fossiles.

  • Les connaissances à l’égard des recherches sur l’« impasse énergétique » et la transition énergétique qui ont recours aux arts font cruellement défaut. Exception faite des œuvres cinématographiques, il existe moins d’une centaine d’expositions d’œuvres artistiques, individuelles ou collectives, ayant trait à l’énergie. La recherche qui fait appel aux arts, aussi connue sous le nom de recherche-création, peut faire en sorte que des connaissances et des perspectives novatrices sur l’énergie deviennent une force qui sous-tend les relations sociales, humaines et entre les espèces, et qui façonne les institutions, les croyances, les désirs et les attentes.





  • L’approche du cycle de vie permettra d’approfondir la compréhension de la totalité des répercussions sur les collectivités des méthodes non conventionnelles de mise en valeur du gaz naturel. Soixante-cinq pour cent des articles existants traitant des répercussions sur les collectivités mettent l’accent sur les collectivités « en amont », situées juste à côté des activités de forage et d’extraction de gaz naturel par des méthodes non conventionnelles. Peu d’entre eux (18 p. 100) s’attardent à l’élément médian, celui des corridors de transport par pipeline, et un nombre encore moindre (9 p. 100) portent sur le traitement, la liquéfaction et l’expédition « en aval ». Une analyse plus inclusive des répercussions sur la chaîne d’approvisionnement, ainsi que de la capacité des administrations locales de faire face à ces répercussions, est cruciale pour les collectivités tributaires des ressources partout dans le monde.

    Figure 1 : Répartition des articles traitant des méthodes non conventionnelles de mise en valeur du gaz naturel, en fonction du positionnement dans la chaîne d’approvisionnementNote de bas de page 16


  • Une compréhension plus approfondie des points de vue et des pratiques des entreprises en matière de responsabilité sociale et de conflits est nécessaire. Il y a actuellement des lacunes dans les études de cas sur cette question. L’obtention de points de vue divers au moyen d’analyses de cas et de démarches multi-intervenants enrichirait les écrits sur le sujet et rendrait les constatations pertinentes pour un auditoire plus vaste.

  • Il y a peu de travaux de recherche sur les méthodes non conventionnelles de mise en valeur du gaz naturel dans le contexte canadien. Les articles de revues spécialisées sur les méthodes non conventionnelles de mise en valeur du gaz naturel sont, d’un point de vue géographique, surtout axés sur les États-Unis; c’est le cas de 69 p. 100 de tous les articles. Seulement 7 p. 100 de ces articles portent sur le Canada, et 2 p. 100 seulement sont explicitement axés sur la Colombie-Britannique, où un nombre important de projets sont proposés.

  • Il faut analyser davantage les répercussions de la mise en valeur industrielle des ressources sur les populations marginalisées. Les groupes marginalisés ne sont abordés expressément que dans un petit nombre d’études traitant des répercussions sur les collectivités des méthodes non conventionnelles de mise en valeur du gaz naturel (4 p. 100 traitent des répercussions sur les groupes autochtones, 2 p. 100 sur les femmes, 2 p. 100 sur les enfants et 1 p. 100 sur les personnes âgées). En outre, en plus de recherches sur la santé, il faut des recherches sur les répercussions socioéconomiques, notamment pour savoir si les avantages liés aux cycles d’expansion économique locaux se répartissent parmi tous les groupes à l’échelle locale.

  • Il faut analyser de façon plus approfondie la présence des industries d’extraction tant dans les collectivités autochtones que non autochtones. Des analyses comparatives et interrégionales pourraient contribuer à cerner les bonnes pratiques dans les relations entre les industries d’extraction et les Autochtones partout dans le monde. Des recherches plus poussées sont nécessaires, en particulier, sur les répercussions sexospécifiques et générationnelles des activités de l’industrie sur les terres autochtones ou à proximité de ces dernières. En outre, il y aurait lieu d’examiner la possibilité d’étendre aux collectivités non autochtones le principe du consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause, préconisé dans la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.

    Il existe de plus en plus d’écrits et un nombre croissant d’experts qui cherchent à expliquer et à dénouer les conflits liés aux ressources, notamment en déterminant les facteurs structurels, les événements déclencheurs, les perspectives cadres, et les processus sociopolitiques qui influencent la survenue, l’évolution, les résultats et les modes de prévention et de règlement de ces conflits, y compris le rôle que jouent les entreprises d’extraction dans la gestion des questions de sécuritéNote de bas de page 17.




  • L’analyse selon le modèle des systèmes socioécologiques est un cadre méthodologique efficace pour l’évaluation de la résilience des collectivités. Un examen interdisciplinaire de cette approche a révélé son potentiel, ainsi que des variables utiles qui peuvent être appliquées pour améliorer la gouvernance de l’environnement et la résilience des collectivités.

  • Les études sur la résilience des collectivités pourraient tirer parti d’une plus grande attention prêtée aux expériences des collectivités tributaires des ressources. Un certain nombre de spécialistes mentionnent que ces collectivités sont des endroits de choix où mettre à l’essai la théorie de la résilience en raison de leurs cycles d’instabilité et de leur besoin de solutions visant à diversifier leur économie. Ces travaux pourraient aussi donner lieu à des enseignements importants pour la gouvernance des ressources dans les collectivités canadiennes.

  • Des mesures quantitatives de la vulnérabilité pourraient éclairer les stratégies de résilience. On estime que Toronto dispose de six jours de carburant pour les transports, de 20 jours de nourriture et de 49 jours de biomasse pour le chauffage des maisonsNote de bas de page 23. Les travaux de ce type sont utiles pour les municipalités, puisque ces dernières doivent indiquer à la population à quel point elle est vulnérable aux menaces qui pèsent sur l’environnement et doivent l’informer des mesures d’adaptation qui peuvent être prises pour réduire les risques.




  • La recherche interdisciplinaire peut enrichir la transformation des cadres de réglementation. Par exemple, il se fait peu de recherches interdisciplinaires relevant des disciplines du droit et des sciences politiques ou sociales sur l’exploitation minière et les sources d’énergie renouvelable. Des recherches de cette nature permettraient une meilleure compréhension des relations entre les observations des sciences sociales et les questions d’ordre juridique, ainsi que de leurs lacunes, et réciproquement.

  • Les processus d’acceptabilité sociale et d’évaluation environnementale établis pourraient tirer parti de la prise en compte et du suivi des répercussions sociales et culturelles cumulatives. Pour appuyer des processus et des ententes pilotés par le secteur privé en vue de l’obtention et du maintien du consentement des collectivités autochtones, il faudrait faire des recherches sur les répercussions socioculturelles cumulatives et à long terme des projets de mise en valeur des ressources, prendre ces répercussions en compte et les suivre de près.

  • Les Canadiens pourraient tirer parti d’un plus grand nombre d’analyses comparatives des lois régissant la mise en valeur des ressources naturelles. Dans le cas des lois ayant trait aux forêts, cela peut représenter un défi, puisque peu d’avocats canadiens ont publié à ce sujet. La synthèse qui a été faite de l’information sur des intégrations aussi bien différentes que semblables des principes de développement durable dans les lois relatives aux forêts au Canada fait ressortir la formidable possibilité qui existe de tirer parti d’une multitude d’enseignements et de bonnes pratiques. Par exemple, on devrait faciliter l’accès aux rapports sur les démarches de réglementation novatrices adoptées par le Québec.

  • Des lacunes importantes dans les connaissances empêchent la prise de décisions en matière de fracturation hydraulique. Ces lacunes comprennent un manque de données de référence, l’insuffisance de l’information sur les répercussions cumulatives à long terme et un manque de données propres aux régions. Les recherches socioéconomiques sur ce secteur n’ont pas progressé. L’évaluation des coûts et des avantages reliés à la fracturation n’entre pas dans les créneaux de recherche de la plupart des universitaires. Ce sont des analyses coûts-avantages exhaustives menées par le gouvernement qui pourraient le mieux combler ces lacunes en matière de connaissances.



Figure 2 : Principaux partenaires des initiatives de mise en valeur des ressources naturelles dans les collectivités autochtonesNote de bas de page 31





  • Il faut cerner davantage les répercussions des énergies renouvelables sur les collectivités autochtones. Il existe des corpus de recherche émergents qui traitent des répercussions du développement industriel sur les peuples autochtones et du rôle de ces derniers dans les évaluations environnementales. Toutefois, la connaissance des répercussions d’ordre environnemental, économique, politique et social tant positives que négatives des sources d’énergie de remplacement sur les collectivités autochtones est nettement insuffisante.

  • Le nombre de publications de recherche ayant trait au renforcement des capacités des Autochtones et à la mise en valeur des ressources naturelles a augmenté au cours de la dernière décennie. Une analyse bibliographique exhaustive a révélé que ces publications portaient principalement sur les stratégies d’utilisation des terres et les processus de planification; venaient ensuite les ententes sur les répercussions et les avantages. La majorité d’entre elles traitaient de la foresterie et des mines; l’énergie, qui suivait, comptait deux fois moins de publications que les deux premiers secteurs.

  • Les études sur les avantages que comporte la mise en valeur des ressources naturelles pour le renforcement des capacités des Autochtones sont difficiles à étayer. Un examen des publications portant sur ce sujet a démontré que la majorité des études (22 articles sur 24) fournissaient des exemples d’avantages connexes réels, parmi lesquels l’emploi (12 articles), une meilleure capacité de prise de décision (11 articles) et un soutien financier (8 articles). Toutefois, les définitions et les données variaient grandement, rendant très difficiles la quantification et la comparaison des avantages d’un cas à l’autre et d’un secteur à l’autre.

  • Il faut examiner de façon plus approfondie de nouveaux modèles d’emploi et de soutien social pour les femmes autochtones. Les rôles des femmes autochtones sont indissociables du développement global à long terme de leurs collectivités. Une étude sur les femmes autochtones et les activités minières a établi qu’il fallait offrir davantage de possibilités aux femmes d’accroître leurs compétences monnayables. Il faut également un soutien pour s’attaquer aux problèmes sociaux des collectivités qui se trouvent en aval de la chaîne d’approvisionnement des industries d’extraction, afin que ces modèles puissent être mis en place.

  • Il y a une nette disparité géographique entre les endroits où se trouvent les capacités de recherche et les sites où sont exécutés les travaux de recherche au Canada. Une synthèse des connaissances sur le renforcement des capacités des Autochtones a montré que les travaux de recherche sont surtout menés dans ou par des établissements du sud du Canada. Un examen plus approfondi des capacités de recherche et des disparités entre le nord et le sud du pays, entre milieu rural et milieu urbain, ainsi que d’autres aspects, permettrait d’évaluer les incidences de la recherche effectuée par et avec les peuples autochtones, ainsi que le renforcement des capacités des Autochtones en général.

Figure 3 : Sites de recherche et emplacements des établissements auxquels sont rattachés les auteurs des travaux sur la mise en valeur des ressources naturelles dans les collectivités autochtones Note de bas de page 33


Sites de recherche et emplacements des établissements auxquels sont rattachés les auteurs des travaux sur la mise en valeur des ressources naturelles dans les collectivités autochtones






  • Compte tenu des limites des recherches socioéconomiques sur la fracturation, il est difficile pour les décideurs de mettre en application les conclusions sur une grande échelle. En raison de la nature localisée de la fracturation hydraulique, les études sur ses répercussions socioéconomiques sont habituellement propres à une province ou à une région. La majorité des études, qui sont menées principalement par des groupes de réflexion par opposition à des travaux qui font l’objet d’examens par des pairs, traitent surtout des avantages économiques. Celles qui quantifient les répercussions environnementales sont en grande partie axées sur les États-Unis.

  • La diversité des démarches méthodologiques rend ardue la tâche de tirer des conclusions au sujet de la viabilité des économies locales tributaires des ressources. Une analyse des marchés du travail locaux met en garde contre la comparaison d’études qui utilisent différentes démarches méthodologiques. Les chercheurs doivent choisir des typologies de mesure des ressources qui conviennent pour les fins de leur étude et doivent fournir des explications claires sur leur utilisation.

  • Les débats abordant les répercussions sur l’emploi des énergies renouvelables attirent de plus en plus l’attention au Canada, mais des lacunes subsistent dans les connaissances. Les secteurs des énergies renouvelables présentent un potentiel important de solide croissance des emplois. Toutefois, les travaux analytiques et les données probantes empiriques sur cet important sujet demeurent extrêmement limités.

    L’accès à des données sur l’emploi ventilées par sexe relativement à des énergies renouvelables précises, comme l’énergie éolienne, l’hydroélectricité au fil de l’eau, l’énergie solaire, l’énergie tirée de la biomasse et l’énergie géothermique, nous permettrait de mieux comprendre les tendances et aussi de proposer des politiques et des interventions favorisant l’équité en matière d’emploi. En l’absence de données, il n’y a pas de visibilité. Et sans visibilité, il n’y a pas de priorité en matière de politiquesNote de bas de page 36.


  • Il existe beaucoup d’incertitude au sujet des répercussions économiques à long terme de l’extraction sur les collectivités. On se demande encore si les conséquences des ralentissements sont généralement pires pour l’économie locale que ne le sont celles des périodes d’expansion et ce qui arrive une fois que des ressources économiquement attrayantes sont en grande partie épuisées. Étant donné les nombreuses études ayant documenté les gains économiques des industries, des recherches plus convaincantes – abordant en particulier les répercussions sur le capital humain – sont nécessaires.

  • L’engagement renouvelé envers l’environnement pourrait reléguer encore davantage à l’arrière-plan les questions socioéconomiques ayant trait à la mise en valeur des ressources naturelles. Les recherches sur l’environnement peuvent se faire au détriment d’une meilleure appréciation des répercussions sociales et culturelles profondes et à long terme qu’a la mise en valeur des ressources naturelles sur les collectivités. Ces répercussions sont souvent invisibles dans la recherche, l’élaboration des politiques, la mise en œuvre des programmes, le suivi et l’évaluation.

    Les incohérences [des] politiques en matière de développement et d’extraction des ressources peuvent être reliées, en partie, à des lacunes importantes dans la recherche, y compris un manque de recoupements entre la recherche en matière d’environnement et de sciences sociales dans ce domaine; la rareté des recherches sur le genre et le développement des ressources, avec l’importante exception d’un nombre croissant de recherches sur les femmes autochtones; des lacunes dans les connaissances sur l’impact du développement des ressources sur les personnes en situation de handicap, les immigrants récents, les personnes qui s’identifient comme LGBTQ ou bispirituelles et les sans-abri; une attention limitée accordée aux expériences sexospécifiques des hommes et des garçonsNote de bas de page 37.






La recherche en sciences humaines favorise une meilleure compréhension des dimensions humaines de la quête de ressources naturelles et de sources d’énergie, ainsi que de leur production, de leur extraction et de leur utilisation. Il est crucial d’instaurer la confiance et la transparence dès le début et tout au long des projets de mise en valeur des ressources si l’on veut établir un dialogue significatif et des relations mutuellement bénéfiques. La création de liens plus forts dans l’ensemble des secteurs et des disciplines de recherche et à l’intérieur de ceux-ci, ainsi qu’avec les citoyens, est essentielle pour assurer un avenir meilleur florissant en ce qui concerne la mise en valeur durable des ressources naturelles au Canada et à l’étranger.

Il faudra effectuer davantage d’analyses longitudinales et comparatives, tant à l’échelle nationale qu’internationale, et des recherches faisant appel à des méthodes mixtes pour obtenir un tableau plus complet des répercussions à long terme et des occasions possibles pour les collectivités tributaires des ressources au Canada.

Ce rapport résume les constatations clés qui émanent des projets ayant bénéficié de subventions de synthèse des connaissances pour dresser l’état de la situation en ce qui concerne la quête de ressources naturelles et d’énergie. Il cerne également différents aspects à l’égard desquels des améliorations s’imposent pour arriver à des démarches mieux harmonisées et à des retombées équitables dans la mise en valeur des ressources naturelles au sein de collectivités et de contextes qui présentent une grande diversité au Canada. Si les capacités de recherche et l’expertise en recherche sont des points forts du Canada, ce dernier se doit de mieux mobiliser les connaissances afin d’éclairer les politiques, les cadres de réglementation, les pratiques et les citoyens.

En ce qui concerne les faiblesses ou les lacunes dans les connaissances, il y a lieu de saisir les occasions de se pencher sur de nouvelles questions de recherche. Comme cela a été mentionné au colloque sur l’état des connaissances organisé par le CRSH et Ressources naturelles Canada, il y a d’autres questions cruciales que les chercheurs et les responsables des politiques doivent examiner en ce qui a trait à l’avenir des Canadiens s’agissant de la quête de ressources naturelles, parmi lesquelles le transport, la propriété et le financement étrangers, ainsi que les initiatives fédérales à l’égard de l’eau.

L’exploration de ce défi de demain a suscité un vif intérêt dans le milieu de la recherche, ainsi que chez les utilisateurs de la recherche au sein des secteurs public, privé et sans but lucratif. On continuera de suivre de près les recherches financées par le CRSH dans ce domaine, tout en tentant également de trouver des manières de mieux établir des liens entre les connaissances et l’expertise émanant de la recherche et les Canadiens.





Le CRSH encourage le milieu de la recherche à examiner attentivement ces constatations et à envisager de tirer parti de nouvelles occasions de financement visant la mobilisation des connaissances et de futures recherches, notamment d’occasions de partenariat, s’il y a lieu.

Le CRSH invite tous les intervenants et chercheurs à participer au dialogue national sur l’ensemble des six domaines des défis de demain retenus par l’initiative Imaginer l’avenir du Canada. Au moyen de partenariats et d’efforts novateurs en matière de collaboration, nous pouvons ensemble mettre à profit les possibilités nouvelles et prometteuses qu’offrent la recherche, la formation et la mobilisation des connaissances. Ensemble, nous pouvons assurer de meilleurs lendemains à tous les Canadiens.








Footnote 1

Observation faite le 1er juin 2016 au Forum du CRSH, à Calgary, en Alberta, par Guy Laforest, président élu de la Fédération des sciences humaines en 2016-2017 et directeur du Département de science politique de l’Université Laval.

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Footnote 2

Ressources naturelles Canada et CRSH, Rapport final – Symposium des connaissances sur l’énergie et les ressources naturelles – 7 décembre 2015, p. 3.

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Footnote 3

Observation faite le 1er juin 2016 au Forum du CRSH, à Calgary, en Alberta, par Petra Dolata, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en histoire de l’énergie et professeure agrégée au département d’histoire de l’University of Calgary.

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Footnote 4

Association canadienne pour les études supérieures, Imaginer l’avenir du Canada. Résumé des discussions en table ronde avec les étudiants chercheurs aux cycles supérieurs, le 26 octobre 2015, pp. 7 et 8.

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Footnote 5

Université Laval, Rapport présenté à l’ACES et au CRSH comprenant les données recueillies lors de la table ronde de l’Université Laval dans le cadre de l’initiative Imaginer l’avenir du Canada, 8 mai 2015.

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Footnote 6

Imre Szeman et coll., “On the Energy Humanities: Contributions from the Humanities, Social Sciences, and Arts to Understanding Energy Transition and Energy Impasse”, rapport final du projet financé par la subvention de synthèse des connaissances du CRSH, mai 2016, p. 2.

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Footnote 7

Stewart Elgie et coll., “Accelerating Clean Innovation in Canada’s Energy and Natural Resource Sectors: The Role of Public Policy and Institutions”, rapport final du projet financé par la subvention de synthèse des connaissances du CRSH, mai 2016, p. 3.

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Footnote 8

Imre Szeman et coll., “On the Energy Humanities”, p. 14.

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Footnote 9

Bipasha Baruah, vidéo qui accompagne le rapport “Creating and Optimizing Employment Opportunities for Women in the Clean Energy Sector in Canada”, rapport final du projet financé par la subvention de synthèse des connaissances du CRSH, mai 2016.

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Footnote 10

Kevin Hanna et coll., “A Gap Analysis of Impact and Assessment Research for Alternative Energy Development”, rapport final du projet financé par la subvention de synthèse des connaissances du CRSH, septembre 2016, p. 2.

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Footnote 11

Philippe Le Billon et coll., “Volatile Commodities: A Review of Conflicts and Security Issues Related to Extractive Sectors”, rapport final du projet financé par la subvention de synthèse des connaissances du CRSH, mai 2016, p. 9.

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Footnote 12

Ressources naturelles Canada, Cahier d’information sur les minéraux et les métaux – 2016.

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Footnote 13

Ortiz et coll., World protests 2006-2013, document de travail, Initiative for Policy Dialogue et Friedrich-Ebert-Stiftung, New York, 2013, cité dans Le Billon et coll., “Volatile Commodities”, p. 7.

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Footnote 14

Roberta Rice, “Building Sustainable Partnerships: Aboriginal Peoples and Canadian Extractive Industry in Global Perspective”, rapport final du projet financé par la subvention de synthèse des connaissances du CRSH, mai 2016, p. 14.

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Footnote 15

Ibidem, p. 10.

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Footnote 16

Greg Halseth et coll., “A scoping review on the community impacts of unconventional natural gas development for northern BC”, rapport final du projet financé par la subvention de synthèse des connaissances du CRSH, mai 2016, figure 7, p. 35.

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Footnote 17

Le Billon et coll., “Volatile Commodities”, p. 7.

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Footnote 18

Sara Teitelbaum et coll., “Conditions Supporting Resilience in Canadian Resource-based Communities: Empirical and Methodological Insights from the Literature on Social-Ecological Systems”, rapport final du projet financé par la subvention de synthèse des connaissances du CRSH, mai 2016, p. 5.

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Footnote 19

Lemmen, Warren, Lacroix et Bush (dir.), Vivre avec les changements climatiques au Canada, Gouvernement du Canada, Ottawa, 2008.

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Footnote 20

Eyzaguirre et Warren, Adaptation: Linking research and practice in Canada in a changing climate, Gouvernement du Canada, Ottawa, 2014, cité dans Richard Shaker et coll., “Urban Resilience in Canada: Research Priorities and Best Practices for Climate Resilience in Cities”, rapport final du projet financé par la subvention de synthèse des connaissances du CRSH, mai 2016, p. 3.

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Footnote 21

Robin Cox et coll., “Children and Youth’s Biopsychosocial Health in the Context of Energy Resource Activities”, rapport final du projet financé par la subvention de synthèse des connaissances du CRSH, mai 2016, p. 4.

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Footnote 22

Ibidem.

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Footnote 23

D. Bistrow, Thermodynamics and the Sustainability of Cities, thèse de doctorat présentée à l’University of Toronto en 2013, citée dans Richard Shaker et coll., “Urban Resilience in Canada”, p. 18.

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Footnote 24

Bonnie Campbell et Marie-Claude Prémont, « Mutations de la réglementation multi-niveaux et du rôle des acteurs dans la mise en œuvre des ressources minières et de l’énergie renouvelable : la quête pour l’acceptabilité sociale et la maximisation des retombées », rapport final du projet financé par la subvention de synthèse des connaissances du CRSH, mai 2016, p. 7.

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Footnote 25

Courtney Fidler, “Increasing the sustainability of a resource development: Aboriginal engagement and negotiated agreements,” Environment, Development and Sustainability, volume 12, numéro 2, avril 2010, p. 236; cité par Roberta Rice dans “Building Sustainable Partnerships”, p. 12.

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Footnote 26

Observation faite le 1er juin 2016 au Forum du CRSH, à Calgary, en Alberta, par Chris Southcott, directeur du réseau Resources and Sustainable Development in the Arctic et professeur au département de sociologie de la Lakehead University.

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Footnote 27

Deborah Stienstra, Gail Baikie, Jane Stinson et Leah Levac, “Federal government has responsibility to critically evaluate Muskrat Falls, other resource development projects”, The Hill Times, livraison du 15 août 2016, p. 28.

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Footnote 28

Ryan Bullock et coll., “Aboriginal Capacity Building Achievements for Sustainable Natural Resource Development”, rapport final du projet financé par la subvention de synthèse des connaissances du CRSH, mai 2016, p. 20.

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Footnote 29

Raywat Deonandan et coll., “Mining the Gap: Aboriginal Women and the Mining Industry”, rapport final du projet financé par la subvention de synthèse des connaissances du CRSH, mai 2016, p. 8.

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Footnote 30

Raywat Deonandan, “Mining the Gap”, p. 12-13.

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Footnote 31

Ryan Bullock et coll., “Aboriginal Capacity Building Achievements for Sustainable Natural Resource Development”, p. 15.

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Footnote 32

Ibidem, p. vi.

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Footnote 33

Ibidem, p. 7. Carte préparée par le CRSH à partir des données de l’auteur.

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Footnote 34

Bipasha Baruah, “Creating and Optimizing Employment Opportunities for Women in the Clean Energy Sector in Canada”, rapport final du projet financé par la subvention de synthèse des connaissances du CRSH, mai 2016, p. 5-6.

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Footnote 35

Observation faite le 1er juin 2016 au Forum du CRSH par Caleb Behn, directeur exécutif, Keepers of the Water, Eh-Cho Dene et Dunne-Za, avocat et coresponsable du projet de partenariat sur la gouvernance durable de l’eau et le droit autochtone subventionné en 2016 par le CRSH.

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Footnote 36

Bipasha Baruah, “Creating and Optimizing Employment Opportunities for Women in the Clean Energy Sectorin Canada”, p. 3.

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Footnote 37

Deborah Stienstra et coll., « Implications sexospécifiques et intersectionnelles de l’industrie de l’énergie et de l’extraction des ressources dans des communautés du nord du Canada », sommaire du rapport final du projet financé par la subvention de synthèse des connaissances du CRSH, mai 2016, p. 4.

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Footnote 38

Témoignage du Secteur de la politique stratégique et des résultats de Ressources naturelles Canada, le 20 septembre 2016.

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Footnote 39

Observation faite le 7 décembre 2015 par Stewart Elgie, professeur agrégé à la Faculté de droit, président de Prospérité durable et directeur de l’Institut de l’environnement de l’Université d’Ottawa, au cours du colloque sur l’état des connaissances organisé par le CRSH et Ressources naturelles Canada, à Ottawa.

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