Résumé






Nous vivons dans un monde toujours plus complexe et plus numérique, caractérisé par des volumes croissants de données et l’essor rapide des technologies. Que ce soit dès maintenant ou dans un avenir proche, le Canada est appelé à faire face à plusieurs défis et possibilités, dont le vieillissement de la population, le rapprochement entre les peuples autochtones et la population non autochtone du pays, les nouvelles tendances en matière d’immigration et la préservation de la compétitivité économique du Canada. Les nouvelles technologies offrent un potentiel inouï, dont une partie est déjà réalisée, pour nous aider à résoudre ces problèmes complexes et à créer un avenir commun résilient. Néanmoins, elles présentent également de nouveaux risques et de nouvelles incertitudes.

Ce rapport bilan fait état des points de vue exprimés dans les rapports des projets de synthèse des connaissances préparés par des chercheurs en sciences humaines de partout au Canada ainsi qu’à l’occasion d’un dialogue ayant rassemblé des parties prenantes de divers secteurs, axés sur la question suivante : comment mettre à contribution les nouvelles technologies au profit des Canadiens? Cette question est associée à l’un des six défis de demain cernés dans le cadre de l’initiative Imaginer l’avenir du Canada du CRSH, qui a pour but de rehausser l’apport que font les sciences humaines en se penchant sur les défis sociétaux complexes que les Canadiens devront relever au cours des 20 prochaines années.

D’une manière générale, on entend par nouvelles technologies de nouveaux outils et processus qui se développent rapidement, qui devraient avoir des répercussions importantes et à long terme sur la vie économique, sociale et politique et qui peuvent susciter la création d’industriesNote de bas de page 1. L’échelle, la portée et le rythme d’apparition de ces nouveaux outils (entre autres, la robotique, l’automatisation, les dispositifs portables et l’impression 3D) transforment notre manière de travailler, de vivre, d’interagir et de gouverner. Par exemple, nous voyons de nouvelles technologies et de nouveaux équipements et dispositifs d’assistance qui maintiennent ou augmentent les capacités fonctionnelles des aînés et des personnes handicapéesNote de bas de page 2. En même temps, bon nombre de nouvelles technologies sont perturbatrices, en ce sens qu’elles modifient de manière substantielle le fonctionnement des entreprises et des marchés, en perturbant les réseaux et les modèles établisNote de bas de page 3. L’intelligence artificielle n’en est qu’un exemple.

Compte tenu aussi bien des possibilités que des incertitudes associées aux nouvelles technologies, il importe de mieux comprendre les conséquences de leur développement, de leur adoption et de leur utilisation tant sur le plan économique, social, environnemental et philosophique que juridique. Ces technologies offrent des possibilités à certains, mais en laissent d’autres à la traîne. Elles inspirent de l’émerveillement face au potentiel des sciences et de l’innovation, et face à la créativité et à l’inventivité humaines. Certaines technologies, par contre, peuvent entraîner de l’anxiété, des inégalités et l’impression d’une perte de contrôle. Par conséquent, nous pouvons nous demander si nous sommes en train d’évoluer vers une société centrée sur la technologie, au détriment d’une société centrée sur l’humain et soutenue par la technologie.












Atouts et lacunes en matière de connaissances qui se dégagent des constatations des projets













Les projets de synthèse des connaissances sur les nouvelles technologies sont présentés ci-après par ordre alphabétique, établi en fonction du nom du chercheur principal. Le nom et l’établissement du chercheur sont mentionnés et, quand il était disponible, le lien vers le texte intégral du rapport est fourni.





Les cinq thèmes qui suivent se dégagent des conclusions des projets de synthèse des connaissances et s’imposent comme principaux centres d’intérêt des discussions des intervenants sur la façon de mettre à contribution les nouvelles technologies au profit des Canadiens.

Ensemble, ces thèmes illustrent les avantages qu’il y a à établir des liens entre les chercheurs en sciences humaines et les utilisateurs potentiels des résultats de leurs travaux de recherche, afin de permettre l’échange d’idées et l’examen de possibilités de collaborations futures.

Sont présentées ici certaines des grandes idées et des recommandations préliminaires en matière de politiques et de pratiques, ainsi que quelques atouts sur le plan des connaissances et des lacunes à combler en matière de recherche qui émanent des rapports des projets de synthèse des connaissances et du dialogue avec les chercheurs, les praticiens et les responsables de l’élaboration des politiques qui a eu lieu en 2016.

Pour en savoir plus au sujet des constatations mentionnées dans les rapports et pour obtenir des précisions sur les activités de mobilisation des connaissances en cours et proposées, prière de communiquer avec les chercheurs principaux. Il est également possible de communiquer directement avec le CRSH ou de consulter le moteur de recherche pour repérer d’autres chercheurs financés par le CRSH et communiquer avec eux afin de connaître les résultats de leurs travaux sur ces questions cruciales.








  • On constate d’importantes lacunes dans les connaissances ayant trait aux risques associés aux nouvelles technologies. Les chercheurs ont signalé l’absence de mesures de réglementation et de contrôle de la qualité visant à atténuer les risques potentiels associés aux produits. En ce qui concerne les applications mobiles dans le domaine de la justice, il existe des risques importants relatifs à la confidentialité des renseignements personnels et à la fiabilité de l’information fournie. Dans le cas des personnes handicapées, l’absence de méthodes de contrôle de la qualité normalisées pour la fabrication de prothèses au moyen de l’impression 3D peut exposer ces personnes à des risques de blessures. Cela est particulièrement vrai pour les dispositifs produits à l’échelle  locale ou communautaire en se servant d’imprimantes de bureau. La recherche sur l’efficacité fonctionnelle et l’efficience de ces technologies est limitée, ce qui entraîne un manque de connaissances sur leur utilisation sûre et éthique.

  • La plupart des études sur l’utilisation des technologies de l’information et des communications par les adultes d’âge moyen et les personnes âgées ont tendance à se concentrer sur l’accès plutôt que sur les éléments liés à l’accessibilité. Une grande partie des recherches disponibles se concentre sur les causes du fossé numérique et les solutions possibles, dont la réduction des coûts, les programmes de formation et les ordinateurs publics. Il n’existe pas de recherches sur les éléments qui permettent à un adulte d’âge moyen ou à une personne âgée de faire un choix éclairé quant à l’utilisation de ces technologies. Or, des recherches à ce sujet pourraient contribuer à l’élaboration de programmes et de politiques visant à réduire le fossé numérique.

  • Certains des objectifs qui guident les utilisateurs finaux des technologies d’assistance ne sont pas examinés autant que ceux qui guident les concepteurs. Les concepteurs visent la sécurité, l’autonomie, le confort et la communication. Les utilisateurs, eux, cherchent à améliorer, soutenir, compenser et stimuler des capacités particulières ou fonctionnelles. Le développement et l’optimisation de capacités résiduelles par « l’amélioration » et « la stimulation » sont rarement évoqués dans les publications scientifiques. On peut en conclure que soit bon nombre de technologies d’assistance ne visent tout simplement pas à autonomiser les Canadiens vieillissants, soit les travaux qui existent sur l’autonomisation des personnes âgées au moyen de technologies d’assistance n’ont pas encore fait l’objet d’une publication scientifique.

  • Une démarche de conception participative est cruciale pour faire en sorte que les nouvelles technologies répondent aux besoins des utilisateurs finaux, tant dans la sphère privée que publique. Les écrits portant sur la capacité qu’ont les technologies d’assistance d’améliorer la vie des Canadiens âgés ne manquent pas, mais les chercheurs n’ont toutefois trouvé que très peu d’études traitant de la participation des personnes âgées à la recherche, à la conception et à la mise au point de dispositifs d’assistance. Ils ont également constaté que les objectifs et le vocabulaire des intervenants ainsi que la perception qu’ils ont de l’identité de certains groupes d’utilisateurs finaux ne cadrent pas avec les besoins.

    Les pratiques de collaboration permettent de mieux cerner les besoins, les exigences et les objectifs fonctionnels et d’y donner suite en conjuguant les expertises et en rendant moins nécessaire le financement d’infrastructuresNote de bas de page 15.







Comparaison d'une chaîne de production utilisant un processus de fabrication traditionelle classique et d'une chaîne utilisant la fabrication additive

Tiré de Blum. Source : Lefèvre, 2016





  • La recherche axée sur la culture et l’innovation en est encore à ses débuts. On semble laisser entendre, à l’heure actuelle, que l’innovation peut se produire dans n’importe quel environnement ou n’importe quelle organisation, pourvu qu’on y retrouve des valeurs, des pratiques et des orientations précises propices à l’innovation, mais il n’existe pas de données probantes claires à l’appui de cette affirmation. Même la définition de la « culture de l’innovation », un concept souvent considéré comme un élément essentiel des organisations innovantes, demeure floue. Les recherches futures devraient déterminer les mécanismes et les pratiques susceptibles de contribuer à une culture de l’innovation, en particulier dans le contexte canadien, et déterminer également comment cette culture est alimentée et entretenue dans le temps et dans l’espace.

  • Les avantages des « tiers-lieux » sont amplement décrits dans les publications, mais d’importantes lacunes subsistent dans les connaissances. Il est nécessaire d’élaborer des définitions précises et uniformes pour différencier les divers types d’espaces de travail en collaboration et de travail de création qui ne sont ni le domicile ni le lieu de travail classique. De même, il faut une typologie claire de ces espaces, qui cible mieux le rôle de chacun, les résultats possibles et les impacts potentiels sur la société. Enfin, il y a un manque de données sociologiques cruciales au sujet des utilisateurs de ces espaces, entre autres, de données concernant leur profil démographique, leurs motivations et leurs attentes.

  • D’autres recherches doivent être menées sur les mécanismes de collaboration qui facilitent le développement et la diffusion des innovations. Les chercheurs commencent à reconnaître l’importance d’une collaboration fructueuse au sein des écosystèmes d’innovation, mais ils ignorent en général comment se servir de ce qu’ils savent au sujet de divers acteurs de milieux différents pour favoriser la réalisation d’objectifs communs. En outre, la plupart des recherches ont porté sur la façon dont de multiples acteurs contribuent aux premiers stades de l’innovation, et on en sait moins sur ce qu’ils font pour soutenir les étapes ultérieures de la mise en application et de la diffusion.

  • Il faut offrir une formation sur les dynamiques sociales, organisationnelles et économiques qui soutiennent l’impression 3D. Cette technologie est à l’avant-garde de l’économie du savoir du 21e siècle et, comme beaucoup d’autres technologies numériques, elle favorise les structures organisationnelles de collaboration. Il faut élaborer une formation qui permette d’acquérir les compétences humaines, sociales et organisationnelles nécessaires pour mieux comprendre comment utiliser cette technologie. Une formation est également nécessaire sur les modalités de mise en place d’un environnement pouvant faire en sorte que l’impression 3D est utilisée de manière à ce que les entreprises et les citoyens du Canada puissent tirer pleinement parti de son potentiel.

    Les techniques d’impression 3D sont des outils de collaboration hors du commun qui vont accélérer les innovations et les ruptures dans le monde matériel et la production, à l’instar d’Internet qui démultiplie l’innovation, les collaborations et les ruptures dans le monde [numérique]Note de bas de page 18.





  • L’utilisation de données massives et de grands ensembles de données dans la recherche sur l’immigration pose de nombreux défis. Les grands ensembles de données présentent souvent des limites quant à la sélection des échantillons et des biais d’échantillonnage, car certains groupes sont sous-représentés dans les méthodes utilisées pour recueillir les données. Les biais soulèvent des interrogations sur la crédibilité des affirmations faites en se fondant sur ces ensembles de données ou entraînent, par exemple, l’exclusion de certains groupes de nouveaux arrivants des recherches. En outre, les pratiques actuelles de stockage, de gestion et de mise en commun des données peuvent susciter des préoccupations qui ont trait à la sécurité, à la confidentialité et à l’éthique. D’autre part, l’application de mesures de sécurité rigoureuses aux données administratives personnelles et la restriction de l’accès peuvent avoir des répercussions disproportionnées sur les chercheurs qui œuvrent en dehors des universités et des administrations publiques.

  • Les collaborations interdisciplinaires constituent une prochaine étape cruciale en gestion de l’information. Les théories, les principes et les pratiques de l’archivistique (c’est-à-dire la science de la tenue de dossiers) sont actuellement peu connus des professionnels de la technologie de la chaîne de blocs. Réciproquement, les archivistes professionnels affichent une grande méconnaissance de cette technologie et de ses applications possibles. Des recherches interdisciplinaires sur la tenue de dossiers au moyen de la chaîne de blocs, auxquelles participeraient, entre autres, des chercheurs des domaines du droit, de l’archivage, de la criminalistique et de l’économie, pourraient contribuer à ce que cette technologie soit pleinement exploitée au profit des Canadiens.

  • Il y a des lacunes substantielles dans les connaissances relatives à l’utilisation des données par les partis politiques. On sait peu de choses sur les technologies utilisées, sur la façon dont les politiques internes visant à assurer la confidentialité des données sont appliquées ou encore sur le rôle des entreprises de données du secteur privé dans la collecte et l’analyse des données sur les électeurs. Des recherches devraient être menées sur des législations qui pourraient remplacer les politiques d’autoréglementation  qui guident les partis politiques dans leur collecte et leur utilisation des données sur les électeurs.

    Des recherches substantielles doivent encore être menées pour élaborer des législations et d’autres mécanismes d’application, en tenant compte des principes relatifs à l’équité dans le traitement de l’information et des meilleures pratiques pour la réglementation des partis politiques. Et des travaux importants sont nécessaires en ce qui concerne l’évaluation des conséquences de portée plus générale, pour la démocratie, de cette façon de faire de la politique en se fondant sur les données massivesNote de bas de page 23.

  • D’autres recherches sont nécessaires pour comprendre comment les nouvelles sont transmises et consommées dans les nouveaux espaces médiatiques. Plus de 21 millions de Canadiens utilisent activement les médias sociaux et font part de leurs expériences, nouvelles et points de vue en ligne. La décision de communiquer de l’information au moyen des médias sociaux peut être dictée par des influences sociales normatives, certains utilisateurs s’abstenant de participer à des discussions en ligne s’ils estiment qu’ils pourraient être ostracisés en raison de leurs points de vue. Par conséquent, il peut y avoir une sous-représentation des personnes dont les opinions sont différentes de celles de la majorité. Cela pourrait fausser l’interprétation que font les responsables de l’élaboration des politiques et les médias de l’opinion publique et de ses tendances.






  • Des études de cas de longue durée sont nécessaires pour déterminer la façon dont les technologies numériques peuvent le mieux soutenir la revitalisation des langues et des cultures autochtones. Des évaluations ancrées dans les communautés et des évaluations des répercussions fondées sur les expériences, le savoir culturel et les objectifs des communautés autochtones fourniront un aperçu des réussites et des failles de ces technologies dans le cadre des processus de revitalisation.
  • Le rôle et l’apport des technologies de l’information et des communications en matière de conception, de planification et de construction de logements pour les Autochtones du Nord ont été peu abordés dans les écrits examinés. Plusieurs études ont examiné l’accès des peuples autochtones à ces technologies ainsi que leur utilisation de ces dernières dans le contexte de l’éducation, de l’économie, de la santé, de la culture et de l’infrastructure. Il y a, cependant, des lacunes importantes dans les connaissances sur le rôle qu’elles jouent dans la conception de logements, ainsi que sur l’utilisation de démarches participatives, comme les systèmes d’information géographique participatifs, la modélisation 3D participative et les applications de production participative. Ces technologies pourraient jouer des rôles importants et bénéfiques dans la conception de logements pour les Autochtones, entre autres, en encourageant la prise de décision collaborative et communautaire.
  • Il est nécessaire de mieux comprendre les répercussions de la numérisation et du libre accès sur la valeur et la signification des artefacts culturels, y compris les aspects liés à leur propriété et aux droits de propriété intellectuelle. L’absence de vues d’ensemble des projets de restitution numérique a entraîné plusieurs lacunes dans les connaissances, notamment dans la façon dont on gère le contenu en ligne, dont on y a accès et dont on le fait circuler. Par exemple, quelles conséquences pourraient découler, pour les communautés autochtones de l’Arctique, du fait de mettre des artefacts culturels et des connaissances patrimoniales en ligne dans des contextes à source ouverte? À qui « appartient » le contenu culturel mis en ligne, par exemple une vidéo ou un enregistrement d’un aîné qui fait part de connaissances locales? Comment nous assurons-nous que les biens patrimoniaux ne sont pas utilisés d’une manière qui porte atteinte aux significations et aux valeurs traditionnelles?

    Différents types de « libre accès » devront être négociés afin de s’assurer que les communautés autochtones conservent un certain contrôle sur l’accès aux données patrimoniales qui sont mises en ligne dans des contextes de source ouverte, ainsi que sur la façon dont on les fait circuler et dont on les utiliseNote de bas de page 28.
  • Les données sur les conséquences qu’ont les obstacles liés à un traumatisme sur l’acquisition de la langue sont pratiquement absentes des écrits examinés. Dans certaines communautés autochtones, les apprenants et les enseignants peuvent avoir de fortes réactions affectives en entendant, en apprenant et en parlant la langue de leurs ancêtres. Il s’agit en grande partie d’un effet résiduel des pensionnats autochtones, qui inspiraient de la souffrance et de la honte aux Autochtones par rapport à leur langue.

    Pourquoi les éléments attestant de l’histoire dynamique de communautés qui ont su gérer leur langue et leur culture ne sont-ils pas disponibles en dehors de ces communautés? En grande partie parce qu’il a fallu les cacher. Si les langues autochtones du Canada ont été résilientes, c’est en dépit des politiques du gouvernement, et non en raison de celles-ciNote de bas de page 29.






  • Peu d’études ont examiné les effets qu’ont les outils numériques sur l’expression écrite en français ou au niveau primaire ou secondaire. Environ 5 % des études examinées ont mis l’accent sur l’acquisition de compétences en écriture en français. Si la plupart des études font état d’effets positifs dans les classes d’anglais, les effets de la technologie sur les compétences en écriture en français doivent être examinés de façon indépendante afin de prendre en compte les caractéristiques propres à chaque environnement d’apprentissage. Des études supplémentaires sur l’utilisation d’outils numériques au primaire et au secondaire permettraient d’en savoir plus sur l’acquisition  des compétences en écriture par les enfants et les jeunes.
  • Des aspects importants du processus de conception sont insuffisamment signalés dans les écrits portant sur les environnements d’apprentissage améliorés par la technologie en ce qui concerne les sciences, la technologie, le génie et les mathématiques (les domaines STGM). Les études dans lesquelles les enseignants en STGM sont coconcepteurs dans le cadre de partenariats de recherche ont tendance à se concentrer davantage sur la mise en application d’innovations que sur la détermination des problèmes qui ont mené à la conception d’innovations technologiques. Il est essentiel que les chercheurs fassent état de l’entièreté du processus de conception, y compris de la façon dont les évaluations et dont chaque itération orientent l’étape suivante du processus. Ces connaissances aideront les enseignants à acquérir les compétences nécessaires pour réussir le changement de paradigme.
  • Il y a un nombre croissant d’études sur les initiatives en littératie numérique qui sont destinées aux élèves autochtones de la maternelle à la 12e année, mais ces études tendent à mettre l’accent sur les lacunes en matière de financement plutôt que sur les réalisations des projets financés. En mettant en évidence les réalisations des projets concluants, le milieu de la recherche, les praticiens et les responsables de l’élaboration des politiques pourraient mieux comprendre comment s’y prendre pour s’attaquer efficacement aux difficultés en matière d’acquisition de compétences en littératie numérique que connaissent certaines communautés autochtones.

    L’augmentation de la littératie numérique non seulement constitue l’assise sur laquelle un pays peut s’appuyer pour fournir aux personnes et aux groupes un accès équitable aux possibilités sociales, mais c’est également une nécessité pour la participation à l’économie numériqueNote de bas de page 32.

Concours J’ai une histoire à raconter du CRSH 2016
Finaliste : Ron Darvin Social class and unequal digital literacies
University of British Columbia

Voir la vidéo sur YouTube (en anglais)






Par le rythme auquel elles sont créées, leur importance et leur portée, les nouvelles technologies façonnent notre monde de manière tout à fait originale. Les répercussions de toutes ces technologies créent des perturbations et des occasions sans précédent dans toutes les sphères de nos vies. Dans un tel contexte d’évolution technologique rapide à l’échelle mondiale, la démarche prospective de l’initiative Imaginer l’avenir du Canada a permis de constater qu’il était essentiel de mieux comprendre ce qui devrait être fait pour mettre à contribution les nouvelles technologies d’une manière qui serait bénéfique pour le Canada.

Les synthèses des connaissances et les discussions mises en évidence dans le présent rapport ne portent que sur certaines de ces technologies et leurs répercussions possibles, mais elles jettent tout de même un éclairage sur plusieurs problèmes émergents cruciaux – d’un point de vue humain, culturel et social – qui pourraient orienter à l’avenir les priorités en matière de politiques, de pratiques et de recherche.

Les chercheurs ont mis en lumière la diversité des personnes qui conçoivent et qui utilisent les nouvelles technologies, de celles qui en tirent parti et de celles qui sont laissées à la traîne en raison d’inégalités en matière d’accès et de compétences. Les rapports montrent comment les nouvelles technologies numériques modifient notre manière d’apprendre, de communiquer, de consommer l’information et comment elles peuvent autonomiser les populations marginalisées. Ces technologies modifient aussi la nature du travail et accentuent la nécessité d’établir des processus d’innovation collaboratifs. Il est évident que de nouvelles connaissances et de nouvelles compétences techniques sont nécessaires et qu’il faut réaffirmer l’importance des compétences propres à l’être humain, entre autres, le travail d’équipe, la faculté de raconter des histoires et la créativité.

Les chercheurs ont attiré l’attention sur les lacunes dans les connaissances au sujet des utilisations et des utilisateurs des technologies sur lesquelles ont porté les projets, sur les besoins et les préférences des concepteurs par rapport à ceux des utilisateurs et sur la façon de constituer une culture de l’innovation. De plus, ils ont mis en lumière le fait qu’avec les possibilités et les avantages viennent des risques et des incertitudes, notamment en ce qui concerne le stockage des données, la protection des renseignements personnels et l’exactitude de l’information.

Ils se sont également dits préoccupés par le fait que la société n’est pas prête à gérer les répercussions d’ordre éthique de certaines nouvelles technologies, surtout en ce qui concerne les populations vulnérables et lorsque des travaux mettent à contribution plusieurs disciplines. Il faut s’attarder davantage à ces questions, qui ont des répercussions sur nous tous, étant donné que nos vies sont de plus en plus représentées par les éléments binaires qui nourrissent la « bête numérique ».

Dans l’ensemble, ces projets de synthèse des connaissances ont pour but d’aider à répondre à un besoin essentiel, à savoir comprendre les dimensions humaines de l’élaboration, de l’adoption et de l’intégration des technologies. Cet aperçu des dimensions humaines est essentiel pour orienter la conception des technologies et l’acquisition des compétences en littératie numérique dont les Canadiens ont besoin afin de pouvoir traverser avec succès la période de changements profonds qu’entraîne l’ère numérique. Cette compréhension est aussi essentielle à l’établissement de priorités en ce qui concerne l’innovation inclusive, à l’appui de la prospérité économique et du bien-être sur le plan social de tous les Canadiens.

Par leur nature même, les connaissances dont ces projets font la synthèse et qui sont mises en évidence dans le présent rapport font ressortir encore davantage l’importance que revêt la recherche en sciences humaines pour ce qui est de mieux comprendre la condition humaine et les éléments moteurs qui façonnent le monde autour de nous, aujourd’hui et demain.

Le CRSH invite tous les intervenants et les chercheurs à participer au dialogue national sur l’ensemble des six domaines des défis de demain retenus par l’initiative Imaginer l’avenir du Canada. Au moyen de partenariats et d’efforts novateurs en matière de collaboration, nous pouvons ensemble mettre à profit les possibilités nouvelles et prometteuses qu’offrent la recherche, la formation et la mobilisation des connaissances. Ensemble, nous pouvons assurer de meilleurs lendemains à tous les Canadiens.






Note de bas de page 1

Tim Harper (membre du Global Agenda Council on Emerging Technologies), "The Long Journey From Nanotechnology To Emerging Technologies", Cientifica.com, 2010.

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Note de bas de page 2

Theresa Claire Davies et coll., "The Impact of Emerging Technology on Developing and Accessing Assistive Technology", rapport final du projet financé par la subvention de synthèse des connaissances du CRSH, octobre 2016, p. 1.

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Note de bas de page 3

Peter Dawson, "The Design and Development of Digital Return Platforms for Northern Indigenous Heritage", rapport final du projet financé par la subvention de synthèse des connaissances du CRSH, octobre 2016, p. 10.

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Note de bas de page 4

Observation faite par un chercheur anonyme qui évaluait le premier atelier de démarrage de projets de synthèse des connaissances, tenu en mai 2015. http://www.sshrc-crsh.gc.ca/society-societe/community-communite/ksg_workshop_may_2015-atelier_ssc_mai_2015-fra.aspx

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Note de bas de page 5

Association canadienne pour les études supérieures. Imaginer l’avenir du Canada – Résumé des discussions en table ronde avec les étudiantEs chercheurEs aux cycles supérieurs, table ronde de la Western University et de l’University of Windsor, p. 17. www.cags.ca/documents/publications/icf/FINAL%20ICF%20Oct%209(010616).pdf

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Note de bas de page 6

Victoria L. Lemieux, "Blockchain Technology for Recordkeeping: Help or Hype?", rapport final du projet financé par la subvention de synthèse des connaissances du CRSH, octobre 2016, p. 36 et "Blockchain Technology Explained", blockchaintechnologies.com.

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Note de bas de page 7

Andrew Sixsmith et coll., "Middle-aged and Older Adults’ Information and Communication Technology Access: A realist review", rapport final du projet financé par la subvention de synthèse des connaissances du CRSH, octobre 2016, p. iii.

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Note de bas de page 8

Theresa Claire Davies et coll., op. cit., p. iii.

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Note de bas de page 9

Ibidem.

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Note de bas de page 10

www5.statcan.gc.ca/cansim/a26?lang=fra&retrLang=fra&id=3580152&pattern=&stByVal=1&p1=1&p2=-1&tabMode=dataTable&csid=

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Note de bas de page 11

Y. Wu et coll., "Acceptance of an assistive robot in older adults: a mixed-method study of human-robot interaction over a 1-month period in the Living Lab setting", Clinical Interventions in Aging, 2014. Cité par Arlene J. Astell, "The Preservation of Self-Image: Understanding the Technology Adoption Patterns of Older Adults", rapport du projet financé par la subvention de synthèse des connaissances du CRSH, octobre 2016, p. 12.

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Note de bas de page 12

L. Neven, "‘But obviously not for me:’ robots, laboratories and the defiant identity of elder test users", Sociology of Health & Illness, 2010. Cité par Arlene J. Astell, ibidem, p. 12.

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Note de bas de page 13

Participant au World Café cité par Andrew Sixsmith et coll., op. cit., p. 16.

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Note de bas de page 14

Jena McGill et coll., "Emerging Technological Solutions to Access to Justice Problems: Opportunities and Risks of Mobile and Web-based Apps", rapport final du projet financé par la subvention de synthèse des connaissances du CRSH, octobre 2016, p. 19.

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Note de bas de page 15

Theresa Claire Davies et coll., op. cit., p. iii.

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Note de bas de page 16

Luciara Nardon et coll., "Socio-cognitive Influences on Innovation", rapport final du projet financé par la subvention de synthèse des connaissances du CRSH, octobre 2016, p. 3.

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Note de bas de page 17

Luciara Nardon et coll., op. cit., p. 4.

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Note de bas de page 18

Pierrick Bouffaron, « Impression 3D : les prémisses d’une nouvelle (r)évolution industrielle? », 2014, p. 8. Cité par Guillaume Blum, « L’impression 3D : de l’émerveillement technique aux enjeux organisationnels, économiques et sociétaux », rapport final du projet financé par la subvention de synthèse des connaissances du CRSH, octobre 2016, p. 29.

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Note de bas de page 19

Victoria L. Lemieux, op. cit., p. 13.

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Note de bas de page 20

Fabio Duarte et Carlo Ratti, "Smart Cities, Big Data, and the Internet of Things", IEEE Standards University E-Magazine, volume 6, numéro 4, 10 novembre 2016.

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Note de bas de page 21

Elizabeth Judge et coll., "Privacy and the Electorate: Big Data and the Personalization of Politics", rapport final du projet financé par la subvention de synthèse des connaissances du CRSH, octobre 2016, p. 15.

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Note de bas de page 22

Alfred Hermida, "The New Information Power-brokers: Gatekeeping in Hybrid Digital Media", rapport final du projet financé par la subvention de synthèse des connaissances du CRSH, octobre 2016, p. 6.

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Note de bas de page 23

Elizabeth Judge et coll., op. cit., p. 29.

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Note de bas de page 24

David Perley et coll., "Supporting Indigenous Language and Cultural Resurgence with Digital Technologies", rapport final du projet financé par la subvention de synthèse des connaissances du CRSH, octobre 2016, p. 23.

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Note de bas de page 25

Peter Dawson, "The Design and Development of Digital Return Platforms for Northern Indigenous Heritage", rapport final du projet financé par la subvention de synthèse des connaissances du CRSH, octobre 2016.

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Note de bas de page 26

David Perley et coll., op. cit., p. 14.

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Note de bas de page 27

Ibidem, p. 10.

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Note de bas de page 28

Peter Dawson, op. cit.,  p. 32.

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Note de bas de page 29

Mark Turin et coll., "Digital Access for Language and Culture in First Nations Communities", rapport final du projet financé par la subvention de synthèse des connaissances du CRSH, octobre 2016, p. 2.

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Note de bas de page 30

Sean Wiebe et coll., "Dominant Technological Paradigms: Impacts for Education Systems and Policy", rapport final du projet financé par la subvention de synthèse des connaissances du CRSH, octobre 2016, p. 6.

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Note de bas de page 31

Ibidem, p. 30, citant Mark Pegrum, From Blogs to Bombs: The Future of Digital Technologies in Education, Crawley, Australie, UWA Publishing, 2009.

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Note de bas de page 32

Isha DeCoito, "The Digital Gap: Access, Innovation, and Impact in Aboriginal Communities", rapport final du projet financé par la subvention de synthèse des connaissances du CRSH, octobre 2016, p. 3.

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