Une étude exploratoire de l’expérience vécue, de la mesure et de la surveillance du contrôle coercitif dans les relations 2ELGBTQQIA+

Le projet

Ce projet examine et synthétise les connaissances existantes sur le contrôle coercitif dans les relations entre partenaires intimes, en mettant l’accent sur la manière dont le contrôle coercitif est vécu, mesuré et contrôlé par les personnes bispirituelles, lesbiennes, gaies, bisexuelles, trans, queer, en questionnement, intersexes et asexuelles (2ELGBTQQIA+). Guidé par un cadre théorique d’intersectionnalité, le projet évalue les progrès de la recherche depuis un examen narratif de 2014 sur « l’agression psychologique », pour aider à étayer les méthodes et l’orientation de la recherche future. La conception du projet intègre intentionnellement l’engagement avec des parties prenantes intersectorielles pour contribuer à nos méthodes, aider à encadrer nos résultats et mobiliser les connaissances liées aux pratiques prometteuses et aux lacunes de la recherche. Des débats sur une législation visant à criminaliser le contrôle coercitif sont en cours au Canada, mais on ne sait toujours pas comment la police évaluera le contrôle coercitif et comment elle peut soutenir au mieux les victimes 2ELGBTQQIA+.

Les mesures et théories existantes sur le contrôle coercitif évaluent principalement l’utilisation du contrôle coercitif par les hommes dans leurs relations avec les femmes. L’étude du contrôle coercitif dans les communautés 2ELGBTQQIA+ doit donc faire l’objet d’une attention opportune et d’une perspective intersectionnelle inclusive. Par le biais d’un examen de la portée de la littérature académique et grise sur les études des expériences, de la mesure et des perspectives policières du contrôle coercitif, le projet vise à :

  • examiner dans quelle mesure et de quelles façons les personnes 2ELGBTQQIA+ font l’expérience du contrôle coercitif;
  • évaluer les méthodes utilisées pour mesurer le contrôle coercitif subi par les personnes 2ELGBTQQIA+;
  • comprendre comment la police perçoit le contrôle coercitif et y répond dans le contexte de la violence entre partenaires intimes et spécifiquement dans les communautés 2ELGBTQQIA+.

Principales conclusions

  • Plus de 1 774 dossiers uniques ont été examinés en double; 264 dossiers académiques et 13 dossiers de littérature grise en texte intégral ont fait l’objet d’une extraction de données réalisée en double.
  • La plupart des études ont été menées aux États-Unis; 12 études universitaires et 6 études de littérature grise ont été menées au Canada.
  • Les identités sexuelles, de genre et raciales :
    • Les identités étaient principalement déterminées par la déclaration volontaire des participantes et participants.
    • Bien que de nombreuses études concernaient des participantes et participants cisgenres (ou supposaient qu’elles et ils étaient cisgenres), 112 (40 p. 100) incluaient des participants s’identifiant comme transgenres.
    • 97 (35 p. 100) incluaient des Autochtones, le plus souvent identifiés comme Amérindiens.
  • Mesure du contrôle coercitif :
    • La plupart des études ne nommaient pas le comportement « contrôle coercitif », mais en incluaient certains aspects dans le cadre d’une évaluation générale de la maltraitance.
    • Un tiers des études (88, 32 p. 100) ont utilisé des questions créées par les autrices et auteurs comme seule mesure du contrôle coercitif.
    • La coercition sexuelle et la violence psychologique ont été le plus souvent étudiées; moins d’études ont examiné l’éventail du contrôle coercitif, y compris économique, l’intimidation, l’isolement et la surveillance.
  • Expériences du contrôle coercitif :
    • Un tiers des études universitaires (98, 37 p. 100) et la plupart des études de littérature grise (10, 77 p. 100) ont comparé les participants LGBTQ et les autres participantes et participants; le contrôle coercitif était plus fréquent chez les personnes LGBTQ et était lié à des problèmes de santé mentale.
    • Moins d’une étude sur cinq (46, 17 p. 100) a spécifiquement fait état d’expériences de coercition liées à l’identité de genre ou sexuelle des participants, telles que la menace de divulguer l’orientation sexuelle ou le genre de la personne ou l’abus d’identité (par exemple, l’attribution d’un mauvais genre, la contrainte exercée sur le partenaire pour qu’il ne fasse pas de transition).
  • Le signalement à la police :
    • 38 (14 p. 100) études ont posé des questions sur les perceptions ou les expériences des participantes et participants avec la police; cependant, la plupart ne décrivent pas le signalement du contrôle coercitif, spécifiquement, à la police.
    • Les études qualitatives ont décrit l’hésitation des participantes et participants à signaler la violence relationnelle à la police, elles et ils craignant des réponses peu encourageantes et subissant parfois des violences et des abus d’identité, bien que les expériences réelles de signalement aient souvent été positives.
  • Lacunes méthodologiques et recherches futures :
    • Il n’existe pas de définition convenue du contrôle coercitif ni de norme de mesure acceptée; des recherches supplémentaires sur les mesures sont justifiées.
    • Les personnes qui s’identifient comme non binaires, en questionnement, intersexes et asexuelles sont souvent absentes des échantillons, ne sont pas identifiées comme des groupes uniques et sont exclues des résultats de l’étude.
    • Les études qualitatives pourraient fournir des mesures plus inclusives du contrôle coercitif en nommant et en illustrant les comportements ciblant spécifiquement les personnes 2ELGBTQQIA.
    • Les enquêtes intégrant des questions ouvertes sur les expériences de contrôle coercitif peuvent faire appel à des méthodes plus mixtes, éviter de réduire la diversité des genres et des sexualités à des catégories singulières et permettre des analyses plus intersectionnelles.

Conséquences relatives aux politiques

  • Les organismes de financement devraient soutenir les recherches menées par des universitaires au Canada sur les expériences de contrôle coercitif des personnes 2ELGBTQQIA+, en particulier les recherches menées avec, par et pour les communautés autochtones bispirituelles.
  • Pour l’élaboration de leurs politiques et pratiques d’intervention et de soutien auprès des personnes signalant des situations de contrôle coercitif, les organisations policières pourraient devoir examiner comment elles reconnaîtront le contrôle coercitif chez les individus 2ELGBTQQIA+ et y répondront, et comment elles interagiront avec les communautés 2ELGBTQQIA+.
  • Il est possible de s’engager avec les communautés 2ELGBTQQIA+ pour développer une compréhension commune du contrôle coercitif, élaborer une mesure standard, et augmenter les ressources pour aborder le contrôle coercitif et développer des travaux de recherche dans ce domaine.

Renseignements supplémentaires

Rapport complet (en anglais)

Coordonnées de l’équipe de recherche

N. Zoe Hilton, professeure de psychiatrie, Faculté de médecine Temerty, University of Toronto : zhilton@utoronto.ca

Elke Ham, psychométricienne de recherche, Waypoint Centre for Mental Health Care, Penetanguishene : eham@waypointcentre.ca

Dana L. Radatz, professeure associée de criminologie et de justice pénale, University of Niagara, NY : dradatz@niagara.edu

Chris M. Smith, professeur adjoint de sociologie, University of Toronto : cm.smith@utoronto.ca

Natalie Snow, responsable des données, Chiefs of Ontario et professeure de justice pénale, Humber Institute of Technology and Advanced Learning, Toronto : Natalie.Snow@coo.org

Autres membres de l’équipe : Emma Jennings-Fitz-Gerald, candidate à la maîtrise, Département de sociologie, University of Toronto; Sydney Patterson, candidate à la maîtrise, Département de sociologie, University of Toronto; Jimin Lee, candidat au doctorat en médecine, Faculté de médecine Temerty, University of Toronto; Jolene Wintermute, bibliothécaire de recherche, Waypoint Centre for Mental Health Care.

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