Lauréate du prix Partenariat 2019

Marianne Ignace

Département des études sur les Premières Nations
et Département de linguistique
Simon Fraser University


En cette Année internationale des langues autochtones, il est tout à fait approprié de célébrer les langues autochtones dans le cadre de notre partenariat avec le CRSH. Je tiens à préciser que tous ceux et celles qui ont travaillé avec nous – collègues, collaborateurs, chercheurs et personnes des communautés – méritent autant que moi cette reconnaissance.


Depuis plus de 30 ans, Marianne Ignace se consacre à la préservation des langues autochtones en Colombie-Britannique, afin de protéger le passé et de lui redonner vie pour le 21e siècle. Dans ses travaux, elle utilise des instruments de recherche et des outils fondés sur des données probantes, entre autres, la technologie numérique, pour empêcher la disparition des langues autochtones.

Chercheure en linguistique à la Simon Fraser University et directrice du First Nations Language Centre du même établissement, Mme Ignace travaille avec 23 partenaires communautaires de la Colombie-Britannique, du Yukon et de l’Alaska afin d’utiliser la technologie numérique pour documenter, conserver et enseigner plus d’une dizaine de langues autochtones. Toutes ces langues témoignent des liens qui unissent les peuples autochtones à la terre depuis des millénaires. L’une de ces langues, la langue haïda, n’a aucun lien avec d’autres langues.

En 2012, lorsque Mme Ignace et ses partenaires de recherche ont demandé une subvention au CRSH, l’avenir des langues autochtones semblait peu reluisant. Seulement 5,1 p. 100 des personnes des Premières Nations de la Colombie-Britannique parlaient couramment leur langue, principalement des aînés. On estimait alors qu’en 2019, pour plusieurs de ces langues, il ne resterait plus personne les ayant apprises en tant que première langue.

Un optimisme prudent

Grâce à une subvention de partenariat du CRSH visant une période de sept ans, Mme Ignace et ses partenaires ont créé d’impressionnantes archives pour certains domaines, comme la toponymie, le droit autochtone et l’ethnobotanique. Ces archives rassemblent des ouvrages de grammaire, des dictionnaires et des récits novateurs, ainsi que des conversations entre locuteurs de ces langues.

Marianne Ignace précise qu’elle et son équipe documentent des registres de langue qui ne l’ont jamais été auparavant, comme la façon d’engager une conversation ou de parler de la terre, de l’environnement, des plantes et des animaux. Le projet a également permis de former des chercheurs autochtones dont les travaux aideront à revitaliser des langues menacées de disparition.

Afin de favoriser l’apprentissage d’une langue seconde, les responsables du partenariat ont conçu des projets de concert avec les communautés, dont des programmes d’immersion linguistique pour les enfants d’âge préscolaire, des centres et des camps de formation linguistique pour les adultes, ainsi que des programmes d’études de premier cycle et de cycles supérieurs. Chez les Heiltsuks, qui vivent sur le littoral central de la Colombie-Britannique, des chercheurs ont également mis au point un convertisseur orthographique en ligne et un dictionnaire numérique.

En collaboration avec le New Media Lab de la Simon Fraser University, les chercheurs ont également adapté aux langues autochtones le tutoriel linguistique intelligent Odysseas, conçu à l’origine pour la langue grecque. Ils disposent déjà d’applications permettant d’apprendre les langues sm'algyax, secwepemctsin et haïda, et 15 autres sont en cours de préparation.

Marianne Ignace et son équipe comptent également sur les ressources numériques afin de renouveler la langue pour la nouvelle génération. Ainsi, en collaboration avec deux étudiants des cycles supérieurs, elle a mis au point et à l’essai un programme d’exercice physique de 45 minutes en haïda.

Un modèle de collaboration

Dans le cadre du projet de partenariat, Mme Ignace a rédigé, en collaboration avec le chef Ronald Ignace, professeur associé à la Simon Fraser University, l’ouvrage ethnographique primé Secwépemc People, Land, and Laws.

Leur modèle d’approches collaboratives de la recherche avec les peuples et les communautés autochtones leur a également valu le Prix du gouverneur général pour l’innovation.

Marianne Ignace se dit fière de ce qui se passe. Depuis environ trois ans, elle constate l’incroyable énergie et les réalisations extraordinaires des jeunes qui maîtrisent de mieux en mieux leur langue autochtone. Ils seront les porteurs du flambeau, les guerriers de la langue, dit-elle. La lumière se dessine au bout du tunnel.

Au sujet des prix Impacts

Décernés chaque année, les prix Impacts visent à souligner les meilleures réalisations ayant émané d’activités de recherche et de mobilisation des connaissances que le CRSH a financées, ainsi que les meilleures réalisations ayant découlé de l’attribution d’une bourse du CRSH.

Le prix Partenariat souligne la contribution exceptionnelle d’un partenariat financé par le CRSH à la recherche, à la formation en recherche, à la mobilisation des connaissances ou à l’élaboration d’une nouvelle approche de partenariat en matière de recherche ou d’activités connexes.

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