Mission Égalité des genres

Faire entendre la voix des femmes pour une prévention et une résolution durables des conflits

Stéfanie von Hlatky durant une visite au Kosovo avec la Force de l’OTAN pour le Kosovo.

Photo : OTAN

Les femmes peuvent jouer un rôle essentiel dans la prévention des conflits et la consolidation de la paix. C’est pourquoi les Nations Unies ont lancé en 2000 une initiative axée sur les femmes, la paix et la sécurité, qui comprend aujourd’hui dix résolutions visant à permettre la participation égale et significative des femmes et des filles au rétablissement de la paix. Depuis, il incombe aux organisations internationales et aux pays d’agir selon les principes de l’initiative.

Comme l’ont révélé les conclusions de l’enquête sur l’inconduite sexuelle dans les Forces armées canadiennes menée par Louise Arbour, ancienne juge de la Cour suprême du Canada, il y a du travail à faire au Canada pour appliquer ces principes. Toutefois, Stéfanie von Hlatky, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur le genre, la sécurité et les forces armées, s’efforce de faire en sorte que le Canada puisse un jour donner l’exemple. Ses travaux de recherche et de défenses des droits, qui visent à aider les armées à respecter des normes professionnelles élevées en matière d’égalité des genres, ont déjà influencé les politiques et les réformes militaires canadiennes.

« L’égalité des genres est un facteur clé pour bâtir des sociétés pacifiques et stables, explique-t-elle. Mon travail consiste, en bout de ligne, à aider les forces armées du monde entier à travailler de manière à faire progresser à la fois la paix et l’égalité des genres. »

Inspirée par l’OTAN

L’intérêt de Mme von Hlatky pour l’égalité des genres dans l’armée remonte à 2009, alors qu’elle menait des entretiens, dans le cadre de ses études de doctorat, au siège de l’OTAN, en Belgique. L’organisation commençait alors à faire des progrès substantiels sur l’initiative axée sur les femmes, la paix et la sécurité.

Constatant les efforts de l’OTAN, Mme von Hlatky a concentré ses recherches sur la manière dont les principes de l’initiative se traduisaient dans les opérations militaires, en particulier dans les zones de conflit. Pour ce faire, elle s’est rendue en Estonie, en Lettonie, en Lituanie, au Kosovo et en Irak. Dans chaque pays, elle a passé du temps sur le terrain et a interrogé des militaires pour connaître leur point de vue sur la façon dont les opérations pourraient mieux promouvoir l’égalité des genres tout en assurant les tâches militaires essentielles.

L’expertise de la chercheure s’est révélée inestimable pour l’OTAN. Depuis, elle a fait des exposés et des présentations sur initiative axée sur les femmes, la paix et la sécurité et a élaboré, pour la communauté de l’OTAN, du matériel de formation qui expliquent comment ses résolutions peuvent être mises en pratique.

Prise de conscience au Canada

Au Canada, le travail de Mme von Hlatky fait également une différence. Elle a contribué à l’élaboration de nouvelles politiques et a témoigné dans le cadre de l’enquête sur l’inconduite sexuelle dans les Forces armées canadiennes mené par Louise Arbour. Certaines de ses recommandations ont d’ailleurs été incluses dans le rapport final.

Stéfanie von Hlatky mène des entretiens de recherche à Bagdad avec la mission de l’OTAN en Irak.

Photo : Stéfanie von Hlatky

« Si le Canada veut défendre ces initiatives au niveau international, il doit d’abord mettre de l’ordre dans ses propres affaires », affirme la chercheure.

En tant que titulaire de chaire de recherche du Canada, Mme von Hlatky collabore avec une équipe de recherche pour identifier les moyens de rendre la culture organisationnelle militaire plus équitable pour les groupes marginalisés. L’équipe plaide également en faveur de mises à jour dans la formation, l’éducation et la planification opérationnelle de l’armée canadienne de manière à mieux refléter la société canadienne et ses valeurs. Elle a aussi pour objectif de contribuer à instituer de bonnes pratiques internationales.

Direction d’un réseau

Au cœur des recherches de Mme von Hlatky se trouvent des réseaux d’universitaires qui partagent un intérêt commun pour l’égalité des genres dans l’armée. Elle est fondatrice de Femmes dans la sécurité internationale – Canada, codirectrice du Réseau canadien sur la défense et la sécurité et codirectrice du Réseau d’analyse stratégique (RAS), qui mobilisent les connaissances et l’expertise canadiennes sur des questions importantes pour la défense et la sécurité.

Le RAS, par exemple, compte plus de 80 chercheures et chercheurs, étudiantes et étudiants et praticiennes et praticiens d’expérience. Grâce à une subvention Savoir du CRSH, la chercheure a pu élargir la portée de ce réseau jusqu’en Afrique et en Asie, ce qui lui a donné, en collaboration avec deux collègues de la Queen’s University, une perspective plus large sur la façon dont les recommandations de l’initiative axée sur les femmes, la paix et la sécurité sont mises en œuvre d’une région à l’autre.

Stéfanie von Hlatky est souvent agréablement surprise de constater le rythme des changements dans les pratiques et les opérations militaires d’une année à l’autre, même si beaucoup de travail reste encore à faire. De nombreuses opérations militaires, autrefois dominées par les hommes, ont connu des changements culturels, une plus grande attention étant accordée aux droits des femmes et aux questions de justice sociale, tant au niveau national qu’international.

« Il existe maintenant une ouverture face à l’expertise sur le genre dans les milieux militaires qui n’existait pas il y a dix ans, remarque-t-elle. Je me trouve chanceuse d’être titulaire d’une chaire de recherche du Canada aujourd’hui, alors que je frappe à des portes ouvertes pour mener des recherches et fournir des conseils stratégiques. »


Pour en savoir plus

Pour en savoir plus sur les travaux Stéfanie von Hlatky on peut la suivre sur Twitter, visiter le site Web du RAS, consulter ses ouvrages ou lire son éditorial dans le Ottawa Citizen.