Les aînés auraient-ils recours aux technologies si elles leur apportaient autonomie et sécurité?

Dans le cadre d’une étude financée par le CRSH, la chercheure Mirou Jaana de l’Université d’Ottawa recueille des données à l’échelle du pays sur les attitudes et les comportements des aînés face aux applications des technologies de l’information en santé.

Photo reproduite avec l’autorisation du Perley and Rideau Veterans’ Health Centre. Il se peut que des personnes décédées figurent sur cette photo, qui rend hommage à leur contribution au centre.

Les technologies de l’information peuvent-elles aider les aînés qui vivent encore dans leur domicile – et leurs fournisseurs de soins – à mieux gérer leurs maladies chroniques et ainsi à ressentir davantage de bien-être? Depuis plus de dix ans, cette question est au cœur même des recherches de Mirou Jaana.

Ce qui motive cette professeure de l’École de gestion Telfer de l’Université d’Ottawa, c’est le potentiel qu’ont ces technologies d’aider une population vieillissante, bon nombre d’aînés étant atteints d’une maladie chronique, comme l’asthme, le diabète ou l’insuffisance cardiaque.

Soins à domicile

Madame Jaana estime que les technologies pourraient faire partie du soutien apporté aux aînés qui ne sont pas dans des hôpitaux ou des établissements de soins de longue durée. En comprenant comment ces derniers adoptent et utilisent les technologies, il serait possible de formuler des recommandations fondées sur des données probantes quant aux outils qui sont le plus susceptibles d’aider les aînés à mener une vie autonome en toute sécurité dans le confort de leur foyer. La télésurveillance (aussi appelée télésoins à domicile), par exemple, permet aux fournisseurs de soins de suivre l’évolution de l’état de santé à distance : les données sont transmises du domicile de la personne à l’établissement de soins chargé de son suivi et de son traitement. Ainsi, les professionnels de la santé peuvent déceler toute détérioration de l’état d’un malade et intervenir rapidement au besoin. Il est également démontré que, de son côté, le malade a davantage confiance en sa capacité d’évaluer ses symptômes et de prendre des mesures, et que cela augmente aussi l’efficacité des mesures prises.

Facteurs favorisant l’adoption

Si certaines technologies existent depuis plusieurs décennies, rien ne permet d’établir si les aînés qui vivent encore dans leur domicile sont susceptibles de faire preuve d’ouverture à l’égard des applications de ces technologies en santé, ni s’ils sont prêts à les utiliser.

Dans le cadre de ses recherches, Mirou Jaana se penche sur l’adoption, par les aînés, des technologies de l’information en santé (par exemple les technologies de télésurveillance et de détection des chutes, les dispositifs portables, les applications mobiles en santé et les outils de cybersanté offerts en ligne). Elle en évalue l’impact sur le bien-être des aînés et sur leur recours aux services de santé et s’emploie à cerner les facteurs qui influent sur l’adoption et l’utilisation de ces technologies.

Mirou Jaana a obtenu un doctorat en gestion et politiques de la santé de l’University of Iowa, avec spécialisation en informatique de la santé. Elle a ensuite fait des études postdoctorales en technologies de l’information dans le secteur de la santé à HEC Montréal. Ses recherches se situent à la croisée des technologies de l’information et de la gestion de la santé.

Quand elle est arrivée à l’École de gestion Telfer, en 2007, dit-elle, les recherches de ce type ne correspondaient aux critères d’aucun des organismes subventionnaires. C’est à ce moment-là que l’on a commencé à voir dans les services de santé une industrie qui avait besoin de mobiliser et d’appliquer les technologies. Le contexte de la recherche évolue, et elle se dit heureuse de voir que ces idées sont mieux acceptées. Elle est fière de contribuer à cette transformation et de constater qu’il y a davantage de possibilités de financement de la recherche : cela donne lieu à des projets qui ont un impact ainsi qu’à des avancées dans le domaine.