Lauréate du prix Talent 2021 : Maïka Sondarjee

Vidéo : Maïka Sondarjee - Prix Talent - Prix Impacts 2021

Transcription

Maika Sondarjee :

Je dirais que la question principale, c'est comment est-ce qu'on peut être plus égalitaire, comment est-ce qu'on peut être plus inclusif dans la sphère internationale. Donc à la fois, ça réfère à comment est-ce que des organismes comme la Banque mondiale peuvent être davantage inclusifs, mais aussi comment est-ce que, dans l'enseignement des relations internationales, on peut inclure davantage des perspectives féministes, des perspectives de chercheurs du Sud global et des perspectives des étudiants : promouvoir plus de démocratie académique. Donc, dans tous ces domaines, c'est vraiment comment est-ce qu'on peut être plus inclusif, mais à l'international. Pour moi, l'importance de remporter un prix comme le prix Impacts, c'est ce que ça représente : que ce soit une jeune femme qui n'a pas un parcours classique, qui vient d'un background aussi culturellement mixte et qui fait de la recherche, qui est plus pour le grand public que pour l'académie, nécessairement. C'est important pour moi qu'on valorise ce type de recherche-là et je suis contente que le CRSH accorde une importance à de la recherche qui est un peu différente, qui essaie d'être transformatrice plus que de seulement être publiée dans des grandes revues.


On a dit de Maïka Sondarjee qu’elle faisait partie de cette espèce rare d’universitaire engagée dont la recherche n’est qu’un prolongement de ses valeurs et de ses engagements communautaires. En lui remettant son Prix Talent 2021, le CRSH reconnaît du même coup une foule de talents chez celle qui vient à peine d’obtenir un doctorat (science politique, University of Toronto 2020) et qui est déjà considérée comme une spécialiste de l’étude du développement.

« Ce qui est certain, c’est que j’ai un profil différent, un profil social, qui n’est pas le profil classique et je suis agréablement surprise qu’on le reconnaisse et qu’on valorise aussi mon travail à l’extérieur de l’université ». Maïka s’est dit réjouie mais aussi étonnée de recevoir cette distinction. La chercheure, autrice, professeure, communicatrice et militante n’en est pourtant pas à sa première reconnaissance. Elle obtenait l’année dernière la prestigieuse bourse postdoctorale Banting, classée première parmi les 162 candidatures évaluées. Elle est aussi récipiendaire du Prix Alice-Wilson de la Société Royale du Canada.

« J’ai eu beaucoup de chance » dit-elle « et je considère que j’ai gagné à la loterie de la vie. Et cela me rend encore plus consciente des inégalités qui existent et persistent, notamment entre le Nord et le Sud ». Cette première prise de conscience véritable est intervenue très tôt lors d’un premier voyage au Madagascar, la terre natale de son père. Sans doute là un des éléments déclencheurs qui l’ont guidé dans ses travaux de recherche sur la coopération et le développement international. Chercheure rigoureuse, certes, mais elle est aussi activiste et convaincue que son rôle « ne se limite pas à la quête et à la création de la connaissance mais aussi à la nécessité de la partager avec le public ». C’est un rôle qu’elle prend d’ailleurs très au sérieux. Les médias font appel régulièrement à ses services pour commenter des enjeux de genre, de gouvernance, de solidarité et de développement international. Elle a aussi rédigé de nombreux textes d’analyse et d’opinion à titre de collaboratrice pour le quotidien Le Devoir. Des interventions qui ont fait d’elle une intellectuelle publique au Québec.

« La démocratisation des connaissances doit nécessairement passer par les médias », dit-elle. « Je n’organise pas de manifestations… Mon activisme, c’est de partager publiquement ma compréhension des différentes formes de domination ».

Universitaire engagée, mais aussi femme d’action. Bénévole et active auprès de plusieurs ONG, elle a participé à mettre en place en 2018 le réseau Femmes expertes, un organisme qui s’est donné pour mission d’amplifier la voix des femmes pour « faire entendre équitablement les perspectives et les priorités des femmes de divers horizons au sein de la société canadienneNote de bas de page 1 .» Selon une étude commissionnée par Informed Opinions, les femmes comptent pour seulement 29 p. 100 des voix entendues et citées dans les médias, une hausse d’à peine 7 p. 100 en deux décenniesNote de bas de page 2. Femmes expertes propose un répertoire de 800 intervenantes formées et prêtes à faire entendre leur voix.

S’il est un talent qui prédomine chez elle, c’est sans aucun doute celui de pédagogue. Ces qualités ont d’ailleurs été déjà récompensées par la University of Toronto et l’Université de Montréal. C’est aussi ce qui lui donne la plus grande satisfaction, ce à quoi elle rêvait depuis longtemps.

« Je viens d’une famille où on reconnaissait l’importance de l’éducation et la nécessité des études. À chaque niveau, je me voyais comme enseignante, à l’élémentaire, au secondaire et par la suite au CEGEP. Rendue à l’université, j’ai réalisé que je pourrais aussi être professeure universitaire. » Maïka vient d’être embauchée à titre de professeure adjointe par l’École de développement international et d’études globales de l’Université d’Ottawa.


Au sujet des prix Impacts

Décernés chaque année, les prix Impacts visent à souligner les meilleures réalisations ayant émané d’activités de recherche et de mobilisation des connaissances que le CRSH a financées, ainsi que les meilleures réalisations ayant découlé de l’attribution d’une bourse du CRSH.

Le prix Talent souligne les réalisations exceptionnelles en recherche et les perspectives de carrière d’une étudiante ou d’un étudiant ayant reçu une bourse de doctorat ou une bourse postdoctorale du CRSH.

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