Lauréate du prix Connexion 2021 : Carole Lévesque

Vidéo : Carole Lévesque - Prix Connexion - Prix Impacts 2021

Transcription

Carole Lévesque :

Alors, mes travaux de recherche concernent les peuples autochtones. Je travaille avec les organisations, les instances, les communautés autochtones depuis bientôt 50 ans. J'ai eu ce grand privilège dans ma carrière de continuer de travailler, année après année, avec des gens absolument inspirants. Et si je continue encore aujourd'hui, c'est bien parce que je suis toujours inspirée. Le fait de remporter le prix Impacts Connexion du CRSH, pour moi, c'est la reconnaissance d'un travail collectif puisque c'est vraiment le mot connexion qui est au cœur de ce prix à nos yeux. C'est la reconnaissance d'un travail de plusieurs personnes qui, depuis plus de 20 ans, autour et à l'intérieur du réseau DIALOG, travaillent à maintenir un dialogue qui soit plus juste, plus équitable, plus durable entre le monde universitaire et le monde autochtone.


Carole Lévesque s’est empressée de le souligner : « le prix Connexion, c’est d’abord et avant tout un prix collectif. La reconnaissance du travail d’équipe mené depuis maintenant vingt ans, grâce notamment aux efforts de cinq cocandidatesNote de bas de page 1 rassemblées pour la circonstance et avec lesquelles je travaille depuis longtemps. Ce prix c’est aussi une reconnaissance pour le réseau DIALOG. C’est une excellente illustration de ce que j’ai fait dans ma carrière et de ce que le réseau que j’ai créé a réussi à faire. »

De toutes ses réalisations et elles sont nombreuses, la création de DIALOG, le Réseau de recherche et de connaissances relatives aux peuples autochtones, est sans aucun doute celle dont elle est la plus fière. En créant le réseau en 2001, elle souhaitait : ouvrir le dialogue autour des savoirs autochtones avec des actrices et acteurs clés du monde autochtone absents du milieu universitaire et des lieux de savoir; regrouper les chercheures et chercheurs québécois et canadiens du domaine des études autochtones alors peu nombreux et isolés dans leur université et discipline respective; rassembler l’information scientifique produite en milieu universitaire et en milieu autochtone afin de la faire connaître et d’en favoriser l’appropriation et le rayonnement dans tous les milieux. Aujourd’hui DIALOG regroupe plus d’une centaine de personnes issues à parts égales des milieux universitaire et autochtone. Leurs expertises portent sur des peuples autochtones de 14 pays. Les gardiennes et gardiens autochtones du savoir proviennent de 25 instances ou communautés distinctes.

« Mon rôle, c’est de bâtir des ponts de compréhension entre les cultures, celles du Québec et du Canada et celles des peuples autochtones. Mon premier contact avec les Autochtones s’est fait il y a maintenant 50 ans et c’est en travaillant au fil des ans avec des gens de différentes nations que j’ai grandi. »

Issue d’un milieu ouvrier, l’ainée d’une famille de huit enfants confie avoir eue très tôt le besoin d’apprendre et d’étudier.

« Je l’ai su alors que j’étais très jeune, je ne savais pas quoi ni comment mais j’avais compris que ma trajectoire serait celle de la connaissance; ce n’est qu’à 18 ans que j’ai découvert l’anthropologie. C’est ce qui a été l’élément déclencheur. Pour moi, cela voulait dire que je m’intéresserais au monde et que j’apprendrais à connaître des cultures différentes. ».

Le hasard et un heureux concours de circonstance l’ont amenée à la découverte d’un autre monde, d’une autre culture mais à quelques kilomètres à peine de la petite ville où elle a grandi et où elle vit toujours. Son premier véritable travail de recherche, alors en tant qu’étudiante, s’est fait auprès des Mohawks, de la Première Nation – Kanien’kehá:ka de Kahnawake.

C’est sur le terrain que Carole Lévesque est allée chercher l’expérience et le savoir. Elle a travaillé avec chacune des nations autochtones de la province ainsi qu’avec les Inuit du Nunavik. Dans une interview publiée par l’INRS en novembre 2020 elle indiquait avoir eue « la chance de faire partie de la première génération d’anthropologues québécois qui ont souhaité très tôt non seulement s’instruire des réalités autochtones, mais aussi apprendre à connaître ces peuples de l’intérieur en travaillant en étroite collaboration avec eux. La présence dans des communautés et des territoires autochtones était une composante incontournable de notre formation. Et on ne parle pas ici de visites d’une ou deux semaines. On parle d’années de présence concrète à partager la vie communautaire, à loger dans des familles accueillantes et à s’intéresser à de multiples dimensions de la culture locale ».

Elle aura vécu pas moins de six ans dans des communautés autochtones.

« Le secret de DIALOG, c’est qu’on n’a pas tenté d’amener les populations autochtones à l’université. On est allé les rencontrer chez elles, pour apprendre d’elles, de leurs trajectoires, de leur histoire, de leur modernité et de leurs rêves et aspirations. C’est pour ça que je dis que le Prix Connexion, c’est aussi la reconnaissance de ce mouvement vers les peuples autochtones ».

Détentrice d’un doctorat en anthropologie sociale et culturelle (Sorbonne, Paris), Carole Lévesque a aussi reçu le Prix Marcel-Vincent (renommé Thérèse Gouin-Décarie) de l’ACFAS pour sa contribution au développement des études relatives aux peuples autochtones en 2011 et le Prix Marie-Andrée-Bertrand du gouvernement du Québec en 2016 en guise de reconnaissance du rôle majeur qu’elle a joué dans la réconciliation avec les peuples autochtones.

« J’apprends encore chaque jour au contact de gens inspirants qui m’apporte sagesse, sérénité et savoir. Je n’ai jamais pensé à une carrière. Ce que je voulais faire, c’était étudier et apprendre des humains, de quelle culture qu’ils et elles proviennent. Je peux dire aujourd’hui que j’ai parcouru pas mal de sentiers dans la taïga de la forêt boréale et la toundra, dans la forêt et la ville, dans les territoires et les villages de ces grands peuples premiers ».


Au sujet des prix Impacts

Décernés chaque année, les prix Impacts visent à souligner les meilleures réalisations ayant émané d’activités de recherche et de mobilisation des connaissances que le CRSH a financées, ainsi que les meilleures réalisations ayant découlé de l’attribution d’une bourse du CRSH.

Le prix Connexion souligne la réalisation d’une initiative remarquable financée par le CRSH qui vise à faciliter la transmission et l’échange de connaissances émanant de la recherche au sein ou à l’extérieur du milieu de la recherche en sciences humaines.

Date de modification :