Venir en aide aux fournisseurs de soins

Le Canada a besoin de nouveaux outils pour aider la population vieillissante

D’après Janice Keefe, titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les politiques relatives au vieillissement et à la prestation des soins financée par le Conseil de recherches en sciences humaines à la Mount Saint Vincent University, en Nouvelle-Écosse, le Canada ne peut se permettre de continuer à s’occuper de ses fournisseurs de soins comme il le fait à l’heure actuelle. Dans le cadre de la conférence intitulée Voir grand qui a été présentée sur la Colline du Parlement, Janice Keefe a proposé plusieurs recommandations allant des avantages fiscaux à la stimulation de l’emploi afin d’appuyer les quelque trois millions de Canadiens qui agissent à titre de fournisseurs de soins au Canada. Selon elle, cet appui contribuerait à mettre en place un système de prestation de soins qui serait durable et qui bénéficierait autant à un plus grand nombre de Canadiens qu’à l’économie.

« On s’attend à ce que d’ici 2031, le nombre de fournisseurs de soins nécessaires pour s’occuper des personnes âgées double – 1,3 million de personnes âgées devront alors recevoir des soins formels ou informels, constate la chercheure. Nous devons tenir compte du coût économique et social ainsi que des frais de santé qu’engendre le fait de ne pas appuyer les fournisseurs de soins informels. Nous devons également tenir compte des coûts associés au placement prématuré des personnes âgées dans des établissements de soins de longue durée. »

Janice Keefe a expliqué que les fournisseurs de soins informels – généralement des femmes apparentées aux personnes prises en charge, des amis ou des voisins – n’ont présentement pas accès aux avantages les politiques offront aux fournisseurs de soins enregistrés, de sorte qu’il leur incombe de débourser eux-mêmes des sommes substantielles, ce qui entraîne, pour eux, des pertes de revenus, du stress et un sentiment d’isolement. Les politiques offrant une compensation financière et les services publics comme les services de soins à domicile et de formation pourraient contribuer à répondre à leurs besoins.

« [Traduction] Le fait d’offrir davantage de soutien public aux fournisseurs de soins démontrerait non seulement une plus grande reconnaissance envers les soins qu’ils prodiguent, mais réduirait également les besoins en soins formels, retarderait l’institutionnalisation et diminuerait les pressions financières exercées sur le système des soins à long terme et des soins de santé », écrit Janice Keefe dans Supporting Caregivers and Caregiving in an Aging Canada, un rapport publié récemment par l’Institut de recherche en politiques publiques.

Mme Keefe insiste sur le besoin de créer des outils politiques pour ceux qui dispensent actuellement des soins informels de même que pour la prochaine génération, laquelle devra faire face à un fardeau social et financier encore plus important si elle veut venir en aide à la population vieillissante des baby-boomers. En effet, les baby-boomers ont considérablement moins d’enfants qui, à l’âge adulte, pourront s’occuper d’eux durant leur vieillesse – enfants qui représentent la majorité des responsables de l’élaboration des politiques à l’heure actuelle.

« Étant donné que les baby-boomers arrivent maintenant à l’étape de leur vie où ils requièrent davantage de soins, souligne Janice Keefe, il est temps de voir si les membres de leur famille seront en mesure de les soigner ». Bien que plusieurs d’entre eux n’ont pas actuellement besoin des mêmes soins que ceux dont ils auront besoin dans 10 ou 15 ans, il serait bon d’adopter dès maintenant une approche proactive concernant les politiques en matière de prestation des soins.