Mesures sans précédent prises par le Canada face à la crise des réfugiés syriens

Enseignements tirés de l’une des plus importantes réinstallations de réfugiés au Canada

Photo : REUTERS/Mark Blinch

En 2015, le gouvernement du Canada a pris l’engagement ferme d’accueillir et de réinstaller en un temps record 25 000 réfugiés qui fuyaient la Syrie dévastée par la guerre. Cet engagement, sans précédent de par son ampleur même, nécessitait la coordination des actions menées par les collectivités, les organismes communautaires, les gouvernements et les administrations locales. Les enseignements tirés sont susceptibles d’influencer la manière dont le Canada et d’autres pays aborderont les réinstallations à l’avenir.

Certains de ces enseignements ont été réunis dans l’ouvrage intitulé A National Project: Syrian Refugee Resettlement in Canada, publié sous la direction des chercheures Leah Hamilton (Mount Royal University), Luisa Veronis (Université d’Ottawa) et Margaret Walton-Roberts (Wilfrid Laurier University). Cet ouvrage, paru en août 2020, fait état des conclusions de 12 des 27 projets de recherche financés dans le cadre de l’initiative Arrivée, réinstallation et intégration des réfugiés syriens, un partenariat du CRSH et d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada qui s’est penché sur les expériences des réfugiés syriens et des collectivités qui les ont aidés à s’installer dans leur pays d’accueil.

Expériences personnelles et collectives

L’un des projets décrits dans le livre a trait à une étude que Leah Hamilton a menée avec des collègues sur les besoins immédiats des réfugiés syriens en matière d’information à leur arrivée au Canada.

Habituellement, avant leur arrivée au pays, les réfugiés ont accès à des programmes d’orientation leur décrivant la vie au Canada, et ils savent ainsi à quoi s’attendre en ce qui concerne les conditions météorologiques, les écoles, les services de santé, l’emploi et d’autres aspects importants. En raison de la rapidité avec laquelle le processus s’est déroulé, bon nombre de réfugiés syriens n’ont pas reçu cette orientation. Leah Hamilton et ses collègues ont donc voulu savoir de quelle information ils auraient eu besoin, à quel moment ils en auraient eu besoin et comment ils auraient préféré la recevoir.

De leur côté, Margaret Walton-Roberts, Luisa Veronis et leur équipe se sont penchées sur le système de réinstallation du Canada, examinant le rôle joué par les partenariats locaux en matière d’immigration, à savoir les partenariats avec les organismes communautaires qui appuient les organismes locaux d’aide à l’établissement des immigrants.

Comme il s’agissait de quelque chose de ponctuel, estime Margaret Walton-Roberts, cela a été perçu comme un champ d’expérience normal. Les partenariats locaux en matière d’immigration n’ont pas été conçus pour l’accueil de groupes aussi imposants. L’équipe a voulu savoir comment les collectivités réagiraient aux demandes qui leur étaient faites de concourir à une réinstallation rapide, comment elles utiliseraient et adapteraient les ressources existantes et les répercussions que cela aurait.

Diffusion des enseignements tirés

Ce ne sont là que quelques-uns des projets sur lesquels porte l’ouvrage, qui a été conçu après que les conclusions des projets financés par le CRSH eurent été présentées au Congrès national Metropolis à Montréal en 2017.

Selon Luisa Veronis, les projets ont suscité énormément d’intérêt, et l’équipe a jugé que le fait de réunir et publier bon nombre de leurs conclusions riches d’enseignements marquerait le point culminant de tout le travail effectué.

L’ouvrage porte sur l’expérience des réfugiés, celle des acteurs communautaires et les diverses formes que la réinstallation a prises dans différentes régions du Canada, abordant les services de santé, l’éducation, le rôle des parents et d’autres aspects qui se répercutent directement sur la vie des réfugiés. Il met en évidence des pratiques qui se sont avérées efficaces, dont les visites à domicile et le recours aux médias sociaux pour répondre aux besoins immédiats des réfugiés à leur arrivée. Il fait aussi ressortir les inégalités qui peuvent découler de programmes ciblés – ainsi, les services et appuis généreux qui ont été fournis aux réfugiés syriens n’ont pas été offerts à d’autres réfugiés qui sont arrivés au même moment.

Pour Luisa Veronis, ce livre témoigne de ce qui a motivé les Canadiens et les Canadiennes à faire preuve d’un tel élan de bonne volonté à l’endroit des réfugiés syriens. Comme le Canada va continuer de soutenir la réinstallation des réfugiés, les chercheures espèrent que l’ouvrage pourra inspirer d’autres initiatives à l’avenir – et offrir des éclairages utiles à d’autres pays qui élaborent leurs politiques et leurs pratiques en matière de réinstallation.

Pour en savoir plus sur les travaux de Leah Hamilton, Luisa Veronis et Margaret Walton-Roberts, lire l’article (en anglais) paru dans The Conversation et l’ouvrage collectif A National Project: Syrian Refugee Resettlement in Canada, publié par McGill-Queen’s University Press, et suivre les trois chercheures sur Twitter à @Hamilton_Leah, @LuisaVeronis et @mwaltonroberts.