Les technologies numériques peuvent aider les personnes à mobilité réduite

La chercheure Victoria Fast examine comment les données spatiales peuvent améliorer les déplacements des personnes handicapées

Photo : Victoria Fast

Google Maps est une technologie numérique sur laquelle beaucoup de gens comptent, et ce, tous les jours. Elle peut nous aider à trouver notre chemin dans la ville et ses environs, que ce soit en voiture, à vélo ou à pied. Pour les personnes qui ont un handicap entraînant une mobilité réduite, il n’est pas garanti que les itinéraires fournis soient accessibles, et cela peut causer des problèmes. Pourquoi ne pas ajouter une option pour personnes handicapées afin d’aider les personnes à mobilité réduite à trouver un itinéraire?

« Les solutions numériques (applications) qui aident les gens à se déplacer sont abondantes, mais, le plus souvent, elles ne tiennent pas compte des personnes handicapées.», affirme Victoria Fast, professeure adjointe au Département de géographie de la Faculté des arts de l’University of Calgary.

Elle a essayé de trouver une solution, mais la tâche s’est avérée difficile. « Il est très compliqué de réunir les données nécessaires à la création d’une application fiable qui aiderait les personnes handicapées à se déplacer dans la ville, dit-elle. Il y a différents degré de mobilité réduite, et il faut prendre beaucoup d’éléments en considération. »

Beaucoup de données sont nécessaires pour repérer les itinéraires accessibles

Il n’y a pas de solution qui conviendrait à tous les cas de figure, car il existe une variété d’obstacles auxquels peuvent devoir faire face les personnes à mobilité réduite. Ainsi, certaines personnes n’utilisent que le fauteuil roulant, tandis que d’autres peuvent marcher mais ne peuvent pas emprunter les escaliers.

« Il est facile de tracer un itinéraire pour une voiture; c’est un peu plus compliqué de le faire pour un piéton et c’est très difficile pour une personne à mobilité réduite. Nous avons besoin de données sur les trottoirs, les rampes, les escaliers, les bordures de trottoir abaissées, les portes, ainsi que sur leur état, avant même de penser à mettre au point une plateforme d’itinéraires. Nous avons besoin d’énormément de données pour en assurer la fiabilité », précise-t-elle.

Scientifique spécialisée en données spatiales, Mme Fast conçoit des technologies venant en aide aux personnes à mobilité réduite. Experte des systèmes d’information géographique (SIG) urbains, elle se concentre sur les questions ayant trait aux villes intelligentes, notamment sur l’utilisation des technologies numériques et de l’information spatiale en vue d’améliorer les conditions de vie des citadins.

C’est son père – qui est en fauteuil roulant et qui a parfois de la difficulté à se déplacer dans la ville – qui l’a incitée à choisir ce domaine. « Cela fait des années que mon père me demande de mettre au point une application pour l’aider à se déplacer en fauteuil roulant. J’ai été étonnée de constater qu’il n’existe encore rien en fait d’itinéraires accessibles aux fauteuils roulants », dit-elle.

Environ 14 p. cent des adultes canadiens (soit quatre millions de personnes) vivent avec un handicap qui les restreint dans leurs activités quotidiennes, et ce nombre augmente à mesure que la population vieillit. Outre l’assistance à la navigation, Mme Fast aimerait concevoir un système de notation de l’accessibilité, un peu comme les notes attribuées à certains quartiers selon qu’ils sont plus ou moins propices à la marche. Ce serait idéal si toutes les plateformes de navigation (telles que Google, Bing et Apple Maps) pouvaient disposer d’options d’itinéraires pour les personnes handicapées, mais Mme Fast estime que nous devons d’abord réunir des données fiables et détaillées sur les obstacles et sur les aides à une mobilité accessible dans l’environnement bâti.

Accessibilité des campus

Mme Fast a reçu récemment une subvention du CRSH pour ses travaux. En plus d’étudier les villes intelligentes, elle examine, dans un projet de recherche connexe, l’accessibilité des campus des établissements d’enseignement postsecondaire de Calgary. Selon elle, on ne dispose pas de suffisamment d’information pour aider les futurs étudiants à mobilité réduite à choisir l’établissement où ils étudieront.
« Le magazine Maclean’s va jusqu’à classer les établissements en fonction de l’excellence de leurs fêtes et de ce qu’on y mange, mais ne fournit pas d’information sur l’accessibilité des campus pour aider les étudiants handicapés à décider où ils veulent s’inscrire », dit-elle.

Dans le cadre de ce projet de recherche, Mme Fast espère pouvoir mettre au point des méthodes permettant de cartographier et d’évaluer l’accessibilité de tous les campus du Canada, afin que les étudiants handicapés puissent faire des choix éclairés quant à l’établissement à fréquenter.

Marta Cyperling, Relations extérieures, University of Calgary, a rédigé ce récit, qui a été publié en anglais dans le site Web.