Participation fructueuse des communautés autochtones du Nord à la recherche

Des ponts entre la science et les connaissances des Inuits

Photo : Shelly Elverum / Ocean Wise

Le Nord canadien recèle d’innombrables occasions de recherche des plus valables. Trop souvent, toutefois, les décisions au sujet des priorités et des méthodes de recherche sont prises par des chercheurs qui n’ont aucun lien avec les endroits où doivent être exécutées les recherches. Et les habitants de ces endroits n’ont guère voix au chapitre dans le processus décisionnel – malgré les répercussions considérables que peuvent avoir les décisions sur leur communauté.

Eric Solomon est coresponsable de Ikaarvik: Barriers to Bridges. Dirigée par des jeunes de l’Arctique, cette initiative a pour but d’aider les communautés du Nord à nouer des liens avec des chercheurs du Sud et de donner une voix plus forte aux Inuits dans les études et les décisions qui les touchent.

Appel à une plus grande participation

« Dans la foulée de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones et des travaux de la Commission de vérité et réconciliation, on note un appel vigoureux à une participation plus importante des communautés autochtones à la recherche, affirme M. Solomon. Mais il y a peu d’exemples de ce que peut être une telle participation si elle est bien réalisée. »

Il note que, dans certains endroits, notamment au Nunavut, les chercheurs qui font des demandes de permis et de financement doivent expliquer comment ils comptent intégrer les connaissances traditionnelles des Inuits (Inuit Qaujimajatuqangit) à leurs travaux. Au Nunavut, ces connaissances traditionnelles sont fondées sur le savoir, les valeurs et les coutumes traditionnels des Inuits. Il s’agit autant d’un code de conduite et d’une façon de penser que d’un ensemble de connaissances. Cependant, les formulaires de demande de permis de recherche et de demande de financement sont peu éloquents dans leur explication de cette notion. Les chercheurs d’ailleurs au pays sont donc laissés à eux-mêmes pour interpréter la notion de connaissances traditionnelles des Inuits et trouver des moyens de l’intégrer. Cela mène bien souvent à une interprétation étroite du terme, que l’on comprend comme désignant simplement la connaissance qu’ont les Inuits de la terre où ils habitent.

« Intégrer les connaissances traditionnelles des Inuits à la recherche ne consiste pas uniquement à engager un guide ou un assistant inuit, de dire M. Solomon. C’est une question de gestes, de comportements et d’attitudes de la part des chercheurs, avant, pendant et après la recherche. »

Recommandations pour l’intégration des connaissances traditionnelles des Inuits

Aider les chercheurs à intégrer les connaissances traditionnelles des Inuits à leurs travaux, c’est l’objectif que s’était donné le sommet Ikaarvik qui a eu lieu en novembre 2018. Durant ce sommet, des jeunes de quatre communautés inuites se sont réunis pour discuter de moyens qui permettraient aux chercheurs de jumeler science et connaissances traditionnelles des Inuits afin de créer des occasions de collaboration vraiment signifiantes avec les communautés du Nord. Il en a résulté 38 recommandations qui seront bientôt publiées dans de grandes revues spécialisées dans les questions ayant trait à l’Arctique et en ligne. Les jeunes d’Ikaarvik ont également organisé un atelier à l’intention des étudiants des cycles supérieurs au cours de la réunion scientifique annuelle d’ArcticNet, en décembre 2018.

« Cette séance a été incroyablement bien accueillie, souligne M. Solomon. Quand elle a pris fin et que le moment est venu de quitter la salle, les participants ont voulu poursuivre la discussion. Assises par terre dans le hall d’entrée, 80 personnes ont continué d’échanger pendant 45 minutes. »

Grâce à son rayonnement et à son travail auprès des chercheurs, Ikaarvik démontre que l’intégration des connaissances traditionnelles des Inuits et l’établissement de relations authentiques avec les communautés du Nord permettent d’obtenir de meilleurs résultats, plus complets, ce qui peut être avantageux aussi bien pour les communautés autochtones que pour les autres.

Vous voulez en savoir plus?

On peut consulter le site Web d’Ikaarvik pour en apprendre plus sur ce qui est fait pour rapprocher les chercheurs des communautés du Nord.