Dynamiques migratoires mondiales
À la recherche de moyens de rendre les déplacements des migrants plus sûrs
Même si les migrants ne représentent que 3,5 p. 100 de la population mondiale, leurs déplacements ont des effets durables sur leurs lieux d’origine et de destination. C’est pourquoi les parcours des migrants présentent un intérêt pour l’ensemble de la communauté internationale.
La titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les dynamiques migratoires mondiales, Danièle Bélanger, et les membres de son équipe à l’Université Laval étudient la migration en tant que système complet, qui englobe les pays d’origine, de transit et de destination. Elle espère qu’en comprenant mieux les flux migratoires, les gouvernements seront en mesure de concevoir des politiques qui aideront non seulement les migrants, mais aussi les collectivités où ils se disent désormais chez eux.
« Souvent, les artisans des politiques ne se rendent pas compte des répercussions de leurs politiques sur les personnes qui sont touchées, dit-elle. En tant qu’universitaires, nous devons contribuer à une compréhension plus approfondie de ces réalités. »
De meilleures politiques pour de meilleurs résultats
L’un des projets de Mme Bélanger vise à aider les artisans des politiques canadiennes à élaborer des politiques moins complexes qui permettront aux migrants de mieux comprendre tant le processus à suivre que leurs droits. Les recherches actuelles sur les immigrants portent en grande partie sur la façon dont ceux-ci s’établissent et s’intègrent dans des collectivités au Canada. Toutefois, selon la chercheure, il ne s’agit là que d’un aspect de la question.
Les gens peuvent s’établir à un endroit, mais pas toujours de façon permanente, estime-t-elle. C’est pourquoi son équipe analyse les bases de données sur la fiscalité et sur l’immigration pour mieux comprendre le parcours des migrants au Canada : le moment où ils sont arrivés, leur statut en tant qu’immigrant à leur arrivée, le moment et la façon dont ce statut a changé, ainsi que les raisons pour lesquelles ils se sont ensuite installés ailleurs au Canada.
Examen des relations au niveau local
Madame Bélanger a constaté en outre que les recherches ont tendance à porter uniquement sur les relations des migrants avec l’État et négligent leurs relations au niveau local, avec les employeurs du secteur privé et les fournisseurs de logements. Elle espère combler cette lacune au moyen d’un projet qu’elle mène actuellement en Turquie, où près de quatre millions de réfugiés syriens se sont installés depuis 2011.
Son équipe a interviewé des Turcs ainsi que des réfugiés syriens pour mieux comprendre ce qu’il faut faire afin de favoriser une intégration harmonieuse pour tous les intéressés. À cela s’ajoute l’examen des nombreuses décisions que les réfugiés doivent prendre lorsqu’ils choisissent leur destination. Il s’agit aussi de comprendre les effets que produit sur eux le temps passé dans un pays intermédiaire comme la Turquie.
Bien que le contexte géopolitique et les facteurs économiques soient propres à chaque pays, la chercheure est convaincue que ses recherches seront pertinentes pour tout pays appelé à accueillir un grand nombre d’immigrants, y compris pour le Canada. Enfin, elle espère que ses travaux permettront de répondre aux grandes questions que se posent les Canadiens au sujet de l’immigration – et de déboulonner certains mythes répandus fondés sur la peur et le sensationnalisme.
« Les migrations façonnent le monde depuis des milliers d’années, affirme-t-elle. Cela ne changera pas, de sorte que nous devons apprendre à composer le mieux possible avec cette réalité. »
Vous voulez en savoir plus?
Pour en savoir plus sur les travaux de Mme Bélanger, on peut consulter son site Web, Facebook et Instagram et lire son témoignage au Comité permanent de la citoyenneté et de l’immigration de la Chambre des communes.