Un toit pour les sans-abris

Un projet de recherche financé par le CRSH vient en aide au centre-ville de Winnipeg

La transformation d’un quartier lugubre du centre-ville en un secteur prospère représente un défi pour n’importe quelle collectivité. Mais quand il semble y avoir davantage de problèmes que de solutions, il n’y a guère d’espoir.

Or Jim Silver n’est pas homme à se laisser décourager. Grâce à une subvention de partenariat que le CRSH lui a accordée en 2012, il dirige une équipe de chercheurs qui s’emploie à trouver des solutions adaptées aux problèmes du centre-ville de Winnipeg.

« Depuis plus de 100 ans, Winnipeg, en particulier son centre-ville, est aux prises avec une grave pénurie de logements abordables de qualité acceptable pour les personnes à faible revenu », affirme M. Silver, professeur et directeur du Département d’études urbaines et études sur le centre-ville de l’Université de Winnipeg. « En 2011, la situation ne s’était pas vraiment améliorée. »

De concert avec les habitants et les organismes communautaires du centre-ville, M. Silver s’est appuyé sur des recherches axées sur la collectivité locale pour préconiser l’amélioration des logements sociaux. Cette démarche a entraîné la renaissance d’un ensemble de logements sociaux qui était à moitié vide et dont certains logements avaient été placardés, surnommé la « zone de guerre » par les Winnipégois.

« Le Lord Selkirk Park, le plus grand ensemble de logements sociaux de Winnipeg, a changé de façon spectaculaire. À l’issue d’un processus de développement communautaire soutenu activement par la recherche, le Lord Selkirk Park, où auparavant personne ne voulait vivre, est devenu un endroit où tous les logements sont occupés et où il y a une liste d’attente, explique M. Silver.

« C’est surprenant, car les logements sociaux ont très mauvaise réputation dans toute l’Amérique du Nord, et la plupart des villes en sont venues à les raser pour cette raison. Nous avons adopté une approche différente, et cela a bien fonctionné. »

Les recherches effectuées en étroite collaboration avec la collectivité ont aussi joué un rôle clé pour convaincre le gouvernement du Manitoba d’augmenter le pourcentage de logements destinés aux bénéficiaires de l’aide sociale. « Là encore, ajoute-t-il, nos recherches ont été utilisées par des groupes communautaires, qui ont prôné une augmentation sur une période de quatre ans. »

Les recherches de M. Silver ont été possibles grâce à la subvention de partenariat de 2,5 millions de dollars sur sept ans que le CRSH a attribuée au projet Partnering for Change – Community-based Solutions for Aboriginal and Inner-city Poverty. Le projet comprend quatre composantes, et M. Silver dirige la composante de recherche qui porte sur la remise en état des logements et la redynamisation du quartier.

Il estime que l’itinérance et la pauvreté sont des problèmes propres aux centres-villes qu’il est possible de surmonter. Il suffit de pouvoir compter sur des investissements publics soutenus et de miser sur le développement communautaire.

Les résultats sont concluants. Le rapport intitulé State of the Inner City Report 2015 montre que, même si la pauvreté est toujours présente au centre-ville de Winnipeg, il y a baisse du taux de chômage et de l’incidence de la pauvreté, le niveau de scolarité augmente, et les revenus sont eux aussi à la hausse. Les revenus sont toujours beaucoup moins élevés dans le centre-ville qu’ailleurs à Winnipeg, affirment les auteurs du rapport, mais ils y augmentent plus rapidement – en fait, deux fois et demie plus vite.