Violence en contexte de relation intime et soutien virtuel
Le projet
Le projet de synthèse des connaissances avait pour but de donner suite à la nécessité croissante de mieux comprendre comment les fournisseurs de services apportent un soutien aux survivantes et survivants de violence en contexte de relation intime au moyen d’interventions virtuelles. La violence en contexte de relation intime, qui englobe le contrôle coercitif, la violence physique, psychologique et affective et (ou) toute agression sexuelle de la part d’une ou d’un partenaire intime ou autre, actuel ou non, est un problème de société prévalent partout dans le monde, qui a été aggravé par la pandémie de COVID-19. Pour les fournisseurs de services, cela s’est traduit par une hausse de la demande et la recherche simultanée de manières de mettre la technologie à profit pour se connecter virtuellement avec les survivantes et survivants de la violence et les soutenir. Face à ces défis, les fournisseurs de services ont réagi rapidement en élaborant de nouvelles façons de faire et de nouveaux protocoles de services virtuels visant à assurer la sécurité du personnel et des utilisatrices et utilisateurs. Toutefois, si les interventions virtuelles auprès de cette clientèle peuvent apporter certaines formes de soutien nécessaires, elles soulèvent des inquiétudes en ce qui concerne la sécurité, le coût et l’accessibilité, les survivantes et survivants risquant d’être surveillés encore plus étroitement par leur partenaire violent. C’est pourquoi il est essentiel que les fournisseurs de services soient au fait des bonnes pratiques de prestation virtuelle de services.
Le projet a examiné les recherches empiriques ayant porté sur des interventions virtuelles de soutien auprès de survivantes et survivants de violence en contexte de relation intime. Il avait pour objectifs de faire connaître aux fournisseurs de services les interventions fondées sur des données probantes menées à l’heure actuelle, d’influencer l’élaboration de politiques dans ce domaine et de mener à d’autres recherches sur les interventions virtuelles auprès de cette clientèle.
Un examen des écrits a permis de repérer des études empiriques ayant fait l’objet d’un examen par des pairs (n = 25) et portant sur des interventions virtuelles menées auprès de survivantes et survivants de violence en contexte de relation intime. L’examen donne un aperçu des données probantes dont on dispose actuellement sur le recours à des interventions virtuelles pour soutenir les survivantes et survivants tout en cernant les lacunes et les éléments devant faire l’objet de futures recherches.
Les principales constatations
Les constatations ci-dessous peuvent être utiles aux fournisseurs de services, aux responsables des politiques et aux chercheures et chercheurs qui examinent les bonnes pratiques de soutien à adopter.
- La technologie a permis la création d’interventions virtuelles ayant pour but de soutenir les femmes qui vivent de la violence en contexte de relation intime, mais les obstacles qui empêchent d’avoir accès à ces interventions (il faut, entre autres, avoir accès à un appareil personnel, disposer d’une connexion Internet fiable et avoir de l’aisance avec les technologies) demeurent préoccupants.
- Il existe plusieurs interventions virtuelles différentes ayant un fondement empirique, dont les applications pour téléphone intelligent interactives sur Internet, les vidéoconférences en direct et les plateformes de clavardage virtuel asynchrone.
- Les interventions virtuelles peuvent représenter une solution utile car elles peuvent être intégrées dans les modèles de prestation de services en personne.
- Des études pertinentes ont été publiées dans différentes revues spécialisées destinées aux professionnelles et professionnels de la relation d’aide, ce qui dénote une certaine sensibilisation à la possibilité d’utiliser la technologie pour offrir des services aux survivantes et survivants de violence en contexte de relation intime dans un vaste éventail de disciplines.
- Plus de la moitié des interventions étaient axées principalement sur la sécurité, suivies, pour ce qui est de la fréquence, des interventions axées sur les modalités de traitement des survivantes et survivants (parmi lesquelles l’entrevue de motivation et les techniques de psychoéducation et de counseling psychologique); seules quelques interventions de soutien portaient surtout sur la prévention et l’éducation.
- D’autres recherches sont nécessaires, en particulier sur le caractère adéquat des interventions virtuelles étant donné la diversité des identités et des besoins de l’ensemble des survivantes et survivants, notamment de celles et ceux qui se déclarent handicapés, racisés ou d’origine autochtone ou qui vivent dans l’insécurité financière ou en milieu rural.
- Des lacunes bien précises ont été observées dans la recherche sur les interventions virtuelles auprès de survivantes et survivants LGBTQ2S+, entre autres, la nécessité de comprendre les expériences des personnes non binaires, bispirituelles, trans et de diverses identités de genre.
- Il faut mener d’autres recherches dans un contexte canadien pour mieux comprendre les besoins de différents groupes de survivantes et survivants afin de mettre en place des interventions virtuelles convenant à ces groupes.
Ce que cela suppose pour les politiques
- Étant donné qu’il est de plus en plus nécessaire d’offrir des interventions virtuelles de soutien aux survivantes et survivants de violence en contexte de relation intime, une prochaine étape importante consiste en l’élaboration de politiques visant à assurer un accès équitable à la technologie et à Internet.
- Il faut accorder du financement aux organismes de services sociaux qui fournissent des services aux survivantes et survivants pour qu’ils puissent offrir à ces personnes des moyens d’avoir accès à la technologie (accès à des téléphones intelligents et des détecteurs de réseau, travail avec des concepteurs de site Web pour assurer la sécurité et la protection de la vie privée, par exemple).
- En milieu rural et éloigné, des investissements gouvernementaux dans les infrastructures sont nécessaires pour accroître la disponibilité d’Internet et la sécurité des survivantes et survivants.
- Afin d’offrir une meilleure accessibilité aux personnes qui vivent de l’insécurité financière, une fondation pourrait être créée pour venir en aide aux survivantes et survivants de violence en contexte de relation intime qui ont besoin d’un appareil personnel et (ou) d’avoir accès à Internet.
Complément d’information
Rapport intégral (en anglais)
Coordonnées des chercheurs
Stephanie L. Baird, professeure adjointe, King’s University College, Western University sbaird7@uwo.ca
Sarah Tarshis, chercheure postdoctorale, Carleton University sarah.tarshis@carleton.ca
Les opinions exprimées dans cette fiche sont celles des auteurs et ne sont pas nécessairement celles du CRSH, du Centre des compétences futures ni du gouvernement du Canada.
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