Crise climatique et crise du logement : répercussions des changements climatiques sur les personnes en situation d’itinérance et les personnes mal logées
Le projet
Si les changements climatiques ont de plus en plus de répercussions profondes sur la santé et le bien-être de l’ensemble de la population, force est de constater que leurs impacts touchent tout particulièrement les personnes et collectivités marginalisées, en particulier les millions de personnes mal logées ou en situation d’itinérance dans le monde.
De nouvelles données probantes montrent que les changements climatiques limitent l’accès au logement et perturbent les conditions de vie des personnes démunies, provoquent des vagues de migrants climatiques qui se retrouvent sans toit et entraînent souffrance et détérioration de l’état de santé chez les personnes les plus exposées aux phénomènes météorologiques extrêmes. Il n’existait toutefois pas, au début du projet, de synthèse des connaissances en la matière.
Tirant parti de revues de la littérature systématiques et des travaux de groupes de réflexion, ce projet visait deux objectifs : 1) améliorer la planification des politiques, systèmes et services destinés aux populations sans abri par suite de phénomènes météorologiques extrêmes et de changements climatiques et 2) susciter l’intensification des activités de recherche dans ce domaine par la synthèse des travaux existants et la détermination des lacunes dans les connaissances.
Les principales constatations
- D’abord et avant tout, il semble clair que les changements climatiques et les phénomènes météorologiques extrêmes qui s’y rattachent posent des risques importants et immédiats pour les populations sans abri. De plus, par la perte de logement, la migration et la pauvreté, auxquelles s’ajoutent parfois d’autres facteurs de stress (les conflits p. ex.), les changements climatiques contribueraient à la prévalence de l’itinérance.
- Ces problèmes s’aggravent probablement à mesure que l’urgence climatique prend de l’ampleur et sont particulièrement aigus en contexte de faible revenu. Ces tendances et impacts semblent se complexifier à la fois pour ce qui est du nombre d’enjeux transversaux et de la diversité des sous-populations, zones géographiques et risques climatiques en cause. Le manque de données et d’analyses fiables sur ces risques et leur matérialisation empêche la prévention ainsi que la planification d’interventions de crise, l’élaboration de politiques et la modélisation des risques.
- Il existe un consensus : il faudra, pour être efficace, des mesures d’intervention concentrées sur des ripostes systémiques aux logements inadéquats et à l’absence d’abris. Il s’agirait, de loin, de l’approche qui aurait le plus d’impact et le meilleur effet de levier. Dans la plupart des contextes, un tel travail de prévention devra être fait parallèlement à des interventions de crise, étant donné le nombre important et croissant de migrants climatiques qui, se retrouvant sans toit, sont exposés aux éléments.
- Pour que les mesures d’intervention soient inclusives et équitables, il faudra sensibiliser et mobiliser les sociétés qui n’intègrent pas les personnes en situation d’itinérance dans leur plan de mesures d’urgence en cas de catastrophe et leurs autres efforts d’atténuation des risques (les infrastructures urbaines vertes p. ex.). La planification et la mise en application devraient se faire en étroite collaboration avec les fournisseurs de services directs et les personnes ayant une expérience vécue pour donner lieu à des moyens de communication et d’intervention efficaces auprès des populations marginalisées.
Ce que cela suppose pour les politiques
Des constatations de ce projet découlent les recommandations suivantes, destinées aux responsables des politiques :
- dans le cadre de l’élaboration des initiatives d’atténuation des risques climatiques et de la planification des mesures d’intervention à la suite de phénomènes météorologiques extrêmes, exiger explicitement la prise en compte des besoins des populations en situation d’itinérance et des populations mal logées;
- favoriser la production de meilleures données sur le lien entre climat et itinérance (notamment de données pour la prévision et la modélisation des risques et de données quantitatives et qualitatives pour orienter des mesures pertinentes et durables à l’échelle locale) et fournir les ressources nécessaires à cette fin;
- encourager les efforts visant à prévenir l’itinérance et à y mettre fin en reconnaissant le rôle fondamental qu’ils jouent pour atténuer les répercussions des changements climatiques sur les populations;
- dans l’élaboration de stratégies d’aide pour les pays à faible revenu et les pays à revenu intermédiaire, où les effets des changements climatiques se font davantage ressentir, ajouter le logement aux exigences relatives aux propositions et aux indicateurs de reddition de comptes.
Complément d’information
Rapport intégral (en anglais)
Coordonnées des chercheurs
Sean A. Kidd, professeur agrégé, Département de psychiatrie, University of Toronto et chercheur principal, Centre de toxicomanie et de santé mentale sean.kidd@camh.ca
Les opinions exprimées dans cette fiche sont celles des auteurs; elles ne sont pas celles du CRSH, du CRSNG, des IRSC, ni du gouvernement du Canada.
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