Penser et exécuter une transition juste vers une société sans carbone au Canada

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Le projet

Les processus de transition juste sont d’une importance particulièrement capitale dans les pays tels que le Canada, où le secteur des combustibles fossiles occupe une grande partie de l’économie. Le présent rapport de synthèse des connaissances examine la littérature sur les transitions justes dans le but de contribuer à la définition et à la mise en place transdisciplinaire et intersectorielle d’une société sans carbone juste au Canada. Nous avons abordé le sujet dans son ensemble pour tenir compte de la complexité et de l’ampleur des changements structurels nécessaires aux transitions justes.

Vu la croissance récente de la littérature à ce sujet, nous avons entrepris un processus d’examen ouvert, itératif et à plusieurs niveaux pour cerner les tendances et les thèmes principaux. Afin d’amorcer des échanges plus ouverts, réciproques et respectueux entre le milieu de la recherche occidental et les systèmes de savoirs autochtones, nous avons sollicité la participation d’un collaborateur autochtone dans la conception et l’exécution du projet et consulté des aînées et aînés concernant nos questions et nos angles morts coloniaux.

Les principales constatations

  • Du point de vue théorique, beaucoup d’attention a été portée à l’établissement de liens conceptuels entre les transitions justes et les idées avancées dans la documentation sur l’environnement, le climat et la justice énergétique. Cependant, cette attention semble accordée de manière inégale : elle devrait être davantage dirigée vers les questions de justice relatives à la reconnaissance des perspectives antiracistes, autochtones, de décolonisation et d’émancipation, ainsi que vers les questions de justice entre les espèces.
  • Du point de vue empirique, la documentation ne semble pas traiter de façon uniforme les divers secteurs et régions géographiques. Il est important d’étendre les recherches à ce sujet pour mieux comprendre et analyser la nature des transitions justes, qui dépend du contexte, et les nuances locales et régionales touchant leurs processus. Les études sectorielles devraient aller au-delà du secteur de l’énergie, tenir compte des conséquences qu’auront les efforts de décarbonation sur les autres secteurs, comme l’exploitation minière, et traiter plus explicitement des externalités et des chaînes d’approvisionnement.
  • Les résultats du présent rapport soulignent l’importance de faire participer divers acteurs dans les processus de transition juste. Nous mettons particulièrement en lumière le rôle que peuvent jouer les syndicats et les communautés dans l’élaboration d’initiatives de décarbonation, de plans de diversification des secteurs et de politiques de transition juste que pourront accepter et appuyer les personnes qui dépendaient auparavant de l’extraction des combustibles fossiles pour leur emploi et les recettes fiscales qu’elle produit.
  • Nous avons dégagé cinq grands types d’interventions politiques pour les transitions justes : objectifs et changements ciblés dans les secteurs; embauche et aide pour les travailleuses et travailleurs et le remplacement des secteurs; élimination progressive des combustibles fossiles; transformation globale ou systémique; et politiques du Green New Deal (nouveau pacte vert). Nous constatons que les approches stratégiques pour les transitions justes ont tendance à être descendantes et conçues à l’échelle nationale ou régionale (pour la plupart), et qu’il est nécessaire d’adopter une approche globale ou systémique qui incorporera des approches ascendantes et pansystémiques tenant compte des optiques de lutte contre le racisme, de protection de l’environnement, de décolonisation, de réconciliation et d’égalité des genres.

Ce que cela suppose pour les politiques

Au Canada, il y a un manque d’uniformité entre les plans de transition juste des différentes provinces et différents territoires. Ces plans continueront de changer au gré des élections et des transferts de pouvoir. Ainsi, comme les transitions justes sont des processus à long terme, tout plan doit être à l’abri des changements dans les priorités gouvernementales

Vu l’ampleur et l’importance du problème, il nous faut un dialogue plus général, à l’échelle nationale pour définir des orientations clés et des priorités pour les transitions justes. Il est crucial de faire participer pleinement les Autochtones du début à la fin de tout processus et d’intégrer des objectifs de réconciliation à ceux de transition juste.

  • Il faudrait créer un bureau ou un accord institutionnel permanent à l’échelle fédérale (p. ex. : mandats de députées ou députés), possiblement au Secrétariat des affaires intergouvernementales, et lui donner le pouvoir de coordonner une coopération efficace entre les gouvernements et de financer des initiatives locales.
  • Un réel soutien doit être offert aux communautés pour qu’elles établissent des voies de transition juste adaptées à leur contexte, efficaces et fondées sur les données, afin de répondre aux besoins ou aux demandes du travail fédéral en la matière.
  • Les optiques culturelles, antiracistes, d’égalité des genres, de décolonisation et de réconciliation doivent être intégrées à l’élaboration de toute voie de transition juste, y compris aux étapes de financement, de conception et de mise en œuvre.
  • Il faut tenir compte des externalités économiques, sociales et environnementales dans les discussions stratégiques, de même que des chaînes d’approvisionnement pour toute nouvelle technologie ou source d’énergie.

Complément d’information

Rapport intégral (en anglais)

Coordonnées des chercheurs

Nino Antadze, professeur adjoint en études environnementales, University of Prince Edward Island  nantadze@upei.ca

Katharine McGowan, professeure agrégée en innovation sociale, Bissett School of Business, Mount Royal University  kmcgowan@mtroyal.ca

Les opinions exprimées dans cette fiche sont celles des auteurs; elles ne sont pas celles du CRSH, du CRSNG, des IRSC, ni du gouvernement du Canada.

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