Lauréat du prix Partenariat 2020 (à titre posthume)
John Loxley
Professeur et membre de la Société royale du Canada
Département de sciences économiques
Université du Manitoba
Pour ceux qui le connaissent, le surnom d’« économiste pro-pauvres du Canada » est tout indiqué pour décrire John Loxley. L’un des douze enfants d’une famille ouvrière de Sheffield, en Angleterre, il a vu de ses propres yeux la différence que peuvent faire l’accès à l’éducation, un logement adéquat et l’aide alimentaire pour une famille à faible revenu. Grâce à des bourses d’études, il a pu aller à l’université et obtenir un doctorat en économie de l’University of Leeds en 1966, ce qui fut un tremplin vers une vie entière consacrée à édifier un monde plus équitable.
Au cours de sa carrière de plus de 50 ans, John Loxley met sa bienveillance et son empathie naturelles au service du bien commun. Son expertise en finances internationales, en développement international et en développement économique communautaire l’amène à agir comme conseiller économique auprès de différents gouvernements en Afrique, dont le nouveau gouvernement de Nelson Mandela en Afrique du Sud.
Lorsqu’il est recruté par le gouvernement du Manitoba en 1975, il fait appel à ses connaissances et à ses compétences d’universitaire, d’organisateur et de militant pour défendre les intérêts des personnes marginalisées par le système économique canadien. Ce travail l’amène à collaborer avec des chefs et d’autres membres de communautés autochtones, des liens qui ont nourri sa passion pour la justice sociale. En 1977, il devient professeur au Département des sciences économiques de l’Université du Manitoba, où son approche de recherche communautaire participative – privilégiant la collaboration avec les collectivités pour se pencher sur leurs problèmes et leurs préoccupations – devient l’essence même de son leadership exceptionnel et de son excellence universitaire.
Au cœur de sa vocation de militant et d’économiste se trouve l’autonomisation des personnes et des communautés marginalisées dans le but de développer leur potentiel économique.
Lors de son décès soudain en juillet 2020 à l’âge de 77 ans, peu de gens sont aussi profondément endeuillés que ses partenaires dans le dernier projet de recherche qu’il a piloté. Financé par une subvention de partenariat du CRSH, ce projet de la Manitoba Research Alliance (MRA), intitulé Community-Driven Solutions to Poverty: Challenges and Possibilities, porte sur les défis et possibilités que posent les solutions de rechange à la pauvreté qui émanent des collectivités.
Selon Shauna MacKinnon, professeure agrégée au département des études sur les milieux urbains et défavorisés de l’Université de Winnipeg, John Loxley croyait fermement en l’importance de la recherche interdisciplinaire et en la richesse des connaissances expérientielles. Il a dirigé pendant 20 ans la MRA, un consortium de recherche communautaire composé d’universitaires, de partenaires communautaires et de représentants des gouvernements. Après son décès, Shauna MacKinnon a été nommée chercheure principale du projet.
Elle ajoute que John Loxley a laissé un solide héritage de recherche concertée utile, de mobilisation efficace des connaissances et d’influence sur les politiques. Les universitaires et les militants communautaires de la MRA lui rendent maintenant hommage par leur engagement constant envers la recherche qui expose les injustices sociales et économiques, qui propose des solutions et qui intègre la collaboration avec la collectivité afin de préconiser des changements aux politiques publiques.
Pour John Loxley, les partenariats étaient un moyen puissant de lutter contre la racisation de la pauvreté et de réduire les inégalités. Il a créé des ponts avec tous ceux et celles qu’il a mis à contribution, dans un large éventail de secteurs, notamment les personnes directement touchées par ces questions, dans le but d’amener des changements concrets.
Il s’est servi de son intelligence remarquable, de ses réseaux et de sa capacité inouïe à rapprocher les gens pour remédier aux injustices et aux inégalités économiques dans notre société et nos collectivités. Il avait une vision transformatrice : il cherchait à créer un système qui donne aux plus vulnérables une voix, des possibilités et des appuis, que ce soit par le mouvement antiapartheid ou la Société de soutien à l’enfance et à la famille des Premières Nations.
De l’avis d’Aurelie Mogan, sa conjointe pendant 38 ans, le prix Partenariat est tout indiqué pour souligner l’œuvre de John Loxley : lui-même dirait que la plus grande partie de son legs est le fruit d’un travail d’équipe et que tous ses partenaires méritent ce prix et ce qu’il représente.
Ce professeur adulé manque à tous ses étudiants, qui se sont recueillis en ligne à la suite de son décès. Leur hommage était à la fois une manifestation de peine et une célébration de son influence positive dans leur vie. Au fil de ses 40 années de carrière à l’Université du Manitoba, il a su discrètement apporter, de moult façons, un soutien et un mentorat qui allaient au-delà de ses fonctions de professeur. Pour souligner l’impact considérable qu’il a eu sur eux, ses étudiants et ses collègues ont organisé pour son 60e anniversaire une conférence internationale en son nom et produit un recueil de textes.
L’héritage de John Loxley se fait sentir dans les collectivités où il a touché la vie de tant de personnes. Le Cabinet du gouvernement du Manitoba et des conseils d’administration, tant dans le secteur public que dans celui des organismes sans but lucratif, ont profité de ses connaissances et de son expérience. Il était généreux de son temps et de ses conseils avec des groupes de travailleurs et de bénévoles, sans compter l’aide et le soutien qu’il offrait aux étudiants étrangers qu’il prenait sous son aile.
Le nom de John Loxley sera associé à des organismes reconnus à l’échelle nationale, comme la Société royale du Canada et le Centre canadien de politiques alternatives, ainsi qu’à de nombreux prix, tels que le prix John-Kenneth-Galbraith en économie, le prix d’excellence de l’Association canadienne des professeures et professeurs d’université (maintenant le prix Lee-Lorch) et le prix Partenariat (l’un des prix Impacts du CRSH). Son héritage le plus durable? Les recherches que poursuivent actuellement des équipes formées d’universitaires et de membres des collectivités pour mener à bien ses importants travaux.
Au sujet des prix Impacts
Décernés chaque année, les prix Impacts visent à souligner les meilleures réalisations ayant émané d’activités de recherche et de mobilisation des connaissances que le CRSH a financées, ainsi que les meilleures réalisations ayant découlé de l’attribution d’une bourse du CRSH.
Le prix Partenariat souligne la contribution exceptionnelle d’un partenariat financé par le CRSH à la recherche, à la formation en recherche, à la mobilisation des connaissances ou à l’élaboration d’une nouvelle approche de partenariat en matière de recherche ou d’activités connexes.
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