Entrevue avec Kate Galloway
L’écomusicologie est un sous-domaine émergent de la musicologie et de l’ethnomusicologie qui a pour objet l’étude des liens entre la musique, la nature, la culture et la société.
Mon projet de recherche actuel porte sur la musique canadienne contemporaine et la façon dont elle rend compte des représentations et des enjeux liés à l’environnement ainsi que des considérations de justice sociale qui y sont aussi liées. J’y pose des questions qui concernent à la fois l’étude et la pratique de la musique en correspondance avec certains grands thèmes sociaux et culturels présents ou passés.
Mon projet propose une perspective canadienne de la tendance internationale en sciences humaines environnementales et en études des arts d’interprétation axés sur l’environnement.
Il existe de nombreux travaux sur les musiques américaine et européenne ainsi que sur les pratiques internationales qui ont cours, mais souvent la perspective canadienne n’est pas prise en considération.
Grâce au projet World Soundscape, de Murray Schafer, de la Simon Fraser University, à Burnaby, en Colombie-Britannique, une grande partie des travaux portant sur le paysage sonore et l’écologie acoustique a été mise en œuvre dans les années 1960.
Du côté de la musique populaire, il y a plusieurs artistes qui tentent de jumeler leurs intérêts pour l’environnementalisme et leurs initiatives de justice sociale à leurs compositions et à leurs prestations musicales. Par exemple, Sarah Harmer est très active dans le domaine de la justice sociale liée à l’environnement, un thème que l’on retrouve dans ses albums ainsi que dans ses compositions et ses prestations musicales.
Il existe aussi des compositeurs qui se servent de lieux canadiens spécifiques et d’environnements naturels et urbains comme espaces de représentation pour y attirer un auditoire afin de le rendre plus sensible à de tels lieux. Ou encore des compositeurs qui utilisent des enregistrements de sons particuliers puisés dans l’environnement dans le but de sensibiliser leur auditoire à ces « bruits » environnants. On retrouve donc, dans l’expression artistique canadienne, de nombreuses approches acoustiques et texturales différentes, et c’est ce qui rend ce projet aussi intéressant à mes yeux.
J’espère que mon projet de recherche postdoctorale aidera les étudiants, mes collègues chercheurs et le grand public à être plus attentifs au lien qui existe entre la musique et les lieux, mais plus précisément entre la musique et certains environnements spécifiques, que cette musique représente des environnements à l’aide de sons qui en sont tirés ou qu’elle soit interprétée dans des sites particuliers de manière à sensibiliser l’auditoire à ces lieux et aux divers aspects multisensoriels que les sons entendus dans ces lieux présentent.
Grâce à ce prix du CRSH, je pourrai plus activement prendre part au dialogue en cours sur la scène internationale. Il me permettra de montrer comment la musique et les messages basés sur une performance peuvent servir de véhicules à l’environnementalisme ainsi qu’aux relations et aux représentations environnementales naturelles et urbaines au profit de nouveaux auditoires.
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