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Mingjun Lu

Bourse William-E.-Taylor du CRSH

Selon Mingjun Lu, aucun souvenir ne disparaît totalement. En effet, il semblerait que les souvenirs ne s’effacent jamais et qu’ils sont tout probablement enfouis dans les replis de la mémoire, où ils disparaissent pendant un temps. Toutefois, ils peuvent refaire surface et éveiller ce qui était caché pour un moment.

Mme Lu est la récipiendaire de la Bourse William-E.-Taylor de 2006, qui est accordée chaque année par le CRSH au meilleur candidat à la bourse de doctorat.

Ce prix marque le tout dernier épisode d’une histoire d’amour que Mme Lu vit depuis toujours avec la littérature. Portée par sa passion pour la langue écrite, cette chercheure d’origine chinoise, qui enseignait l’anglais dans une école secondaire rurale, est devenue l’étoile montante du Département d’anglais de l’University of Toronto.

Lorsqu’elle parle des replis de la mémoire, elle fait référence à une théorie proposée initialement par le philosophe Gottfried Leibniz au 17e siècle. Pour Leibniz, les replis de la mémoire représentaient le fondement même de sa métaphysique et la base de sa pensée éthique. Pour Mme Lu, ils sont le point de départ d’une thèse qui l’amènera à fouiller l’histoire, à explorer différents continents et à franchir les frontières culturelles et disciplinaires.

Elle explique que les derniers travaux de Leibniz, en particulier sa conception du repli de la mémoire, ont été largement influencés par la philosophie chinoise. Au 17e siècle, les missionnaires jésuites commençaient tout juste à faire connaître à l’Europe la culture ancestrale chinoise et ses systèmes de pensée complexes. Selon la chercheure, le repli de la mémoire avancé par Leibniz est un condensé des idées inspirées d’Aristote, de Platon et d’Augustin mais aussi de Lao-Tseu et de Zhu Xi.

Dans le cadre de sa thèse, Mme Lu retracera l’évolution de cette théorie au fil du temps grâce aux travaux de Nietzsche, de Heidegger et du postmoderniste Gilles Deleuze. À travers d’autres yeux, elle en étayera les principes à l’aide d’œuvres de grands auteurs comme Shakespeare, Donne, Milton et Spenser.

Son travail illustrera l’effet durable d’un premier échange très important entre les idéologies chinoise et occidentale. Il fera également découvrir la Chine du 17e siècle, qui, contrairement aux croyances populaires, faisait beaucoup plus qu’emprunter simplement les idées européennes.

Grâce à ses recherches, Mme Lu fera renaître au bout du compte des souvenirs culturels qui, même s’ils sont restés dans l’ombre, ont façonné des siècles d’histoire. Ce faisant, elle découvrira également que l’Est et l’Ouest sont unis par des liens beaucoup plus étroits qu’on aurait pu l’imaginer.