Les sciences humaines à l’avant-garde : mener une recherche interdisciplinaire à haut risque et à haut rendement


Fonds Nouvelles frontières en recherche | Date de publication :

Les chercheures et chercheurs en sciences humaines contribuent de façon importante aux projets de recherche interdisciplinaire. Au Congrès des sciences humaines 2022, quatre chercheures et chercheurs en sciences humaines ont parlé de leur expérience à la tête de projets interdisciplinaires financés par le volet Exploration du fonds Nouvelles frontières en recherche, et de l’apport des approches de recherche en sciences humaines à leurs projets. Voici des résumés de leurs projets et des extraits des commentaires qu’elles et ils ont formulés pendant la table ronde.

Développement sûr et durable de l’espace

Les satellites sont déjà menacés par leur propre nombre croissant et par l’accumulation des débris, causés par les collisions en orbite. Il n’existe aucune règle internationale régissant l’accès à l’orbite terrestre basse. Ce projet de recherche aborde la crise des débris spatiaux, les risques associés à l’exploitation minière de l’espace (notamment la réorientation accidentelle d’un astéroïde sur une trajectoire susceptible de toucher la Terre) et les moyens d’éviter une course aux armements dans l’espace. Le projet permettra d’élaborer des lignes directrices claires et de fournir aux décisionnaires des données et des recommandations à court terme.

« Au cours des six dernières années, SpaceX et des centaines d’autres entreprises ont fait de l’espace un domaine extrêmement dynamique et en évolution rapide... Ce [projet] a été l’occasion d’être à la pointe du progrès et de transformer certains de mes travaux antérieurs sur les zones situées au-delà de la compétence nationale, comme les océans, pour les appliquer à l’espace extra-atmosphérique.... [Il] est devenu la collaboration la plus précieuse de ma carrière universitaire. »

Michael Byers, chercheur principal désigné, University of British Columbia

Dévastation écologique dans les zones d’extraction : résistance, récupération et régénération

Cette équipe de recherche travaille sur le codage des pratiques de récupération dans les mines géantes du Canada et de l’Équateur dans un effort urgent pour remédier aux dommages causés par le capitalisme extractif et les investissements d’exploitation. Elle étudie la dévastation écologique de ces sites et la manière dont les femmes et les enfants qui s’identifient comme NAPC (Noires et Noirs, Autochtones et personnes de couleur) mettent en place des relations non conventionnelles avec la terre pour régénérer les « paysages dynamités ».

« Nous tentons de codévelopper des méthodes de recherche interdisciplinaires au service des femmes et des enfants autochtones et d’autres groupes racisés, dans le cadre d’un engagement en faveur du changement social et politique. Nous voulons collaborer avec ces femmes et ces enfants pour qu’elles et ils s’engagent dans des pratiques régénératrices dans des paysages dynamités... Le travail interdisciplinaire nous pousse à franchir ces ponts et à vraiment redéfinir notre travail, mais aussi à intensifier notre engagement... afin que nous puissions imaginer d’autres avenirs. »

Cristina Delgado Vintimilla, chercheure principale désignée, Université York

« Le domaine de recherche de Cristina et le mien est l’éducation. Nous réfléchissons à l’éducation sur une planète dévastée et à la manière dont nous pourrions éduquer à la création de mondes plus vivables pour les prochaines générations. »

Veronica Pacini-Ketchabaw, cochercheure principale, Western University

Approches autochtones du canon littéraire et visuel occidental

Les appels à l’action lancés en 2015 par la Commission de vérité et réconciliation du Canada, ainsi que les discours universitaire et public qui s’en sont suivis, ont fait prendre conscience aux spécialistes de la colonisation de l’importance d’agir en fonction des recommandations de la Commission. Cette équipe de recherche explore les approches autochtones des canons littéraires et visuels occidentaux et pose de nouvelles questions pour aider à faire de la place aux autrices et auteurs, et artistes autochtones dans le canon.

« Le volume à paraître Bridging Indigenous and Hispanic Studies (Amherst College Press) aborde les défis et les avantages liés à l’étude et à l’engagement de l’indigénéité de manière comparative, entre les langues, et entre le Nord et le Sud, malgré la colonialité qui sous-tend les fondements des disciplines et les différences coloniales. Les contributions de pointe de ce volume, coédité par Gloria Chacón, Lauren Beck et Juan Sánchez Martínez, soulignent les travaux récents et les approches qui influencent la recherche et l’enseignement dans les deux disciplines. Le volume reconnaît que les départements d’espagnol et de portugais ou les études hispaniques existent historiquement dans les universités américaines et canadiennes établies de manière eurocentrique et qu’ils n'ont jamais été conçus pour inclure les perspectives autochtones. »

Juan Sánchez Martinez, cocandidat, University of North Carolina Asheville

Les chercheures et chercheurs en sciences humaines sont encouragés à soumettre leur idée de projet interdisciplinaire au concours du volet Exploration du fonds Nouvelles frontières en recherche. Ce volet vise à inspirer des projets qui rapprochent diverses disciplines en allant au-delà des approches disciplinaires classiques ou des approches interdisciplinaires courantes. Les équipes de recherche doivent avoir la capacité d’explorer de nouvelles avenues, qui pourraient déboucher sur un échec mais qui ont le potentiel d’avoir un impact important.

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