Comment les scientifiques et les personnes ayant une expérience concrète collaborent dans la lutte contre les maladies du cerveau


Fonds Nouvelles frontières en recherche | Date de publication :

La chercheure Carol Schuurmans dans son laboratoire
La chercheure Carol Schuurmans dans son laboratoire
Photo : Centre des sciences de la santé Sunnybrook

Une Canadienne ou un Canadien sur dix est touché par des troubles neurologiques (site Web en anglais) et ce nombre devrait augmenter avec le vieillissement de la population. Dans une course contre la montre, une équipe de recherche met au point une approche filière pour traiter les maladies du cerveau, en passant de l’expérience concrète au laboratoire, puis à la clinique, et vice-versa.

Scientifique chevronnée et titulaire de la chaire de la famille Dixon en recherche en ophtalmologie à l’Institut de recherche Sunnybrook, et professeure de biochimie à l’University of Toronto, Carol Schuurmans (biographie en anglais) est la chercheure principale désignée pour ce projet de recherche révolutionnaire.

Ce projet est l’un des six projets pluriannuels à grande échelle récemment sélectionnés pour recevoir jusqu’à 24 millions de dollars de financement dans le cadre du volet Transformation du fonds Nouvelles frontières en recherche (FNFR) du gouvernement du Canada. Le FNFR soutient des projets de transformation qui rassemblent des chercheures et chercheurs issus d’un large éventail d’établissements et dotés d’expertises variées.

Les personnes ayant une expérience concrète sont des spécialistes des défis qu’elles doivent relever, mais aussi des possibilités qui s’offrent à elles.

L’équipe de recherche interdisciplinaire, composée de 24 membres, comprend des scientifiques de partout au Canada, ainsi que du Portugal, de l’Allemagne et de l’Espagne. L’équipe vise à mettre au point de nouvelles thérapies géniques pour transformer des cellules gliales communes en neurones sains, à déterminer la meilleure façon d’administrer ces thérapies géniques dans le cerveau, puis à mettre à l’essai l’efficacité de l’approche pour la maladie d’Alzheimer, les accidents vasculaires cérébraux et l’épilepsie.

Les chercheures et chercheurs souhaitent introduire une nouveauté en matière d’engagement : les scientifiques seront activement conseillés par des personnes atteintes d’une maladie du cerveau et par des personnes qui prodiguent des soins à ces dernières.

« Les personnes ayant une expérience concrète sont des spécialistes des défis qu’elles doivent relever, mais aussi des possibilités qui s’offrent à elles », explique Carrie McAiney (biographie en anglais), professeure agrégée à l’University of Waterloo et titulaire de la Chaire de recherche Schlegel en démence. Mme McAiney codirigera cette partie du projet.

Carol Schuurmans et le doctorant Lakshmy Vasan, un membre de l’équipe de son laboratoire

Carol Schuurmans et le doctorant Lakshmy Vasan, un membre de l’équipe de son laboratoire
Photo : Centre des sciences de la santé Sunnybrook



« C’est en travaillant ensemble que nous comprendrons mieux les expériences des personnes atteintes de maladies neurologiques et l’acceptabilité des traitements potentiels », explique-t-elle.

L’approche de l’équipe en matière de régénération du cerveau – transformer les cellules cérébrales malades en nouveaux neurones dans le cerveau – s’inspire en partie des poissons, qui ont une capacité remarquable à se régénérer. Le poisson zèbre, par exemple, peut régénérer son cerveau, sa moelle épinière et son cœur. Chez l’humain, ce type de régénération se limite à la peau et à quelques organes, comme les reins et le foie.

« Nous réactivons une voie de régénération latente qui a été perdue au cours de l’évolution », explique Mme Schuurmans.

Les recherches antérieures dans ce domaine ont tenté de générer des neurones de différentes manières. Ce projet se distingue car il tire parti des dernières avancées en de science et technologie. Par exemple, le chercheur principal Antonio del Sol (biographie en anglais), génématicien et professeur à l’Université du Luxembourg et du CIC bioGUNE (Center for Cooperative Research in Biosciences, ou centre de recherche coopérative en biosciences) en Espagne, fait appel à l’intelligence artificielle et à l’apprentissage automatique pour déterminer les gènes qui doivent être utilisés dans des combinaisons quelconques pour convertir et reprogrammer les cellules gliales en types de neurones précis.

L’équipe de recherche financée par le FNFR comprend également Anna Blakney (biographie en anglais), scientifique spécialiste de l’acide ribonucléique (ARN) à l’University of British Columbia et cofondatrice de VaxEquity, une société de biotechnologie qui travaille en partenariat avec AstraZeneca et qui crée de l’ARNm autoamplifié pour les produits thérapeutiques et les vaccins. Mettant à profit l’expertise qu’elle a acquise en travaillant sur un vaccin à ARN autoamplifié contre la COVID-19, elle sera chargée de mettre au point la technologie de l’ARN en tant qu’outil d’administration de gènes. Un autre groupe de chercheures et chercheurs de l’équipe mettra au point des outils de conditionnement et d’administration, et évaluera l’efficacité thérapeutique dans des modèles de maladies.

Les personnes ayant une expérience concrète seront membres de trois groupes consultatifs du projet : les personnes atteintes de démence, les personnes vivant avec les séquelles d’un AVC et les personnes atteintes d’épilepsie. Les participantes et participants seront recrutés dans l’ensemble du Canada et assisteront à des réunions virtuelles.

Il s’agit de connaître les principales préoccupations des personnes vivant avec ces maladies, de comprendre leur tolérance au risque en ce qui concerne les avantages et les effets secondaires potentiels des traitements, et d’obtenir des commentaires sur la manière de communiquer le fruit des recherches ou les conclusions de l’équipe de projet avec le grand public.

[L]a possibilité d’améliorer la situation pour quelqu’un d’autre est la raison pour laquelle [ces personnes éprouvent] se sont jointes à la table.

« L’un des éléments qui permettra à ce projet de fonctionner est la réceptivité des chercheures et chercheurs : une nouvelle façon de faire pour ces personnes, mais elles sont prêtes à franchir le grand saut avec nous. Nous avons eu quelques réunions avec des chercheures et chercheurs de cette équipe, et les personnes ayant une expérience concrète les font vraiment réfléchir. » , explique Mme McAiney.

Mme Schuurmans a donné un exemple : Des personnes atteintes de démence ont affirmé qu’une thérapie ciblant le contrôle de l’intestin et de la vessie rendrait la maladie beaucoup plus facile à gérer, ce qui ne représentait pas pour elle une priorité avant que ces personnes lui aient fait part de ce point.

Au cours des six prochaines années, cette possibilité de prendre directement le pouls des personnes ayant une expérience concrète continuera d’inspirer et de stimuler les chercheures et chercheurs.

« Une orientation nouvelle et passionnante à mon laboratoire qui tire parti de nos connaissances et de notre technologie », explique Mme Schuurmans.

« Vous entendez l’enthousiasme que ces personnes éprouvent à l’égard de l’incidence que cela pourrait avoir sur elles. Ces personnes sont conscientes qu’elles ne bénéficieront probablement pas des avantages de cette recherche, mais la possibilité d’améliorer la situation pour quelqu’un d’autre est la raison pour laquelle elles se sont jointes à la table. » , déclare Mme McAiney.


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