Enseignement des langues autochtones

Aider les écoles canadiennes à favoriser l’apprentissage des langues autochtones

La langue influence la façon de voir le monde. Les expressions et les nuances d’une langue comportent des dimensions culturelles et historiques. Perdre sa langue, c’est perdre une partie de son identité.

C’est justement pour cette raison que les communautés autochtones du Canada tentent d’empêcher la disparition de leurs langues.

Selon Frank Deer, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en éducation autochtone et professeur agrégé à l’Université du Manitoba, « plusieurs peuples autochtones du Canada reconnaissent et affirment l’importance de leur langue. Mes recherches, dit-il, portent sur la façon dont les programmes d’enseignement des langues peuvent faciliter la transmission de langues là où, dans bien des cas, il n’existe que de très rares locuteurs ».

Préserver la langue : un défi complexe

Ayant grandi à Kahnawake, une communauté Kanien’kehá:ka située au sud de Montréal, M. Deer a suivi l’un des premiers programmes d’immersion en langue autochtone offert au Canada. Cette expérience ainsi que le métier d’enseignant qu’il a exercé par la suite l’ont aidé à comprendre l’importance de la langue pour les communautés des Premières Nations.

Aujourd’hui, il dirige plusieurs projets de recherche qui examinent comment les écoles canadiennes peuvent s’y prendre pour favoriser la préservation des langues autochtones. L’un de ces projets se concentre sur la dimension administrative : comment et où les administrateurs scolaires, les enseignants et les habitants de la communauté intègrent la langue autochtone dans l’expérience didactique. Un autre projet analyse comment les dialectes régionaux (et les différences non négligeables de significations de certains mots) peuvent influencer les consultations communautaires ainsi que l’élaboration, la gouvernance et la prestation des programmes.

Ces projets n’en sont qu’à leurs premiers balbutiements, mais on constate d’emblée que les écoles qui souhaitent mettre au point des programmes d’enseignement de langues autochtones bien souvent ne trouvent pas d’enseignants qualifiés qui parlent couramment ces langues. Cela a incité certaines écoles à investir dans la formation de leurs propres ressources : elles aident leur personnel à apprendre les langues nécessaires à l’exécution de leurs programmes. M. Deer espère qu’il en résultera un modèle concluant susceptible d’inspirer d’autres écoles.

Favoriser la réconciliation

Frank Deer compte faire connaître le fruit de ses recherches directement aux conseils scolaires publics du Canada, dont bon nombre se voient rappeler par leurs membres l’importance des matières et des langues autochtones. Ses travaux influent également sur les mesures que le Canada doit prendre pour donner suite aux appels à l’action formulés dans le rapport remis en 2015 par la Commission de vérité et réconciliation.

« Ces appels à l’action indiquent comment les Canadiens et les Canadiennes peuvent, tous et toutes ensemble, s’adonner à une réflexion collective et regarder en face le triste sort que le Canada a réservé aux peuples autochtones, notamment la période au cours de laquelle leurs langues et leurs cultures ont été délibérément opprimées. Les langues autochtones constituent donc un élément sur lequel nous devons nous pencher très sérieusement si nous souhaitons progresser sur la voie de la réconciliation », de conclure M. Deer.

Vous voulez en savoir plus?

Suivez les travaux de Frank Deer dans son site Web, frankdeer.net, ou sur Twitter à @frank_deer (en anglais seulement)