Un projet aborde le côté obscur des chaînes d’approvisionnement
Une nouvelle enquête de 2,5 millions de dollars
Grâce à une subvention de partenariat de 2,5 millions de dollars du Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH), le Global Reporting Centre lance le projet Hidden Costs. Ce projet réunit des journalistes primés du monde entier, qui collaboreront avec de grands spécialistes universitaires et des groupes médiatiques pour faire enquête sur la corruption, les pratiques de travail abusives et les impacts environnementaux que cachent les chaînes d’approvisionnement mondiales.
Les personnes qui ont examiné le projet Hidden Costs l’ont qualifié de « projet réellement novateur », « mettant à contribution de grands noms » et ayant « un énorme potentiel de laisser une marque sur le plan social et politique ».
Il s’agit de la première subvention importante que reçoit le nouveau Global Reporting Centre, qui est établi à l‘University of British Columbia et se consacre à l’innovation en matière de journalisme international.
« Si ce projet est tellement emballant, c’est parce qu’il nous donne la possibilité de consacrer les heures et les ressources nécessaires pour découvrir les éléments complexes qui se cachent derrière les produits qui nous entourent », fait remarquer Peter Klein, qui dirige le projet. Il est professeur à la School of Journalism de l’University of British Columbia et directeur du centre. « Nous avons créé le Global Reporting Centre pour trouver de nouvelles façons de faire du journalisme : en regroupant d’éminents spécialistes et journalistes du monde entier dans la salle de presse, nous avons l’occasion de faire du journalisme de façon inédite sur cet important sujet. »
Les collaborateurs ont été choisis parmi des journalistes qui ont publié certains des articles les plus importants sur le commerce mondial. Martha Mendoza a été colauréate du prix Pulitzer (service public) en 2016 pour l’enquête qu’elle a menée pour l’Associated Press sur les conditions de travail de pêcheurs esclaves dans l’industrie des fruits de mer, article qui a conduit à la libération de 2 000 esclaves en Asie du Sud-Est. Lauréat d’un prix Pulitzer à trois reprises, le journaliste Walt Bogdanich a fait enquête sur les passages à niveau, les chaînes d’approvisionnement dans le domaine médical et les toxines dans les dentifrices importés. Kwabena Koranteng est un journaliste ghanéen qui a fait enquête sur la pêche illégale, les problèmes associés à la transformation du cacao et l’exploitation minière en Afrique. Edward Burtynsky a parcouru la planète pour documenter les effets indésirables des chaînes d’approvisionnement mondiales au moyen de ses photographies aériennes bien connues de champs pétrolifères, de mines, de carrières, de bassins de stériles et de chantiers de démantèlement de navires.
Ces journalistes et bien d’autres collaboreront avec une équipe de spécialistes de premier ordre d’universités telles que Columbia, Yale, Georgetown, Toronto, Victoria, Sheffield, Emily Carr, Nanjing, Makerere, l’Universidad de Los Andes, l’Université internationale de Moscou et la Copenhagen Business School. Le professeur de droit Joel Bakan est l’auteur du best-seller The Corporation: The Pathological Pursuit of Profit and Power, sur lequel se fonde son documentaire primé The Corporation. L’ouvrage de l’économiste Pietra Rivoli intitulé The Travels of a T-Shirt in the Global Economy: An Economist Examines the Markets, Power, and Politics of World Trade a été traduit dans 14 langues et a servi de matériau de base au documentaire radio primé de NPR, Planet Money Makes a T-Shirt. Daniel Pauly, biologiste de la vie aquatique, est le fondateur de l’initiative Sea Around Us, qui recense les impacts de la pêche partout dans le monde, et ses travaux ont fait l’objet de plusieurs documentaires qui ont été bien accueillis.
Des organismes qui offrent des services de recherche aux journalistes et aux spécialistes font également partie du partenariat. Panjiva possède des données sur les douanes et les expéditions qui aident à retracer les chaînes d’approvisionnement mondiales. Double Helix a une base de données sur la génétique des forêts protégées et réalisera des tests sur les produits du bois. DigitalGlobe fournira des images satellites haute résolution, et Google Newslab aidera les membres de l’équipe à concevoir de nouveaux outils pour faire avancer les recherches.
L’équipe du projet Hidden Costs a signé des ententes de partenariat avec The New York Times, PBS FRONTLINE, le Toronto Star, la CBC, NBC News et le Smithsonian Channel. Ces partenaires fourniront des fonds et un soutien supplémentaires aux projets de reportage et diffuseront le contenu, notamment sous forme de documentaires, de dossiers dans les journaux et de documents numériques.
Une exposition itinérante installée dans deux conteneurs viendra marquer la fin de ce projet d’une durée de sept ans. Conçue en collaboration avec l’Office national du film du Canada, l’exposition voyagera partout en Amérique du Nord et s’arrêtera dans des plaques tournantes clés du commerce mondial.
« C’est tout à fait le type de projet que nous voulions réaliser quand nous avons conçu le Global Reporting Centre, dit Peter Klein. Il apporte la rigueur universitaire au journalisme et permet d’aborder la pratique du reportage sous des angles inédits et de raconter des histoires en faisant preuve de créativité. Et il permettra en outre d’atteindre de nouveaux auditoires dans le monde entier. »
Le Conseil de recherches en sciences humaines est un organisme subventionnaire canadien qui fait figure de chef de file mondial dans la promotion de la mobilisation des connaissances émanant de la recherche universitaire et, ce faisant, diffuse dans le grand public des connaissances précieuses en sciences humaines. Le projet bénéficie d’un financement supplémentaire provenant du fonds des grappes d’excellence en recherche ainsi que de la Faculté des arts de l’University of British Columbia.