NEȾOLNEW: un esprit, un peuple, 42 langues autochtones
Un projet de revitalisation des langues mené par l’University of Victoria redonnera une nouvelle vigueur aux langues autochtones du Canada
Steven works with Yvonne learning She shashishalhem, his native language. Photo: © Aliana Parker.
NEȾOLNEW, qui signifie « un esprit, un peuple » en langue SENĆOŦEN, mobilisera neuf organismes partenaires dirigés par des Autochtones et représentant 42 langues différentes. Ces organismes formeront un réseau de recherche et d’apprentissage qui consolidera les efforts visant à faire revivre les langues autochtones. Il s’agit d’un projet d’une durée de six ans qui a reçu une subvention de partenariat de 2,5 millions de dollars du Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH). Il est dirigé par Onowa McIvor, professeure au Département d’études autochtones de l’University of Victoria, et par le linguiste Peter Jacobs, de la Simon Fraser University.
Le déclin rapide du nombre de personnes dont la langue maternelle est une langue autochtone et le rythme accéléré de la disparition des langues autochtones au Canada en raison de la colonisation passée et actuelle posent l’un des plus grands défis sociétaux de notre époque. L’urgence d’agir a été soulignée dans les appels à l’action de la Commission de vérité et réconciliation : neuf des 94 appels à l’action portent directement sur la revitalisation des langues autochtones.
« Cette subvention est porteuse de beaucoup d’espoir et de nombreuses possibilités, estime Mme McIvor. Partout au pays, les liens sont rétablis entre les générations par l’intermédiaire de la langue. »
Le projet, croit-elle, contribuera à concrétiser ces appels à l’action, grâce à des mesures directes comme l’augmentation des ressources audio en langues autochtones afin d’accroître la présence des langues autochtones à la radio et à la télévision au Canada, la promotion des programmes de revitalisation des langues autochtones des établissements d’enseignement postsecondaire, l’amélioration des réseaux et des mécanismes permettant aux communautés de mettre en commun leurs bonnes pratiques ainsi que la mobilisation d’autres organismes pour qu’ils soutiennent les programmes de revitalisation des langues dirigés par des Autochtones.
L’un des aspects qui caractérisent ce projet est l’accent mis sur les apprenants adultes, la « génération manquante » comme l’appelle Mme McIvor. Du fait de l’adoption, des pensionnats, des liens rompus avec leur territoire ancestral et de l’urbanisation, ces apprenants adultes ont eu peu d’occasions d’apprendre la langue de leurs ancêtres alors qu’ils étaient enfants. Le mouvement de revitalisation des langues autochtones s’est principalement concentré sur les programmes scolaires destinés aux enfants et aux jeunes. Or, dans le cadre d’une étude antérieure ayant le même titre et financée par une subvention de développement de partenariat du CRSH, pour laquelle les données ont été recueillies de 2014 à 2016, Mme McIvor et M. Jacobs ont établi que les adultes représentaient un « formidable potentiel inexploité » et ont constaté qu’un modèle jumelant des mentors et des apprenants pourrait réussir.
Lors de cette étude antérieure, les apprenants qui ont bénéficié d’un mentorat ont insisté sur le fait qu’une langue autochtone ne s’apprend pas uniquement dans les livres : il faut la parler dans ses activités quotidiennes, notamment lorsqu’on s’adresse aux enfants, qu’on prie, qu’on parle du temps qu’il fait et qu’on prend des nouvelles des gens, tout autant que pour parler d’histoire et de philosophie, brasser des affaires et faire de la politique.
« Il s’agit de notre histoire commune, explique-t-elle. C’est l’occasion de nous remémorer la véritable histoire du Canada, de la faire revivre et de la poursuivre par l’intermédiaire des langues autochtones. »
Les neuf partenaires de recherche du projet NEȾOLNEW sont :
- First Peoples’ Cultural Council, Brentwood Bay (Colombie-Britannique)
- Premières Nations du Dehcho, Fort Simpson (Territoires du Nord-Ouest)
- WSÁNEĆ School Board, Brentwood Bay (Colombie-Britannique)
- Chief Atahm School, Chase (Colombie-Britannique)
- University nuhelot'įne thaiyots'į nistameyimâkanak Blue Quills, St. Paul (Alberta)
- Kenjgewin Teg Educational Institute, Première Nation M’Chigeeng, Île Manitoulin (Ontario)
- Mi’kmaw Kina’matnewey Mi’kmaq, Sydney (Nouvelle-Écosse)
- Kahnawà:ke Education Center, territoire mohawk de Kahnawà:ke (Québec)
- TSI Tyonnheht Onkwawenna, territoire mohawk de Tyendinaga (Ontario)
Cet article a été rédigé par Suzanne Ahearne, agente des communications à l’University of Victoria, et publié (en anglais) le 23 novembre 2017 sur le site Web de cette université. Le CRSH a attribué une subvention de partenariat à ce projet.