Le CRSH soutient la recherche sur la revitalisation des langues autochtones

 

Écrit par: Krista Baliko, stratège en communication de la recherche à l’University of Regina

Bill Cook, (l) graduate student in the Faculty of Education, and Dr. Andrea Sterzuk, associate professor in the Faculty of Education, work on the Canadian Association of Applied Linguistics (ACLA) website as part of a research project to support the revitalization of Indigenous languages. Photo: U of R Photography


Il est peu probable que les langues autochtones puissent survivre au Canada sans des efforts massifs de revitalisation. Seules les langues inuktitut, cri et ojibwé sont considérées comme étant assez fortes pour survivre au-delà de 2100.

D’après Andrea Sterzuk, professeure agrégée de langues et d’alphabétisation à l’University of Regina et actuelle présidente de l’Association canadienne de linguistique appliquée (ACLA), c’est parce qu’elle a reconnu la situation précaire des langues autochtones au Canada – entre autres effets de la colonisation européenne – que l’Association est passée à l’action.

« Souhaitant donner suite aux appels à l’action lancés par la Commission de vérité et réconciliation en 2015 relativement aux langues et à la culture, nos membres ont décidé par vote que la vérité et la réconciliation devaient faire partie de la mission officielle de notre organisme. L’Association s’est donc engagée à soutenir le travail que font les communautés, les aînés, les chercheurs, les enseignants et les étudiants pour préserver, revitaliser et consolider les langues autochtones », dit Mme Sterzuk.

Elle précise que l’Association remplira cette mission notamment en participant à un projet de recherche mené en collaboration qui vise à réunir, dans un seul et même site Web, les connaissances des communautés et des universitaires en ce qui concerne la revitalisation, l’enseignement et l’apprentissage des langues autochtones et l’éthique de la recherche.

« Le site, qui sera destiné aux spécialistes de la linguistique appliquée à l’enseignement des langues coloniales et aux professeurs de langues, dont ceux qui enseignent une langue seconde en salle de classe, permettra de constater ce qui se fait dans les communautés autochtones en matière de revitalisation des langues et de s’informer sur les protocoles et la façon de s’y prendre pour bien faire ce travail », ajoute-t-elle.

Mme Sterzuk explique que l’objectif principal de ce projet est de changer la manière dont les spécialistes de la linguistique appliquée abordent les langues autochtones.

« Nous ne sommes pas les experts dans ce cas-ci, dit-elle. Une langue autochtone ne s’apprend pas de la même manière que l’anglais ou le français. On ne peut aborder l’enseignement ni l’apprentissage d’une langue autochtone par un Autochtone comme on aborde l’enseignement et l’apprentissage des langues coloniales. »

Outre Andrea Sterzuk, l’équipe de chercheurs comprend l’ancienne présidente de l’ACLA, Mela Sarkar de l’Université McGill, qui dirige le projet, et April Passi, son assistante de recherche qui étudie au doctorat, ainsi que deux étudiants de cycle supérieur de l’University of Regina, William (Bill) Cook, locuteur du cri des bois (ou « dialecte en th »), et Denise Runns, qui parle le saulteux. Ces derniers enseignent tous les deux à temps plein les langues autochtones.

William Cook estime que le projet est important parce qu’il fournit de l’information qui n’était pas disponible auparavant ou qui était difficile à trouver.

« La première fois où je suis entré dans une salle de classe pour enseigner le cri, dit-il, je n’avais pas de matériel didactique. Ce site contribuera à faire en sorte que cela n’arrive pas à d’autres professeurs de langues autochtones. »

Il se dit heureux de participer à la promotion et à la préservation des langues autochtones ainsi qu’à la conception d’un site Web convivial qui aidera les personnes à la recherche d’information sur les langues et la culture autochtones.

Selon Andrea Sterzuk, le site Web devrait être consultable à la fin de l’été.


Krista Baliko, stratège en communication de la recherche à l’University of Regina, a écrit cet article, qui porte sur un projet de recherche ayant bénéficié d’une subvention de synthèse des connaissances du Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH).