Entrepreneurs autochtones en milieu urbain
Leur réussite représente un gain pour l’ensemble de la communauté
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Rochelle Côté étudie les réseaux sociaux au sein des communautés. Les réseaux sociaux constituent un maillage complexe des liens qui unissent les gens de même culture. Comme plus de la moitié des Autochtones du Canada vivent en milieu urbain, la sociologue, dont les travaux sont financés par le Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH), se demande entre autres comment faire pour renforcer encore plus les liens entre les Autochtones qui vivent en ville et ceux qui vivent dans les réserves.
Ce qu’elle a découvert remet en question d’anciennes idées reçues et ouvre la voie à de nouvelles perspectives. « Si l’on souhaite que les communautés soient dynamiques, il faut miser sur les petites entreprises », indique‑t‑elle.
Sa recherche permet de mieux saisir le rôle important que jouent, dans le développement économique de leur communauté, les entrepreneurs autochtones qui vivent en ville. En 2006, alors qu’elle amorçait ses travaux grâce à une bourse de doctorat du CRSH, Mme Côté a interviewé 80 entrepreneurs. Au terme de l’exercice, elle a constaté que, pour un grand nombre d’entre eux, « réussir en affaires » revêt une signification particulière : ils sont nombreux à considérer la capacité d’appuyer leur communauté – par des projets de développement dans des réserves et des programmes de mentorat ou de bourses – comme étant un élément fondamental de leur approche entrepreneuriale.
« Même si l’aspect financier compte pour les entrepreneurs que j’ai interviewés, ce qui compte encore plus pour eux – et c’est même un indicateur de réussite de premier plan –, c’est d’être en mesure d’apporter une contribution à leur communauté, précise la chercheure. Ils ressentent une grande responsabilité à l’égard de leur communauté, de leur famille et de leurs amis. Voilà ce que veut dire “réussir en affaires” pour eux. »
Ces conclusions se sont vu confirmer dans un projet financé dans le cadre d’une bourse postdoctorale du CRSH et réalisé en 2010‑2011 en collaboration avec le Native Nations Institute et l’Udall Center for Studies in Public Policy de l’University of Arizona. La recherche portait sur un groupe d’entrepreneurs autochtones qui avaient du succès en affaires en milieu urbain tout en réussissant à préserver leurs liens avec leur culture, leur identité et leur communauté. Qui plus est, la recherche a démontré que ces entrepreneurs jouent un rôle déterminant en matière de développement communautaire à la fois dans les villes et dans les réserves.
Les travaux de la sociologue ont retenu l’attention d’universitaires et d’organismes d’entrepreneuriat social d’Australie, notamment l’Université du Queensland, à Brisbane, où elle poursuit sa recherche au sein de l’Institute for Social Science Research.
Selon Mme Côté, consolider le soutien offert aux petites entreprises autochtones contribuera au dynamisme des communautés autochtones. « Au Canada, dans le secteur de l’extraction des matières premières, l’établissement de partenariats entre des entreprises détenues et exploitées par les Premières Nations et de grandes sociétés est fortement encouragé, souligne la chercheure. Ce genre de développement économique est essentiel, mais le développement des petites entreprises l’est tout autant, car ces dernières sont vitales pour les communautés. »
Améliorer l’accès des entrepreneurs autochtones à un soutien axé sur le développement économique et offrir de nouveaux modes de financement, comme des fonds visant à aider les entrepreneurs à accroître l’envergure de leurs activités, voilà certaines des recommandations que propose Rochelle Côté.
Recherche financée par le CRSH : Social networks and community success: using social capital to create and sustain Aboriginal entrepreneurship in Toronto; and Indigenous entrepreneurs, networks, culture and the American marketplace