Gazouillis et Nuit blanche
À la croisée du virtuel et du réel naissent des questions fondamentales
Au point de départ, Siobhan O’Flynn, une chercheure de l’Ontario, s’est posé une question en apparence très simple : comment les gens utilisent‑ils Twitter dans le cadre d’importants événements culturels comme Nuit blanche, qui aura lieu à Toronto? En creusant un peu plus la question, la chargée de cours de l’University of Toronto et son équipe ont découvert des problèmes de droit d’auteur, d’éthique et de protection des renseignements personnels pouvant avoir un impact considérable sur la façon dont les journalistes, les universitaires et les gouvernements utilisent les médias sociaux.
« L’aisance avec laquelle les individus rendent accessibles de l’information dans les médias sociaux est déconcertante, fait remarquer Mme O’Flynn. Moyennant certains frais, les spécialistes du marketing peuvent avoir accès à ces données. Comme chacun le sait, c’est aussi le cas des organismes de renseignement aujourd’hui. Il y a donc des questions cruciales auxquelles il faut répondre dès maintenant. »
Au début, la chercheure était curieuse de savoir si le fait d’avoir un aperçu de l’utilisation des médias sociaux durant des événements en direct se déroulant dans des lieux précis pourrait améliorer l’urbanisme, en particulier la création d’espaces favorisant des retombées sociales positives.
« On voulait savoir si les échanges effectués au moyen des médias sociaux influencent concrètement les expériences et le comportement des gens et de quelle manière cette information pourrait contribuer à l’urbanisme et à l’organisation d’événements. »
Grâce à une subvention de développement Savoir du Conseil de recherches en sciences humaines, Siobhan O’Flynn et son équipe – qu’elle codirige avec Faisal Anwar, artiste des médias numériques et producteur interactif – analysent plus de 32 000 gazouillis émis et partagés dans le cadre des éditions de 2011 et de 2012 de Nuit blanche en mettant l’accent sur ce qui a pu façonner les attentes des gens. Par exemple, la plupart d’entre eux avaient exprimé le désir de vivre « quelque chose d’extraordinaire ».
Au moment de déterminer comment s’y prendre pour communiquer efficacement les conclusions de ces travaux, Mme O’Flynn s’est rendu compte qu’il existait d’énormes différences quant aux pratiques liées au droit d’auteur et à la confidentialité des sources dans le contexte des médias sociaux.
« En recherche universitaire, il existe une convention de longue date selon laquelle les données recueillies doivent être présentées sous le couvert de l’anonymat, précise la chercheure. En revanche, les médias et les revues en ligne – même la presse électronique – affichent les noms et les photographies d’utilisateur ainsi que les conversations. Il n’y a aucune retenue. »
Siobhan O’Flynn entend poursuivre sa recherche en se penchant sur le manque de concordance qui existe entre les règlements et les conventions d’utilisation, le droit d’auteur et l’éthique. Selon elle, les questions fondamentales concernent de plus en plus la protection des renseignements personnels et la propriété intellectuelle du droit d’auteur en ligne.
Recherche financée par le CRSH : Nuit Blanche and Transformational Publics