L’esprit scolaire, ça se construit
Comment l’architecture influence-t-elle l’éducation de votre enfant?
Si votre enfant s’ennuie en classe, ce n’est pas forcément la faute de l’enseignant. Selon Rena Upitis, chercheure financée par le CRSH, le design et l’aménagement de l’école pourraient bien être en cause.
Professeure d'éducation de l’art à la Queen’s University, Mme Upitis est également une chercheure de renommée mondiale dans un domaine relativement nouveau : l’architecture scolaire. « On construit les écoles d’aujourd’hui de la même façon qu’on le faisait il y a un siècle et demi. Dans la plupart des écoles canadiennes, par exemple, les salles de classe sont aménagées des deux côtés d’un corridor », souligne-t-elle. Comment voulez-vous enseigner la danse aux enfants dans une salle trop petite? Comment voulez-vous leur enseigner la musique pendant que se donnent des cours de français dans la classe voisine ou leur parler de la culture des fruits et des légumes quand la cour d’école est en asphalte?
Dans le cadre de ses travaux, Mme Upitis étudie la portée de l’influence qu'ont les bâtiments scolaires sur l’enseignement et l’apprentissage. Elle s’est intéressée à l’architecture scolaire lorsqu’elle s’est rendu compte qu’il y avait une volonté d’innover de la part des enseignants, mais qu’ils étaient coincés entre leurs quatre murs. « Un grand nombre d’écoles sont peu attrayantes, pour ne pas dire laides, et on manque d’installations pour que les étudiants et les enseignants puissent se réunir de manière informelle », ajoute-t-elle.
Charpentière spécialisée dans les ossatures de bois et conceptrice de maisons écologiques dans ses temps libres, Mme Upitis affirme qu’elle a vu de magnifiques écoles en Scandinavie, en Allemagne et en Australie – dont certaines avaient des salles de classe destinées à une grande diversité d’activités, de la menuiserie à l’art culinaire, ainsi que des atriums où poussent des arbres –, mais bien peu au Canada.
L’exception à la règle? La Seabird Island Community School, à Agassiz, en Colombie-Britannique. Au cœur de l’école se trouve une grande cuisine, où les élèves suivent des cours et où la communauté se rassemble pour les célébrations traditionnelles. La façon dont l’école est construite permet aux élèves de s’adonner à la cuisine, à l’ébénisterie, à la couture et à la danse ainsi que d’y suivre des cours « réguliers », comme l’écriture, la lecture et l’arithmétique.
« On commence tout juste à changer la façon dont les écoles sont conçues, précise Mme Upitis. Cela fait partie de notre culture d’accepter les écoles comme elles sont. » La chercheure s’est toutefois fixé comme objectif de mieux faire connaître les questions liées à l’architecture scolaire. En plus de faire son propre travail de conceptrice, elle agit à titre de consultante auprès d’une commission scolaire de la Colombie-Britannique et a récemment publié l’ouvrage novateur Raising a School: Foundations for School Architecture.
« Les écoles devraient être des endroits où les élèves et les enseignants peuvent à la fois travailler et se divertir – à l’intérieur comme à l’extérieur –, où ils peuvent être stimulés par les défis que pose la nature ou se rasséréner devant sa beauté et où ils peuvent être bien accueillis et inspirés. »