Résumé


Le Canada a commencé à ouvrir la voie à la réconciliation ainsi qu’à l’établissement et à l’entretien de relations respectueuses entre peuples autochtones et peuples non autochtones. De leur côté, les personnes des Premières Nations et des peuples inuit et métis font sans cesse davantage de progrès vers l’autodétermination : leur droit d’œuvrer librement à leur développement économique, culturel et social et de se gouverner.

À cette croisée des chemins décisive et prometteuse, les sciences humaines ont un rôle crucial à jouer pour ce qui est de fournir les connaissances et le talent dont le Canada a besoin pour assurer un avenir commun solide aux peuples autochtones et non autochtones.

Le présent rapport résume les constatations de projets de recherche et d’un dialogue qui ont abordé la question suivante : en quoi les expériences de vie et les aspirations des peuples autochtones du Canada sont-elles essentielles pour bâtir un avenir commun prospère? Il s’agit de l’un des six domaines des défis de demain retenus dans le cadre de l’initiative Imaginer l’avenir du Canada du Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH).

Ce rapport se fonde sur les constatations de vingt-huit rapports de synthèse des connaissances ainsi que sur des réflexions tirées d’échanges entre chercheurs, étudiants des cycles supérieurs et dirigeants de communautés autochtones et des secteurs public, privé et sans but lucratif. Les synthèses des connaissances ont été financées au moyen d’un appel à propositions ouvert lancé en 2016 dans le but de cerner les atouts et les lacunes dans les connaissances actuelles et de formuler des recommandations pour les politiques et les pratiques.

Les constatations sont regroupées en fonction de six thèmes :


  • recherche autochtone : éthique, systèmes de connaissances et méthodes
  • arts, langue et culture
  • enseignement et apprentissage
  • mieux-être communautaire et social
  • autodétermination économique et entreprises autochtones
  • autonomie gouvernementale, droit autochtone et droits en matière de ressources

Bien que les réflexions présentées ne couvrent pas la totalité des aspirations, expériences de vie et systèmes de connaissances des peuples autochtones du Canada, les recherches et les perspectives résumées ici jettent un éclairage sur plusieurs questions essentielles et émergentes reliées aux expériences de vie et aux conceptions des peuples autochtones, ainsi qu’à l’exécution de recherches par et avec les peuples autochtones. Ces réflexions pourraient orienter les priorités, pratiques et politiques en matière de recherche dans de multiples secteurs et communautés autochtones.

Les constatations laissent entendre que des changements positifs sont en train de se produire au niveau communautaire aussi bien qu’institutionnel en ce qui concerne les droits et le mieux-être des peuples autochtones. Les recherches présentées ici révèlent, par exemple, que des progrès sont effectués relativement à la revitalisation des ordres juridiques et des langues autochtones, à la réforme des programmes d’études et aux modèles d’affaires autochtones qui font progresser la réalisation des objectifs d’autodétermination. Les constatations montrent, toutefois, que davantage de progrès pourraient être accomplis en ce qui a trait à l’approfondissement des connaissances sur certains sujets (tels que la cogouvernance des réserves d’eau douce et les répercussions sociales de la mise en valeur des ressources) et qu’il faut évaluer de façon plus poussée les nouvelles démarches en matière de programmes et de services.


Voici quelques-uns des messages clés qui reviennent dans les constatations émanant des différents thèmes.


Dans l’ensemble, selon les constatations des chercheurs, il faudrait que les recherches futures soient davantage participatives et collaboratives, qu’elles soient menées par les communautés autochtones et qu’elles soient ancrées dans des visions du monde et des démarches de recherche autochtones. Il est essentiel, pour la production et l’application des connaissances, qu’un dialogue constructif et inclusif ait lieu entre les communautés, les chercheurs et tous les ordres de gouvernement.

Les recherches et les perspectives exposées dans le rapport permettront de guider la poursuite de l’engagement et des investissements du CRSH dans la recherche et le talent autochtones. Les points de vue exprimés dans le rapport sont ceux des chercheurs et d’autres participants de l’initiative Imaginer l’avenir du Canada et ne représentent pas la position et les politiques du CRSH ni celles du gouvernement du Canada.

Le CRSH invite les chercheurs et les intervenants de tous les secteurs à examiner ces observations, ainsi que d’autres émanant des sciences humaines, afin d’assurer un avenir commun prospère et équitable à tous les Canadiens.






À mesure que les collectivités des Premières Nations, des Inuits et des Métis revitaliseront leur spiritualité, leurs cultures, leurs langues, leurs lois, ainsi que leurs systèmes de gouvernance, et qu’elles y accéderont, et à mesure que les Canadiens non autochtones comprendront de plus en plus l’histoire des peuples autochtones au Canada, tout en reconnaissant et en respectant les approches autochtones adoptées pour établir et maintenir des relations respectueuses, les Canadiens pourront travailler ensemble à l’édification d’un nouveau pacte de réconciliationNote de bas de page 1.


Le Canada a commencé à ouvrir la voie à la réconciliation ainsi qu’à l’établissement et à l’entretien de relations respectueuses entre peuples autochtonesNote de bas de page 2 et peuples non autochtonesNote de bas de page 3. De leur côté, les personnes des Premières Nations et des peuples inuit et métis font sans cesse davantage de progrès vers l’autodétermination : leur droit d’œuvrer librement à leur développement économique, culturel et social et de se gouverner. Ces évolutions ont été façonnées par la résilience et le militantisme des peuples autochtones, par des engagements gouvernementaux et par des textes internationaux relatifs aux droits des peuples autochtones.

Le présent rapport fait état des points de vue exprimés dans les rapports de synthèse des connaissances préparés par des chercheurs autochtones et non autochtones en sciences humaines de partout au Canada ainsi qu’à l’occasion d’un dialogue ayant rassemblé des intervenants de divers secteurs. Ces rapports et ce dialogue portaient sur la question suivante : en quoi les expériences de vie et les aspirations des peuples autochtones du Canada sont-elles essentielles pour bâtir un avenir commun prospère?

Cette question est associée à l’un des six défis de demain cernés dans le cadre de l’initiative Imaginer l’avenir du Canada du CRSH, qui a pour but de rehausser l’apport que font les sciences humaines en se penchant sur les défis complexes que les Canadiens devront relever au cours des 20 prochaines années. Une vaste démarche de prospectiveNote de bas de page 4 d’une durée de deux ans a permis de cerner ces six défis et de lancer des activités connexes en 2013. Chaque défi permet de soulever un éventail d’enjeux et de questions possibles, sans se limiter à ceux qui sont mentionnés, formulés de façon à faciliter la collaboration interdisciplinaire et multisectorielle.


Les six domaines des défis de demain








Atouts et lacunes en matière de connaissances qui se dégagent des constatations des projets


Voici quelques-unes des constatations sur l’état des connaissances qui ont découlé des projets de synthèse des connaissances faisant l’objet du présent rapport bilan.

Atouts en matière de connaissances

  • Bonnes pratiques pour l’exécution et l’éthique de la recherche avec les communautés autochtones
  • Évolution de l’utilisation et de la vitalité des langues autochtones, ainsi que de la sauvegarde et de la revitalisation de ces langues
  • Rôle des jeunes dans la revitalisation des langues et des modes de vie et soutiens dont ils ont besoin pour ce faire
  • Démarches participatives et holistiques d’évaluation et de prise en compte des besoins des étudiants autochtones
  • Démarches adoptées en affaires par les peuples autochtones, au Canada et ailleurs

Champs de recherche émergents

  • Modèles visant à relier les systèmes de connaissances autochtones et les systèmes de connaissances occidentaux, en recherche et en classe
  • Numérisation, protection et accessibilité des connaissances et du patrimoine culturel autochtones
  • Perspectives autochtones sur la prestation de services d’intervention précoce aux enfants
  • Critiques des démarches fondées sur les connaissances écologiques traditionnelles à l’égard des questions de durabilité de l’environnement
  • Descriptions publiées des ordres juridiques autochtones

Davantage de recherches sont nécessaires

  • Comment déterminer ce qu’est « la communauté » en recherche autochtone
  • Façons d’intégrer les langues autochtones dans la recherche se fondant sur des visions du monde autochtones
  • Conciliation de différents protocoles et politiques en matière d’éthique pour orienter la recherche autochtone
  • Étude qualitative de la dynamique socioculturelle influant sur la production artistique
  • Liens entre les langues et les modes de vie autochtones et le bien-être individuel et collectif
  • Étude empirique de la manière dont les aînés contribuent au bien-être de la communauté
  • Manière dont des démarches culturellement adaptées pour l’évaluation des besoins de développement des enfants façonnent les résultats des interventions précoces
  • Liens entre les programmes d’études et les compétences et connaissances requises par les entreprises coopératives
  • Expériences particulières des femmes quant aux impacts sociaux et économiques de la mise en valeur des sables bitumineux
  • Comment la cogouvernance des ressources naturelles pourrait aider à dissiper les incertitudes ayant trait au consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause







Les projets de synthèse des connaissances sont présentés ci-après par ordre alphabétique, établi en fonction du nom de famille de l’auteur principal. Le chercheur principal de chaque projet est indiqué par un astérisque. Le nom et l’établissement des chercheurs sont mentionnés et, quand il était disponible, le lien vers le texte intégral du rapport est fourni.

Pour en savoir plus au sujet des constatations mentionnées dans les rapports et pour obtenir des précisions sur les activités de mobilisation des connaissances en cours et proposées, on peut communiquer directement avec les chercheurs principaux ou envoyer un courriel au CRSH. Pour d’autres points de vue sur la recherche autochtone, consulter le moteur de recherche afin de repérer d’autres chercheurs financés par le CRSH.





Les projets susmentionnés et le dialogue connexe auquel ont pris part des chercheurs, des praticiens et des responsables de politiques ont produit un imposant corpus de connaissances. Les six thèmes interreliés qui s’en dégagent sont abordés dans les pages qui suivent.

Quelques observations sont présentées pour chaque thème, suivies de l’état des connaissances ayant trait au thème. Les observations découlent de constatations clés qui peuvent aider à mieux comprendre les questions examinées et à consolider les politiques et les pratiques connexes. L’état des connaissances, notamment les atouts et les lacunes cernés en matière de recherche, renvoie à la qualité et à la quantité de travaux et de données de recherche disponibles à l’heure actuelle et laisse entrevoir des pistes possibles pour de futures recherches.

Ensemble, ces thèmes illustrent les avantages qu’il y a à établir des liens entre les chercheurs en sciences humaines et les utilisateurs potentiels des résultats de leurs travaux de recherche, afin de permettre l’échange d’idées et l’examen de possibilités de collaboration futures.




La recherche autochtoneNote de bas de page 14 est en pleine « décolonisation »Note de bas de page 15. Cela suppose de changer l’objet et la dynamique du pouvoir en matière de recherche et de reconnaître le savoir autochtoneNote de bas de page 16. La recherche est de plus en plus menée « par » et « avec » les peuples autochtones (plutôt que « sur » ou « pour » eux)Note de bas de page 17. On peut ainsi centrer la recherche sur les intérêts, la participation et les conceptions du monde des peuples autochtones concernés.

La Commission royale sur les peuples autochtones, dont les travaux se sont échelonnés de 1991 à 1996, a grandement incité à des changements dans la conduite et l’éthique de la recherche autochtone au CanadaNote de bas de page 18. Le volume 5 du rapport final de la Commission comprenait de nouvelles lignes directrices pour l’éthique en matière de recherche. Ces lignes directrices visaient à garantir que la Commission, dans ses travaux, accorde le respect voulu aux cultures, langues, connaissances et valeurs des peuples autochtones ainsi qu’aux normes qu’ils utilisent pour établir la légitimité des connaissancesNote de bas de page 19.

Aujourd’hui, les sources influentes qui guident les chercheurs et les communautés autochtones comprennent, entre autres, les principes PCAPMDNote de bas de page 20 et ceux qui figurent au chapitre 9 de l’Énoncé de politique des trois conseils – Éthique de la recherche avec des êtres humains (EPTC2). Établis en 1998 par les Premières Nations, les principes PCAPMD prévoient la propriété collective de l’information; le contrôle sur tous les aspects de la recherche et de la gestion de l’information qui les touchent; l’accès à l’information les concernant et le droit de prendre des décisions sur l’accès; enfin, la possession physique des données comme mécanisme de propriétéNote de bas de page 21.

Le chapitre 9 de l’EPTC2 offre un cadre pour la recherche menée avec les communautés autochtones, fondé sur le respect de la dignité humaine et ses trois principes directeurs : le respect des personnes, la préoccupation pour le bien-être et la justice. Le cadre aborde la consultation, le renforcement des capacités et les droits de propriété intellectuelle, entre autres enjeux de la recherche autochtone. Certaines communautés et certains organismes autochtones ont par ailleurs élaboré leur propre code d’éthique en matière de recherche, fondé sur des valeurs et des outils qui leur sont propresNote de bas de page 22.

Les façons dont la recherche est menée contribuent peu à peu à favoriser l’autodétermination, la réconciliation et les échanges d’expériences. Les principes et les bonnes pratiques en matière de recherche autochtone ne manquent pas, mais leur application est inégale et souvent incomplète. Les chercheurs et les établissements qui soutiennent la recherche peuvent continuer de s’améliorer.




  • Les systèmes de connaissances autochtones sont de plus en plus reconnus, mais ils sont encore trop peu appliqués en recherche. Les traditions scientifiques occidentales ont marginalisé les théories et les conceptions autochtones du savoir. Une analyse de 500 articles publiés dans des revues en sciences humaines et portant sur des questions autochtones au Canada a révélé que les perspectives épistémologiques courantes continuent de dominerNote de bas de page 23. Les modes de connaissance autochtones connaissent toutefois une certaine résurgence, et les universitaires non autochtones commencent à admettre qu’il ne faut pas s’attendre à ce que les communautés autochtones se conforment à des modes de connaissance non autochtones.

    Il incombe surtout aux peuples non autochtones d’en apprendre davantage sur les modes de connaissance autochtones ainsi que sur les cadres de mise en relation qui facilitent l’établissement de liens entre les modes de connaissance autochtones et les modes occidentaux, et d’en tenir compte de façon respectueuse et humble Note de bas de page 24.



  • Aux fins de la réconciliation, il est important d’apprendre à partir aussi bien des systèmes de connaissances autochtones que des systèmes de connaissances occidentaux, ainsi que de façon transsystémique, ce qui peut déboucher sur de meilleures démarches intersectionnelles. Une méthode visant à rapprocher les modes de connaissance dans la production du savoir se fonde sur l’utilisation de « cadres de mise en relation ». Le double regard est un exemple de ce genre de cadre. La métaphore, proposée par l’aîné mi’kmaq Albert Marshall, évoque un œil qui voit avec les atouts des modes de connaissance autochtones, alors que l’autre perçoit selon les conceptions occidentales, les deux étant à la recherche de points de convergence. Dans certains cas, les cadres de mise en relation peuvent être associés à des démarches intersectionnelles qui reconnaissent de multiples sources d’oppression et de privilèges, telles que le sexe, la race et la classeNote de bas de page 25. De telles démarches peuvent faire naître des solidarités entre les communautés et améliorer les pratiques éthiques en recherche.

    Principes directeurs des cadres de mise en relationNote de bas de page 26
    Principe Engagement essentiel
    Relationnalité Toute la création est interdépendante et interreliée de façon complexe et, parfois, antagoniste.
    Réciprocité Nous devons valoriser les modes de connaissance différents des nôtres et nous y ouvrir afin de pouvoir échanger sur un pied d’égalité.
    Réflexivité Les chercheurs doivent continuellement examiner où ils se situent dans les relations de pouvoir existantes.
    Respect La recherche conçue et dirigée par les collaborateurs est un moyen de s’assurer qu’elle respecte les différences.
    Spiritualité La recherche devrait être éclairée par des valeurs et des pratiques spirituelles.
    Réceptivité Les systèmes de connaissances sont fluides et réceptifs au changement.
    Responsabilité La recherche devrait faire avancer la justice sociale et le bien-être holistique, en partie en remettant en question le colonialisme.


  • La recherche autochtone s’appuie sur des relations et est axée sur les besoins des communautés. Des relations positives préexistantes et continues entre les chercheurs et les communautés autochtones sont la clé d’une pratique éthique de la recherche et de la réussite des projets. Les chercheurs devraient non seulement connaître les communautés et leurs traditions, mais également façonner leurs recherches en fonction des préoccupations de ces dernières. Même si certaines communautés autochtones ont le sentiment d’avoir été étudiées « à outrance »Note de bas de page 27, bon nombre peuvent saisir la valeur de recherches qui répondent à leurs besoins. Certains chercheurs autochtones se sentent investis d’une forte responsabilité morale de faire en sorte que leurs travaux répondent aux besoins des communautés. Les établissements d’enseignement pourraient reconnaître cette pression et aider à l’atténuer en donnant davantage de soutien.


    Les pourcentages ont été calculés pour chacune des perspectives épistémologiques. Étant donné que les articles peuvent porter sur plus d'une perspective épistémologique, le total est supérieur au nombre total d'articles (481).

    Les données sont reproduites avec l'autorisation des auteurs. Dion, “Indigenous Futures”, p. 21-22 et p. 26


  • La participation est une bonne pratique en recherche dans des contextes autochtones, mais beaucoup de recherches sur des questions autochtones ne mettent pas à contribution les peuples autochtones. Parmi les nombreuses formes de participation possiblesNote de bas de page 28, les communautés autochtones peuvent contribuer des connaissances en tant que participantes à la recherche et peuvent diriger des études. Toutefois, un examen de 501 articles de revues savantes pertinents sur la recherche autochtone a révélé que, dans 250 des projets de recherche, il n’y avait eu aucune participation humaine à la recherche, et que les communautés autochtones n’avaient dirigé que 24 des projetsNote de bas de page 29. Il y a une association entre des formes de participation axées davantage sur la collaboration et l’habilitation, d’une part, et le recours à des épistémologies et des méthodes autochtones, d’autre partNote de bas de page 30.

  • Le contexte actuel de la recherche et de l’élaboration de politiques nécessite davantage de capacités de recherche au sein des communautés autochtones. La recherche en sciences humaines est de plus en plus technique, quantitative et complexe, et l’élaboration de politiques se fonde sur des données probantes. Dans l’intérêt de la souveraineté de la recherche et de l’autodétermination, les communautés, par l’entremise de personnes ou de bureaux attitrés, devraient pouvoir évaluer les projets proposés et en élaborer d’autres de leur cru. Les chercheurs peuvent soutenir le renforcement des capacités en employant des méthodes participatives, en embauchant des personnes autochtones dans l’équipe de recherche et en offrant une expertise en élaboration de projets. Compte tenu du fait que certains universitaires autochtones ont l’impression qu’il leur incombe à eux seuls d’établir l’infrastructure et les capacités en matière de recherche autochtone, il importe que les établissements et les milieux de recherche fassent quelque chose à ce sujet.

  • Il y a des écarts entre les exigences et les processus des établissements et les bonnes pratiques en recherche autochtone. L’éthique et les règles de financement ne tiennent pas encore adéquatement compte du temps requis pour établir des relations, ni de la souplesse nécessaire pour faire respecter les pratiques et protocoles autochtones. Les recherches semblent indiquer que les principes PCAPMD ne sont pas suffisamment intégrés dans l’éthique, le financement et les procédures administratives de la recherche dans la plupart des établissements d’enseignement postsecondaire de l’Alberta. De plus, un exemple mis de l’avant d’un établissement faisant preuve de partialité laisse entendre que des chercheurs utilisant des méthodes participatives et des épistémologies autochtones ont davantage de difficultés à obtenir du financement pour leurs travaux et à se faire publier dans des revues importantes. Entre autres mesures, les établissements pourraient améliorer l’éducation et la formation offertes aux administrateurs et aux membres des comités d’éthique de la recherche, assurer une représentation autochtone au sein de ces comités et travailler en plus étroite collaboration avec les communautés et organismes autochtones.

  • Une gestion sûre et pourtant accessible des actifs numériques pourrait renforcer la recherche axée sur les communautés autochtones. De nombreuses communautés autochtones ne peuvent avoir accès aux données produites par la recherche universitaire. Elles veulent par ailleurs pouvoir mettre l’information en lieu sûr à très long terme, au-delà de la durée de vie des projets de recherche. Les universités devraient adopter des systèmes de gestion des actifs numériques autochtones pour la recherche axée sur les communautés autochtones. Selon cette méthodologie de décolonisation, les professeurs-chercheurs et les partenaires autochtones collaborent à l’enrichissement des connaissancesNote de bas de page 31. Un système de gestion des actifs numériques autochtones sert de dépôt pour l’entreposage et la préservation de données numériques, tout en accordant un accès à certains utilisateurs. Les concepteurs de tels systèmes devraient s’assurer que les métadonnées et les protocoles d’accès utilisés conviennent aussi bien aux communautés autochtones qu’aux universitaires.

    La création d’un système de gestion des actifs numériques autochtones conforme à l’éthique […] n’effacera pas le rôle qu’ont joué les universités en tant qu’agents colonisateurs par le passé, mais elle façonnera la manière dont les gens interagissent avec le matériel et le perçoivent. Elle permettra de mobiliser les [connaissances autochtones] d’une façon plus appropriée sur le plan culturel qui [tient compte] des droits des Autochtones, et pas seulement des intérêts des universitairesNote de bas de page 32.





  • Les universitaires, communautés et organismes autochtones ont établi des principes et de bonnes pratiques pour la recherche autochtone; toutefois, leur mise en application par les chercheurs et les établissements d’enseignement pourrait être améliorée. Une grande cohérence se dégage des textes des dix dernières années sur la manière de mener la recherche autochtone, l’accent étant mis surtout sur les principes PCAPMD, les relations et les démarches axées sur la participation et la communauté. Il y a tout un débat sur les raisons pour lesquelles l’exécution de la recherche autochtone nécessite de modifier les démarches de recherche classiques et sur la manière de s’y prendre pour ce faire. Toutefois, certaines recherches laissent entendre que la mise en application des bonnes pratiques est insuffisante. On pourrait favoriser un plus grand recours aux bonnes pratiques par des examens plus poussés de cas concrets et par un échange plus fréquent de documents pouvant servir d’exemples tels que des accords de recherche.

    Les principes d’éthique de la recherche avec les peuples autochtones sont généralement bien compris des chercheurs, mais leur application concrète sur le terrain reste problématiqueNote de bas de page 33.



  • La manière de mener des recherches dans l’optique de visions du monde autochtones est de mieux en mieux établie, mais la manière d’intégrer la langue dans le processus de recherche ne l’est pas autant. Le milieu de la recherche reconnaît de plus en plus l’importance de concevoir les recherches à la lumière des systèmes de connaissances et méthodologies autochtones. La langue influe fortement sur la signification et la compréhension qui émergent de telles recherches. Toutefois, il n’y a pas grand-chose pour orienter les chercheurs et les comités d’éthique de la recherche sur la manière d’intégrer cette reconnaissance de l’importance de la langue dans le processus de recherche — que faire, par exemple, lorsque les chercheurs sont incapables de communiquer dans les langues autochtones? De nombreuses notions n’ont pas un équivalent direct dans les langues non autochtones, et le sens voulu peut être perdu ou faussé.

  • D’autres lignes directrices sont nécessaires sur la manière de bien cerner la « communauté » en recherche autochtone. Les lignes directrices en matière d’éthique ont tendance à confondre communauté et territoire. Dans la recherche sur les Métis, ou encore dans des contextes urbains ou quand il y a plus d’un groupe autochtone, il peut s’avérer difficile de cerner « une communauté » ou ses dirigeants. Il peut donc également s’avérer difficile de savoir qui consulter à propos de la recherche proposée. La documentation disponible n’indique pas suffisamment comment concilier l’éthique de la recherche « axée sur la communauté » et les définitions complexes et politiques de la communauté.

  • Les chercheurs et les comités d’éthique de la recherche ont besoin d’être mieux orientés sur la manière de concilier divers principes, lois et protocoles en matière d’éthique. Étant donné les principes PCAPMD, l’EPTC2, la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, les lois nationales et provinciales et les politiques et protocoles propres aux communautés autochtones, ce ne sont pas les avenues qui manquent pour encadrer l’éthique de la recherche. Mais il y a une lacune manifeste dans la documentation, qui a trait à la manière de les relier ensemble et de tenir compte des différences entre les dispositions, notamment en ce qui concerne le consentement des personnes et celui des communautés. Le manque d’orientation dans ce domaine est problématique pour les chercheurs, les comités d’éthique de la recherche et les communautés autochtones.

  • Bien qu’amorcé, le travail sur les questions ayant trait aux données ouvertes et aux connaissances autochtones numérisées est limité. Il importe de noter que la diffusion et la protection des connaissances numérisées font leur chemin dans les débats au Canada et ailleurs dans le monde, mais que la réflexion sur ces questions n’est pas encore très avancée et que l’incertitude demeure : par exemple, comment protéger les connaissances ancestrales par des moyens numériques, comment discerner ce qui constitue des données ouvertes et comment concilier les données ouvertes et les principes, dont les principes PCAPMD.



La protection et la revitalisation de la culture autochtone, notamment des langues, des récits, des cérémonies, des arts et des modes de vie, sont essentielles à l’autodétermination et à la réconciliation. De nombreuses langues et pratiques ont été perdues, et certaines risquent de l’être, en raison des torts qui continuent d’être causés par des pratiques coloniales et institutionnelles. Toutefois, la recherche montre que le rétablissement, la préservation et la résurgence sont en cours.

Ce thème porte sur la manière dont les communautés autochtones et non autochtones se réapproprient et consolident des éléments essentiels de l’identité et de l’appartenance par l’expression artistique, le travail archivistique et la revitalisation des langues autochtones.

Le rétablissement et la vitalité des langues sont particulièrement importants pour les communautés autochtones, et les gouvernements les reconnaissent de plus en plus comme une priorité. Les langues relient les peuples autochtones à leur territoire, à leur communauté, à leur vision du monde et à leur mode de vie. Quant à la création artistique autochtone, elle affirme l’identité culturelle, redit l’histoire, permet la guérison et favorise la compréhension entre les cultures. L’histoire et la culture de nombreuses communautés autochtones sont conservées dans de vastes collections d’archives. La récupération du matériel patrimonial, sa préservation et son accessibilité permettent aux communautés de mieux comprendre leur identité et leur passé et les aident à répondre aux besoins actuels en matière d’éducation et d’autodétermination.




  • La création artistique autochtone au Québec s’est épanouie de façon remarquable au cours des 30 dernières années, mais quant à savoir qui sont les artistes et où ils sont, cela continue de dépendre de certains facteurs. Les 268 artistes autochtones répertoriés en tant que tels au Québec dans le rapport du projet de synthèse des connaissancesNote de bas de page 34 créent des œuvres dans sept disciplines – arts visuels, cinéma, conte, danse, littérature, musique et théâtre –, et les hommes et les femmes sont représentés de façon relativement égale. L’accès au financement, les modèles et les réseaux d’artistes façonnent tant la concentration de la création artistique dans les centres urbains que la manière dont la production est répartie dans l’ensemble des communautés autochtones du Québec.


  • La résurgence des langues et des modes de vie peut être favorisée intentionnellement par des politiques et des initiatives touchant à de multiples aspects de la société. Un examen de la période allant de 1970 à aujourd’hui montre qu’à la suite d’évolutions institutionnelles et politiques dans les Territoires du Nord-Ouest qui ont affaibli Dene Kedǝ (les langues) et Dene Ts'ı̨lı̨ (les modes de vie), des changements positifs sont maintenant en train de se produire. Des initiatives telles que des politiques sur les langues officielles, des programmes d’études adaptés à la culture, l’autonomie gouvernementale locale et la consignation des pratiques traditionnelles revitalisent l’utilisation des langues, les modes de vie, le mieux-être et le lien au territoire dans les communautés dénées.

    Chronologie des sept domaines dans lesquels il y a eu résurgence des langues et des modes de vie dénés, de 1970 à aujourd’huiNote de bas de page 36

    Reproduit avec l’autorisation des auteurs



  • Les alliés non autochtones peuvent contribuer positivement à la revitalisation des langues, mais ont besoin d’outils et de formations adaptés. L’Association canadienne de linguistique appliquée s’est engagée à s’investir dans l’enseignement des langues autochtones. Toutefois, ses membres, majoritairement non autochtones, sont de plus en plus conscients qu’ils n’ont pas actuellement la compréhension et les ressources dont ils ont besoin pour travailler au sein des communautés autochtones et avec elles d’une manière conforme à l’éthique, établir des relations positives et éviter de perpétuer des pratiques d’enseignement coloniales.

  • La technologie et de bonnes pratiques archivistiques peuvent permettre aux communautés d’avoir accès à des registres culturels importants pour répondre aux préoccupations contemporaines. D’importantes archives réunissant plus de 800 000 documents écrits et autres produits par les missionnaires moraves documentent abondamment l’histoire, la culture et la langue inuites. Des obstacles linguistiques et les droits de propriété et le contrôle détenus par les missionnaires ont empêché les communautés inuites du Nunatsiavut d’avoir accès à ce matériel et d’en faire usage. Peu à peu, ces documents sont numérisés, systématiquement répertoriés et décrits, et mis à disposition au moyen de terminaux d’ordinateur publics. Le processus a mis en évidence certaines bonnes pratiques dans la prise de décisions dirigée par la communauté en matière de gestion archivistique. D’autres communautés autochtones pourraient s’en inspirer.

  • Il est impératif de cerner les interrelations qui existent entre ce qui est souvent considéré comme des éléments distincts de la culture et de comprendre en quoi ces éléments sont reliés à l’identité. La langue, les modes de vie, le territoire et les diverses formes d’expression artistique font partie intégrante de l’identité des peuples autochtones, de leur vision du monde, de leurs modes de leadership et de leur sentiment d’appartenance. Il est important d’adopter une compréhension holistique de la culture autochtone, de voir ses éléments comme entrelacés et interdépendants. Par exemple, les langues autochtones sont au cœur de l’expression des connaissances et des visions du monde, de l’exercice du leadership, ainsi que de l’exécution et de l’enseignement de pratiques traditionnelles. Même le fait de classer l’art autochtone en différentes disciplines, aussi pragmatique soit-il, oblitère les liens étroits existant entre diverses formes d’expression artistique et les liens entre celles-ci et la vie quotidienne.

    Quand on nous prend notre langue, on nous prend également notre manière d’envisager les chosesNote de bas de page 37.



  • Les possibilités en matière d’éducation, de leadership et de réseautage permettent aux jeunes de s’engager activement dans la préservation et la revitalisation de la culture. Les jeunes autochtones se sentent souvent appelés à apprendre et à protéger leur langue et leurs pratiques traditionnelles, et à représenter leur culture par la création artistique. Pourtant, ils ont besoin d’un soutien et d’un enseignement adéquat pour réaliser leur potentiel. Les jeunes Dénés bénéficieraient d’un enseignement de la langue qui se prolongerait au-delà de l’école primaire et se ferait davantage en collaboration avec les aînés. L’accès à des personnes qui peuvent servir de modèles et à des réseaux est utile pour les jeunes artistes. Et les programmes et camps de leadership axés sur la langue et le territoire, qui sont de nature immersive et holistique, ont le potentiel d’habiliter les jeunes autochtones à se prendre en main.

    Je suis plus à l’aise de parler anglais, mais je serais très fière de moi si j’apprenais à mieux parler ma langue, car elle me permet de retrouver mon patrimoine, ma culture et mon identitéNote de bas de page 38.





  • En ce qui concerne la connaissance des archives, il y a un fossé considérable entre les spécialistes et les personnes de la communauté. Les spécialistes comprennent de mieux en mieux les archives des missionnaires moraves et leurs liens avec les Inuits du Labrador, mais ces archives sont peu connues dans les communautés inuites mêmes. Des activités de sensibilisation et l’utilisation des médias pourraient permettre de combler cette lacune. Toutefois, les personnes de la communauté doivent également avoir l’occasion de faire en sorte que leurs points de vue sur la théorie et la pratique en matière de gestion des archives soient pris en compte.

  • La façon dont la vitalité des langues évolue est de mieux en mieux comprise, notamment pour ce qui est de leur utilisation, de leur revitalisation et de leur maintien, mais il faut l’évaluer et la documenter davantage. La compréhension de la dynamique des langues a débouché sur de nouveaux programmes prometteurs pour renforcer les langues dénées. Il y a peu d’information, cependant, sur l’utilisation du matériel et des programmes antérieurs, ainsi que sur les résultats qu’ils ont donnés. Une meilleure évaluation pourrait fournir de précieux renseignements qui permettraient d’améliorer les programmes et de contribuer à la planification stratégique régionale.

  • On sait relativement peu de choses sur les liens entre les langues et les modes de vie autochtones et le mieux-être. L’importance de la langue dans les pratiques culturelles, le leadership et les visions du monde autochtones est bien établie. Toutefois, la question de savoir si et comment la vitalité des langues et des modes de vie contribue au mieux-être personnel et collectif n’a pas été suffisamment évaluée de façon empirique. Parmi les idées à explorer, il faut se demander si les langues codifient les valeurs et les croyances essentielles au mieux-être et quels sont les rôles respectifs de la langue et des modes de vie dans les styles de vie sains et épanouissants.

  • D’autres recherches qualitatives et une meilleure information sur le financement permettraient à la production artistique autochtone de continuer de croître. Les données quantitatives donnent un riche aperçu des artistes autochtones du Québec, mais la recherche qualitative donnerait une meilleure compréhension de la manière dont les artistes définissent leurs pratiques artistiques et de la dynamique culturelle et sociale qui les influence. Des données plus détaillées sur le mode de répartition du soutien financier entre les disciplines et les communautés autochtones permettraient de déterminer où les besoins de financement sont les plus grands par rapport aux produits de la création artistique.



L’éducation est essentielle au mieux-être et à l’autodétermination des Autochtones. Les taux de diplomation en études postsecondaires augmentent chez les étudiants autochtones : en 2016, 10,9 p. 100 cent des Autochtones du Canada étaient titulaires d’un diplôme de niveau baccalauréat ou supérieur, ce qui représente une hausse de 7,7 p. 100 par rapport à il y a dix ans. La proportion d’Autochtones ayant obtenu un diplôme d’études collégiales a elle aussi augmenté, passant de 18,7 p. 100 en 2006 à 23 p. 100 en 2016Note de bas de page 40. Surtout, en améliorant la compréhension, les outils et les approches, on peut faire des écoles et d’autres lieux d’apprentissage des milieux idéaux où cheminer vers la réconciliationNote de bas de page 41. Ce sont des endroits où la vérité peut être dite, des visions du monde peuvent être explorées et de nouveaux types de relations peuvent être établis au moyen de l’enseignement et de l’apprentissage.

Pourtant, à bien des égards, les systèmes d’éducation et les approches ne fonctionnent pas bien pour les étudiants autochtones. Seulement 40 p. 100 pour cent des jeunes adultes de 20 à 24 ans qui habitent dans une réserve ont terminé des études secondaires, comparativement à 70 p. 100 des jeunes adultes des Premières Nations qui vivent hors réserve, et à 90 p. 100 des Canadiens non autochtones dans ce groupe d’âgeNote de bas de page 42. Par ailleurs, les jeunes autochtones sont surreprésentés dans les programmes d’éducation spécialiséeNote de bas de page 43. En outre, de nombreux étudiants autochtones de niveau postsecondaire estiment qu’ils ne sont pas suffisamment appuyés ou que leurs connaissances et leurs expériences ne sont pas valorisées par leurs enseignants et par leurs pairsNote de bas de page 44.

Les enseignants et autres professionnels constatent de plus en plus la nécessité d’apporter des changements systémiques aux systèmes d’éducation et à l’enseignement en classe, afin d’améliorer à la fois les résultats des étudiants autochtones et l’enseignement destiné à tous les apprenants au Canada. Les recherches exposées dans cette section, en grande partie inspirées des appels à l’action de la CVR en matière d’éducation et de formation, ouvrent graduellement la voie à la mise en place de telles améliorations.




  • Des changements systémiques sont nécessaires pour améliorer l’éducation des enfants et des jeunes autochtones, et de la part de ceux qui travaillent auprès d’eux. Dans la région du Sahtú, dans les Territoires du Nord-Ouest, et dans les quatre régions du Nunangat inuitNote de bas de page 45, les programmes d’études ont subi des changements bien nécessaires, sans être toutefois entièrement satisfaisants pour l’instant. Les élèves apprennent de plus en plus les langues, conceptions, récits et pratiques autochtones. Pourtant, il faut également des changements importants en ce qui concerne le choix des personnes qui enseignent, la manière d’enseigner et la direction des établissements d’enseignement. Les enseignants et les administrateurs dans tout le Nunangat inuit réclament une plus grande représentation des Inuits dans les postes d’enseignants et à la direction des établissements. Ces enseignants inuits et certains étudiants autochtones de niveau postsecondaire ailleurs au Canada laissent entendre que des commissions scolaires dirigées par des Autochtones pourraient s’avérer nécessaires. En outre, les approches pédagogiques de l’enseignement postsecondaire débouchant sur des carrières dans les affaires ou axées sur l’enfance – telles que l’enseignement, le counselling et le travail social – pourraient s’inspirer davantage des systèmes de connaissances autochtones. Les professionnels seraient ainsi mieux outillés pour travailler avec les communautés autochtones et au sein de celles-ci.

    Les résultats communiqués dans ce rapport font écho à des décennies d’appels à l’action pour le contrôle par les Inuits d’un système d’éducation vraiment inuit qui reflète et valorise les modes inuits de connaissance, d’être et de faire, et au sein duquel les Inuits sont les dirigeants et les étudiants inuits réussissentNote de bas de page 46.



  • Une transformation en profondeur exige de remettre en question les hypothèses et les cadres qui sous-tendent les systèmes d’éducation et les matières enseignées. Au niveau postsecondaire, de nombreux étudiants autochtones ont dénoncé la sous-valorisation des systèmes de connaissances autochtones et se sont plaints de « racisme épistémique »Note de bas de page 47. Ces étudiants réclament un meilleur dialogue pour que d’autres visions du monde soient mieux comprisesNote de bas de page 48. L’examen des programmes de la maternelle à la 12e année et de la formation des enseignants dans les domaines des mathématiques et des sciences a révélé l’existence d’un processus graduel de décolonisation et de désapprentissage des présupposés qui sous-tendent ces matières. S’engager à examiner la manière dont pensée autochtone et pensée occidentale pourraient « faire bon ménage » dans la salle de classe nécessite de mettre les deux sur un pied d’égalité. La compréhension des étudiants peut s’améliorer si l’on tire parti des deux ensembles d’idées.

    La reconnaissance du choc des valeurs entre les deux philosophies d’apprentissage, occidentale et autochtone, et l’élaboration d’une compréhension commune axée sur l’égalité, les relations et le dialogue sociopolitique constituent une transformation nécessaire du système d’éducationNote de bas de page 49.



  • Les manières d’envisager l’enseignement et l’évaluation des acquis devraient être plus pertinentes sur le plan culturel et davantage propres à la culture. Les programmes d’études devraient inclure davantage de contenus qui reflètent et enseignent la culture autochtone. Les enseignants du Nunangat inuit, par exemple, souhaitent faire une plus large place à l’enseignement biculturel (plutôt que d’ajouter des cours distincts axés sur la culture) et consacrer plus de temps à l’enseignement de l’inuktut. Dans ces régions et dans la région du Sahtú, dans les Territoires du Nord-Ouest, les enseignants mettent de plus en plus l’accent sur l’importance d’activités pédagogiques axées sur le territoire, qui enseignent les valeurs et les compétences autochtones au moyen d’un apprentissage par l’expérience. Non seulement les professionnels de l’enseignement doivent-ils accroître la pertinence de leurs activités sur le plan culturel, mais ils devraient également ancrer leurs démarches dans des cultures et des contextes autochtones précis. Par exemple, les évaluations des retards de développement devraient être effectuées dans la langue de l’élève, en se fondant sur une bonne compréhension des particularités culturelles qui pourraient être interprétées à tort comme des retards de développement.

  • La participation des parents, des aînés et de la communauté élargie est essentielle pour assurer la qualité de l’enseignement, de la formation et de l’évaluation. Les enseignants du Nunangat inuit favorisent la participation des parents en leur procurant des trousses d’outils qui les aident à prendre part aux apprentissages de leurs enfants, en offrant de l’éducation aux adultes et en faisant des visites à domicile. Les enseignants mettent également l’accent sur la nécessité de faire davantage appel aux aînés pour enseigner aux élèves et les guider. D’autres recherches révèlent que, dans le cadre des efforts visant à améliorer la formation des professionnels appelés à travailler auprès des enfants, il y aurait lieu de mettre à contribution les communautés autochtones, par exemple en les consultant sur la réforme des programmes d’études et en les faisant participer directement à cette réforme. Parallèlement, l’école, la famille et la communauté devraient collaborer à l’évaluation et à la prise en compte des besoins en matière d’apprentissage; on pourrait, par exemple, solliciter les points de vue des membres de la famille au sujet des besoins d’un enfant et veiller à ce que les stratégies correspondent aux conceptions de la communauté.

  • La formation des professionnels qui travaillent auprès des enfants devrait mettre l’accent sur les relations, le dialogue, les attitudes, ainsi que sur les approches axées sur la sécurité culturelle. Il est essentiel que les enseignants et les autres professionnels qui s’occupent des enfants suivent aussi bien une formation de base que des séances de perfectionnement professionnel pour travailler de façon efficace avec les enfants et les communautés autochtones. Il importe d’établir et d’entretenir des relations à long terme, conformes à l’éthique et caractérisées par le dialogue, le respect et l’apprentissage mutuel. Les programmes d’études des professionnels appelés à travailler auprès des enfants devraient inclure une formation sur les pratiques favorisant la « sécurité culturelleNote de bas de page 51 ». Celles-ci comprennent notamment la connaissance de soi et la prise en compte des rapports de force inégaux. De même, les personnes qui évaluent les besoins des élèves en matière d’apprentissage devraient bénéficier d’un soutien pour être en mesure de reconnaître l’influence de leurs propres croyances et attitudes et de mettre au point des pratiques appropriées sur le plan culturel.

  • Certains étudiants et professeurs autochtones estiment que les efforts visant à « autochtoniser » les universités ne sont pas suffisants pour ce qui est d’opérer un changement institutionnel ou d’établir de nouvelles relations. Lorsque du matériel autochtone est inclus dans des cours et des programmes, bon nombre y voient un « apport symbolique » ou un « simple ajout », au lieu d’y voir une affirmation des connaissances autochtones, une reconnaissance de la diversité des peuples autochtones et, plus substantiellement, une mesure prise pour contrer le racisme et les inégalités et pour favoriser l’intégration. Certains universitaires autochtones ont le sentiment que les établissements universitaires se contentent de « concéder » un peu d’espace aux systèmes de connaissances autochtones sans s’engager de façon plus large à soutenir les intellectuels et les communautés autochtones. Certains affirment par ailleurs que les connaissances autochtones devraient être considérées comme « non cédées », parce qu’il n’y a pas eu de cadre ni d’accord sur leur adoption dans les milieux universitaires. Par-delà les questions concernant les connaissances autochtones, il y a un sentiment largement répandu selon lequel il faut en faire plus pour recruter et retenir des professeurs autochtones, à la fois pour contribuer à réduire la surcharge de travail des professeurs en poste actuellement et pour mieux faire connaître les visions du monde et les enjeux autochtones à tous les étudiants.

    Nous avons des politiques sur la manière d’autochtoniser les universités […] mais nous devons nous rappeler que ces mesures correctives ne sont pas des traités. Elles ne sont ni adéquates ni même des substituts appropriés aux conversations plus englobantes qui doivent avoir lieu sur le rôle que les universités et les organismes universitaires et de recherche doivent jouer pour assumer leurs responsabilités respectives envers ceux dont ils occupent le territoireNote de bas de page 52.





  • Il existe un imposant corpus de recherches sur les approches visant à préparer les professionnels à travailler avec les communautés autochtones, mais il existe peu d’information portant spécifiquement sur le travail avec les enfants et peu de données probantes sur les résultats obtenus. La recherche fait ressortir que l’apprentissage par l’expérience et l’immersion, ainsi que l’autocritique, peuvent être utiles pour former des professionnels non autochtones. Toutefois, le corpus de travaux disponibles sur la manière de préparer les professionnels à travailler avec des enfants autochtones demeure très pauvre. De plus, les données probantes sur la manière dont certaines approches pédagogiques influent sur la pratique professionnelle ou sur les résultats qui en découlent pour les Autochtones sont limitées ou fragmentaires.

  • Beaucoup de recherches universitaires font état de manières de favoriser la réussite des étudiants inuits, mais il est plus difficile de cerner tout ce que font les écoles qui ont du succès. Les recherches existantes font ressortir l’importance, par exemple, de partenariats solides avec les communautés et de matériel didactique approprié pour promouvoir l’enseignement et l’apprentissage de la culture inuite. Toutefois, peu d’études ont pu cerner l’éventail complet d’approches et d’activités auxquelles ont recours les écoles qui sont les plus efficaces pour favoriser la réussite scolaire. De plus, très peu de recherches ont tenté de regrouper des expériences provenant des quatre régions inuites.

  • Il y a un vaste consensus sur ce que sont les bonnes pratiques d’évaluation et de prise en compte des besoins en apprentissage des élèves. À titre d’exemple, le dépistage, les études de cas, les évaluations et les recommandations devraient mettre à contribution des équipes interdisciplinaires de professionnels, ainsi que la famille et la communauté, et être adaptés sur le plan culturel et linguistique. De futures recherches pourraient donner lieu à un suivi de la manière dont certaines communautés autochtones adoptent ces bonnes pratiques.

  • La majeure partie des recherches sur les visions du monde multiples en enseignement des mathématiques et des sciences adoptent une approche axée sur les points forts, mais il n’y a guère d’exemples de mise en application et d’impact. La plupart des études dans ce domaine portent plutôt sur le fait de mettre les connaissances autochtones à l’honneur et sur la manière dont elles facilitent l’assimilation en classe. Pour l’instant, on sait peu de choses sur l’exécution de programmes de mathématiques et de sciences qui permettent à différentes visions du monde de se côtoyer et sur l’impact que cela a sur l’intérêt et le taux de réussite des élèves dans ces matières. D’autres recherches pourraient examiner de quelles formes de soutien les enseignants autochtones et non autochtones ont besoin pour adopter ces approches pédagogiques.



Les conceptions autochtones du mieux-être mettent l’accent sur le caractère holistique et collectif de celui-ci, ainsi que sur ses liens étroits avec la culture et la nature. Le mieux-être comprend beaucoup plus que la satisfaction des besoins primaires et l’atteinte d’une certaine qualité de vie. Parmi les dimensions du mieux-être communautaire autochtone, mentionnons un fort sentiment d’identité, un solide lien au territoire, la vitalité des langues, cérémonies et modes de vie et la transmission d’une génération à la suivante de ces aspects de la culture. Cela suppose que les enfants et les familles disposent des moyens et des soutiens nécessaires pour vivre de façon saine, s’épanouir et contribuer.

Les recherches mentionnées dans cette section montrent comment la participation des aînés à la vie sociale peut contribuer au mieux-être ainsi défini. Elles démontrent en outre qu’il y a des enfants, des familles et des communautés autochtones qui éprouvent des difficultés à l’égard de certains aspects du mieux-être. Les ménages habitant dans des réserves au Canada sont trois fois plus susceptibles de vivre en deçà de la norme minimale acceptable en matière de logementNote de bas de page 53. En outre, les enfants autochtones sont surreprésentés dans la clientèle des services de protection de l’enfanceNote de bas de page 54 et reçoivent un diagnostic de retard de développement en plus grand nombre que les enfants non autochtonesNote de bas de page 55.

Plusieurs expériences et plusieurs facteurs contribuent au manque de mieux-être, mais les recherches semblent indiquer que la manière dont ces manques ont été définis, mesurés et traités poserait problème. Évaluer les besoins en logement et favoriser le développement de l’enfant en mettant les visions du monde et la participation active des Autochtones au centre de la démarche, par exemple, pourraient contribuer à de meilleurs résultats et mener à l’autodétermination. Il est également important d’intégrer des perspectives autochtones dans la manière dont les initiatives visant le mieux-être sont évaluées.



  • Les peuples autochtones estiment souvent que leur culture et leur vision du monde ne sont pas prises en compte dans la manière dont les questions de mieux-être sont définies. Les recherches laissent entrevoir que les institutions jouent un rôle décisif dans la détermination ou la définition des problèmes. Par exemple, les définitions des retards de développement chez l’enfant ont tendance à « pathologiser les différences », et le dépistage d’enfants « à risque » se concentre sur les manquesNote de bas de page 56. Ces approches sont souvent en conflit avec les conceptions autochtones de l’enfant et de son développement, selon lesquelles l’enfant est considéré comme un cadeau du Créateur, et les capacités qui sont les siennes sont vues comme un apport au bien commun. En matière de logement, les définitions et les mesures gouvernementales ont été conçues pour des milieux urbains et des économies de marché que l’on ne trouve pas chez bon nombre de communautés des Premières Nations. Ces définitions et mesures ont tendance à ne pas tenir compte des conceptions symboliques et culturelles du logement que peuvent cultiver les communautés autochtones; par exemple, le domicile peut être vu comme un lieu où des modes de vie sont concrétisés et où des relations et des réseaux sociaux sont établis. Pour combler les écarts entre les conceptions, toute tentative de compréhension de l’expérience autochtone devrait mettre la culture autochtone au centre de la réflexion.

  • Les définitions institutionnelles révèlent des idéologies sous-jacentes et peuvent créer des problèmes qui doivent ensuite être corrigés au moyen de programmes ou d’interventions. Par exemple, les définitions cliniques et les diagnostics de retard de développement chez les enfants autochtones mettent en évidence des hypothèses et des préjugés sous-jacents au sein des services à l’enfance en difficulté. Cela peut mener à poser un diagnostic de retard de développement pour un nombre disproportionné d’enfants de divers groupes culturels et linguistiques et à affirmer que les parents sont mal outillés pour encadrer ou aider leurs enfants. Les interventions cliniques précoces qui en résultent bien souvent ne sont pas conformes à la manière dont les Autochtones envisagent l’enfance, le mieux-être et la guérison, laquelle met l’accent sur une éducation centrée sur la famille et sur les liens au territoire, à la culture et à la spiritualité. Par ailleurs, on fait valoir que les évaluations du logement dans les réserves témoignent de l’exercice persistant d’un pouvoir colonial, puisqu’elles font état de « crises » que les communautés des Premières Nations sont réputées incapables de résoudreNote de bas de page 57.

    [Nous] devons déterminer si les peuples autochtones vivent leur propre crise du logement ou celle de quelqu’un d’autreNote de bas de page 58.



    Le fait de reconnaître le rôle que les institutions jouent dans la définition des retards de développement en cherchant à favoriser un développement optimal peut aider à mieux comprendre l’idéologie qui sous-tend les services à l’enfance en difficulté et les conséquences de cette idéologie sur le plan culturelNote de bas de page 59.



  • Les évaluations devraient tenir compte du contexte et de la culture et mettre à contribution les parties prenantes de la communauté. De nombreuses communautés sont aux prises avec le genre de problèmes que les initiatives communautaires globalesNote de bas de page 60 cherchent à régler, mais la situation de chaque communauté est particulière. L’évaluation des efforts déployés pour composer avec la situation devrait être représentative des milieux de vie et des visions du monde autochtones qui sont à l’œuvre. Des cadres différents pour l’évaluation du logement devraient quant à eux témoigner des objectifs, des valeurs et des conceptions de communautés autochtones données, notamment de ceux qui ont trait à la signification holistique du logement pour son occupant. Cela peut se faire en permettant à la communauté de répondre aux questions suivantes : qu’est-ce que le logement? Pourquoi l’évaluer? Et comment l’évaluer? Les recherches sur les évaluations des initiatives communautaires globales et sur les évaluations du logement mettent également en évidence la nécessité de faire participer directement les personnes touchées. Ainsi, les utilisateurs autochtones des logements devraient participer à titre d’évaluateurs.

    Si les peuples autochtones du Canada entendent réaliser leurs aspirations et favoriser le dynamisme et la viabilité de leurs communautés, n’est-il pas évident que les stratégies ayant pour objet d’évaluer les efforts faits en ce sens doivent comprendre des démarches pertinentes sur le plan culturel et qui trouvent un écho au sein de ces communautésNote de bas de page 61?



  • Les tensions entre différentes démarches d’intervention et d’évaluation pourraient être atténuées en ayant recours à des stratégies hybrides et en repensant les données probantes. Les interventions précoces et les services à l’enfance habituels devraient intégrer des conceptions et des expériences autochtones des retards de développement. Les recherches à ce sujet pourraient conjuguer études cliniques et connaissances culturelles autochtones sur les enfants et leur développement. Des tensions découlent de la préférence accordée à des démarches d’évaluation « scientifiquement rigoureuses » qui mettent l’accent sur l’objectivité et les données généralisables de manière à pouvoir appliquer les résultats dans différents contextes. Une voie à suivre pour l’évaluation des initiatives communautaires globales consisterait à déterminer certaines démarches classiques qui cadreraient mieux avec des aspects clés des visions du monde autochtones. En matière de logement, des démarches d’évaluation hybrides pourraient être fondées sur le « double regard » : des experts externes et des utilisateurs locaux pourraient travailler ensemble, en associant des critères techniques à des éléments fondés sur l’expérience. Les programmes et les politiques demeurent « fondés sur des données probantes », mais on se demande de plus en plus quelles données probantes, et provenant de qui, devraient être considérées comme légitimes.

    Ce recours à la systématisation […] ignore l’élément crucial qu’est le pouvoir dans la conception de l’évaluation du logement et la capacité qu’il a d’avoir une incidence sur les décisions en matière de méthodologieNote de bas de page 62.



  • Les contributions des aînés au mieux-être social et personnel sont essentielles à toute démarche holistique à l’égard des questions ayant trait à la communauté. Par leurs activités et leurs interactions sur le plan économique, civique et domestique, les aînés aident à la fois les personnes et les communautés et contribuent au renforcement de la solidarité intergénérationnelle. Entre autres rôles, les aînés transmettent des connaissances et des pratiques culturelles, contribuent à une meilleure sensibilisation des non-Autochtones à la culture autochtone dans les milieux de travail et les écoles et organisent des cérémonies et des activités d’éveil spirituel. Sur le plan personnel, les aînés peuvent aider à renforcer l’estime de soi, la fierté et les croyances. Sur le plan collectif, ils peuvent raffermir la langue et la culture et contribuer à la défense des droits et aux revendications territoriales. Il est possible d’optimiser les contributions des aînés au mieux-être en améliorant la communication avec les jeunes.


  • Il existe un solide corpus d’écrits sur différentes démarches en matière d’évaluation, mais certains contextes canadiens et certains points de vue et modes de connaissance autochtones en sont largement absents. Les recherches sur les initiatives communautaires globales mettent en évidence différentes méthodes d’évaluation et font mention des débats au sujet de leurs buts respectifs en ce qui a trait à l’information recherchée et à la manière dont elle sera utilisée. Toutefois, aucune étude de cas n’applique des modes de connaissance autochtones à l’évaluation des initiatives communautaires globales. D’autres recherches sont également nécessaires pour évaluer les initiatives communautaires globales dans le contexte canadien, où divers ordres de gouvernement interviennent. Parallèlement, les recherches sur le logement décrivent les visions du monde et les théories qui sous-tendent différentes démarches d’évaluation, mais il y a peu d’écrits sur l’évaluation du logement ou sur les expériences vécues en matière de logement rédigés par des auteurs autochtones ou axés sur des points de vue autochtones.

  • Des travaux émergent sur les manières autochtones de fournir des services d’intervention précoce, mais les connaissances ne sont pas encore appliquées sur une grande échelle. Les conceptions du développement de l’enfant et des retards de développement qui sont propres aux Autochtones figurent encore rarement dans les recherches et les pratiques. Toutefois, on est davantage sensibilisé à l’importance d’utiliser des démarches axées sur la famille, qui intègrent la culture dans les évaluations des retards de développement et dans les services fournis. Pour l’instant, peu de changements aux programmes d’intervention précoce ont résulté du corpus de connaissances émergent sur la prestation de services ancrée dans des conceptions autochtones. Des recherches futures pourraient être utiles pour examiner si des démarches d’évaluation davantage adaptées à la culture se traduisent par des effets plus positifs pour les enfants autochtones.

  • On a consigné de nombreuses observations et expériences sur les contributions des aînés au mieux-être et à la solidarité intergénérationnelle, mais il y a eu relativement peu d’études empiriques sur ces contributions. La documentation grise fournit de nombreux exemples des incidences que l’on attribue aux aînés, notamment pour ce qui est des attitudes et des comportements, de la prévention de la violence et de la protection de l’environnement. Toutefois, il existe relativement peu d’analyses scientifiques des effets précis des activités des aînés, et peu d’études qualitatives qui en illustrent les mécanismes. Des recherches futures pourraient combler ces lacunes. Entre autres, il pourrait y avoir davantage d’analyses sexospécifiques, et l’accent pourrait être mis sur des conceptions et des mesures du mieux-être qui sont importantes pour les peuples autochtones. Parmi les autres questions à étudier, il y a lieu de mentionner la manière dont les jeunes perçoivent les facteurs qui façonnent les contributions des aînés au mieux-être de la communauté. Les résultats pourraient permettre d’améliorer la communication entre les générations.


Les peuples et les communautés autochtones sont de plus en plus nombreux à se lancer en affaires pour améliorer leur qualité de vie et promouvoir le développement communautaire. La population de travailleurs autonomes des communautés des Premières Nations et des peuples métis et inuit continue de croître, et les données sur la croissance des entreprises autochtones révèlent que celles-ci sont de plus en plus rentablesNote de bas de page 63. Outre le fait qu’elles permettent aux peuples autochtones de réaliser des objectifs qui leur sont propres, les entreprises aussi bien privées que communautaires peuvent contribuer à réduire les disparités en matière d’emploi et de revenu qui persistent entre Autochtones et non-Autochtones au CanadaNote de bas de page 64,Note de bas de page 65.

Inspirée de recherches menées au Canada et ailleurs, cette section du rapport explore l’entrepreneuriat, le tourisme et les coopératives autochtones. Les communautés autochtones font énormément confiance à l’entrepreneuriat, y voyant un outil de développement et de changement positifNote de bas de page 66. Pour ce qui est de l’industrie touristique autochtone, en expansion au Canada, elle emploie plus de 33 000 personnes et représente 1,4 milliard de dollars du produit intérieur brut du paysNote de bas de page 67.

Certaines communautés du Nord canadien se tournent vers les coopératives pour s’assurer que leurs besoins sont satisfaits et pour conserver les avantages économiques dans la communautéNote de bas de page 68. Une coopérative autochtone est à la fois une forme d’entreprise sociale autochtone, une expression d’autodétermination et un sujet de recherche émergent. Les entreprises sociales autochtones sont caractérisées par le fait qu’elles associent des valeurs et des objectifs d’ordre économique, social, culturel et environnementalNote de bas de page 69.

Les recherches laissent entrevoir que les entreprises autochtones sont mieux en mesure de faire progresser l’autodétermination lorsqu’elles sont fondées sur les aspirations, les conceptions et le contrôle autochtones, ainsi que sur les connaissances issues du milieu local. Elles indiquent également que les connaissances sur l’entrepreneuriat et les pratiques d’affaires autochtones peuvent non seulement appuyer la réconciliation mais également renforcer les programmes d’études en administration des affaires.



  • L’activité économique autochtone est orientée vers la communauté et la culture. Les définitions et les pratiques courantes de l’entrepreneuriat ont tendance à mettre l’accent sur l’accumulation de la richesse et le gain économique personnel. L’entrepreneuriat autochtone vise à des effets bénéfiques plus vastes, notamment le renforcement de la culture et le développement de la communauté dans son ensemble. De façon similaire, les communautés autochtones voient le tourisme comme un facteur important d’affirmation culturelle, de développement communautaire et de dialogue. Des études de cas de coopératives de communautés du Nunavut, des Territoires du Nord-Ouest et du Yukon révèlent une tendance à comprendre les besoins locaux et à y donner suite, ainsi qu’à s’assurer que toute coopérative profite d’abord et avant tout à la communauté.

  • Des formes de colonialisme persistent dans la langue de l’entrepreneuriat et dans les modèles de gouvernance en matière de tourisme autochtone. La langue est porteuse de valeurs et d’idées sous-jacentes, et une bonne partie des écrits universitaires sur l’entrepreneuriat est formulée dans des termes et selon des théories colonialistes. En imposant les écrits habituels, on se trouve à ignorer les peuples autochtones, leur histoire et leur vision du monde. Ces derniers doivent s’adapter aux approches courantes et les assimiler. Certaines formes de gouvernance en matière de tourisme peuvent également reproduire des modèles coloniaux, mais les communautés autochtones peuvent privilégier des modèles de cogestion et de copropriété pour des activités de tourisme avec des partenaires non autochtones. Ces modèles sont en général plus rentables et peuvent renforcer les capacités des communautés. Certains auteurs voient dans ces modèles des signes de réussite, tandis que d’autres estiment que la répartition des responsabilités reproduit habituellement les rapports économiques caractéristiques du colonialisme. Les partenaires non autochtones ont davantage d’expérience en gestion et en marketing et ont accès aux marchés, tandis que les communautés autochtones offrent leurs ressources et leurs connaissances traditionnelles, au risque de marchandiser leur culture.

    [L]orsque ces partenariats se font sans renforcement de capacités ni transfert d’expertise et de compétences, les communautés peuvent devenir le produit touristique plutôt qu’une partie prenante du développementNote de bas de page 70.



  • Les étudiants et les gens d’affaires autochtones ont besoin de leurs propres théories et modèles d’affaires, se rapportant notamment à des endroits ou à des communautés donnés. Les conceptions courantes de l’entrepreneuriat ne peuvent être appliquées universellement en contexte autochtone en raison de ce qui distingue l’entrepreneuriat autochtone. Les écrits sur l’entrepreneuriat autochtone mettent l’accent sur la collectivité, le développement communautaire et les conditions sociales. Par conséquent, l’entrepreneuriat autochtone a besoin de ses propres théories. Les nombreux étudiants autochtones inscrits dans des programmes d’administration des affaires de niveau postsecondaireNote de bas de page 71 auraient également avantage à en savoir plus sur les pratiques d’affaires autochtones. Cette information est actuellement éparpillée et répartie entre plusieurs disciplines universitaires. S’ils en disposaient, les étudiants pourraient davantage se percevoir comme de futurs dirigeants d’entreprise et intégrer les connaissances issues du milieu et les aspirations des communautés autochtones dans leurs pratiques d’affaires. Qu’il s’agisse d’entrepreneuriat, de coopératives ou de gouvernance du tourisme autochtones, les modèles ne peuvent convenir dans toutes les situations, malgré quelques ressemblances, en raison de la grande diversité des cultures et des visions du monde autochtones.

    Il sera crucial d’élargir les programmes d’études en administration des affaires et d’y intégrer la culture autochtone et une conception des affaires localisée pour que les communautés autochtones rurales et éloignées du Canada deviennent des milieux durables pour les affaires, où les futurs dirigeants d’entreprise autochtones pourront travailler et vivreNote de bas de page 72.




  • Le contrôle communautaire est un élément clé de la manière dont les communautés autochtones souhaitent exploiter ou gérer leurs entreprises. Certaines communautés autochtones œuvrant dans le secteur du tourisme estiment qu’elles manquent de contrôle sur la prise des décisions, sur les ressources naturelles traditionnelles et sur la manière dont ces ressources sont mises en valeur aux fins du tourisme. Cette perception est le résultat d’inégalités d’ordre économique et politique entre les acteurs en cause à différents niveaux, ainsi que de la distance qui sépare les décideurs, qui se trouvent souvent dans des centres urbains, des communautés rurales ou éloignées en question. En fait, la question de savoir si la définition même du « tourisme autochtone » devrait inclure le contrôle des terres et des activités par des Autochtones, ou se fonder sur celui-ci, fait l’objet d’un débat. Parallèlement, certaines communautés nordiques ont opté pour des coopératives plutôt que pour le commerce de détail privé, afin de pouvoir davantage contrôler qui peut vendre des produits et à quel prix et qui en tire des avantages économiques. Le fait d’exercer ce contrôle accroît la capacité des communautés de planifier pour l’avenir.

  • Les formes de gouvernance qui favorisent le contrôle ou la gestion par des Autochtones ne profitent pas nécessairement à tous les membres de la communauté. Les entreprises locales et les autres modèles qui procurent davantage de contrôle aux communautés autochtones sur les modalités du tourisme peuvent renforcer l’autodétermination et la gouvernance à l’échelon local et favoriser la solidarité entre les communautés. Toutefois, le contrôle par la communauté ne repose pas nécessairement sur la cohésion et la collaboration de la communauté, pas plus qu’il n’y contribue forcément. Des conflits sont possibles en raison de la structure hiérarchique du leadership au sein des communautés. Si les dirigeants communautaires ne se répartissent pas adéquatement le pouvoir ou les avantages qui s’y rattachent, certains membres de la communauté peuvent se retrouver marginalisés et privés d’influence. C’est particulièrement vrai pour les femmes et les jeunes. Dans le Nord, les liens entre les communautés et les coopératives se sont avérés importants, mais des difficultés peuvent survenir si les dirigeants brouillent les distinctions entre les deux dans les décisions qu’ils prennent.

    [À] moins que des mesures spécifiques ne soient prises pour encourager une participation communautaire significative qui [met à contribution] les différents groupes de la communauté, y compris ceux traditionnellement défavorisés, une participation locale accrue peut simplement transférer le contrôle du développement d’un groupe de l’élite à un autreNote de bas de page 73.






  • Les recherches témoignent de nombreuses approches en affaires que des peuples autochtones ont adoptées de par le monde, mais une bonne partie de ces recherches demeurent en dehors des travaux universitaires habituels, et les cadres et théories doivent être approfondis. Les forces méthodologiques des recherches résident dans les études de cas et les autres types de recherches qualitatives qui documentent les expériences autochtones. Or seulement une petite minorité d’articles sur l’entrepreneuriat autochtone a été publiée dans des revues de gestion importantes. Dans ces conditions, il peut être difficile de faire en sorte que les universitaires aient accès à l’information dont ils ont besoin pour faire des recherches dans ce domaine. En outre, il faut, en guise d’orientation, davantage de théories qui s’appliquent aux contextes autochtones, intègrent des connaissances traditionnelles et élargissent la portée de l’entrepreneuriat de sorte qu’il ne se limite pas au gain économique personnel. En ce qui concerne les écrits sur le tourisme, ils traitent de modèles d’initiatives cogérées par des partenaires autochtones et non autochtones. Cependant, on trouve moins d’écrits portant précisément sur les autres formes que peut prendre la gouvernance en matière de tourisme autochtone, ainsi que sur la manière de laisser les communautés autochtones définir la nature de la réussite en tourisme.

  • Il faut mieux comprendre comment certains groupes de facteurs interagissent pour influer sur les perspectives en tourisme. Dans toute région, certaines conditions, telles que l’emplacement géographique, les lois applicables et la sensibilisation ou les risques en ce qui concerne l’environnement font qu’il est plus ou moins difficile de mettre sur pied une entreprise dans le secteur du tourisme. D’autres facteurs ont trait spécifiquement aux contextes ou aux terres autochtones dans la région. Les recherches ne montrent pas à l’heure actuelle comment les interactions entre ces deux ensembles de facteurs influent sur les perspectives de réussite d’initiatives en tourisme.

  • Il faut améliorer les liens entre les programmes d’études offerts dans les communautés et les coopératives. Chacune des trois communautés nordiques mentionnées dans les études de cas sur les coopératives possède de solides infrastructures dans le domaine de l’éducation. Pourtant, les établissements d’enseignement locaux ne ciblent peut-être pas les besoins des coopératives en ce qui concerne certaines connaissances, compétences et formations; par exemple, les cours ne développent pas le sens des affaires et ne sensibilisent pas aux particularités culturelles. Des recherches futures devraient porter sur le resserrement des liens entre les programmes d’études existants et les coopératives dans chacune des communautés. D’éventuels partenariats avec des établissements d’enseignement postsecondaire du sud du pays pourraient permettre d’offrir davantage de possibilités et d’ainsi combler les lacunes constatées.



Cette section porte sur l’autonomie gouvernementale des Autochtones, le droit autochtone et les droits des Autochtones sur la scène internationale. Les recherches examinent comment ces aspects recoupent la mise en valeur des ressources et la durabilité de l’environnement et comment ils sont reliés au droit constitutionnel, au droit jurisprudentiel et au droit interne au Canada.

L’autonomie gouvernementale est la capacité d’un groupe ou d’une communauté de prendre des décisions et de déterminer qui est appelé à prendre des décisions; elle suppose l’autonomie dans les affaires internes ou localesNote de bas de page 74. Les lois autochtones sont au cœur de la gouvernance. Elles font partie des ordres juridiques autochtones, qui comprennent des démarches visant à restaurer l’harmonie communautaire et à concrétiser les aspirations à l’autodéterminationNote de bas de page 75. Les lois autochtones sont fondées sur des visions du monde autochtones et sont le fruit d’interactions passées au sein d’une culture donnée. Elles sont souvent non écrites et sont transmises au moyen de récits, de traditions et de modes de vieNote de bas de page 76.

Au Canada, la reconnaissance et la revitalisation grandissantes du droit autochtone sont stimulées par la CVR, les décisions de la Cour suprême et la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtonesNote de bas de page 77. Ainsi, l’article 32 de la Déclaration portant sur le consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause, constitue une reconnaissance des lois autochtones, car le fait de donner ou de refuser son consentement est une mise en application du droit autochtoneNote de bas de page 78. Les recherches à cet égard montrent la pertinence du droit autochtone au regard des enjeux actuels, entre autres, de l’extinction des espèces et de l’insécurité hydrique. Les recherches font ressortir un autre élément lié à la gestion des ressources, à savoir les préoccupations des groupes autochtones au Canada relativement à l’obligation qu’a le gouvernement de consulter avant de décider d’approuver ou non des projets de développement qui touchent des communautés autochtones.



  • L’affirmation des droits des Métis a mené à des décisions récentes de la Cour suprême du Canada qui sont cruciales pour l’atteinte de l’objectif d’autonomie gouvernementale. L’article 35 de la Loi constitutionnelle de 1982 accorde des droits issus de traités et des droits ancestraux aux Métis. Ces dernières années, les Métis ont commencé à revendiquer plus résolument certains de ces droits. Il en est résulté des décisions judiciaires qui ont ouvert des horizons nouveaux. Trois de ces décisions, parmi les plus importantes, ont permis respectivement d’établir qui peut revendiquer des droits en tant que Métis, de constater que la Couronne a omis de respecter une entente de 1870 qui avait pour objet de réserver plus d’un million d’acres pour les enfants métis au Manitoba et de confirmer l’obligation de fiduciaire du gouvernement fédéral envers les Métis. Ces trois causes ont établi que la Couronne doit remplir ses obligations quand elle fait face à des revendications constitutionnelles non réglées. Elles ouvrent également la voie à des négociations entre les Métis, d’une part, et la Couronne et les gouvernements provinciaux, d’autre part.

  • Les organismes métis prennent des mesures pour parvenir à l’autonomie gouvernementale, mais les questions identitaires rendent particulièrement difficile l’atteinte de cet objectif à long terme. De nombreux organismes représentant les Métis ont intégré des aspects d’autonomie gouvernementale dans leur structure, au moyen, entre autres, de règlements intérieurs ou d’un acte constitutif. Surtout, bon nombre de ces organismes ont reçu l’aval des provinces dans lesquelles ils se trouvent, ce qui leur permet de représenter les Métis dans le cadre de consultations et d’accords avec les gouvernements. Toutefois, la question de savoir qui est Métis n’est pas résolue, l’identité métisse étant le fruit de dimensions linguistiques, géographiques et historiques fort complexes. C’est pourquoi il est difficile pour les Métis de revendiquer le statut et les droits qui leur sont accordés en vertu de l’article 35.

  • Les travaux d’érudition de plus en plus nombreux sur les ordres juridiques autochtones révèlent à la fois leur diversité et quatre notions qui aident à les comprendre. Chaque ordre juridique autochtone est ancré dans une langue, des visions du monde et des traditions qui lui sont propres; il n’y a pas de principes juridiques autochtones universels. Tout en ne perdant pas de vue le caractère distinct des traditions juridiques autochtones, pour mieux comprendre le droit autochtone, il importe de garder quatre notions à l’esprit. Tout d’abord, les ordres juridiques autochtones mettent l’accent sur le maintien de relations harmonieuses au sein des communautés, ainsi qu’avec la Terre et les autres formes de vie. Deuxièmement, ils sont façonnés par la langue, car les langues façonnent les conceptions du monde. Troisièmement, ils ne sont pas issus des mêmes sources que les lois d’un État, puisqu’ils découlent, entre autres, d’enseignements, de récits et de principes résultant de l’observation de la nature. Quatrièmement, ils continuent d’évoluer et demeurent pertinents pour que soient relevés les défis auxquels les peuples autochtones font face.

  • Le droit autochtone considère les questions de gestion des ressources et d’extinction des espèces sous l’angle des relations holistiques, spirituelles et morales. Le droit et les conceptions des Occidentaux ont tendance à voir les ressources naturelles comme étant à la disposition de l’être humain, qui peut les exploiter. Le droit autochtone relié à l’intendance de l’environnement confère d’autres significations, plus complexes, à la Terre, à l’eau et aux formes de vie qu’elles soutiennent. D’après ce droit, les éléments qui constituent l’environnement sont interreliés, revêtent une signification spirituelle et culturelle et imposent des obligations d’ordre éthique et juridique à l’être humain. Ainsi, l’eau est perçue comme une entité vivante dotée de droits, la dégradation de la Terre par l’exploitation des sables bitumineux risque d’entraîner la perte de connaissances de nature culturelle, et il y a extinction d’espèces lorsque l’être humain ne respecte pas son obligation éthique d’assurer un équilibre entre les êtres vivants. Certaines communautés autochtones élaborent leurs propres politiques de gouvernance des ressources, fondées sur le droit autochtone.

    L’arrimage entre la vision autochtone et la vision occidentale de l’eau constitue un enjeu clé […] nos visions du monde influent sur nos modes de gouvernanceNote de bas de page 79.



  • De nombreuses communautés autochtones soulèvent à répétition des préoccupations importantes au sujet des consultations portant sur les propositions de mise en valeur des ressources. Il y a obligation de consulter les communautés autochtones lorsque des projets de mise en valeur sont susceptibles de toucher des terres autochtones qui font l’objet de revendications ou de droits issus de traités. D’après la jurisprudence, les gouvernements fédéral et provinciaux du Canada sont obligés de s’assurer que les communautés ou les groupes autochtones sont consultés, et de composer avec leurs préoccupations, avant de décider si de tels projets sont approuvés. Les communautés autochtones ont signalé de nombreux problèmes dans la manière dont les consultations sont menées, notamment les courts délais pour réagir aux propositions, le fait que les consultations sont confiées à l’industrie, le manque de partage d’information et de transparence du processus et les rapports de force inégaux entre les responsables des consultations et les personnes consultées. Les recherches menées en Alberta laissent entrevoir que de nombreuses communautés autochtones se sont résignées à ce que les projets d’exploitation des sables bitumineux soient approuvés parce que les responsables des consultations ne prêtent pas suffisamment attention à leurs préoccupations. D’autres facteurs viennent s’ajouter à cela : les communautés autochtones, le gouvernement et l’industrie ne s’entendent pas sur la conception des consultations et sur les accommodements à faire, ni sur les motivations qui les sous-tendent; en matière de consultation, les politiques gouvernementales et celles des communautés ne sont pas harmonisées; un soutien insuffisant est offert par les gouvernements aux communautés autochtones pour qu’elles participent adéquatement aux consultations.

    Il y a, conjugué à un taux d’approbation de 99 p. 100 des projets d’exploitation des sables bitumineux en Alberta (Behr, 2017), le sentiment que le développement est inévitable et que les projets de l’industrie iront de l’avant, avec ou sans la participation de la communautéNote de bas de page 80.



    En l’absence de la capacité de rejeter un projet, le consentement […] n’est pas véritablement obtenu en AlbertaNote de bas de page 81.




    Selon une analyse du contenu de 58 documents de politiques et lignes directrices ayant trait aux consultations et à l’interaction mis à la disposition du public et préparés par des gouvernements (n=21), des parties prenantes de l’industrie (n=17) et des communautés et organismes autochtones (n=20)Note de bas de page 82.

    Reproduit avec l’autorisation des auteurs


  • Il existe d’importantes différences dans la manière dont les acteurs comprennent et utilisent les connaissances autochtones dans la gestion des ressources et de l’environnement. Les gouvernements et l’industrie reconnaissent que les décisions sur la mise en valeur des ressources ne tiennent pas suffisamment compte des connaissances traditionnelles. Le savoir des aînés, en particulier, peut améliorer l’élaboration d’un projet et la préservation de l’environnement. Toutefois, les recherches laissent entrevoir qu’il faudrait prêter attention à la manière dont les connaissances sont comprises et utilisées. Lorsque les démarches occidentales font référence aux « connaissances écologiques traditionnelles » et aux « connaissances autochtones », elles ont tendance à s’inspirer de fragments de connaissances autochtones qui ressemblent énormément aux catégories scientifiques occidentales. Les connaissances serviront peut-être uniquement à titre de données empiriques en vue d’atteindre des objectifs écologiques prédéterminés. En ce qui concerne l’extinction d’espèces, les démarches occidentales d’utilisation de connaissances écologiques traditionnelles et de connaissances autochtones n’arrivent pas à appliquer pleinement la pluralité et la nature intégrée des systèmes de connaissances autochtones. Ces systèmes comprennent des théories sur l’extinction et situent l’écologie par rapport à la philosophie, à la cosmologie et à la pensée juridique.

  • Les régimes juridiques et de gouvernance du Canada rendent difficile l’application aussi bien du droit autochtone que des droits reconnus aux Autochtones sur la scène internationale. Il est important de reconnaître et de revitaliser les ordres juridiques autochtones, car cela aide les communautés autochtones à se gouverner selon des principes qui tiennent compte de leurs valeurs et préservent leurs connaissances et leurs visions du monde. Pourtant, il est actuellement difficile de faire appliquer le droit autochtone au Canada. L’une des difficultés tient à la dépendance à l’égard des lois écrites, le droit autochtone étant souvent fondé sur des traditions orales et transmis par elles. Il existe peu de modèles pouvant indiquer comment l’État canadien pourrait avoir mieux recours aux ordres juridiques autochtones. Certains craignent que les normes et les valeurs autochtones soient dénaturées si jamais elles étaient intégrées dans les régimes juridiques canadiens. Par ailleurs, la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones reconnaît que les droits autochtones relatifs à l’eau sont fondés sur les traditions juridiques des peuples autochtones, ce qui entre en conflit avec les régimes juridiques canadiens actuels, qui définissent les droits autochtones en fonction de conceptions européennes du droit. De même, les articles de la Déclaration qui ont trait aux droits relatifs à l’eau entrent en conflit avec l’approche canadienne de la gouvernance de l’eau douce, qui répartit les responsabilités, selon la Constitution, entre le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux. Les droits autochtones relatifs à l’eau existent parallèlement à ces responsabilités, et la Cour suprême a établi que les droits fonciers issus de traités comprennent les droits relatifs à l’eau.

  • L’incertitude subsiste : pour certains, le consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause, équivaut à opposer un veto à la mise en valeur des ressources, tandis que pour d’autres, il est préférable de mettre l’accent sur l’établissement de relations et la cogouvernance. Les débats au Canada sur la mise en application de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones ont beaucoup porté sur ce que signifie le consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause, pour la mise en valeur des ressources. Le consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause, est apparenté à l’obligation de consulter, mais il s’en distingue car il a trait à l’obtention de la permission des peuples autochtones avant l’approbation de tout projet ayant des incidences sur leurs terres ou territoires et autres ressourcesNote de bas de page 83. Des tensions existent entre, d’une part, les interprétations « procédurales » du consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause, selon lesquelles les gouvernements doivent demander le consentement sans nécessairement l’obtenir, et, d’autre part, les interprétations dites « fortes », selon lesquelles l’issue de la consultation détermine le sort d’un projet. Certains estiment qu’il est malencontreux de se demander si le consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause, équivaut à opposer un veto; ils préfèrent que soient privilégiés un dialogue et des possibilités de partenariat pour la cogouvernance des bassins hydrographiques.

    Le gouvernement ne devrait jamais poser aux peuples autochtones des questions auxquelles il faut répondre par oui ou par non. En réalité, il s’agit plutôt d’établir de nouvelles relations : faire participer les peuples autochtones dès le tout début à un projet ou à un processus quand il y a risque de répercussions sur leurs droits et faire en sorte qu’ils soient de véritables partenaires […]Note de bas de page 84.





  • Les recherches fiables en sciences humaines accusent un net retard par rapport aux recherches en sciences naturelles quand il s’agit de déterminer les répercussions de l’exploitation des sables bitumineux. En Alberta, les qualifications inadéquates des experts-conseils qui effectuent des recherches sur les répercussions sociales de la mise en valeur des ressources et l’absence de contrôle de la qualité relativement à ces recherches suscitent de l’inquiétude. Les communautés autochtones et leurs alliés craignent que l’approbation des projets soit fondée sur des données incomplètes ou peu objectives. La réglementation de la recherche et l’examen des qualifications des experts-conseils permettraient d’accroître la fiabilité, tout comme le feraient des recherches universitaires additionnelles faisant l’objet d’un examen par des pairs et exécutées avec la participation des communautés en ayant recours aux indicateurs et aux seuils d’impact propres à ces communautés. Parmi les sujets qui nécessitent d’autres recherches en sciences humaines dans les endroits où il y a mise en valeur des sables bitumineux, il y a lieu de mentionner les expériences des Métis, la manière dont on peut jumeler l’économie du travail salarié à l’économie traditionnelle fondée sur l’exploitation de la terre, l’afflux présumé de drogues, d’alcool et de populations clandestines aux abords de communautés autochtones isolées et la manière dont les communautés réagissent aux répercussions sur leur langue et leur culture.

  • Il y a eu peu de recherches à ce jour sur les expériences de certains groupes autochtones – en particulier les femmes et les jeunes – dans le contexte de l’exploitation des sables bitumineux en Alberta. Les écrits qui existent sur les expériences des femmes autochtones attestent que le développement peut les toucher de manière différente et plus vive que les hommes. Toutefois, peu d’analyses sexospécifiques ont été effectuées pour documenter cela dans la région des sables bitumineux. Des recherches sont nécessaires, par exemple, sur les liens entre, d’une part, la mise en valeur des sables bitumineux et, d’autre part, le commerce du sexe, la violence au foyer et les femmes et filles autochtones disparues et assassinées. Les recherches existantes documentent quelques aspects des expériences des jeunes, notamment leur attitude à l’égard de l’éducation et de la formation et du fait d’avoir à quitter le domicile familial pour travailler. Malgré le rôle important qu’ils jouent dans le maintien et le renouvellement de modes de vie qui peuvent être touchés par la mise en valeur des ressources, les femmes et les jeunes sont souvent sous-représentés dans les consultations sur les impacts et les évaluations environnementales.

  • D’autres connaissances émergent sur les ordres juridiques autochtones, et les universités, les facultés de droit et les organismes de financement ont un rôle de soutien important à jouer. Étant donné la tradition de transmission orale du droit autochtone, il n’est peut-être pas important, voire pertinent, pour certaines communautés autochtones de le consigner. Toutefois, il se publie de plus en plus de descriptions des ordres juridiques autochtones au Canada. Certaines communautés autochtones ont amorcé leurs propres travaux à cet égard, mais bon nombre n’ont pas les ressources suffisantes. Quelques universités ont appuyé ces travaux au moyen de projets financés, tels que le projet Accessing Justice and Reconciliation à l’University of Victoria et le projet Legitimus à l’Université d’Ottawa. La transmission de traditions juridiques autochtones devrait toujours revenir aux communautés autochtones, mais les facultés de droit pourraient leur venir en aide en enseignant l’argumentation juridique autochtone.

    Les non-Autochtones doivent connaître le droit autochtone et les ordres juridiques autochtones. Tant que ce ne sera pas le cas, les droits des Autochtones ne pourront guère progresserNote de bas de page 85.



  • En matière de règlement des conflits, une certaine ambiguïté se dégage de deux décisions juridiques concernant l’autonomie gouvernementale des Métis. Aux fins de l’arrêt R. c. Powley, [2003] 2 R.C.S. 207, un test en 10 points a été établi pour déterminer qui peut revendiquer les droits accordés en vertu du paragraphe 35(1) de la Loi constitutionnelle de 1982. L’appartenance à une communauté métisse contemporaine figure parmi les exigences. Par ailleurs, le jugement Daniels c. Canada (Affaires autochtones et du Nord Canada), [2016] 1 R.C.S. 99 a confirmé que les Métis sont des « Indiens » au sens où l’entend le paragraphe 91(24) de la Loi constitutionnelle de 1867, qui oblige le gouvernement à veiller à leur bien-être et à les protéger. Toutefois, le jugement Daniels affirme que l’appartenance à une communauté métisse, l’un des critères du test de l’arrêt Powley, n’est pas une exigence. L’ambiguïté persiste pour ce qui est de savoir quels sont les effets du jugement Daniels sur les droits et l’autonomie gouvernementale des communautés métisses.

  • Des recherches pourraient examiner la manière dont les consultations sont menées et aborder les différends et l’incertitude suscités par le consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause. Certains réclament la participation des peuples autochtones à la conception des mécanismes de consultation du gouvernement. Des recherches pourraient se pencher à l’avenir sur les mécanismes, les outils et les processus décisionnels dont les communautés autochtones pourraient souhaiter l’intégration dans les consultations. Elles pourraient également examiner les liens entre la manière dont les consultations sont menées et les répercussions de la mise en valeur des ressources. À titre d’exemple, de meilleures consultations se traduisent-elles par des communautés plus fortes et en meilleure santé? Enfin, d’autres recherches sont nécessaires pour donner suite à des questions reliées au consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause. Entre autres, quels mécanismes de règlement adopter quand des différends surviennent et comment prendre en compte les préoccupations de l’industrie en ce qui concerne l’atténuation des risques? Pour donner suite à la proposition selon laquelle les bassins hydrographiques pourraient faire l’objet d’une cogouvernance par les gouvernements et les groupes autochtones, des recherches pourraient porter sur la manière dont la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones contribue à l’évolution de la gouvernance des ressources naturelles.





Il y a de plus en plus d’efforts et de sensibilisation qui favorisent un avenir commun prospère des personnes des Premières Nations ainsi que des peuples inuit et métis et des non-Autochtones au Canada. Nos ambitions collectives exigeront beaucoup de temps et d’énergie, mais des changements positifs se produisent à un rythme de plus en plus rapide, à la fois au Canada et partout dans le monde, en faveur des droits et du mieux-être des peuples autochtones. La recherche autochtone dans différents champs des sciences humaines témoigne des nombreuses étapes prometteuses qui sont franchies et de la manière dont les recherches futures peuvent continuer d’indiquer la voie à suivre.

Les travaux dont il est question dans le présent rapport examinent les expériences, les aspirations et les systèmes de connaissances des peuples autochtones. Ils font ressortir les points forts, les lacunes et les réflexions émergentes en matière de connaissances qui sont importants en vue de la réconciliation et de l’autodétermination. Par exemple, il est apparu que l’on comprend de mieux en mieux les facteurs qui influent sur l’utilisation de la langue, les ingrédients qui favorisent la réussite scolaire des Autochtones et les principes qui sous-tendent les entreprises autochtones. En même temps, d’autres recherches sont nécessaires sur de nombreux fronts, par exemple sur les répercussions sociales de la mise en valeur des ressources, sur l’application du droit autochtone et sur l’intégration de conceptions autochtones dans les initiatives et services destinés aux communautés autochtones.

Les projets de recherche révèlent également la manière dont la recherche autochtone elle-même est renforcée par des principes éthiques plus robustes, des engagements plus solides envers la collaboration et les partenariats ainsi qu’une meilleure gestion des connaissances numérisées. Les bonnes pratiques qui favorisent la recherche autochtone éthique et efficace sont de plus en plus reconnues. Les recherches futures peuvent aider à répandre leur application, à résoudre les tensions entre différents protocoles et politiques et à renforcer davantage les capacités et la gouvernance en matière de recherche autochtone. Le présent rapport n’explore qu’une fraction des questions que la recherche autochtone permet de traiter. Pourtant, il met en évidence plusieurs observations émergentes essentielles, tout en attirant l’attention sur des questions et des défis qui subsistent et qui sont présentés de manière à pouvoir orienter les pratiques, les politiques et les programmes de recherche.

Certains thèmes s’entrecroisent tout au long du rapport, ce qui reflète les interrelations entre les manières autochtones de connaître et de faire. En premier lieu, les chercheurs et les membres des communautés mettent l’accent sur le rôle des aînés. Ces derniers jouent en effet un rôle essentiel dans la transmission et la revitalisation des langues et des modes de vie, surtout par leur travail auprès des jeunes. Ils guident l’élaboration et la réforme des programmes d’études, les discussions sur la mise en valeur des ressources et la conception de projets de recherche. Leur participation à la vie sociale contribue encore davantage au mieux-être, et ce, de maintes autres façons.

Un deuxième thème a trait à la reconnaissance grandissante des systèmes de connaissances autochtones, même s’il reste beaucoup à faire en éducation et en recherche. Les recherches indiquent à quel point cette reconnaissance est importante pour les questions d’intérêt commun, notamment pour aborder l’extinction d’espèces ou pour améliorer l’apprentissage des élèves en mathématiques et en sciences. Les recherches montrent également comment s’y prendre pour jeter des ponts entre les systèmes de connaissances occidentaux et les systèmes de connaissances autochtones, en vue d’une meilleure compréhension pour tous.

Troisièmement, les langues autochtones ont émergé comme autre thème interrelié. La vitalité de la langue est essentielle à l’identité, à la culture, à l’appartenance et au mieux-être autochtones. La langue englobe énormément de choses, notamment les modes de vie, le droit, les visions du monde, les principes en matière de leadership et le lien au territoire. Les efforts de revitalisation devraient refléter cette interconnectivité. Les recherches ont également révélé que les jeunes autochtones sont des acteurs clés dans la résurgence de la langue. Les alliés non autochtones, par ailleurs, peuvent également jouer un rôle dans la revitalisation, pourvu qu’ils aient les bons outils et la bonne formation.

Les peuples autochtones et non autochtones au Canada se trouvent à un carrefour historique très prometteur. Les connaissances mises en évidence dans ce rapport renforcent encore plus le rôle que peuvent jouer les recherches en sciences humaines pour nous inciter à aller de l’avant – dans nos réflexions, nos dialogues et nos relations – vers un avenir commun équitable et durable.

Le CRSH invite tous les intervenants et les chercheurs à participer au dialogue continu sur l’ensemble des domaines des défis de demain retenus par l’initiative Imaginer l’avenir du Canada. Au moyen de partenariats et d’efforts novateurs en matière de collaboration, nous pouvons mettre à profit les possibilités nouvelles et prometteuses qu’offrent la recherche, la formation et la mobilisation des connaissances. Ensemble, nous pouvons assurer de meilleurs lendemains à tous les Canadiens.




L’initiative Imaginer l’avenir du Canada du CRSH rehausse l’apport crucial que font les sciences humaines en se penchant sur les défis sociétaux complexes que les Canadiens devront relever dans les décennies à venir.

Le Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH) est un organisme de financement du gouvernement du Canada. Par l’attribution de subventions et de bourses, il soutient les travaux de chercheurs qui apportent des éclairages clés sur les défis et les possibilités d’ordre social, culturel, économique et environnemental que présente un monde en constante évolution.



Note de bas de page 1

Commission de vérité et réconciliation du Canada (CVR), Honorer la vérité, réconcilier pour l’avenir Sommaire du rapport final de la Commission de vérité et réconciliation du Canada, Ottawa, Commission de vérité et réconciliation, 2015, p. 20.

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Note de bas de page 2

Dans le présent rapport, le terme « peuples autochtones » est utilisé pour désigner collectivement les personnes des Premières Nations et des peuples inuit et métis. Ceci résulte de la décision du gouvernement du Canada en 2016 d’adopter cette terminologie, dans l’optique de l’engagement qu’il a pris à l’égard de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. Étant donné la diversité des peuples autochtones et l’importance de la déclaration volontaire de l’ascendance autochtone, l’Organisation des Nations Unies n’a pas adopté de définition du terme « autochtone ». Toutefois, l’Instance permanente de l’Organisation des Nations Unies sur les questions autochtones met l’accent sur les critères suivants : le sentiment d’appartenance indigène ou tribale au niveau individuel et l’acceptation par la communauté comme membre de celle-ci; la situation de continuité historique avec les sociétés précoloniales ou précolonialistes; un fort lien avec les territoires et les ressources naturelles qui les entourent; des systèmes sociaux, économiques et politiques propres; une langue, une culture et des croyances propres; des groupes non dominants dans la société; la détermination à préserver et à reproduire leurs environnements et systèmes ancestraux en tant que peuples et communautés distincts.

Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, Les peuples autochtones et le système de protection des droits de l’homme des Nations Unies, Fiche d’information no 9/Rev. 2,New York et Genève, Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, 2013.

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Note de bas de page 3

Commission de vérité et réconciliation, op. cit., p. 7.

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Note de bas de page 4

Pour plus de précisions au sujet de la prospective, voir Horizons de politiques Canada, Module 1  Introduction à la prospective, Ottawa, Sa Majesté la Reine du chef du Canada, 2016, p. 1.

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Note de bas de page 5

En août 2017, le gouvernement du Canada a annoncé la dissolution d’Affaires autochtones et du Nord Canada et la création de deux nouveaux ministères. Le nom Affaires autochtones et du Nord Canada est utilisé aux fins du présent rapport parce qu’au moment de sa préparation, les deux nouveaux ministères n’avaient pas encore été officiellement nommés.

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Note de bas de page 6

Le gouvernement du Canada a appuyé la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones en 2010 et a signifié à la fin de 2017 son intention de la mettre en application intégralement. La ministre de la Justice a annoncé, le 20 novembre 2017, l’appui du Parti libéral au projet de loi C-262, lequel prévoit la mise en application de la Déclaration. Voir https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1068778/loi-saganash-respect-droits-autochtones-justice-gouvernement-liberaux

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Note de bas de page 7

Voir Commission de vérité et réconciliation du Canada : appels à l’action, Winnipeg, Commission de vérité et réconciliation du Canada, 2015.

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Note de bas de page 8

Pour la Commission de vérité et réconciliation, « la réconciliation consiste à établir et à maintenir une relation de respect réciproque entre les peuples autochtones et non autochtones dans ce pays ». Honorer la vérité, réconcilier pour l’avenir, p. 7.

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Note de bas de page 9

Données internes du CRSH, concours de 2007 à 2016.

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Note de bas de page 10

Données internes du CRSH, concours de 2007 à 2016.

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Note de bas de page 11

Observation d’un participant anonyme recueillie dans le cadre de l’évaluation de l’atelier de janvier 2017 de l’initiative Imaginer l’avenir du Canada.

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Note de bas de page 12

Francis Lévesque et Frédérique Cornellier, Imaginer les enjeux futurs de la recherche : les Premiers Peuples et la recherche au Canada, rapport de la rencontre organisée avec des étudiants des 2e et 3e cycles de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue qui travaillent sur des enjeux autochtones, campus de Val-d’Or, Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue, 2015, p. 16.

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Note de bas de page 13

Randal Rogers, Imagining Future Research Challenges: Graduate Student Research in Canada, rapport de la table ronde des étudiants des cycles supérieurs de l’University of Regina, Regina, 2015, p. 5.

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Note de bas de page 14

Pour le CRSH, la « recherche autochtone » se définit comme étant la « recherche réalisée dans n’importe quel domaine ou discipline qui est menée par et avec des communautés, des sociétés ou des personnes des Premières Nations, des peuples inuit ou métis ou d’autres nations autochtones et qui les concerne et repose sur leur sagesse, leurs cultures, leurs expériences ou leurs systèmes de connaissances exprimés dans des formes dynamiques, passées et actuelles. La recherche autochtone peut englober les dimensions intellectuelles, physiques, émotionnelles et (ou) spirituelles du savoir de manière à créer des liens créatifs entre les personnes, les endroits et l’environnement naturel ».

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Note de bas de page 15

Krista Robson et coll., "Walking Together: Applying OCAP® to College Research in Central Alberta", rapport final du projet financé par la subvention de synthèse des connaissances du CRSH, septembre 2017.

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Note de bas de page 16

Michelle Dion et coll., "Indigenous Futures: Research Sovereignty in a Changing Social Science Landscape", rapport final du projet financé par la subvention de synthèse des connaissances du CRSH, septembre 2017.

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Note de bas de page 17

Hugo Asselin et coll., « Accroître la capacité des peuples autochtones à participer à la recherche et à en bénéficier », rapport final du projet financé par la subvention de synthèse des connaissances du CRSH, septembre 2017.

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Note de bas de page 18

Marion Maar, Mariette Sutherland et Lorrilee McGregor, A Regional Model for Ethical Engagement: The First Nations Research Ethics Committee on Manitoulin Island, London (Ontario), Aboriginal Policy Research Consortium International, document 112, 2007.

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Note de bas de page 19

Voir Commission royale sur les peuples autochtones, Rapport de la Commission royale sur les peuples autochtones, Volume 5 – Vingt ans d’action soutenue pour le renouveau, Annexe E. Code d’éthique en matière de recherche, Ottawa, Groupe Communication Canada, 1996.

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Note de bas de page 20

Les principes PCAPMD sont une marque déposée du Centre de gouvernance de l’information des Premières Nations et sont destinés à la recherche avec les peuples des Premières Nations.

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Note de bas de page 21

Krista Robson et coll., op. cit., p. 8.

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Note de bas de page 22

Karine Gentelet et coll., « Boîte à outils des principes de la recherche en contexte autochtone : éthique, respect, équité, réciprocité, collaboration, culture », CSSSPNQL, CRDP, UQAT et Réseau DIALOG, 2015.

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Note de bas de page 23

Michelle Dion et coll., op. cit., p. 17.

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Note de bas de page 24

Leah Levac et coll., "Learning Across Indigenous and Western Knowledge Systems and Intersectionality: Reconciling Social Science Research Approaches", rapport final du projet financé par la subvention de synthèse des connaissances du CRSH, février 2018, p. 17.

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Note de bas de page 25

Ibidem, p. 1.

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Note de bas de page 26

Ibidem, p. 11-12.

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Note de bas de page 27

Hugo Asselin et coll., op. cit., p. 7.

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Note de bas de page 28

Ibidem.

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Note de bas de page 29

Michelle Dion et coll., op. cit., p. 21, 28.

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Note de bas de page 30

Ibidem, p. 30.

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Note de bas de page 31

Keith T. Carlson. et coll., "Enriching Indigenous Community-Engaged Scholarship Using Digital Asset Management Systems", rapport final du projet financé par la subvention de synthèse des connaissances du CRSH, septembre 2017, p. 1, 5.

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Note de bas de page 32

Ibidem, p. 6.

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Note de bas de page 33

Hugo Asselin et coll., op. cit., p. 4.

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Note de bas de page 34

Jean-François Côté et coll., « 30 ans d’arts autochtones au Québec de 1986 à 2016 : bilan et synthèse », rapport final du projet financé par la subvention de synthèse des connaissances du CRSH, septembre 2017, p. 10.

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Note de bas de page 35

Jean-François Côté et coll., « 30 ans d’arts autochtones au Québec de 1986 à 2016 : bilan et synthèse – Annexe 1 », p. 27.

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Note de bas de page 36

Faun Rice et coll., "From Dene Kedə to Dene Ts’ı̨lı̨: Rethinking Resurgence in the Sahtú Region, Northwest Territories", rapport final du projet financé par la subvention de synthèse des connaissances du CRSH, octobre 2017, p. 6.

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Note de bas de page 37

Sara Child, du North Island College, participante au forum d’automne de l’initiative Imaginer l’avenir du Canada, le 26 septembre 2017.

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Note de bas de page 38

Shannon Oudzi, de Colville Lake (Territoires du Nord-Ouest), participante à l’école d’automne Dene Ts'ı̨lı̨ de 2017, citée dans Faun Rice et coll., "From Dene Kedə to Dene Ts’ı̨lı̨ – Appendix C – Youth Knowledge", p. 2.

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Note de bas de page 39

Faun Rice et coll., "From Dene Kedə to Dene Ts’ı̨lı̨ – Appendix C – Youth Knowledge", p. 9.

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Note de bas de page 40

Statistique Canada. « La scolarité au Canada : faits saillants du Recensement de 2016 », Le Quotidien, Ottawa, Statistique Canada, le 29 novembre 2018.

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Note de bas de page 41

Melanie O’Gorman et coll., "(re)Visioning Success in Inuit Education: a report of the 2017 Inuit Education Forum", rapport final du projet financé par la subvention de synthèse des connaissances du CRSH, Ottawa, Inuit Tapiriit Kanatami, août 2017, p. 9.

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Note de bas de page 42

Barry Anderson et John Richards, Commentary No. 444 – Students in Jeopardy: An Agenda for Improving Results in Band-Operated Schools, Toronto, Institut C.D. Howe,  janvier 2016, p. 1.

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Note de bas de page 43

Corina Borri-Anadon et coll., « L’évaluation des besoins des élèves autochtones par les acteurs scolaires : favoriser la mise en œuvre de pratiques prometteuses fondées sur des prises de décisions éclairées », rapport final du projet financé par la subvention de synthèse des connaissances du CRSH, septembre 2017, p. vii.

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Note de bas de page 44

Frank Deer et coll., "Canadian Post-Secondary Education and Aboriginal Peoples of Canada: Preparation, Access, and Relevance of Post-Secondary Experiences", rapport final du projet financé par la subvention de synthèse des connaissances du CRSH, novembre 2015.

Association canadienne pour les études supérieures et CRSH, Imagining Canada’s Research Future, compte rendu d’une table ronde sur la recherche autochtone organisée par la Brock University, la McMaster University et la Wilfrid Laurier University, le 28 avril 2015.

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Note de bas de page 45

Le Nunangat inuit est la patrie ancestrale des Inuits dans le nord du Canada. Il comprend quatre régions : la région désignée des Inuvialuits, le Nunavut, le Nunavik et le Nunatsiavut.

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Note de bas de page 46

Melanie O’Gorman et coll., op. cit., p. 5.

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Note de bas de page 47

Association canadienne pour les études supérieures et CRSH, op. cit., p. 10.

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Note de bas de page 48

Busola Olaniyan, CAGS/SSHRC Project: Imagining Future Research Challenges, compte rendu des délibérations du groupe de discussion de l’Université de Winnipeg, 2015.

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Note de bas de page 49

Franco Carnevale et coll., "Advancing Indigenous Pedagogy on Childhood: Identifying priorities for professional education", rapport final du projet financé par la subvention de synthèse des connaissances du CRSH, septembre 2017, p. 21.

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Note de bas de page 50

Melanie O’Gorman et coll., op. cit., p. 14.

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Note de bas de page 51

Franco Carnevale et coll., op. cit., p. 11, 24.
Après avoir examiné différents « cadres de références culturelles » sur lesquels fonder des pédagogies autochtones, les chercheurs ont conclu qu’un cadre axé sur la « sécurité culturelle » était préférable à ceux qui mettent l’accent sur la sensibilisation à la culture et sur les compétences culturelles.

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Note de bas de page 52

Audra Mitchell et coll., "How can Aboriginal knowledge systems in Canada contribute to interdisciplinary research on the global extinction crisis ?",rapport final du projet financé par la subvention de synthèse des connaissances du CRSH, septembre 2017, p. 28-29.

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Note de bas de page 53

Shelagh McCartney et coll., "Building Together: Culturally appropriate housing evaluation for sustainable communities", résumé du rapport final du projet financé par la subvention de synthèse des connaissances du CRSH, septembre 2017, p. 4.

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Note de bas de page 54

Les enfants autochtones représentent environ 5 p. 100 de tous les enfants au Canada, mais de 40 à 80 p. 100 des enfants en famille d’accueil, en foyer de groupe et en établissement. Judy Gillespie et Jason Albert, "Promising Approaches in Evaluating Comprehensive Community Initiatives to Promote Aboriginal Child and Family Well-Being", rapport final du projet financé par la subvention de synthèse des connaissances du CRSH, septembre 2017, p. 7.

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Note de bas de page 55

Kathryn Underwood et coll., "Embedding Indigenous perspectives in early childhood education, care, family support and intervention", rapport final du projet financé par la subvention de synthèse des connaissances du CRSH, septembre 2017, p. 6.

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Note de bas de page 56

Ibidem, p. 3, 6.

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Note de bas de page 57

Shelagh McCartney et coll., op. cit., p. i.

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Note de bas de page 58

Jeffrey Herskovits, de la Ryerson University, participant au forum d’automne de l’initiative Imaginer l’avenir du Canada, le 26 septembre 2017.

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Note de bas de page 59

Kathryn Underwood et coll., op. cit., p. 1.

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Note de bas de page 60

Les initiatives communautaires globales coordonnent un large éventail de personnes et de secteurs au niveau communautaire pour susciter des changements de nature sociale et systémique. Elles reconnaissent qu’un ensemble de facteurs sociaux et structurels étroitement reliés doivent être pris en compte de façon globale. Gillespie, op. cit., p. 3, 4.

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Note de bas de page 61

Judy Gillespie et coll., op. cit., p. 4.

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Note de bas de page 62

Shelagh McCartney et coll., op. cit., p. 21.

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Note de bas de page 63

Conseil canadien pour les commerces autochtones, Promesse et prospérité – Sondage sur les commerces autochtones 2016, Toronto, Conseil canadien pour les commerces autochtones, 2016, p. 5, 6.

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Note de bas de page 64

Statistique Canada, Un aperçu des statistiques sur les Autochtones : 2e édition, Ottawa, Statistique Canada, 2015.

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Note de bas de page 65

On reconnaît l’existence de débats sur la manière dont le mieux-être économique des peuples autochtones devrait être compris et évalué. Ce ne sont pas tous les peuples autochtones qui participent à l’économie de libre marché ou à son marché du travail; beaucoup optent pour l’économie traditionnelle fondée sur l’exploitation de la terre, l’économie du partage ou une forme d’économie mixte. Les travaux de recherche mentionnés dans cette section du rapport, toutefois, portent sur les entreprises autochtones.

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Note de bas de page 66

Albert James et coll., "Does entrepreneurship meet the aspirations of Canada’s Aboriginal Peoples?", rapport final du projet financé par la subvention de synthèse des connaissances du CRSH, octobre 2017.

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Note de bas de page 67

Beverley O’Neil et coll., Projet de recherche national sur le tourisme autochtone 2015– Retombées économiques du tourisme autochtone au Canada, Vancouver, Association touristique autochtone du Canada, avril 2015, p. 6.

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Note de bas de page 68

Simon Berge, "Pedagogical Pathways for Indigenous Business Education: Learning from Current Aboriginal Business Practices", rapport final du projet financé par la subvention de synthèse des connaissances du CRSH, septembre 2017.

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Note de bas de page 69

Ushnish Sengupta, Marcelo Vieta et J.J. McMurtry, "Indigenous Communities and Social Enterprise in Canada : Incorporating Culture as an Essential Ingredient of Entrepreneurship", Revue canadienne de recherche sur les OSBL et l’économie sociale, vol. 6, n° 1, 2015, p. 104-123.

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Note de bas de page 70

Dominic Lapointe et Haytham Mohamed Ragab, « Gouvernance, entrepreneuriat et équité dans le tourisme autochtone », rapport final du projet financé par la subvention de synthèse des connaissances du CRSH, septembre 2017, p. 34.

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Note de bas de page 71

Selon Universités Canada, la majorité des étudiants autochtones au Canada qui ont obtenu un diplôme universitaire ont étudié en éducation, en sciences sociales, en sciences du comportement ou en administration des affaires. Voir Universités Canada, Tendances dans le milieu universitaire – Volume 1 : effectifs, Ottawa, Universités Canada, 2011, p. 20.

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Note de bas de page 72

Simon Berge, op. cit., p. 6.

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Note de bas de page 73

Dominic Lapointe et coll., op. cit., p. 31

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Note de bas de page 74

Madden, Jason et coll., Exploring Options for Métis Governance in the 21st Century, Ottawa, Institut sur la gouvernance, 2005, cité par Lawless, Jo-Anne et coll. dans “A Decade of Métis Self-Governance in Canada”, rapport final du projet financé par la subvention de synthèse des connaissances du CRSH, septembre 2017, p. 14.
Voir également Organisation des Nations Unies, Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, article 4, New York, Nations Unies, 2008.

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Note de bas de page 75

Michael Coyle, "Recognizing Indigenous Legal Orders: Their Content, Embeddedness in Distinct Indigenous Cultures, and Implications for Reconciliation", rapport final du projet financé par la subvention de synthèse des connaissances du CRSH, septembre 2017.

Val Napoleon, Thinking About Indigenous Legal Orders, document de recherche préparé pour le Centre national pour la gouvernance des Premières Nations, Ottawa, Centre national pour la gouvernance des Premières Nations, juin 2007.

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Note de bas de page 76

Val Napoleon, Ibidem

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Note de bas de page 77

Michael Coyle, op .cit.

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Note de bas de page 78

Estella White, “Making Space for Indigenous Law”, article publié par la JFK Law Corporation, 12 janvier 2016.

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Note de bas de page 79

Hannah Askew et coll., "Between Law and Action: Assessing the State of Knowledge on Indigenous Law, UNDRIP and Free, Prior and Informed Consent with reference to Fresh Water Resources", rapport final du projet financé par la subvention de synthèse des connaissances du CRSH, Vancouver, West Coast Environmental Law, septembre 2017, p. 16.

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Note de bas de page 80

Tara L. Joly et Clinton N. Westman, "Taking Research Off the Shelf: Impacts, Benefits, and Participatory Processes around the Oil Sands Industry in Northern Alberta", rapport final du projet financé par la subvention de synthèse des connaissances du CRSH, septembre 2017, p. 18.

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Note de bas de page 81

Ibidem, p. 18.

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Note de bas de page 82

Pour plus de précisions et pour l’interprétation des données, voir Brendan Boyd et coll., "Indigenous, Industry and Government Perspectives on Consultation in Resource Development", rapport final du projet financé par la subvention de synthèse des connaissances du CRSH, septembre 2017, p. 15-16.

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Note de bas de page 83

Dans les Principes régissant la relation du Gouvernement du Canada avec les peuples autochtones publiés en juillet 2017, le gouvernement du Canada reconnaît que le dialogue avec les peuples autochtones sur la mise en valeur éventuelle des ressources vise à obtenir ce consentement.

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Note de bas de page 84

Brenda Gunn citée par Stefan Labbé dans "Why the UN’s declaration on Indigenous rights has been slow to implement in Canada", OpenCanada.org, 21 juillet 2017. Citée par Hannah Askew et coll., op. cit., p. 18.

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Note de bas de page 85

Hannah Askew, de l’Université McGill, participante au forum d’automne de l’initiative Imaginer l’avenir du Canada, le 25 septembre 2017.

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