Lauréat du Prix Talent : Aaron Mills

Aaron Mills

Lauréat du prix Talent

Aaron Mills

Faculté de droit

University of Victoria

Biographie

Le lauréat du prix Talent de 2016, Aaron Mills, est un Anishinaabe du clan de l’ours de la Première nation de Couchiching (territoire du traité no 3) né à North Bay (territoire du traité Robinson-Huron). Détenteur d’un diplôme en droit de l’University of Toronto et d’une maîtrise en droit de la Yale University, M. Mills est un avocat qui tire aujourd’hui la majorité de ses connaissances juridiques de ses recherches et de ses relations avec les aînés et le territoire. Par ses travaux, il vise à revitaliser le droit et le constitutionnalisme autochtones dans sa communauté anishinaabe de la Première nation de Couchiching et dans l’ensemble du Canada.

Selon lui, la revitalisation des systèmes de droit autochtones au sein même de leurs cadres constitutionnels contribuera à transformer les relations coloniales qui existent actuellement au Canada de manière à ce qu’elles deviennent respectueuses, pacifiques et plus positives pour tous. M. Mills entretient des liens avec divers groupes de partout au Canada, orientant ainsi sa recherche bien au-delà du domaine universitaire.

Son projet d’études sur le constitutionnalisme anishinaabe lui a valu de nombreuses distinctions universitaires : en plus du prix Talent de 2016 du CRSH, il a obtenu une bourse de la Fondation Pierre Elliott Trudeau et une bourse d’études supérieures du Canada Vanier. En outre, durant ses études de maîtrise en droit, il a obtenu une bourse de la fondation Fulbright. Aaron Mills a siégé au conseil d’administration de l’Association du barreau autochtone et des Aboriginal Legal Services de Toronto, et a été rédacteur en chef de l’Indigenous Law Journal.

Au sujet des prix Impacts

Décernés chaque année, les prix Impacts visent à souligner les meilleures réalisations ayant émané d’activités de recherche et de mobilisation des connaissances que le CRSH a financées, ainsi que les meilleures réalisations ayant découlé de l’attribution d’une bourse du CRSH.

Le prix Talent souligne les réalisations exceptionnelles en recherche et les perspectives de carrière d’un étudiant ayant reçu une bourse de doctorat ou une bourse postdoctorale du CRSH.

Sur quoi portent vos travaux?

De nombreux Canadiens sont fiers de ce qu’ils considèrent comme le profond engagement constitutionnel de leur pays envers la diversité et le désaccord. Cependant, cette riche tradition fondée sur la différence existe au sein d’un mode constitutionnel particulier qui est étroitement lié à la culture, ce qui restreint énormément l’étendue et le caractère de toute dispute possible. Mes travaux révèlent ce mode constitutionnel aux Canadiens en leur montrant que les communautés politiques autochtones ne sont pas uniquement différentes des autres communautés du Canada (en ce sens que chaque communauté est différente comparativement aux autres), mais qu’elles sont de nature différente. Les sociétés qui fonctionnent dans ce que j’appelle un mode constitutionnel « enraciné » ne se constituent pas en fonction des questions suivantes : qu’est-ce qu’une société juste? Comment pouvons-nous créer et maintenir une société juste? Elles se constituent plutôt en tenant compte de questions suivantes : comment la Terre fait-elle pour organiser et soutenir des communautés? Quelle est la meilleure façon de s’y intégrer? Il est primordial de noter que cette dernière question ne concerne pas uniquement nos propres besoins, mais aussi ceux de nos relations. Mon travail consiste à expliquer le constitutionnalisme enraciné à un public large et diversifié et, surtout, à faire valoir le fait que si les Autochtones en sont les enseignants et les représentants, ce constitutionnalisme est ouvert à tous.

En ce qui concerne vos travaux, que souhaitez-vous que les Canadiens retiennent le plus?

Bien que j’insiste pour donner une voix aux vérités difficiles, je procède dans mon travail en tenant compte de l’ensemble de la création et j’espère que, la plupart du temps, les lecteurs peuvent sentir cette orientation. Si je m’écarte de cette vision, je compte sur mes aînés, mes mentors et mes amis ainsi que sur la Terre elle-même pour me corriger. Quand je dis « l’ensemble de la création », j’inclus les peuples colonisateurs, car nous sommes tous reliés. Mes travaux visent à articuler une forme de gouvernance qui permet aux peuples autochtones et aux colonisateurs de l’île de la Tortue (ou l’Amérique du Nord) de vivre ensemble et avec (et, surtout, à travers) la Terre, de façon positive. Reconnaître que le colonialisme est un obstacle à cette relation respectueuse – c’est-à-dire qu’il constitue une relation qui persiste, et non un fait terminé depuis longtemps – n’est pas vivre dans le passé. Il s’agit de donner priorité à un avenir sans violence pour tous les peuples de l’île de la Tortue plutôt qu’à la violence silencieuse qui prévaut au Canada aujourd’hui.