Lauréat du prix Partenariat : Ajay Heble

Ajay Heble

Lauréat du prix Partenariat

Ajay Heble

School of English and Theatre Studies

University of Guelph

Biographie

Les partenariats sont au cœur même des travaux d’Ajay Heble. Qu’il s’agisse d’offrir du mentorat ou une formation à des centaines d’étudiants de partout au Canada, d’obtenir la collaboration de 30 organismes communautaires afin de susciter un changement social ou de fonder le Festival de jazz de Guelph, le génie créatif de M. Heble fait de lui un visionnaire.

Fort de la conviction que l’improvisation repose sur l’établissement de collaborations inattendues et productives entre des personnes d’horizons différents, il estime que l’on peut s’en inspirer pour trouver des réponses à de grandes questions de société. Par exemple, comment choisit-on de vivre (et de réaliser des choses) ensemble? Comment compose-t-on avec les différences au sein d’une collectivité? Comment s’adapte-t-on à des changements sans précédent? Et comment continue-t-on de prêter attention à la responsabilité que l’on a de créer le monde dans lequel l’on souhaite habiter? Selon Ajay Heble, l’improvisation musicale peut être un outil puissant pour prendre le pouls de l’opinion sur ces questions.

En effet, il a vu dans l’improvisation musicale un modèle de changement social et de transfert de connaissances, ce qui l’a amené à fonder l’International Institute for Critical Studies in Improvisation grâce à une subvention de partenariat du CRSH.

Établi à l’University of Guelph, l’institut compte 58 chercheurs de plusieurs pays venant d’une vingtaine d’établissements, et ce, afin d’éliminer le cloisonnement, de combler les fossés et de permettre à différents types d’organismes de se regrouper et d’œuvrer ensemble au sein d’un processus fructueux d’échange de connaissances en cocréation.

L’institut a eu un impact important sur la manière d’exécuter la recherche et d’en appliquer les résultats, ce qui a donné lieu à des modèles permettant aux enfants qui ont des handicaps, aux jeunes à risque et aux personnes marginalisées de nouer un dialogue avec la collectivité et d’éprouver un sentiment d’inclusion.

M. Heble est professeur à la School of English and Theatre Studies de l’University of Guelph. Il a publié dix ouvrages sur le jazz, l’improvisation et l’engagement communautaire ainsi que des communications savantes. Il a fait l’objet d’articles dans la presse internationale en raison du caractère novateur de ses travaux.

Au sujet des prix Impacts

Décernés chaque année, les prix Impacts visent à souligner les meilleures réalisations ayant émané d’activités de recherche et de mobilisation des connaissances que le CRSH a financées, ainsi que les meilleures réalisations ayant découlé de l’attribution d’une bourse du CRSH.

Le prix Partenariat du CRSH souligne un partenariat exceptionnel qui, grâce à la collaboration et au partage du leadership intellectuel, a fait progresser la recherche, la formation en recherche, les démarches de partenariat ou la mobilisation des connaissances, dans l’intérêt de la recherche et de la société.

Sur quoi portent vos travaux?

Je m’intéresse à l’impact social des pratiques artistiques d’improvisation. Par mes travaux, je cherche à susciter un changement social positif en faisant converger les arts d’improvisation, l’érudition engagée novatrice axée sur la collectivité et l’action menée en collaboration.

À votre avis, qu’y a-t-il dans le jazz et l’improvisation qui vous aide à atteindre vos objectifs en matière de recherche et de mobilisation communautaire?

Il y a une longue et illustre tradition – en particulier dans les pratiques de création des Afro-Américains – qui relie le jazz et l’improvisation en musique aux grandes luttes pour les droits de la personne, la justice sociale et la création d’un tissu communautaire. Je crois que les musiciens qui sont issus de collectivités ayant souffert ressentent très fortement ce contexte historique. Par conséquent, ils se sont employés à faire naître des ressources porteuses d’espoir à partir de situations qui semblaient désespérées.

L’improvisation nous aide à nous en sortir là où il n’y a pas d’issue, en nous faisant cultiver la capacité de déceler les moindres possibilités, espoirs et promesses, parfois même dans les circonstances les plus désespérées.

De quelles réalisations êtes-vous le plus fier jusqu’à maintenant?

Ce qui me rend le plus fier, c’est que les travaux menés par notre équipe ont grandement contribué à l’élaboration et à la consolidation de ce nouveau champ de recherche interdisciplinaire. Nous avons désormais notre propre revue à comité de lecture, plusieurs conférences internationales ont lieu chaque année, des ouvrages ont été publiés par un important éditeur international de publications savantes, et des ateliers d’été sont offerts aux étudiants des cycles supérieurs. Il y a aussi des étudiants et des chercheurs postdoctoraux formés par les membres de notre équipe de recherche qui obtiennent des emplois dans ce domaine que nous avons contribué à créer.

Je suis également particulièrement fier de la manière dont les membres de notre équipe de recherche ont travaillé avec un vaste éventail de partenaires pour concevoir des activités d’improvisation à l’intention de collectivités de partout au pays.

En ce qui concerne vos travaux, que souhaitez-vous que les Canadiens retiennent le plus?

J’espère que nos recherches vont aider à positionner fermement la fonction sociale des pratiques artistiques d’improvisation au cœur d’un vaste débat public et de décisions éclairées en matière de politiques sur le rôle des arts dans la société. Je crois que l’improvisation recèle un énorme potentiel pour ce qui est de documenter, d’évaluer – et même de donner en exemple – les différentes manières dont la créativité et l’innovation peuvent être perçues comme des outils essentiels pour créer des collectivités durables, promouvoir la collaboration sur le plan social et faciliter l’adaptation à des changements sans précédent.