Lignes directrices pour une mobilisation des connaissances efficace



Les présentes lignes directrices ont pour but d’aider les candidats et les détenteurs de subvention à intégrer des activités de mobilisation des connaissances – dont la gestion de données – à leurs travaux de recherche financés par le CRSH, afin d’optimiser l’impact de la recherche en sciences humaines.

Ces lignes directrices aideront les chercheurs à établir ce qui suit :

  • À qui les résultats de recherche devraient-ils être communiqués?
  • Comment établir de la meilleure façon qui soit le processus de communication des résultats de la recherche?
  • Comment les activités de mobilisation des connaissances proposées feront-elles avancer les objectifs de la recherche?
  • Les interactions avec les utilisateurs des connaissances seront-elles prises en compte au moment de la conception de la recherche?
  • Comment les interactions seront-elles maintenues une fois le projet mené à bien?

Si les candidats utilisent les présentes lignes directrices, les personnes chargées d’évaluer le mérite des propositions au CRSH pourront évaluer de façon plus efficace les activités de mobilisation des connaissances décrites dans les demandes de financement. Les lignes directrices peuvent également constituer une ressource lorsqu’il s’agit de donner des conseils à des candidats éventuels, et elles peuvent être utiles aux établissements d’enseignement postsecondaire et aux organismes partenaires qui prennent part à des travaux de recherche et à des activités connexes.



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Qu’est-ce que la mobilisation des connaissances?

La « mobilisation des connaissances » est une expression générique qui englobe un large éventail d’activités liées à la production et à l’utilisation des résultats de la recherche, notamment :

  • la synthèse
  • la diffusion
  • le transfert
  • les échanges de connaissances
  • la création et la production conjointes par les chercheurs et les utilisateurs des connaissances.

Pour être efficace, la mobilisation des connaissances doit inclure des plans pour le stockage des données dans le domaine public, le cas échéant.

Se reporter à la définition de la mobilisation des connaissances adoptée par le CRSH



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Mobilisation des connaissances et évaluation du mérite au CRSH

Les subventions de recherche et les bourses du CRSH sont attribuées par l'intermédiaire d'un processus d’évaluation du mérite indépendant, qui vise à assurer le respect des normes d’excellence et d’impartialité les plus élevées. Lorsqu’il s’agit d’évaluer dans leur ensemble les demandes de subvention – et d’évaluer plus particulièrement les modules portant sur la mobilisation des connaissances et sur les résultats escomptés –, les personnes qui évaluent le mérite appliquent des critères qui renvoient expressément aux activités de mobilisation des connaissances.

La plupart des demandes de subvention du CRSH comportent un module de mobilisation des connaissances obligatoire. Ce module permet aux candidats de montrer que leur projet vise les bons publics cibles et que sa portée globale est suffisante et appropriée. Plus particulièrement, les plans de mobilisation des connaissances sont évalués compte tenu de la faisabilité du projet et de la possibilité qu’il ait un impact dans le domaine des sciences humaines et dans d’autres domaines.

Qu’entend-on par « utilisateurs appropriés des résultats de la recherche »?

Tant au début de leur projet que tout au long de son exécution, les chercheurs doivent déterminer quels sont les utilisateurs les plus appropriés de leurs résultats de recherche. Pour ce faire, ils doivent, le cas échéant, tenir compte de la gestion, du stockage et de la conservation des données de recherche en fonction de la Déclaration de principes des trois organismes sur la gestion des données numériques.

Lorsqu’il s’agit d’identifier les utilisateurs appropriés des résultats de la recherche, les chercheurs doivent tenir compte du sujet abordé par le projet, des questions de recherche, des objectifs généraux et des résultats escomptés. Les chercheurs doivent répondre aux questions suivantes – même dans les cas où seul le milieu universitaire est visé :

  • Qui tirera parti de cette recherche?
  • Quels publics seront mis à contribution, quand et comment?
  • Comment les publics cibles tireront-ils parti de leur participation et comment la recherche bénéficiera-t-elle de cette participation?
  • Quelle est la meilleure façon de communiquer avec ces publics?

Le CRSH invite les détenteurs de subvention à diffuser les connaissances issues de la recherche dans les deux langues officielles si c’est possible ou s’il est approprié de le faire. En outre, il encourage les chercheurs à publier leurs résultats dans la langue de la communauté où ils ont mené leur recherche, et ce, spécialement s’il s’agit de langues autochtones.



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Résultats et impact

Les candidats doivent tenir compte de ce qui suit lorsqu’ils décrivent la façon dont ils comptent maximiser les résultats de leur recherche et la manière dont ils en assureront la pérennité.

Tous les bénéficiaires du financement du CRSH doivent soumettre un rapport de fin de subvention afin de rendre compte de la manière dont ils ont utilisé leurs fonds ainsi que des résultats et de l’impact de leur recherche.

Les extrants constituent le premier ensemble de résultats à court terme que voient habituellement la plupart des chercheurs (p. ex. le nombre de publications, de présentations, de participants aux activités, de nouveaux ensembles de données, de nouveaux partenaires s’ajoutant à une équipe ou de nouveaux intervenants ou utilisateurs de la recherche avec lesquels on a communiqué ou qui se sont ajoutés aux réseaux).

Les résultats sont l’ensemble des activités entreprises par suite des nouvelles connaissances acquises. En voici des exemples : le nombre de personnes qui, dans divers publics cibles, utilisent les résultats de la recherche (y compris les ensembles de données), le nombre d’étudiants formés, les nouvelles capacités créées, les politiques mises au point, les stratégies d’entreprise formulées, les avancées réalisées pour mieux comprendre la réconciliation, etc. Les résultats peuvent être prévus ou non prévus, directs ou indirects, intentionnels ou non intentionnels.

L’impact consiste en des résultats ou des effets à long terme qui se présentent sous la forme de manières de penser et de comportements modifiés. On constate l’impact à des indicateurs comme la bonne tenue de l’économie, la compétitivité, l’efficacité de la fonction publique, les nouveaux produits et services, l’emploi, la pertinence des politiques, l’amélioration des capacités d’apprentissage, la qualité de vie, la cohésion communautaire, le mouvement vers la réconciliation et l’inclusion sociale.

La plupart des demandes de subvention du CRSH comportent un module de résultats escomptés obligatoire. Ce module permet aux candidats de décrire les extrants, les résultats et l’impact attendus du projet. Les candidats doivent présenter des plans ou des indicateurs de réussite. Par exemple, il pourrait être indiqué dans la demande qu’à la fin de la première année, les chercheurs auront participé à un nombre donné de réunions avec des intervenants clés ou auront présenté des communications au cours d’un nombre donné de conférences. Les résultats escomptés sont évalués par rapport aux autres parties de la proposition.



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De la recherche aux résultats et à l’impact

Une fois que les candidats (de concert avec les membres de leur équipe de recherche et leurs partenaires, s’il y a lieu) ont déterminé les utilisateurs potentiels de la recherche et ont décrit les extrants, les résultats et l’impact possibles du projet, ils doivent trouver les moyens les plus efficaces leur permettant d’être en relation avec les utilisateurs. Dans le cas de la coproduction de connaissances, en particulier, les partenaires et les utilisateurs de la recherche sont les mieux placés pour guider le cours des travaux et s’assurer que les besoins des utilisateurs soient comblés.

Les chercheurs doivent s’assurer que les moyens qu’ils proposent pour être en relation avec les utilisateurs potentiels sont appropriés et suffisants. S’il n’est pas possible de fournir une liste complète des méthodes pouvant être employées, en voici tout de même quelques exemples : livres, articles dans des revues à comité de lecture,  partage de données par l’entremise de répertoires en ligne, médias sociaux, danse, spectacles, histoires orales, sites Web, films, pièces de théâtre, vidéos, expositions, festivals, mécanismes de financement, couverture médiatique, commentaires, messages d’intérêt public, dépliants/brochures, documents de politiques, rapports, synthèses de connaissances et ateliers ou conférences et autres activités. Habituellement, plus les moyens utilisés ont une portée générale, plus l’impact sera généralisé. L’utilisation de plateformes de publication en libre accès est un autre moyen efficace d’accroître la visibilité des résultats de recherche.

Le CRSH a établi les pratiques exemplaires suivantes :

  • des rencontres avec les utilisateurs des connaissances, spécialement au début du projet, sont un moyen efficace de nouer des liens solides et durables;
  • dans l’établissement de relations avec des organismes, il faut tisser des liens à différents niveaux : personnel de première ligne, personnel chargé des programmes ou des politiques, dirigeants;
  • pour créer des produits de mobilisation des connaissances qui répondent aux besoins des utilisateurs, les chercheurs peuvent utiliser le matériel existant, l’actualiser ou encore en créer du nouveau, de concert avec les utilisateurs et selon les besoins cernés;
  • on fait habituellement appel à un coordonnateur de projet pour les projets de plus grande envergure. Le recours à des courtiers en connaissances possédant des compétences particulières peut s’avérer utile;
  • au bout du compte, plus l’approche choisie par les chercheurs pour nouer des relations avec les utilisateurs est proactive et plus elle compte de facettes, plus les relations seront fructueuses et durables;
  • le plan de mobilisation des connaissances des projets réussis prévoit bien souvent plusieurs moyens pour assurer la circulation des connaissances et faire en sorte qu’elles seront utilisées;
  • toutes les équipes de recherche – spécialement celles qui prennent part à la coproduction de connaissances – doivent déterminer, dès le début du projet, le rôle et les responsabilités de tous les participants afin de s’assurer qu’ils soient tous entendus à chacune des étapes du projet, y compris les partenaires.

Dès le début de leur projet, les chercheurs doivent établir des indicateurs qui permettront d’évaluer la réussite de leur plan de mobilisation des connaissances, lesquels peuvent comprendre les indicateurs du nombre de citations, le nombre d’abonnés à des bulletins de nouvelles ou des blogues et le nombre de recommandations faites à des responsables de l’élaboration de politiques qui ont été adoptées.

Présentation d’une demande de subvention au CRSH

Les candidats doivent traiter des critères de faisabilité et de capacité dans la section Transfert de connaissances du formulaire du CV commun canadien en ligne, ainsi que dans la section Contributions à la recherche du CV du CRSH, en décrivant toute l’expérience qu’ils possèdent des activités de mobilisation des connaissances, acquise en milieu universitaire et ailleurs.

On incite les personnes chargées d’évaluer le mérite à tenir compte de l’éventail complet des contributions lorsqu’elles débattent du mérite relatif d’une proposition.



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Politiques connexes et liens Web

Pour connaître les dépenses liées à la mobilisation des connaissances qui sont admissibles, consulter le Guide d'administration financière des trois organismes.

Autres politiques pertinentes :

Pour avoir accès à d’autres ressources utiles sur les activités de mobilisation des connaissances et la recherche, veuillez consulter :



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Exemples

Les exemples suivants mettent en vedette des pratiques exemplaires appuyées par le CRSH dans le domaine de la mobilisation des connaissances.


Premier exemple : transformations marines et gouvernance adaptée



Mots clés : coproduction de connaissances; communauté; politique scientifique; pouvoir; gouvernement

Candidat : Derek Armitage, University of Waterloo

Occasion de financement du CRSH : subventions Savoir (2010)



Les travaux de M. Armitage et de ses collaborateurs (2011 et 2015) illustrent la manière dont la coproduction de connaissances par des communautés autochtones, des scientifiques et des responsables de l’élaboration des politiques ont permis de renforcer les pratiques de gouvernance dans plusieurs communautés arctiques. La coproduction de connaissances est un travail de collaboration qui vise à combiner divers types et sources de connaissances pour régler un problème précis ainsi qu’à parvenir à une compréhension intégrée du problème.

  • Dans le bassin du fleuve Mackenzie, des scientifiques, des responsables de l’élaboration des politiques et des organismes communautaires locaux ont réuni leurs différents types de connaissances pour définir les problèmes concrets et les sujets de recherche liés à la répartition des ressources hydriques entre les différentes autorités et les divers utilisateurs. Scientifiques et dépositaires de connaissances traditionnelles ont collaboré pour trouver des solutions ainsi que pour suivre de près l’évolution de l’écosystème local et échanger de l’information le concernant.
  • Quand de nombreux bélugas se sont retrouvés emprisonnés par les glaces de mer dans les lacs Husky, dans les Territoires du Nord-Ouest, un processus de coproduction de connaissances a été lancé pour surmonter des conflits antérieurs. Le ministère des Pêches et des Océans, le conseil de cogestion régional et le comité local des chasseurs et des trappeurs ont élaboré le processus pour déterminer ensemble comment gérer la situation. Pour ce faire, ils ont tenu des réunions et élaboré un plan d’action. Résultat : un plan de collaboration a été mis en place pour libérer les bélugas de manière humaine et garantir le partage des ressources recueillies entre plusieurs communautés. Ce processus d’échange de connaissances et de collaboration a évolué au fil du temps. Il sert maintenant à régler des problèmes précis et à consolider les réseaux de gouvernance nécessaires pour mieux composer avec des situations difficiles à l’avenir.


Deuxième exemple : la psychologie sociale de l’engagement musical et la sensibilisation du public à l’égard de la recherche en psychologie de la musique



Mots clés : mobilisation des connaissances; adoption; public; engagement

Candidat : Daniel Levitin, Université McGill

Occasion de financement du CRSH : subventions Savoir (2011) et subventions de sensibilisation du public (2009)



Musicien, psychologue de la cognition, producteur de disques et comédien, Daniel Levitin donne de nombreux exemples de la façon dont les chercheurs peuvent mobiliser les résultats de leurs travaux pour cibler des publics non universitaires. Que ce soit au moyen de son site Web, de livres à succès, de publications universitaires, d’apparitions à la radio et à la télévision ou de conseils offerts au secteur privé et sans but lucratif, M. Levitin adapte ses communications en fonction du public et du contenu. Voici des exemples de ses contributions.

  • Industrie de la musique : M. Levitin a pris part à l’industrie de la musique en produisant des notes d’accompagnement, en publiant des articles dans des revues professionnelles (p. ex. Billboard et Grammy), en obtenant trois brevets, en travaillant comme expert-conseil pour Apple et en étant membre du conseil d’administration de la Société pour la promotion de la relève musicale de l’espace francophone (SOPREF), une maison de disques québécoise. En outre, plusieurs musiciens tels que Joni Mitchell et Stephen Stills ont consulté M. Levitin en raison de ses travaux sur l’engagement musical.
  • Grand public : il est très difficile de susciter l’adoption et la mobilisation de la musique chez le grand public. Cependant, M. Levitin traite de la psychologie sociale et des aspects de l’engagement musical dans ses deux livres à succès sur la musique, The World in Six Songs et This Is Your Brain on Music, ainsi que dans plus de 1 000 entrevues, 100 vidéos diffusées dans YouTube et deux  documentaires concernant ses travaux financés par le CRSH. Il établit notamment un lien entre la musique, les émotions et la société dans son ensemble en expliquant comment la musique peut être utilisée pour communiquer des renseignements importants à la prochaine génération et désamorcer les conflits.


Troisième exemple : mieux comprendre les usages et les impacts des technologies en éducation



Mots clés : mobilisation des connaissances; adoption; pratique professionnelle

Candidat : Thierry Karsenti, Université de Montréal

Occasion de financement du CRSH : Chaire de recherche du Canada sur les technologies en éducation (2013)



Dans le cadre des travaux qu’il a menés avec 56 écoles de la Colombie‑Britannique, de l’Ontario et du Québec à titre de titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les technologies en éducation en 2013, M. Karsenti a étudié l’impact de l’utilisation des tablettes sur le système d’éducation canadien ainsi que sur les personnes concernées – les étudiants, les enseignants, les parents et les administrateurs. Ses travaux ont démontré que l’utilisation des tablettes en éducation peut améliorer considérablement l’apprentissage, la motivation et la collaboration. En outre, les tablettes constituent une importante source d’information pour les élèves. L’un des objectifs du projet était d’accroître l’adoption ou l’utilisation des résultats de recherche dans les communautés de praticiens (c.‑à‑d. les écoles et les commissions scolaires) ainsi que de s’assurer que les tablettes servent d’outil pédagogique en salle de classe pour les enseignants et les élèves. Après avoir étudié pendant trois ans l’utilisation des tablettes dans les 56 écoles, M. Karsenti a cerné 40 retombées favorables sur des aspects du développement des élèves, notamment l’estime de soi, la créativité, la capacité de résoudre des problèmes, l’autonomie, le travail d’équipe, la pensée structurée, la planification et l’organisation, l’apprentissage de la langue maternelle et l’entraide. De plus, les élèves ont trouvé que l’utilisation de tablettes rendait l’apprentissage amusant, augmentait la collaboration et, au bout du compte, éveillait leur intérêt pour la technologie en tant qu’outil d’apprentissage. En se basant sur les résultats de ses travaux, M. Karsenti a recommandé que les enseignants reçoivent une formation professionnelle de qualité pour favoriser l’utilisation de la technologie en classe et que les administrateurs d’école les aident à utiliser les appareils mobiles tels que les tablettes.