Le partenariat : clé de la réussite – Participer à la reconnaissance des cultures juridiques autochtones


Durée

3 min 56 s

Date de publication

17 février 2014


Description

Ghislain Otis et son équipe entendent aider les sociétés au sein desquelles vivent des peuples autochtones et des peuples venus d’ailleurs à déterminer de nouvelles règles de coexistence plus justes et plus égalitaires dans l’organisation de leurs systèmes juridiques.

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Ghislain Otis : Ce partenariat porte sur l’étude des cultures juridiques autochtones, des traditions juridiques autochtones et des relations entre ces traditions et la tradition juridique occidentale.

Le projet a été conçu en collaboration avec des partenaires, dont trois sont des partenaires universitaires, et sept, des partenaires non universitaires, soit des partenaires autochtones.

Nous nous sommes rassemblés autour de ce projet, car nous avons constaté qu’il y avait un besoin urgent, dans plusieurs régions du monde, pour une reconnaissance des cultures juridiques autochtones et la mise en place de mécanismes permettant une coopération entre les cultures juridiques autochtones et les cultures juridiques occidentales. Pourquoi? Parce que nous avons observé que les États des gouvernements occidentaux sont allés s’installer dans des régions comme le Canada, l’Afrique et le Pacifique et y ont appliqué leur propre système de lois en ignorant le fait que des peuples vivaient depuis des siècles sur ces territoires et y avaient développé leur propre système de lois, qui était bien adapté à leur modèle de société, à leur économie et à leur culture.

Et ce que l’on a finalement ignoré depuis cette colonisation, c’est que ces systèmes juridiques autochtones ont continué de vivre et de se développer, ce qui continue de causer des problèmes concrets importants aux groupes autochtones, aux familles autochtones et aux individus autochtones puisque le système juridique qui est parfaitement légitime et efficace pour eux ne l’est pas officiellement selon le système juridique de l’État.

Chaque région, chaque peuple autochtone même, a sa propre culture juridique et sa propre approche dans la manière dont il veut interagir avec le système de l’État. L’exemple de la Convention de la Baie James, qui a été signée par les Cris et les Inuit au Québec et au Canada, est un cas. À un certain niveau, on n’a pas institutionnalisé le système juridique cri, mais, par ce mécanisme, on a permis aux acteurs cris qui dirigent ces organisations d’introduire les valeurs cries, les horizons normatifs cris, avec, donc, un résultat où il y a une interaction entre les systèmes juridiques, qui crée une hybridité, une hybridité entre l’approche crie de la sécurité et les institutions occidentales.

La première étape de notre recherche, c’est d’abord d’examiner les cultures juridiques autochtones et donc de reconnaître qu’elles existent, qu’elles sont là. Le deuxième volet important, c’est d’examiner les moyens de valoriser ces cultures juridiques autochtones, de les revitaliser et ensuite d’assurer leur pérennité.

Le but éventuel, c’est d’aider les sociétés au sein desquelles coexistent des peuples autochtones et des peuples venus d’ailleurs à déterminer de nouvelles règles de coexistence plus justes, plus égalitaires dans l’organisation des systèmes juridiques. C’est de mettre fin à une logique coloniale qui consiste à considérer que les cultures autochtones en général − et les cultures juridiques autochtones − sont, par définition, inférieures aux cultures juridiques occidentales.

Nous espérons pouvoir dégager des modèles novateurs d’interaction égalitaire entre les cultures juridiques autochtones et occidentales ainsi que des modèles fondés sur une logique de coopération et d’égalité entre les cultures et, au fond, entre les peuples.